École de la deuxième chance
En France, la première École de la 2e Chance (E2C) a été créée à Marseille en 1997, sur la base des principes inscrits dans le Livre Blanc « Enseigner et apprendre : vers la société cognitive »[1], présenté par Édith Cresson et adopté par la Commission européenne en 1995. Associations loi de 1901, les E2C accueillent des jeunes de 16 à 26 ans sortis du système scolaire depuis plus d'un an, sans diplôme et sans qualification. Les E2C visent l'insertion sociale, citoyenne et professionnelle de ces jeunes qui ont décroché. Les missions locales, Pôle emploi et le tissu associatif local font partie des prescripteurs habituels des E2C.
Pour les articles homonymes, voir Deuxième Chance.
En 2020, on comptait 53 Écoles de la 2e Chance en France et 135 sites[2], répartis dans 12 régions et 59 départements de France métropolitaine, ainsi que 5 départements et régions ultramarines. Leur financement varie d’une école à l’autre ; il peut être assuré par les régions, le FSE, la taxe d'apprentissage, les entreprises partenaires, etc.
Concept
Ces écoles ont été mises sur pied pour permettre aux jeunes sans réelles qualifications professionnelles ni diplômes de pouvoir faire une formation valorisante, de se construire un projet d’insertion social qui facilitera leurs intégrations professionnelles. Ces jeunes pourront de leur propre chef ou envoyé par la mission locale de secteur, se voir intégré par l'E2C pouvant aller de 4 mois à 18 mois. Ils percevront une indemnité (de 500€ en moyenne, variable selon la situation de chaque jeune) durant le temps passé à l'E2C. Se définissant comme un lieu de formation, d'expérimentation et d'innovation, l'E2C a comme pratique l'accompagnement individualisé des apprenants, alternant cours théoriques mais également un temps en entreprise.
Il n'y est pas proposé de programme préétabli, mais un parcours de formation et d'accompagnement personnalisé pour chaque stagiaire. Le concept repose sur le principe de l’alternance en entreprise et sur l’individualisation des apprentissages dans le cadre d’une remise à niveau des savoirs de base (mathématiques, français, informatique). Les stages en entreprises permettent aux stagiaires de découvrir des métiers et de construire un projet professionnel. Les candidats doivent être motivés pour s'inscrire, et comme dans le cadre d'un emploi, ils doivent effectuer une période d'essai en début de parcours. Les jeunes en formation sont considérés comme des stagiaires de la formation professionnelle et touchent une rémunération.
Le parcours, d’une durée moyenne de 6 mois, peut être interrompu à tout moment dès l’instant que le stagiaire accède à un emploi ou à une formation qualifiante. Des rentrées sont organisées tout au long de l'année. En 2020, le taux de sorties positives était de 60 % : 20 % vers un emploi (CDI ou CDD) dont 3% vers un emploi aidé, 15 % vers un contrat de professionnalisation ou contrat d'apprentissage, 25 % vers une formation qualifiante ou diplômante[réf. nécessaire].
Parmi les partenaires des comités de pilotage des E2C on trouve l’Éducation nationale, les collectivités territoriales, la Commission européenne, des entreprises[3] et des organismes sociaux.
Historique
En France, la première école de la seconde chance voit le jour dans la ville de Marseille en 1997. Cette initiative est l’œuvre de Edith Cresson, instigatrice et porteuse du projet lors du sommet des Chefs d’État de Madrid de décembre 1995. Issues des principes contenus dans le Livre Blanc Enseigner et apprendre – Vers la société cognitive, le projet de l’école de la seconde chance est rapidement adopté et approuvé par l’ensemble des ministres de l’éducation des Etats membres de l’Union Européenne. Le financement des écoles dont la forme juridique est le plus souvent associative a pour financeurs trois tiers : « les régions, porteuses des conventions de créations d’école (33%), par l’État et le troisième tiers est constitué du FSE (Fonds Social Européen). Le coût moyen d’un jeune suivi est d’environ 5 800 € »[4].
En France, les E2C accueillent chaque année environ 15 000 jeunes dont la moyenne d’âge est comprise entre 16 et 25 ans et qui sont pour la plupart en situation de décrochage scolaire ou alors des jeunes qui ont tout simplement abandonné le système scolaire[5]. Dans le cadre de l’objectif « lutter contre l’exclusion », l’expérience des écoles de la deuxième chance est recommandé ce qui permettra aux jeunes adultes sans diplôme ou qualification, d’accéder à une « seconde chance » en offrant « aux jeunes adultes exclus du système éducatif ou en passe de l'être les meilleures formations » mais également leur garantissant [6]« le meilleur encadrement pour leur donner confiance en eux »[4].
Les objectifs
Les objectifs du dispositif des E2C est de lutter contre le décrochage scolaire en apportant un soutien aux populations fragilisées qui font face à des difficultés sociales. L'E2C ouvre ses portes à ses jeunes afin de leur donner l'opportunité d'une insertion sociale et/ou professionnelle tout en leur apportant comme le nom l'indique une 2ème chance de devenir[7]. Les jeunes quittant le système scolaire n’ayant pas obtenu de diplôme professionnel ou de baccalauréat seraient ainsi 140 000 chaque année. En 2011, le taux de chômage des actifs de plus de quinze ans sans diplôme était de 16% (taux de chômage national : 9,2%) (Insee, 2012).
La dimension motivationnelle du dispositif est vu comme composante de réussite parmi d’autres facteurs relevant de l’ingénierie pédagogique[8].
Charte de l’E2C
Les E2C ont une charte commune composée de 6 principes sur lesquels l’ensemble des acteurs seront amenés à respecter.
Les principes sont les suivants :
- C’est une institution portée par les Collectivités Territoriales et Locales et/ou Consulaires. Ce dispositif dispose de moyens financiers, structurels et humains afin d’assurer la continuité de son action
- L’objectif est d’assurer l’insertion professionnelle et sociale de jeunes en difficulté. Intervenir auprès d’un public ne faisant plus partie de l'éducation nationale.
- En partenariat étroit avec le monde de l’entreprise. Les entreprises jouent un rôle très important pour la construction du projet professionnel du jeune. Concourir à l’adéquation des besoins et des attentes des jeunes avec les réalités du marché de l’emploi.
- Qui ne délivre pas de diplômes, mais vise à accréditer des compétences par l’élaboration du portefeuille de compétences et la construction du projet professionnel. Compétences de remise à niveau, de compétences sociales, citoyennes, compétences en entreprise,
- Accompagne le projet personnel et professionnel du stagiaire durant leur temps de formation au sein de l’E2c, mais également à leur sortie.
- Qui travaille en réseau avec tous les acteurs intervenant auprès de leur public[9]
Retour des apprenants
L’ Université Paris Ouest a initié une recherche autour de l’impact de l’accompagnement proposé par les E2C sur les dispositions relatives à la recherche d’emploi et plus largement à l’insertion professionnelle des jeunes adultes. Cet entretien sera porté sur 21 jeunes adultes. Ce qui ressortira des divers entretiens de ces jeunes sont :
- se former avec un désir de « reprendre » une scolarité ou de se qualifier.
- une logique d’orientation ou d’expérimentation par le biais de stages.
- une logique d’emploi visant l’accès à une profession. Vouloir travailler à tout prix.
- une logique “ thérapeutique” afin de se faire aider; d’être soutenu dans leurs démarches.[10]
Le label "École de la 2e Chance" reconnu par l'État
Créé en 2009 et actualisé en 2016, le "Guide de Labellisation du Réseau E2C France" permet d'évaluer l'ancrage territorial des Écoles, l'adaptation des méthodes pédagogiques (individualisation des parcours, alternance) et les démarches qualité de chaque École. Les critères de labellisation sont basés sur la "Charte des Principes fondamentaux", définissant l'identité des E2C, et sur les exigences réglementaires immanquables pour tout organisme de formation.
Le décret du a confié au Réseau E2C France la délivrance du label "École de la Deuxième Chance". Ce label, institué par l’article L214-14 du Code de l'éducation, a reçu les avis conformes des ministères de l'Éducation nationale et de l'Emploi.
Le Conseil National de l’Emploi, de la Formation et de l’Orientation Professionnelle a reconnu officiellement et a inscrit sur sa première liste de certifications et labels « qualité » le label "École de la 2e Chance, pour une durée de trois ans sans conditions. Les E2C sont reconnues conformes aux exigences du décret relatif à la qualité des actions de la formation professionnelle continue.
L'attribution du label E2C est conditionnée par la réalisation d'un audit de la part d'Afnor Certification, puis d'un avis favorable d'une commission indépendante, la Commission Nationale de Labellisation (CNL). Composée des représentants des principaux partenaires des E2C, la CNL émet un avis motivé, sur la base du rapport de l'auditeur pour l'attribution ou le maintien du label pour les organismes candidats.
Engagé en 2020, le déploiement de la certification Qualiopi va également se poursuivre tout au long de l’année. Le réseau a adapté son processus qualité aux exigences de la loi Avenir professionnel et a été reconnu instance labellisante par France compétences en décembre 2019. Un statut qui lui permet de délivrer la certification Qualiopi en complément du label E2C.
Les écoles du Réseau
Le Réseau des Écoles de la 2e Chance France compte 135 sites-écoles qui accueillent plus de 15 000 jeunes de 16 à 25 ans, par an, sur tout le territoire national[11].
Notes et références
- Fondation des Écoles de la deuxième chance - Accueil
- « Chiffres clés », sur Réseau E2C (consulté le )
- "Cité Foot, tremplin vers l'insertion" Lorraine et vous, le magazine d'informations de la région Lorraine no 12 (juin-juillet-août 2011) p. 21
- « La lutte contre l'absentéisme et le décrochage scolaires », sur Vie publique.fr (consulté le )
- Françoise Bruno, Frédéric Saujat, Christine Félix, « L’évolution des approches du décrochage scolaire »
- Danielle Zay, Prévenir l'exclusion scolaire et sociale des jeunes: Une approche franco-britannique, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-073875-6, lire en ligne)
- Maël Loquais et Isabelle Houot, « La « deuxième chance » : ce que les jeunes sont capables d’en saisir », Formation emploi. Revue française de sciences sociales, no 143, , p. 79–97 (ISSN 0759-6340, DOI 10.4000/formationemploi.6170, lire en ligne, consulté le )
- Lucy Bell, Pierre-Yves Bernard, « Territoires, offre de formation et expérience du décrochage scolaire : une étude de cas »
- Emmanuelle Leclercq et Laurent Béjot, « La pédagogie, levier de professionnalisation pour les écoles de la deuxième chance ? », Formation emploi. Revue française de sciences sociales, no 143, , p. 119–138 (ISSN 0759-6340, DOI 10.4000/formationemploi.6253, lire en ligne, consulté le )
- Pauline Sabuco, « L’Ecole de la Deuxième Chance (E2C) : Un dispositif local et partenarial original pour les jeunes décrocheurs scolaires »
- « Association nationale des Écoles de la 2e Chance - Réseau E2C », sur Réseau E2C (consulté le )
Liens externes
Bibliographie
- Boutinet, J. P. (2018). Ces jeunes stagiaires de passage dans une École de la deuxième chance, déjà adultes mais pas encore tout à fait adultes. Savoirs, (1), 131-152.1
- Vignoli, E., & Mallet, P. (2012). Les peurs des adolescents concernant leur avenir scolaire et professionnel: structure et variations selon le niveau scolaire, le sexe et la classe sociale. Les cahiers internationaux de psychologie sociale, (2), 249-282.2
- Bruno, F., Félix, C., & Saujat, F. (2017). L’évolution des approches du décrochage scolaire. Carrefours de l'éducation, (1), 246-271.3
- Georges, F., & Pansu, P. (2011). Les feedbacks à l’école: un gage de régulation des comportements scolaires. Revue française de pédagogie. Recherches en éducation, (176), 101-124.4
- Zay, D. (2015). Prévenir l'exclusion scolaire et sociale des jeunes: une approche franco-britannique. Presses Universitaires de France.5
- Bernard, P. Y. (2015). Le décrochage scolaire: la construction d’un problème public. Les Cahiers Dynamiques, (1), 34-41.6
- Bell, L., & Bernard, P. Y. (2016). Territoires, offre de formation et expérience du décrochage scolaire: une étude de cas. Espaces et sociétés, (3), 95-111.7
- Loquais, M., & Houot, I. (2018). La « deuxième chance»: ce que les jeunes sont capables d’en saisir. Formation emploi. Revue française de sciences sociales, (143), 79-97.8
- Leclercq, E., & Béjot, L. (2018). La pédagogie, levier de professionnalisation pour les écoles de la deuxième chance?. Formation emploi. Revue française de sciences sociales, (143), 119-138.9
- Vallee, S. (2015, June). La rencontre des dispositions personnelles et d’un dispositif: une étude auprès des stagiaires des écoles de la 2ème chance. In Biennale de l’Éducation, de la Formation et des pratiques professionnelles 2015.10
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