Éclat(s) d'âme

Éclat(s) d'âme (しまなみ誰そ彼, Shimanami Tasogare) est un seinen manga écrit et dessiné par Yūki Kamatani, prépublié dans le magazine HiBana, puis dans le magazine Manga One après l'arrêt de publication d'HiBaNa depuis et publié par l'éditeur Shōgakukan en volumes reliés depuis . La version française est éditée par Akata depuis .

Éclat(s) d'âme
Logo de la version japonaise d'Éclat(s) d'âme.
しまなみ誰そ彼
(Shimanami Tasogare)
Type Seinen
Thèmes Drame, homosexualité, tranche de vie, société
Manga
Auteur Yūki Kamatani
Éditeur (ja) Shōgakukan
(fr) Akata
Prépublication HiBaNa, Manga One
Sortie initiale
Volumes 4

L'histoire tourne autour de Tasuku Kaname, un jeune lycéen japonais qui s'interroge sur sa sexualité après qu'un de ses camarades de classe a découvert une vidéo pornographique gay. Il rencontre alors, dans un club de discussion, d'autres personnes de la communauté LGBT et finit par s'accepter, bien qu'en restant incertain de comment agir au quotidien.

Malgré le fait qu'Éclat(s) d'âme n'ait pas été adapté en anime, le manga bénéficie d'une distribution internationale et d'un bon accueil critique.

Trame

Pont de Shimanami, qui relie plusieurs îles au Japon à Onomichi, lieu de l'action du manga, et qui donne son nom original au manga.

Univers

L'histoire d'Éclat(s) d'âme se déroule dans le monde réel, à Onomichi, une ville japonaise de la préfecture de Hiroshima, deux jours avant les vacances d'été[1]. Près du pont de Shimanami, une route ayant le rôle de piste cyclable qui relie la région de Chûgoku aux îles de la mer inférieure, on retrouve un club de discussion, où plusieurs personnes de la communauté LGBT se retrouvent, afin de pouvoir vivre et discuter loin du regard de la société[2]. Ce club rénove également des maisons abandonnées.

Personnages

Tasuku Kaname (要介かなめたすく, Kaname Tasuku)
Il est le personnage principal de cette œuvre. Amateur de ping-pong et de surnaturel, il est arrivé au printemps à Onomichi avec son frère et ses parents. Sa vie bascule lorsque ses camarades découvrent une vidéo gay pornographique sur son téléphone. Alors qu'il fait une tentative de suicide, il change d'avis une fois qu'il fait la connaissance des membres du club de discussion. En plein questionnement sur son identité, il est amoureux de Tōma Tsubaki.
L'hôte (誰かさん, Dareka-san, litt. « Quelqu'un »)
C'est par cette fonction que se fait désigner la gérante du club de discussion de Shimanami. Personnage androgyne, elle est à l'écoute des membres du salon de discussion, leur permettant de se sentir plus à l'aise dans sa résidence associative. Presque mystique, elle apparaît sous la forme d'une silhouette à Tasuku avant sa tentative de suicide et le dissuade. Sous ses apparences lunaires, elle agit en mentor pour les personnes en marge de la société se retrouvant chez elle. Elle est asexuelle.
Tōma Tsubaki
Lycéen de 16 ans, il est membre du club de volley-ball du lycée ainsi que du club de santé, où il côtoie Tasuku. Amateur d'ichtyologie, il se rapproche de Tasuku via le biais du club de santé de son lycée.
Haruko Daichi (大地春子だいちはるこ, Daichi Haruko)
Jeune femme fréquentant régulièrement le salon de discussion, elle est lesbienne et vit avec Saki, sa compagne rencontrée au salon. Elle et sa femme servent de modèle à Tasuku, étant le premier couple homosexuel rencontré par ce dernier, lui permettant de réaliser qu'une relation homosexuelle est possible.
Shuuji Misora
Jeune garçon de 12 ans visitant fréquemment le club de discussion. Il se travestit en fille, bien qu'étant incertain de ce qu'il souhaite. Élevé seul par sa mère et ses deux grandes sœurs, il s'éloigne du salon après une dispute avec Tasuku lors d'un festival d'été.
Natsuyoshi Utsumi (内海うつみ, Utsumi)
Homme transgenre, il se rend souvent au salon de discussion. C'est l'un des premiers à faciliter l'intégration de Tasuku au salon.
Monsieur Tchaïko (チャイコさん, Chaiko-san)
Vieil homme habitué du salon de discussion, c'est un passionné du musicien Tchaïkovski, d'où son surnom. Il joue le rôle de présence rassurante, rassurant souvent les membres du salon.

Résumé

Alors qu'il est au lycée, les camarades du jeune Tasuku découvrent sur le téléphone portable de ce dernier du porno homosexuel[1]. Bien qu'il prétexte une blague de son frère, ses camarades ne le croient pas et il subit des moqueries. Il décide alors de se jeter du haut du pont Shimanami, mais il remarque alors qu'une jeune femme menace elle aussi de se jeter dans le vide[3]. Se précipitant pour l'en empêcher, il arrive alors dans un salon de discussion, safe-space pour personnes LGBT[1]. Le lendemain, de retour au lycée, il est de nouveau la cible de railleries de la part de ses camarades. Tasuku craque alors et cours se réfugier au salon de discussion de la veille, n'ayant pas connaissance de la nature exacte de ses sentiments ou de comment réagir face à ses camarades. Après avoir explosé en pleurs, il passe la nuit au salon de discussion. Il y retourne le lendemain pour découvrir que les membres du salon de discussion appartiennent également à une association rénovant les maisons vacantes ou abandonnées[1]. Il se rapproche alors de Daichi et de sa femme Saki, dont il envie l'aisance dans leur relation. À force de travailler dans la maison abandonnée et au contact des autres membres du salon de discussion, Tasuku arrive à confronter ses sentiments et à s'avouer son homosexualité, reconnaissant qu'il éprouve des sentiments pour Tōma Tsubaki, l'un de ses camarade de classe et membre de l'équipe de volley[1].

Tasuku fait également la connaissance de Misora, un écolier de 12 ans qui se travestit uniquement dans l'enceinte du club de discussion. Il se rapproche également de Tsubaki, via le club de santé. Lors du festival d'été, auquel il accompagne Misora qui sort habillé en femme pour la première fois. Il y retrouve également Tsubaki, venu profiter des feux d'artifice. À la suite d'une dispute avec Misora, Tsubaki soupçonne l'homosexualité de Tasuku, ce qui terrifie ce dernier, et Misora quitte le club de discussion[1].

Manga

Publication

Bâtiment à Onomichi, semblable au salon de discussion fréquenté par Tasuku.

Au Japon

Éclat(s) d'âme est le deuxième manga de Yūki Kamatani publié en français, après son shōnen Nabari[4]. La série terminée compte 23 chapitres et 4 volumes reliés au total, le dernier étant plus volumineux car contenant plus de chapitres[5],[6].

Le manga est prépublié dans un premier temps dans le magazine HiBaNa[7], avant d'être publié dans le Ura Sunday[8] et dans Manga One[9],[10].

Le premier tankōbon sort au Japon le aux éditions Shōgakukan[11], le deuxième tome sort le [12], alors que le troisième tome le [13]. Le quatrième est prévu pour le [14].

En France

En France, c'est l'éditeur Akata, connu pour avoir édité un autre manga sur le thème LGBT, Le Mari de mon frère, qui édite Éclat(s) d'âme[15]. La sortie du premier tome est fixée le . Il est traduit par Aurélien Estranger[16],[17].

Pour la sortie du tome 2, Akata décide de verser 5 % des revenus engendrés par les ventes à l'association SOS homophobie, de sa date de sortie le jusqu'au [18],[19].

Liste des volumes

no  Japonais[20] Français
Date de sortie ISBN Date de sortie ISBN
1 978-4-09-187419-1
978-2369742739
Liste des chapitres :
  • Chapitre 1
  • Chapitre 2
  • Chapitre 3
  • Chapitre 4
  • Chapitre 5
2 978-4-09-189276-8
978-2369743095
Liste des chapitres :
  • Chapitre 6
  • Chapitre 7
  • Chapitre 8
  • Chapitre 9
  • Chapitre 10
3 978-4-09-189276-8
978-2369743187
Liste des chapitres :
  • Chapitre 11
  • Chapitre 12
  • Chapitre 13
  • Chapitre 14
  • Chapitre 15
4 978-4-09-860040-3
978-2369743293
Liste des chapitres :
  • Chapitre 16
  • Chapitre 17
  • Chapitre 18
  • Chapitre 19
  • Chapitre 20
  • Chapitre 21
  • Chapitre 22
  • Dernier Chapitre

Analyse

Le manga a pour thème majeur l'acceptation de l'homosexualité et des membres de la communauté LGBT+ au sein de la société japonaise[4], thème cher à Yūki Kamatani qui a fait son coming-out asexuel et non-binaire[21]. Le manga traite également du regard des autres et du harcèlement dont sont victimes les personnes LGBT+[18]. L'auteur s'est servi de ses propres expériences adolescentes de rejet, de moqueries et d'interrogations sur son identité pour son manga. De plus, Yūki Kamatani est originaire de Hiroshima, comme le jeune Tasuku[22]. Ce faisant, il est l'un des premiers auteurs transgenres à aborder de manière si sérieuse les questions LGBT+[23], sans partir dans les extrêmes ou abuser des stéréotypes[1].

Avant de mettre son héros face à la société, Yūki Kamatani le met d'abord face à lui même, s'interrogeant face à ses malaises d'adolescent[24]. Une fois l'acceptation du héros accomplie grâce aux rencontres au salon de discussion, il réfléchit encore sur la meilleure manière d'agir en société[25]. Le thème de la peur du coming out et de l'acceptation de la société est également omniprésent durant toute l'œuvre[26], tout en essayant de délivrer un message de tolérance[27].

Le rôle de l'hôte est celui d'un mentor pour Tasuku et les autres membres du salon de discussion, tantôt chimérique et lunaire, disparaissant soudainement parfois, faisant se demander à Tasuku s'il ne l'a pas imaginée, tantôt grave, ouvrant sa porte aux personnes en marge[25]. Version féminisée du garçon qu'aime Tasuku, elle sert de modèle d'acceptation[16].

L'aspect de renouveau est également mise en avant lors de la rénovation des maisons abandonnées[28]. En effet, en détruisant ces maisons, les personnages peuvent ainsi mettre un terme à leur vie précédente, la détruisant, littéralement, avant de la remettre en ordre, symbolisé par la remise à neuf de la maison, déconstruire pour reconstruire[1]. Si certains personnages comme Daichi ont déjà vécu ce processus et l'ont accepté, le lecteur suit ici Tasuku, en plein changement[29].

Ce manga aborde en réalité la marginalisation face à une société trop formatée. Au début de l'œuvre, Tasuku cherche à se suicider, non pas parce qu'il en a réellement envie, mais car il a peur des conséquences que vont entraîner la découverte de son homosexualité par ses camarades de classes. C'est la peur qui est le fil rouge de l'histoire, la peur mais aussi l'incompréhension de la société face aux différences que nous présente l'auteur. Les réactions qu'on les personnages ne sont que le reflet d'un conditionnement encré dans les normes depuis très longtemps. Le mangaka ne cherche pas à blâmer les personnages homophobes ou discriminantes, il nous montre simplement leurs comportements, leurs réactions et comment Tasuku le vit.

Chaque personnage a une personnalité propre, chacun au cours du manga fera des erreurs, des choix, bons comme mauvais. Aucun personnage n'est tout blanc ou tout noir, et les mauvais comportements ne sont pas vraiment dépeints comme gratuits ou par pure méchanceté, mais majoritairement comme une incompréhension de l'entourage.

De plus l'homophobie ou les discriminations ne sont pas réellement explicites, mais plus complexes, ce sont des détails, des phrases, des regards ou des comportements qui instaurent une sorte de tension permanente pour Tasuku, qui interprète chaque réaction de chaque personne qu'il croise.

Il faut également souligner la réalité que cherche à nous dévoiler l'auteur au travers de cette histoire. Les LGBT+ ne sont pas bien acceptés au Japon qui reste une société très conservatrice malgré le marché toujours plus grandissant de yaoi ou de yuri.

[réf. nécessaire]

Réception

Pour le journal français Le Monde, Éclat(s) d'âme est une « pépite, belle et subtile, sondant la psyché de Tasuku avec délicatesse »[25]. Il juge également l'introspection du héros est parfaitement retranscrite par le dessin de Yūki Kamatani, via ses planches fragmentées, donnant ainsi des « éclats d'âme »[25]. Le Monde vante également la manière dont est mis en avant le sentiment de submersion ressenti par le personnage, à travers des « paysages lumineux, contrastant avec le malaise du héros »[25]. Il lui accorde la note maximale de 5 / 5[25]. Pour Erica Friedman, ce manga est une étape cruciale dans la représentation de la communauté LGBT au Japon, ainsi qu'une lecture nécessaire[30]. Shabana Gupta lui octroie la note de 8 / 10, appréciant notamment la sobriété et le réalisme dont fait preuve le manga, mais également le symbolisme dont l'auteur fait preuve dans ses dessins[1].

Pour 9ème art, le héros est « terriblement attachant », et l'on ressent « parfaitement la tristesse du garçon, notamment lorsque le fragile cocon qu'il s'était formé s'est brisé »[29]. Il lui donne également la note de 8 / 10. Le site spécialisé Manga Sanctuary vante « un scénario et un sujet parfaitement maîtrisé », des « personnages attachants » et les « émotions véhiculées, brisant autant le lecteur que le héros »[31].

Références

  1. (en) Shabana Gupta, « Shimanami Tasogare; symbolistic imagery », sur The Black and White, (consulté le ).
  2. (en) « Beyond Yuri on Ice: LGBTQ Anime and Manga », sur Curious Cats, (consulté le ).
  3. (it) Frederico Boni, « Il 19 aprile uscirà anche nelle librerie e fumetterie d’Italia Oltre le onde – Shimanami Tasogare di Yuhki Kamatani, manga LGBT. » Le 19 avril sortira aussi dans les librairies Éclat(s) d'âme – Shimanami Tasogare de Yuhki Kamatani, manga LGBT »], sur Gay.it, (consulté le ).
  4. « Éclat(s) d'âme chez Akata », sur Nautiljon, (consulté le )
  5. « Le manga Éclat(s) d'âme se terminera ce mois-ci : 4 tomes prévus au total », sur Nautiljon, (consulté le )
  6. (it) Roberto Addari, « Shimanami Tasogare, si conclude Oltre le Onde di Yuhki Kamatani », sur Manga Forever, (consulté le )
  7. (en) Jennifer Sherman, « Shogakukan's Hibana Magazine Ends Publication After 2 Years », sur Anime News Network, (consulté le )
  8. Bruno de la Cruz, « Éclat(s) d’âme, le nouveau manga “LGBT+” chez Akata en février », sur AnimeLand, (consulté le )
  9. Karen Ressler, « Hibana Magazine's Individual Series' Plans Announced », sur Anime News Network, (consulté le )
  10. « Le manga Éclat(s) d’âme de Yuhki KAMATANI annoncé chez Akata », sur MangaMag, (consulté le )
  11. (ja) « ビッグ コミックス しまなみ誰そ彼 1 : 鎌谷悠希 », sur Shōgakukan (consulté le )
  12. (ja) « ビッグ コミックス しまなみ誰そ彼 2 : 鎌谷悠希 », sur Shōgakukan (consulté le )
  13. (ja) « ビッグ コミックス しまなみ誰そ彼 3 : 鎌谷悠希 », sur Shōgakukan (consulté le )
  14. (ja) « しまなみ誰そ彼 4 : 鎌谷悠希 », sur Shōgakukan (consulté le )
  15. « Eclat(s) d'âme, nouveau manga sur la communauté LGBT chez Akata », sur Manga News, (consulté le )
  16. « Éclat(s) d’âme, vol.1 – Fêlures adolescentes », sur Le Gaffoblog, (consulté le )
  17. « Aperçu du manga Eclat(s) d'âme aux éditions Akata », sur Manga News, (consulté le )
  18. « Éclat(s) d'âme volume 2 : Akata reversera 5% des ventes à SOS Homophobie », sur Nautiljon, (consulté le )
  19. « Akata reversera une partie des ventes d'Éclat(s) d'âme tome 2 à SOS Homophobie », sur 9eme art, (consulté le )
  20. (ja) « しまなみ誰そ彼 : 鎌谷悠希 », sur Shōgakukan (consulté le )
  21. « Éclat(s) d’âme : le nouveau manga LGBT des éditions Akata ! », sur JustFocus, (consulté le )
  22. « Éclat(S) D’âme : Une Fable Sociétale LGBT », sur Red Point (consulté le )
  23. (ja) Ryo Yamaguchi, « 「お前、ホモなの?」疑われた高校生、失った居場所。描いた漫画家の過去とは 同級生にゲイと疑われ、居場所をなくした高校生・たすく。広島県を舞台に「性と生」について描いた漫画・しまなみ誰そ彼について、筆者の鎌谷悠希さんに話を聞いた。 », sur BuzzFeed, (consulté le )
  24. (it) Michele Mimoso Annunziata, « Oltre le Onde – Shimanami Tasogare: novità J-POP Manga », sur ProjetNerd.it, (consulté le )
  25. Pauline Croquet, « Éclat(s) d’âme » : un manga beau et subtil sur l’homosexualité », sur Le Monde, (consulté le ).
  26. Damien Canteau, « ÉCLAT(S) D’ÂME, VOLUME 1 », sur ComixTrip, (consulté le )
  27. (en) « Intro to the Works of Yuhki Kamatani », sur Curious Cats, (consulté le ).
  28. « Éclat(s) d'Âme (T01) - Yuhki Kamatani - Akata », sur Pikobooks (consulté le ).
  29. « CRITIQUE ÉCLAT(S) D'ÂME, UN MANGA TOUCHANT SUR UN SUJET ESSENTIEL », sur 9ème Art, (consulté le )
  30. (en) Erica Friedman, « LGBTQ Manga: Shimanami Tasogare, Volume 1 (しまなみ誰そ彼 1) », sur Okazu, (consulté le )
  31. « Critique Éclat(s) d'âme 1 », sur Manga Sanctuary, (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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