Élection présidentielle libanaise de 2022

L'élection présidentielle libanaise de 2022 a lieu en septembre ou afin d'élire le président de la République. Le président sortant, Michel Aoun, dont le mandat de six ans prend fin le , n'est pas éligible à sa réélection immédiate.

Élection présidentielle libanaise de 2022
Corps électoral et résultats
Inscrits 128
Président de la République libanaise
Sortant
Michel Aoun
CPL

Contexte

La précédente élection présidentielle fait l'objet d'une crise politique sans précédent, qui conduit le scrutin a s'étaler sur deux ans du au . Le quorum de participation des deux tiers des parlementaires n'est pas atteint, en raison du boycott des 20 députés du groupe parlementaire mené par Michel Aoun, des 13 députés du Hezbollah et de leur alliés respectifs, empêchant la bonne tenue du scrutin. Cette situation se répète sur un total de 45 sessions parlementaires tandis que l'intérim présidentiel est exercée collectivement par le conseil des ministres contribuant à la paralysie institutionnelle du pays[1],[2],[3].

Après 45 sessions parlementaires, un accord est finalement trouvé fin 2016 sur la candidature de Michel Aoun. L'accord est rendu possible par le rapprochement de ce dernier, chrétien maronite à la tête du Courant patriotique libre (CPL), avec Saad Hariri, musulman sunnite fils de l’ancien premier ministre Rafiq Al-Hariri assassiné en 2005. Jusqu'alors irréconciliable, les deux hommes s'accordent sur l'élection d'Aoun à la présidence de la république en échange de la nomination d'Hariri à la Présidence du Conseil des ministres[4].

La Chambre est à nouveau convoquée le 31 octobre 2016 pour une 46e session, et la majorité élit Michel Aoun au second tour par 83 voix sur 84, avec 36 votes blancs et 7 votes nuls[5],[6]. Son élection est accueillie avec un grand soulagement par la population, de nombreux coups de klaxons de voitures marquant la nouvelle tandis que des feux d'artifices sont même lancés au soir du scrutin dans plusieurs régions du pays[2].

Saad Hariri devient président du Conseil en décembre 2016[7]. Il est reconduit après les élections législatives de 2018 à l'issue de huit mois de négociations, mais doit démissionner en octobre 2019 face à des manifestations de grande ampleur contre la stagnation de l'économie, le chômage, le système politique confessionnaliste, la corruption et l'incapacité du gouvernement à fournir les services essentiels tels que l'eau, l'électricité et l'assainissement[8],[9].

Cratère de l'explosion au port de Beyrouth.

Le gouvernement suivant formé par Hassan Diab ne parvient cependant pas à rétablir la situation économique et finit par chuter en août 2020 dans le contexte des explosions dans le port de Beyrouth, qui relancent le mouvement de protestation[10]. Najib Mikati le remplace le 10 septembre 2021 après une tentative infructueuse de Moustapha Adib puis de Saad Hariri à former un gouvernement[11],[12].

La crise socio-économique s'accentue en 2021, la Banque mondiale (BM) allant jusqu'à la qualifier de « l’une des trois pires crises [économique et financière] que le monde ait connu depuis le milieu du XIXe siècle ». Le Produit intérieur brut (PIB) est ainsi passé de près de 55 milliard de dollar en 2018 à seulement 20 milliards deux ans plus tard[13]. C'est dans ce contexte que sont organisées les élections législatives le 15 mai 2022, à l'issue desquels la nouvelle Chambre des députés doit procéder à l'élection du président de la République.

Système électoral

Le président de la République libanaise est élu pour un mandat de six ans  non renouvelable de manière consécutive  au suffrage indirect et secret par un collège électoral composé des 128 membres de la Chambre des députés[14],[15].

Le système électoral utilisé est un scrutin uninominal majoritaire à plusieurs tours. Pour l'emporter, un candidat doit réunir au premier tour la majorité qualifiée des deux tiers de l'ensemble des membres du collèges, soit 86 voix. À défaut, un second tour est organisé. Est alors élu le candidat qui remporte les voix de la majorité absolue des membres, soit 65 voix. Si besoin, des tours supplémentaires sont réitérés jusqu'à ce qu'un candidat atteigne cette majorité[14],[16].

La majorité des deux tiers exigée au premier tour fait également de facto office de quorum de participation, le scrutin ne pouvant se tenir si moins des deux tiers des membres de la chambre sont présents[14].

En accord avec la constitution de 1926, un candidat à la présidence doit répondre aux mêmes qualifications d'un membre du parlement : posséder la citoyenneté libanaise et être âgé d'au moins vingt et un ans. Le président ne peut se porter candidat à sa réélection que passée une période de six ans suivant la fin de son mandat. Il n'y a pas de limite du nombre total de mandats[17].

L'élection est organisée entre soixante et trente jours avant la fin du mandat du président sortant sur convocation du président de la Chambre des députés, ou dix jours avant si ce dernier ne procède pas à cette convocation. La Chambre est, par ailleurs, immédiatement convoquée en cas de vacance de la présidence en cours de mandat[14].

Pacte national

L'accès à la présidence de la République est soumise à une entente officieuse connue sous le nom de Pacte national, qui la limite aux seuls membres de la foi chrétienne maronite.

Absent de la constitution, le Pacte national est basé sur un accord officieux conclu en 1943 entre le président de la République chrétien maronite Béchara el-Khoury et son président du Conseil sunnite, Riad El Solh, lors de l'accession du Liban à l'indépendance vis à vis de la France. Le pacte stipule que le président de la République doit être un chrétien maronite, le président du Conseil des ministre un musulman sunnite et le président de la Chambre des députés un musulman chiite[18].

Résultats

Résultats
Candidats Partis 1er tour 2e tour
Voix  % Voix  %
Candidat Parti
Majorité requise[alpha 1] 86 voix 65 voix
Votes valides
Votes blancs
Votes nuls
Total 100 100
Abstention
Inscrits / participation 128 128

Notes et références

Notes

  1. Au premier tour, la majorité des deux tiers des inscrits est requise, et non pas une majorité des suffrages exprimés. Aux tours suivants, l'élection ne nécessite plus que la majorité absolue des inscrits.

Références

  1. « L'élection présidentielle libanaise encore reportée », Le Monde, .
  2. « Michel Aoun élu président de la République », sur www.lorientlejour.com, (consulté le ).
  3. « Au Liban, l'impossible accord pour élire un président », Libération, .
  4. « Un nouvel ancien président pour le Liban: Michel Aoun », sur www.terresainte.net (consulté le ).
  5. « Michel Aoun premier président du Liban à être élu après quatre votes », sur www.aa.com.tr (consulté le ).
  6. « Liban : l'ex-général Michel Aoun élu président », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  7. « Saad Hariri nommé premier ministre du Liban », Le Monde.fr, (lire en ligne)
  8. « L'insurrection au Liban : révolution, unité et crise économique », sur lvsl.fr - Tout reconstruire, tout réinventer, lvslmedia, (consulté le ).
  9. « Les véritables raisons du soulèvement populaire au Liban », sur claudeelkhal.blogspot.com (consulté le ).
  10. Steve Tenré, « Liban : le premier ministre annonce la démission du gouvernement », Le Figaro, (consulté le ).
  11. « Liban : le Premier ministre désigné, Moustapha Adib, renonce à former un nouveau gouvernement », TV5 Monde, (consulté le ).
  12. « Au Liban, Saad Hariri jette l’éponge », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  13. #, « 2021 : Le Liban s'enlise dans une crise sans précédent », sur Maroc Diplomatique, Marocdiplomatique2015, (consulté le ).
  14. « Constitution du Liban - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  15. Jean-Pierre Maury, « République du Liban, constitution libanaise 1926, MJP », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le ).
  16. « Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise - L'Orient-Le Jour », sur www.lorientlejour.com, (consulté le ).
  17. « Constitution du Liban - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  18. « Quel avenir pour le Liban ? », sur www.senat.fr (consulté le ).
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