Archipel des Ébihens
L'archipel des Ébihens ou des Hébihens est un petit archipel français, prolongeant la presqu'île de Saint-Jacut-de-la-Mer. Le rocher principal, d'une superficie de 20 hectares dont le sommet culmine à 17 mètres est une des quelques îles privées de Bretagne, occupée principalement en été[1].
Archipel des Ébihens Archipel des Hébihens | |
L'archipel vu depuis la pointe du Chevet à mi-marée | |
Géographie | |
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Pays | France |
Localisation | Manche (océan Atlantique) |
Coordonnées | 48° 37′ 23″ N, 2° 11′ 25″ O |
Île(s) principale(s) | Ébihens, La Nellière |
Administration | |
Statut | Dépend de la commune de Saint-Jacut-de-la-Mer |
Région | Bretagne |
Département | Côtes-d'Armor |
Autres informations | |
Fuseau horaire | UTC+1 |
Étymologie
Ébihens est issu du breton Enez Bihan, signifiant « petite île ».
Histoire
La légende veut que son isolement date du raz-de-marée qui aurait détruit la forêt de Scissy, forêt mythique située dans la baie du mont Saint-Michel, en 709 et que les plages qui l'entourent étaient alors recouvertes d'arbres et d'herbus. Pour les historiens et les scientifiques, la montée des eaux date, non pas de 709, mais de plus de 10 000 ans, à la fin de la dernière glaciation.
Des fouilles entreprises ont mis au jour des vestiges attestant d'une occupation gauloise de l'archipel dès le second siècle avant notre ère. Un petit village coriosolite fut érigé à la pointe Sud de l'archipel. Au nord, sur l'un des îlots des Haches, c'est une petite nécropole de l'âge de fer (auquel succédera un fanum gallo-romain) qui a été découverte[2].
C'est à la Loge, massif rocheux menant à un plateau dunaire couvert à marée haute et menant lui-même à l'île principale, que des fouilles archéologiques permirent de découvrir les traces d'un atelier dont l'activité était la fabrication de pains de sel. Son utilisation a permis aux habitants de l'île de transformer une matière abondante, l'eau de mer, en un produit fini obtenu par évaporation forcée. Les hommes qui vécurent là étaient de véritables « bouilleurs d'eau de mer ».
Utilisant des fours circulaires pour l'évaporation forcée, l'artisan saunier versait dans des récipients une saumure concentrée qu'il faisait bouillir au-dessus de la braise de façon à récupérer les cristaux de sel et en faire des pains. L'atelier des Ébihens produisait des pains pesant jusqu'à 3 kg.
Il est probable que cette petite communauté pouvait retirer de la mer, toute proche, l'essentiel de ses besoins en nourriture, complétée sans doute par une culture maraîchère sur des herbus aujourd'hui devenus plages sablonneuses.
On se souvient que c'est à la charnière des IVe et Ve siècles, que fut fondée l'abbaye de la presqu'île qui allait devenir Saint-Jacut. Son extension inclut naturellement l'Enez Bihen (« la petite île » en Breton) : les Ébihens.
En 1694 Vauban ordonne l'édification d'une tour sur l'îlot principal, propriété du comte Louis de Pontbriand, capitaine garde-côte du littoral de Saint-Malo. La tour et son enceinte en mur de pierres sont édifiées sur les plans et sous la responsabilité de Siméon Garangeau, ingénieur en chef et directeur des fortifications de Saint-Malo. Elle est achevée en 1697. Cette construction a été notamment financée par un impôt perçu sur les prises de maquereaux réalisées lors de certains jours de fêtes chômés[3]. Elle est inscrite à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 15 juillet 2010[4].
La chapelle de l'« Ange gardien », construite en 1699, fut un lieu de culte fréquenté par les divers habitants qui se succédèrent sur l'îlot. Elle fut construite pour l'usage des ouvriers de la tour et vint remplacer la petite chapelle très ancienne et effondrée qui donna à la plage sud son nom de « plage de la Chapelle ».
À la Révolution, l'abbaye alors en déshérence, fut saccagée et pillée. Après la dispersion des biens du clergé le 2 septembre 1789, les Ébihens furent vendus le 29 avril 1791, lors de la vente de biens nationaux à Jean-Georges Michel, l'un des capitaines de course de Robert Surcouf, pour une somme dérisoire.
Au fil du temps, ce bien sans valeur et à l'époque fort peu considéré, fut transmis à Pierre-Henri Gauttier, père de Pierre-Henry Gauttier Du Parc. Ce n'est qu'au début du XXe siècle que l'ile commença à être boisée par la famille Peynaud. Elle était jusqu'alors une lande battue par les embruns, mais néanmoins suffisamment fertile pour y abriter une ferme.
Le 19 juin 1940, Yvonne Peynaud (co-propriétaire de 36 ans, alors enceinte et nièce de Jean de Lattre de Tassigny qui allait 5 ans plus tard signer la capitulation de l'Allemagne nazie) recueille et héberge sur l'île le capitaine Kœnig et six compagnons, tous officiers de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère qui refusent de "cesser le combat" comme le demande Pétain, dans son discours de la veille. Elle facilite leur fuite[5] vers les anglo-normandes dans des conditions rocambolesques le lendemain. Juste avant une inspection de la maison par des feldgendarmes basés à St Jacut. Ces 7 officiers continuèrent la guerre ; tous les compagnons de Kœnig moururent au combat. Seul survivant, il revint plusieurs fois visiter Madame Peynaud.
Aujourd'hui, cette propriété privée est partagée entre 5 propriétaires, majoritairement descendants directement ou non de Jean-Georges Michel. Ils veillent avec patience et énergie à ce que ce site naturellement protégé par son insularité, perdure pour les générations futures.
Tourisme
Une partie de l'archipel est accessible à pied à la basse mer avec les risques de noyade que cela comporte en cas de retour tardif[6].
L'île principale est entièrement privée. Néanmoins, ses habitants laissent volontiers un accès de visite individuelle et gratuite par le chemin central allant du sud au nord de l'île[7]. Il est recommandé aux visiteurs, qui prendraient la liberté de monter sur l'île, de ne pas déborder de ce chemin central afin de préserver la faune et la flore variées et les dunes, tout autant que la quiétude de ce lieu très préservé, qui par choix, n'est pas à ce jour clôturé. À ce titre, l'archipel offre un biotope favorable à la vipère pléiade, la prudence s'impose.
Il existe une randonnée uniquement à basse mer[8]. La cueillette n'y est pas permise, les chiens y sont tenus en laisse tout le long.
La situation de l'archipel dans le couloir aérien[9] de l’aéroport de Dinard-Pleurtuit, et sa Protection à l'Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN[10]) interdisent le survol en drone. L'îlot de la Colombière est une réserve ornithologique dont l'accès est réglementé.
Notes et références
- « Les Ebihens, l'archipel paradisiaque », sur Office de Tourisme de Dinan Cap Fréhel (consulté le )
- Bizien-Jaglin, Catherine., Kerébel, Hervé. et Impr. Louis-Jean), Côte-d'Armor, vol. 22, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, , 406 p. (ISBN 978-2-87754-080-3 et 9782877540803, OCLC 469845689, BNF 39011541)
- « La tour des ebihens »
- Ministère de la Culture, liste des objets immobiliers protégés au titre des monuments historiques en 2010, Journal officiel de la République française du 4 mai 2011
- « La 13e DBLE rejoint le France Libre »
- Par exemple, un groupe de 55 personnes s'est trouvé piégé à l'île des Ébihens le 18 août 2009, incident nécessitant plusieurs navettes de la vedette de sauvetage en mer de Lancieux. Source : Ouest-France du lendemain.
- « Nature - ARCHIPEL DES EBIHENS - Saint-Jacut-De-La-Mer », sur www.petitfute.com (consulté le )
- « Archipel des Ébihens - Randonnée Massif armoricain - Saint-Jacut-de-la-Mer », sur www.altituderando.com (consulté le )
- « Géoportail », sur www.geoportail.gouv.fr (consulté le )
- « INPN - Ile De La Colombière, Arrêté de protection de biotope - Présentation », sur inpn.mnhn.fr (consulté le )
Voir aussi
Liens externes
- Photos de l'ile des Ébihens et de la Faune et Flore de St Jacut de la mer
- Mairie de Saint-Jacut de la mer
- Île des Hébihens
- Jean-Georges Michel
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