Église Saint-Siméon de Bordeaux

L'église Saint-Siméon de Bordeaux est construite entre le XIVe et le XVIIe siècle, au nord de l'actuelle place Camille-Jullian. Désaffectée lors de la Révolution française, elle abrite alors diverses activités, jusqu'à un cinéma d'art et d'essai du réseau Utopia à partir de 1999.

Église Saint-Siméon de Bordeaux
Présentation
Type
Occupant
Utopia Bordeaux (d)
Localisation
Adresse
Coordonnées
44° 50′ 21″ N, 0° 34′ 21″ O

Description

Chapelle dans l'église Saint-Siméon à Bordeaux, eau-forte de Verneilly (XIXe siècle)

De construction gothique, édifiée en calcaire, l'église posséde à l'origine une nef unique et un chevet plat. Un bas-côté la flanque au nord[1]. Un des contreforts de sa façade sud  la seule encore visible aujourd’hui  conserve une niche en arc brisé trilobé, coiffé d'un pinacle daté de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle[2]. Ses baies du XIVe siècle[3] étaient décorées de remplages rayonnants aujourd'hui disparus.

La chapelle qui subsiste dans l’ancienne nef est d'époque renaissance. Elle constitue un exemple de la transition entre le gothique finissant et le classicisme à l’italienne[Note 1]. Un de ses retables, en pierre, à colonnes encadrant une coquille[1], est conservé au musée d'Aquitaine[3]

L'église est désormais enserrée dans des bâtiments civils plus récentes[4] : à l'est son chevet et à l'ouest sa façade ont été absorbés dans les immeubles voisins[1].

Histoire religieuse

L'église initiale est bâtie au VIe siècle et dédiée à Siméon le Stylite à l'initiative de l'évêque Léonce le Jeune[Note 2],[3],[5],[6]. Son souvenir a longtemps perduré dans l'odonyme rua de la Gleysa Beltha de Sent Symeon, et le toponyme local à la Behla Gleysa (la Belle Église)[1]. Son emplacement se trouverait sous l’actuel n°6 de la rue Saint-Siméona[1].

Elle devient paroisse au XIIe siècle, dépendant du chapitre de Saint-André[Note 3],[3]. Reconstruite à partir du XIVe siècle, l'église connaît une forte activité au cours de la guerre de Cent Ans. Sa nef sert alors de sépulture, puis avec l'épidémie de peste qui frappe la ville en 1489 un cimetière l'entoure, aujourd'hui probablement éliminé par des travaux de creusement du parking souterrain de la place Camille-Jullian[3],[6].

La chapelle qui subsiste est édifiée au XVIe siècle par le maître-maçon Guillaume Médion, de la paroisse de Saint-Michel, un des bâtisseurs en 1525 du couvent des Annonciades à Bordeaux[7]. Elle porte le monogramme du prêtre François Dumoulin Auroy[4], seigneur de Lanaude, qui a engagé Médion pour sa construction en 1529 pour la somme de 260 livres[1].

L'église au sommet de son activité comportait cinq chapelles. Elle abritait les confréries des fourbisseurs et des canautiers (boulangers fabricant de couronnes), puis à partir de 1654 les dames d'une compagnie du Saint-Sacrement[1].

La paroisse est supprimée en 1791 par Mgr d'Aviau, archevêque de Bordeaux[3],[Note 4] ou plus vraisemblablement par son prédécesseur Mgr Pacareau[8],[Note 5].

Affectations ultérieures

L'ancienne église est alors utilisée pendant quelque temps comme salpêtrière.

À partir de , le bâtiment abrite l’« École navale des mousses et des novices »[9] des frères Laporte, anciens officiers de marine marchande. Ceux-ci y installent également un établissement baptisé « Gymnase français ». L’école est subventionnée par la municipalité [10], et ses fondateurs affichent des visées sociales et pédagogiques, cherchant à extraire de la misère des enfants des quartiers populaires du port. Plus tard, elle est déménagée à bord du trois-mâts royal La Brillante, ancré dans la Garonne[3].

En 1892, c’est une fabrique de conserves alimentaires [11] qui l’occupe. La famille Teyssoneau qui la dirige invente le mécanisme à clef d’ouverture des boîtes de sardine[3].

Au XXe siècle, le bâtiment est reconverti en garage automobile de la marque Axial, puis il fait office de parking[12],[3],[13]. En septembre 1999 le cinéma Utopia est inauguré à sa place[14].


Voir aussi

Bibliographie

  • Louis Desgraves, Évocation du vieux Bordeaux, Les Éditions de Minuit (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-7073-3297-4, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

    Le site de la Direction régionale des affaires culturelles de Nouvelle Aquitaine expose des dessins de l'église occupée par le garage, exécutés par Lucien de Maleville :

    Le site Patrimoine et inventaire d’Aquitaine contient une collection de photographies de l’intérieur de l’édifice alors utilisé comme parking.

    Notes et références

    Notes

    1. Les fenêtres et les voûtes des deux travées sont gothiques, mais l’autel et les arcades en plein cintre qui ouvrent la chapelle vers la nef sont de style Renaissance. De même, les chapiteaux sont indifféremment de l’antique ange chrétien et de l’amour joufflu dont la mode débute alors
    2. Après une carrière militaire au service du roi Childebert et un mariage avec Placidine, fille du sénateur Arcadius, Léonce dit le Jeune (vers 515-entre 557 et 574) est élu évêque de Bordeaux à la mort de Léonce l'Ancien, entre 541 et 550. II participe à plusieurs conciles, organise les paroisses de la ville et est décrit par Fortunat comme un « constructeur d'églises ».
    3. L'autre chapitre de Bordeaux est alors celui de Saint-Seurin, pour les paroisses au nord de la Devèze.
    4. Mgr d'Aviau selon la source, mais les dates ne correspondent pas. D'Aviau ne succède en effet qu'en 1802 à Mgr Pacareau.
    5. Pierre Pacareau est élu en avril 1791 évêque constitutionnel et métropolitain du Sud-Ouest en remplacement de Mgr de Cicé, en poste depuis 1781, prêtre réfractaire et émigré l’année précédente alors que Pacareau en était le vicaire général). Il met en œuvre la loi du 6 mars 1791 qui réduit d’un tiers les quinze paroisses bordelaises, fermant notamment les églises Saint-Projet et Saint Christoly.

    Références

    1. Louis Desgraves, Évocation du vieux Bordeaux, FeniXX, , 446 p. (ISBN 978-2-7073-3297-4, lire en ligne)
    2. Collectif, La Patrimoine des communes de la Gironde, Paris, Flohic éditions, , 1631 p. (ISBN 2-84234-125-2), Tome 1, p. 261
    3. Stephen, « Histoire de l’église Saint-Siméon - U-BLOG 33 », sur www.cinemas-utopia.org,
    4. Mgr Olivier Laroza, Guide touristique, historique et archéologique de Bordeaux et de la Gironde, Bordeaux, Feret et fils, 1988, deuxième édition, 397 p., p. 144
    5. « Histoire de sainteté en Gironde », sur Diocèse de Bordeaux - Eglise catholique en Gironde (consulté le )
    6. « Saint Siméon, de l’église au cinéma », Burdigala la Grande - Histoire, patrimoine & culture, (lire en ligne, consulté le )
    7. Roudie, Revue historique de Bordeaux, Bordeaux, , Tome 1, Document sur quatre maçons bordelais
    8. Thierry Teyssot - Eglise Gallicane, « Saint Christoly de Bordeaux », sur www.gallican.org (consulté le )
    9. Pierre Bernadau, Histoire de Bordeaux, Castillon, , 527 p. (lire en ligne)
    10. A. Donis, Historique de l'enseignement primaire public à Bordeaux (1414-1910), G. Delmas, , 564 p. (lire en ligne)
    11. Bordeaux : aperçu historique, sol, population, industrie, commerce, administration, Bordeaux, Hachette, , 527 p. (lire en ligne)
    12. « Lieu coup de cœur #52 : Le Cinéma Utopia et son emplacement - Bordeaux Tendances », Bordeaux Tendances, (lire en ligne, consulté le )
    13. « Petit zoom historique sur l’Utopia | Bordeaux », sur defigrandesecoles.lexpress.fr (consulté le )
    14. Marjorie Michel, « Bordeaux : l'incroyable histoire de l'église Saint-Siméon devenue le cinéma Utopia », Sud-Ouest, (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
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