École d'agrobiologie de Beaujeu

L'école d'agrobiologie de Beaujeu est une école associative d'enseignement supérieur, implantée de 1983 à 1998, dans le domaine de Malval, à Beaujeu (Rhône), en plein cœur du Beaujolais.

Elle est plus souvent et plus justement nommée école de Beaujeu car même si son enseignement fut dispensé par des agroécologistes, biodynamistes, permaculteurs, vétérinaires homéopathes, phytothérapeutes, microbiologistes des sols..., elle se veut globale et on y apprend une philosophie générale de la vie[réf. nécessaire].

Elle est créée par Suzanne et Victor Michon, tous deux anciens résistants, et marque profondément tous ceux qui ont la chance d'y suivre une formation[réf. nécessaire].

On y traite de culture générale, de la santé et de l'alimentation, du rapport de l'homme avec l'animal, du rôle fondamental des bactéries pour les sols, les plantes et leur culture et du rôle essentiel du règne végétal dans les rapports entre Homme et Nature[réf. nécessaire].

Elle cesse ses activités en 1998 à la suite de la mort de Suzanne Michon, véritable pierre angulaire de l'institution.

Enseignants

  • Victor Michon, philosophe de la Nature
  • Suzanne Michon

et, par ordre alphabétique :

Témoignages

Pierre Rabhi, qui y a enseigné, écrit :

« L'École d'Agrobiologie de Beaujeu a permis à de multiples disciplines scientifiques, techniques, sociales ainsi qu'à de simples expériences humaines de trouver un lieu de convergence. Ainsi se sont trouvés réunis les éléments d'une sorte de puzzle représentatif d'une problématique globale et fondamentale de notre temps, à savoir le rapport des humains avec les fondements de la vie en général et de la survie que nous devons à la terre nourricière en particulier. »

 Pierre Rabhi, préface du livre Une agriculture du vivant : l'héritage de l'école de Beaujeu

Abdoulaye Sarr, agriculteur et formateur en agriculture biologique dans le Sénégal oriental, ancien élève de l'école de Beaujeu, raconte ce qu'elle lui a apporté :

« Dans les années 1980, nous étions un groupe d’une dizaine d’étudiants dans l’Est du Sénégal qui voulions faire la révolution et changer le monde !

Nous avons travaillé dans l’une des premières ONG du Sénégal : l’Office Africain de Développement et Coopération (OFADEC) où nous encadrions les paysans pour améliorer leur situation de pauvreté extrême. Nous étions très engagés mais n’avions pas les connaissances pratiques nécessaires et il fallait se former sur le terrain. Les conditions de vie étaient très difficiles dans le Sénégal oriental. À la suite de dissensions internes, mes amis et moi-même avons créé notre propre ONG locale plus conforme à notre vision : le Groupe d’Action pour le Développement Communautaire (GADEC). [...]

J’ai commencé mon apprentissage d’animateur/formateur grâce à des groupements féminins : avec les femmes, je créais des petits jardins collectifs villageois, je leur apprenais à installer des pépinières villageoises, à repiquer, à récolter... Nous utilisions les pesticides chimiques dans les jardins, ne connaissant pas l’agriculture biologique, même si la recherche d’alternatives était présente dans le discours des ONG. Des amis belges m’avaient envoyé la plaquette de l’école d’agrobiologie de Beaujeu, dans le Beaujolais. On y parlait de microbiologie des sols, de la culture attelée - une technologie que les paysans sénégalais connaissent bien. Cette présentation m’avait surtout attiré de façon intuitive. L’ONG GADEC m’a aidé pour le billet d’avion, les frais de nourriture et l’hébergement ; pour le reste, j’ai pris un crédit et suis venu en France à Lyon, pour la première fois de ma vie, en 1992. La philosophie de Steiner ressemble beaucoup à celle de mon ethnie, les Sérères. Dans la bibliothèque de l’école, j’ai pris connaissance de la conception de la vie et de la mort de Rudolf Steiner. Sa philosophie ressemble curieusement aux traditions spirituelles du monde sérère qui croit que la mort n’existe pas car l’être humain effectue des va-et-vient entre le monde de l’au-delà et le monde des vivants. Comme disait Goethe : « Dieu a inventé la mort pour qu’il y ait plus de vie. » [...]

J’ai rencontré des personnalités extraordinaires dans cette école : celui qui m’a beaucoup ému était Jean Nolle, l’inventeur de nombreuses machines de taille réduite très bien adaptées aux petits cultivateurs au Sénégal, en Afrique et dans le tiers-monde en général. Il faisait partie du lot d’enseignants exceptionnels de l’école d’agrobiologie de Beaujeu, entre autres : Claude Bourguignon, Xavier Florin, Pierre Rabhi, Max Léglise, Poincet, Joseph Lucas, etc. Jean Nolle disait que des industriels français avaient frauduleusement copié ses plans pour les vendre à l’État sénégalais dans le cadre des différents programmes agricoles d’appui aux paysans. Malheureusement, l’administration coloniale, à la veille des indépendances, l’avait chassé de mon pays - il avait osé faire de l’humour sur ses inventions en disant que "ses machines allaient apporter l’indépendance aux paysans"[1]. »

 Abdoulaye Sarr, Praticien Bio Conseil au Sénégal oriental

Notes et références

  1. Abdoulaye Sarr, « Praticien Bio Conseil au Sénégal oriental », sur Un nouveau regard sur le vivant, Denis Guichard (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Une agriculture du vivant : l'héritage de l'école de Beaujeu, Collectif, Ed. du Fraysse, Montclar-de-Quercy (Tarn-et-Garonne), 2006
  • Le sol, la terre et les champs, Paris, Sang de la Terre, (Les dossiers de l'écologie), 2002, 190 p., nouvelle édition revue et augmentée (ISBN 2869851499)
  • Machines modernes à traction animale : itinéraire d'un inventeur au service des petits paysans Jean Nolle, AFDI L'Harmattan, GRET, 1986.

Liens externes

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