Élection présidentielle nigérienne de 1993

L'élection présidentielle nigérienne de 1993 a lieu les et afin d'élire le président de la République du Niger. Il s'agit de la première élection multipartite depuis l'indépendance du Niger en 1960. Le candidat de la gauche réformiste, Mahamane Ousmane, remporte la première élection présidentielle démocratique au Niger avec 54 % des suffrages, contre 46 % à Mamadou Tandja, de l'ex-parti unique.

Élection présidentielle nigérienne de 1993
(1er tour)
(2e tour)
Corps électoral et résultats
Population 8 171 000
Votants au 1er tour 1 328 152
32,5%
Votants au 2d tour 1 433 393
35,2%
Mahamane Ousmane CDS-Rahama
Voix au 1er tour 343 261
26,6%
Voix au 2e tour 763 476
54,4%
Mamadou Tandja MNSD
Voix au 1er tour 443 223
34,3%
Voix au 2e tour 639 418
45,6%
Mahamadou Issoufou PNDS
Voix au 1er tour 205 707
15,9%
Moumouni Djermakoye ANDP
Voix au 1er tour 196 949
15,2%
Illa Kané UPDP
Voix au 1er tour 32 951
2,6%
Oumarou Garba Youssoufou PPN‐RDA
Voix au 1er tour 25 769
2,0%
Omar Katzelma Taya PSDN
Voix au 1er tour 23 565
1,8%
Djibo Bakary UDFP
Voix au 1er tour 21 662
1,7%
Président de la République
Sortant Élu
Ali Saibou
MNSD
Mahamane Ousmane
CDS-Rahama

Contexte

À la mort du président Seyni Kountché le , le général Ali Saibou lui succède et engage des réformes démocratiques. Le 15 novembre 1990, devant les députés de l’Assemblée nationale, il annonce le multipartisme et l'organisation d'une Conférence nationale[1]. La Conférence désigne Amadou Cheiffou comme Premier ministre du gouvernement de transition. Il est chargé d'organiser les élections législatives et l'élection présidentielle. Les élections législatives organisées le donnent une majorité relative de 29 sièges au MNSD-Nassara. Cependant, neuf partis (CDA, PNDS, ANDP, PPN-RDA, PSDN, UDPS, PRLN, PUND et UDP[2]) forment l'Alliance des forces du changement, ce qui leur permet de compter 50 des 83 sièges de l'Assemblée nationale[3]. L'élection présidentielle est organisée immédiatement après, les et . Le second tour, initialement prévu le 20 mars, a dû être repoussé d'une semaine[4].

Système électoral

La Constitution du stipule que le président de la république du Niger est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Est élu le candidat ayant recueilli la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour. À défaut, un second tour est organisé trois semaines plus tard entre les deux candidats arrivés en tête au premier, et celui recueillant le plus de voix est déclaré élu[5].

Candidats

Huit candidats se présentent à l'élection présidentielle de 1993[6].

L'ancien parti unique, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara), est représenté par Mamadou Tandja, militaire de carrière de cinquante-cinq ans qui joue la carte de la continuité afin d'éviter les désordres[7].

Mahamadou Issoufou est le leader du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Taraya) qui voit le jour en décembre 1990. Le parti est animé par des enseignants, des étudiants, et des syndicalistes[6] et prône un socialisme démocratique[5].

La Convention démocratique et sociale (CDS-Rahama) est créée en janvier 1991 autour de l'Association mutualiste d‘action culturelle et artistique fondée « par des zindérois pour redynamiser la culture haoussa et l’influence de cette région »[6]. L'économiste social-démocrate de quarante trois ans Mahamane Ousmane représente ce parti à l'élection présidentielle[8].

Début 1992, le transfuge du parti unique, le colonel en retraite Moumouni Djermakoye constitue l'Alliance nigérienne pour la démocratie et le progrès (ANDP-Zaman Lahiya) très implantée dans la région de Dosso[6],[7]. Le parti prône un libéralisme économique contrôlé[5].

La figure de l'indépendance Djibo Bakary se présente sous la bannière de l'Union des forces populaires pour la démocratie et le progrès (UDFP) qui est l'héritière du parti Sawaba[6].

Trois autres candidats se présentent à la présidentielle : Illa Kané de l'Union des Patriotes Démocrates et Progressistes (UPDP), Oumarou Garba Youssoufou du Parti Progressiste Nigérien (PPN-RDA) et Omar Katzelma Taya du Parti Social-Démocrate (PSD).

Résultats

Mamadou Tandja du Mouvement national pour la société du développement (34,5 % des voix) et Mahamane Ousmane de la Convention démocratique et sociale (26,7 %) arrivent en tête du premier tour. Les partis formant l'Alliance avaient convenus de présenter chacun leur candidat au premier tour de l'élection présidentielle, mais de soutenir au deuxième tour, le candidat ayant obtenu le meilleur score. Cela permet à Mahamane Ousmane d'arriver en tête au second tour avec 54,4 % des suffrages exprimés. C'est la première fois qu'un homme originaire de l'Est du pays devient président de la République du Niger[6]. Le lendemain du second tour, Mamadou Tandja rend visite à Mahamane Ousmane pour le féliciter. Pour les 120 observateurs électoraux, l'élection présidentielle a été libre et démocratique[2].

Le taux de participation est de 32,5 % au premier tour et 35,2 % au second.

Résultats nationaux

Résultats de la présidentielle nigérienne de 1993[9]
Candidats Partis Premier tour Second tour
Voix  % Voix  %
Mahamane Ousmane CDS 343 261 26,6 763 476 54,4
Mamadou Tandja MNSD 443 223 34,3 639 418 45,6
Mahamadou Issoufou PNDS 205 707 15,9
Moumouni Djermakoye ANDP 196 949 15,2
Illa Kané UPDP 32 951 2,6
Oumarou Garba Youssoufou PPN-RDA 25 769 2,0
Omar Katzelma Taya PSDN 23 565 1,8
Djibo Bakary UDFP 21 662 1,7
Votes valides 1 292 457 97,3 1 402 894 97,9
Votes blancs et nuls 35 695 2,7 30 499 2,1
Total 1 328 152 100 1 433 393 100
Abstention 2 753 924 67,5 2 635 940 64,8
Inscrits / participation 4 082 076 32,5 4 069 333 35,2

Représentation des résultats du second tour :

Mahamane
Ousmane
(54,4 %)
Mamadou
Tandja
(45,6 %)
Majorité absolue

Résultats départementaux

Pourcentage des suffrages obtenus par Mahamane Ousmane au 2d tour.

Les résultats officiels sont publiés pour chacun des 7 départements[10], ainsi que la communauté urbaine de Niamey et les ambassades.

Résultats du second tour par département[11],[12]
Région Mahamane Ousmane Mamadou Tandja
N % N %
Agadez 22 095 60,45 14 456 39,55
Diffa 15 760 38,88 24 797 61,14
Dosso 107 077 64,75 58 288 35,25
Maradi 143 194 54,06 121 676 45,94
Tillabéri 84 772 32,61 175 180 67,39
Tahoua 142 749 55,45 114 695 44,55
Zinder 178 091 75,01 59 332 24,99
Niamey 48 589 43,93 62 010 56,07
Ambassades 21 149 70,19 8 984 29,81
Total 763 476 54,42 639 418 45,58

Notes et références

  1. Élodie Apard, « Les modalités de la transition démocratique au Niger : l’expérience de la conférence nationale », dans Pouvoirs anciens, pouvoirs modernes de l'Afrique d'aujourd'hui, Presses universitaires de Rennes, coll. « Enquêtes et documents », (ISBN 978-2-7535-6427-5, lire en ligne), p. 153–167
  2. Mamadou Diouf et Momar Coumba Diop, Les figures du politique en Afrique : des pouvoirs hérités aux pouvoirs élus, Éditions Karthala, (ISBN 978-2-86537-964-4, lire en ligne )
  3. Union interparlementaire, « NIGER : élections parlementaires en Assemblée nationale, 1993 », sur archive.ipu.org, (consulté le )
  4. « NIGER : le deuxième tour de l'élection présidentielle a été reporté », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
  5. Aichatou Dodo, « Les élections démocratiques au Niger », Verfassung und Recht in Übersee / Law and Politics in Africa, Asia and Latin America, vol. 28, no 3, , p. 339–357 (ISSN 0506-7286, lire en ligne , consulté le )
  6. Emmanuel Grégoire, « Démocratie, État et milieux d’afffaires au Niger », Politique Africaine, vol. 56, , p. 94-107 (ISSN 0244-7827)
  7. « Niger : élection libre chez les pauvres Le candidat qui l'emportera au second tour du scrutin présidentiel aura le triste privilège de diriger un pays exsangue », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
  8. « NIGER : candidat de la gauche réformiste M. Mahamane Ousmane a remporté l'élection présidentielle », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
  9. Dieter Nohlen (dir.), Michael Krennerich (dir.) et Bernhard Thibaut (dir.), Elections in Africa: A Data Handbook, Oxford University Press, , 984 p. (lire en ligne ), « Niger », p. 677-696
  10. En 1993, le Niger est divisé en 7 départements (qui seront renommés en région en 1998).
  11. « Rapport de la commission nationale des élections » [PDF]
  12. Institut national démocratique pour les affaires internationales, La coordination des observateurs aux élections nigériennes de 1993, (ISBN 1-880134-22-5, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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