Église Sainte-Anne de Norrey-en-Auge

L'église Sainte-Anne de Norrey-en-Auge dont la construction a débuté au XIe siècle, cache sous son extérieur anodin une nef rescapée des premiers essais de l'architecture religieuse en Normandie et des peintures murales du XIIe siècle.

Église Sainte-Anne de Norrey-en-Auge
Vue extérieure de l'église
Présentation
Type
Destination initiale
Destination actuelle
culte
Diocèse
Paroisse
Paroisse Sainte-Thérèse-en-Pays-de-Falaise (d)
Construction
Restauration
Religion
Propriétaire
propriété de la commune
Patrimonialité
Localisation
Pays
Région
Département
Commune
Coordonnées
48° 54′ 46″ N, 0° 00′ 55″ O
Localisation sur la carte du Calvados
Localisation sur la carte de France

Localisation

L'église est située dans le département français du Calvados, sur la commune de Norrey-en-Auge, sur les premiers reliefs du pays d'Auge[1]

Historique

Pour les historiens la partie romane de l'église actuelle de Norrey a été bâtie dans le deuxième quart du XIe siècle. Vers 1045, Hugues de Grandmesnil et son frère Robert décident d'implanter une abbaye à Norrey, car leur père Robert I est enterré dans ce lieu et ils veulent, comme nombre de grandes familles de l'époque , fonder un monastère « pour leur salut et celui des âmes de leurs prédécesseurs »[2]. Ils font commencer les travaux et quelques moines bénédictins commencent à arriver de l'abbaye de Conches fondée par un allié des Grandmesnil. Mais Guillaume de Géré réussit à persuader ses neveux Robert et Hugues que l'endroit est peu propice et qu'il vaut mieux relever les ruines de l'abbaye de Saint-Évroult qu'il veut voir renaître[3]. Les moines déjà présents à Norrey refusent de suivre et vont s'installer à TroarnRoger de Montgommery transforme la collégiale en une abbaye[4]. L'église perd sa vocation abbatiale et est offerte en dotation à l'abbaye de Saint-Evroult avec "toute sa dime, la terre du prêtre et une terre labourable de trois charruées"[5]. On trouve une confirmation de cette donation dans une charte de 1050 de Guillaume de Normandie qu'on nomme Le Conquérant après 1066[6],[7]. Elle devient une simple église paroissiale et dépend de l'abbaye de Saint-Evroult jusqu'à la Révolution.

L'édifice est classé au titre des monuments historiques le [8].

L'église est restaurée en 2007 avec l'aide de mécènes et attire 4 000 visiteurs annuels[9].

Description

L'extérieur

L'église est construite sur le plan classique de la croix latine. À l'ouest la nef romane construite au XIe siècle compte quatre travées et est bordée de bas-côtés. Une tour carrée peu élevée coiffée d'un toit à huit pans couverts d'ardoises surplombe la croisée du transept qui date du XIe siècle[10]. Le « chœur à chevet plat de deux travées » orienté traditionnellement à l'est est soutenu par de solides contreforts. Il date du XIIIe siècle[10] .

Selon Lucien Musset le portail d'entrée de l'église a été ouvert au XIIIe siècle dans le bas-côté sud. Trois colonnettes surmontées de chapiteaux aux solides tailloirs soutiennent les trois rouleaux ornés chacun d'un gros tore. Le rouleau d'archivolte est décoré de moulures géométriques. Il est protégé par un porche qui date du XIVe siècle, toujours d'après Lucien Musset. La très grande baie en tiers-point qui éclaire la façade occidentale de la nef a été percée au XIIIe siècle[6].

Les parties les plus anciennes de l'église, dont le pignon occidental de la nef, sont en appareil en arête-de-poisson[10]. Elles sont recouvertes, sauf sur les murs du clocher, par un crépi posé lors des travaux d'assainissement de l'édifice[11].

L'intérieur

Le caractère le plus intéressant de cet édifice réside dans « l'alternance des supports »: piles rectangulaires, piliers cylindriques, premier exemple de ce principe en Normandie[12].

La nef

D'apparence très austère la nef du XIe siècle, est constituée de quatre travées rythmées par des arcades en plein-cintre à angles vifs[N 1],[13] qui donnent accès aux bas-côtés. Des piles rectangulaires en alternance avec des grosses colonnes cylindriques soutiennent ces arcades , le raccord entre les supports et la retombée des arcades étant assuré par des impostes aux décors inusités en Normandie[6]. Une seule colonne du côté sud de la nef est munie d'un curieux chapiteau très mince décoré de volutes aux quatre coins. L'éclairage est assuré par des baies percées au XIIe siècle quand les murs est et ouest ont été surélevés, et par une grande fenêtre en tiers-point ouverte dans le mur occidental au XIIIe siècle[14] ou XIVe[10] . La petite baie en plein-cintre du premier niveau, vestige des toutes premières ouvertures de la construction romane, a été dégagée au XXe siècle[13].

Le transept

Malgré des remaniements au XIIIe siècle le transept est également de facture romane. Il est muni, au centre, d'une voûte sur croisée d'ogives. Comme la nef, les croisillons sont couverts d'un simple plafond en bois. La tour carrée repose sur la croisée du transept, elle est soutenue par quatre arcs diaphragmes en plein cintre non moulurés semblables à ceux de la nef. Mais l'arc qui ouvre sur le chœur est à double rouleau, il repose de chaque côté sur un pilier rectangulaire dans lequel s'encastre une colonne surmontée d'un chapiteau à très grand tailloir. Un de ces chapiteaux porte une inscription obituaire dédiée à Osbern, abbé de l'abbaye de Saint-Evroult mort en 1066, mais qui n'a pas été enterré dans l'église Sainte-Anne[15].

Le chœur

Le chœur reconstruit au XIIIe siècle est éclairé de très hautes baies en tiers-point à deux ou trois lancettes, il est également couvert par une voûte à croisées d'ogives[14].

Les décors

Les murs sont ornés de peintures murales[16] : fresques et autres techniques de peinture sur mur[17]. Les deux scènes représentées juste au-dessus des arcades de la nef, bien que très abimées, sont rarissimes en Normandie[N 2] car elles datent du XIIe siècle et sont tout de même déchiffrables. L'une, côté sud, montre une entrée du Christ à Jérusalem et l'autre, côté nord, une adoration des mages[18]. Le chœur et le transept sont aussi décorés de vestiges de décors peints à diverses époques du Moyen Âge, on voit distinctement des arcatures en tiers-point à divers endroits du chœur qui datent du XIVe siècle comme la dormition de la Vierge et le faux appareil[19],[20].

Un vitrail de 1874 rassemble deux petits panneaux du Moyen Âge qui représentent La visitation et sainte marguerite assise sur un monstre ailé. Trois bas-reliefs du XVIe restaurés à la fin du XIXe siècle sont insérés dans le maître-autel du Chœur[19]. Des lambris de demi-revêtement du XVIIIe sont classés à titre d'objets[21].

Notes et références

Notes

  1. c'est-à-dire dont les contours ne sont soulignés par aucune moulure.
  2. Des peintures murales en meilleur état sont visibles à l'église Saint-Ouen de Périers-sur-le-Dan ou à l'église de Sainte-Marie-aux-Anglais, mais elles datent des XIIIe siècle et XIVe siècle.

Références

  1. L'église Sainte-Anne sur le site mondes-normands.com.
  2. de Caumont 1850, p. 405.
  3. Musset 1970, p. 5.
  4. de Caumont 1850, p. 71.
  5. Marie Fauroux, Recueil des Actes des Ducs de Normandie de 911 à 1066 : n°122, t. XXXVI, Caen, Société d'Impressions Caron, coll. « Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie », , 560 p., p. 289.
  6. Baylé 2001, p. 23.
  7. Acte 1566 », dans SCRIPTA. Base des actes normands médiévaux, dir. Pierre Bauduin, Caen, CRAHAM-MRSH, 2010-2016
  8. « Église Sainte-Anne de Norrey-en-Auge », notice no PA00111573, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  9. L'église sur le site consacré au mécénat d'une banque
  10. Musset 1970, p. 6.
  11. « plan de relance-chantier de l'église de Norrey-en-Auge », communication du ministère de la culture [PDF]
  12. Baylé 2001, p. 11.
  13. Musset 1970, p. 7.
  14. Épaud 2007, p. 267.
  15. Véronique Gazeau, Normannia monastica : : Prosopographie des abbés bénédictins (Xe-XIIe siècle), vol. 2, CRAHM, , 403 p. (ISBN 978-2-902685-44-8 et 2-902685-44-0, lire en ligne), p. 27.
  16. Arcoa, travaux de mise en sécurité des peintures murales de la nef, campagne 2010
  17. Caroline Lachaize et Carine Folliet, « L'art de la fresque », dossier enseignant [PDF], , p. 4
  18. Lucien Musset, Normandie romane, vol. 1, La Pierre qui Vire, coll. « zodiaque », , p. 36,254.
  19. Musset 1970, p. 11 et 12.
  20. Documentation, peintures murales du chœur, base Palissy
  21. « Œuvres mobilières à Norrey-en-Auge », base Palissy, ministère français de la Culture.

Voir aussi

Bibliographie

  • Louis Serbat, « L’église de Norrey-en-Auge », Bulletin de la Société des Antiquaires de France, , p. 299 à 303 (lire en ligne)
  • Maylis Baylé, L'architecture normande au Moyen Age, vol. 2, Charles Corlet et PUF, (ISBN 2-84133-134-2 et 2-85480-950-5)
  • Arcisse de Caumont, « statistique monumentale du Calvados », sur Gallica,
  • Lucien Musset, « L'église de Norrey-en-Auge », Le Pays d'Auge, no 6,
  • Frédéric Épaud, De la charpente romane à la charpente gothique en Normandie : évolution des techniques et des structures de charpenterie du XIIe au XIIIe siècles, Caen, Publications du CRAHM, , 255 à 266 (ISBN 978-2-902685-39-4 et 2-902685-39-4, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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