Élections européennes de 1999 en France

Les élections européennes de 1999 en France se sont déroulées le .

Élections européennes de 1999 en France
Postes à élire 87 sièges au Parlement européen
Corps électoral et résultats
Votants 18 766 155
46,76%  6
Votes nuls 1 118 983
Construisons notre Europe  François Hollande
Voix 3 874 231
21,95%
 4,6
Sièges obtenus 22  6
Rassemblement pour la France et l'indépendance de l'Europe  Charles Pasqua
Voix 2 304 285
13,06%
 0,7
Sièges obtenus 13
L'union pour l'Europe, l'opposition unie  Nicolas Sarkozy
Voix 2 263 201
12,82%
Sièges obtenus 12  2
L'écologie, les Verts, Daniel Cohn-Bendit et Dominique Voynet  Daniel Cohn-Bendit
Voix 1 715 729
9,72%
 6,8
Sièges obtenus 9  9
Avec l'Europe, prenons une France d'avance  François Bayrou
Voix 1 638 999
9,29%
Sièges obtenus 9  5
Bouge l'Europe !  Robert Hue
Voix 1 196 491
6,78%
 0,1
Sièges obtenus 6  1
Chasse, pêche, nature et traditions  Jean Saint-Josse
Voix 1 195 863
6,78%
 2,8
Sièges obtenus 6  6
Pour une France libre, changeons d'Europe  Jean-Marie Le Pen
Voix 1 005 285
5,70%
 4,8
Sièges obtenus 5  6
Liste présentée par Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire  Arlette Laguiller
Voix 914 811
5,18%
 2,9
Sièges obtenus 5  5

Contexte

Ces élections de 1999 sont les secondes depuis la dissolution et les législatives surprises de 1997 qui ont mené la gauche plurielle au pouvoir. Le président Jacques Chirac qui reste affaibli par sa défaite, est toujours contesté par certains membres de son parti comme Philippe Séguin qui s'estime mal soutenu par Jacques Chirac, annonce son départ de la présidence du RPR mais aussi de la campagne pour les élections européennes. L'universitaire Guy Dhoquois relève que ces élections « ont fait s'accentuer un vieux clivage, transversal par rapport à la division droite-gauche, celui entre les « li-li » ou les « lib-lib », les libéraux-libertaires, plus libéraux que libertaires, et les « bo-bo », les bolcho-bonapartistes, principalement bonapartistes, de gauche et de droite. L'antagonisme personnel entre Dany Cohn-Bendit et Jean-Pierre Chevènement a illustré ce clivage non négligeable et sans doute essentiel »[1].

Sondages

Sondeur Dernier jour
du sondage
Échantillon[alpha 1] LO-LCR PCF Verts PS-PRG-MDC MÉI UDF RPR-DL RPF-MPF CPNT MNR FN Autres
Ipsos 1 962 6,5 7 8,5 22,5 1 9,5 15 14 2 3 6,5 4,5
Ipsos 831 5,5 8 7,5 25 1,5 9 19 10 4 3,5 7 0
Ifop 1 956 NC 8,5 8 22 NC 11 17 13,5 NC 4 6,5 NC
CSA 1 005 NC 7,5 8,5 24 NC 29 7,5 NC 4 8,5 NC
Sofres 1 000 NC 8,5 7 26 NC 10 16 11 NC NC NC NC
Ipsos7 mai 1999 NC 6,5 8,5 6,5 25 2 9,5 19 11 3 3 6
Ipsos 827 5 8,5 8 24 2 11 18 12 3 3 5,5 0
CSA 1 009 5,5 8,5 8,5 24 2 9,5 19,5 8 2 6 6,5
Ipsos20 avril 1999 NC 6 9 8 24 2 10 16 13 3 3 6
BVA 1 101 NC NC 10 24,5 NC 8 20 9 NC NC NC NC
Ipsos22 janvier 1999 NC 5 9 10 27 NC 27 11 NC 4 7 NC
Ipsos 1 975 6 8,5 9 24 NC 29,5 9 NC 4 10 NC
BVA 982 6 8 7 28 NC 33 4 NC NC 12 NC
CSA 1 004 6,5 8,5 9 24 NC 30 6 NC NC 16 NC
Ifop 937 NC 7 7 28 NC 25 8 NC NC 15 NC

Résultats

Niveau national

Résultats des élections européennes de 1999 en France
Liste
Parti politique
Tête de liste % +/- Sièges +/- Groupe
Construisons notre Europe
Parti socialiste, Parti radical de gauche et Mouvement des citoyens
François Hollande 21,95 4,57 22 6 PSE
Rassemblement pour la France et l'indépendance de l'Europe
Rassemblement pour la France et Mouvement pour la France
Charles Pasqua 13,06 0,7 13 UEN
Non-inscrits
L'union pour l'Europe, l'opposition unie
Rassemblement pour la République et Démocratie libérale
Nicolas Sarkozy 12,82 Nv.[2] 12 Nv. PPE-DE
L'écologie, les Verts, Daniel Cohn-Bendit et Dominique Voynet
Les Verts
Daniel Cohn-Bendit 9,72 6,77 9 9 Verts/ALE
Avec l'Europe, prenons une France d'avance
Union pour la démocratie française
François Bayrou 9,29 Nv.[2] 9 Nv. PPE-DE
Bouge l'Europe !
Parti communiste français
Robert Hue 6,78 0,11 6 1 GUE/NGL
Chasse, pêche, nature et traditions
Chasse, pêche, nature et traditions
Jean Saint-Josse 6,78 2,81 6 6 EDD
Pour une France libre, changeons d'Europe
Front national
Jean-Marie Le Pen 5,70 4,83 5 6 Non-inscrits
Liste présentée par Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire
Lutte ouvrière et Ligue communiste révolutionnaire
Arlette Laguiller 5,18 2,91[3] 5 5 GUE/NGL
Européens d'accord, Français d'abord, Mégret l'avenir
Mouvement national républicain
Bruno Mégret 3,28 Nv. 0 Nv.
Moins d'impôts maintenant !
Rassemblement des contribuables français
Nicolas Miguet 1,77 Nv. 0 Nv.
Écologie, le choix de la vie
Mouvement écologiste indépendant
Antoine Waechter 1,52 Nv. 0 Nv.
Combat pour l'emploi
Union pour la Semaine de Quatre Jours
Pierre Larrouturou 1,01 Nv. 0 Nv.
Vivant Énergie-France
Vivant Énergie-France
Gérard Maudrux 0,71 Nv. 0 Nv.
Liste du Parti de la loi naturelle
Parti de la loi naturelle
Benoît Frappé 0,40 0,12 0
Liste du Parti humaniste
Parti humaniste
Marie-Laurence Chanut-Sapin 0,01 Nv. 0 Nv.
97.2 : mi ou, mi mwen
Mouvement libéral martiniquais
Joseph Jos 0,01 Nv. 0 Nv.
Liste de la Ligue nationaliste
Ligue nationaliste
Guy Guerrin 0,00 Nv. 0 Nv.
Politique de vie pour l'Europe
Sans étiquette
Christian Cotten 0,00 Nv. 0 Nv.
Vive le fédéralisme !
Parti fédéraliste
Jean-Philippe Allenbach 0,00 Nv. 0 Nv.

Analyse

C'est la première fois qu'une liste de gauche arrive en tête à l'occasion d'élections européennes en France. Pour François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, cette échéance est un véritable baptême du feu. Choisi par Lionel Jospin pour lui succéder deux ans plus tôt, il réussit son pari de devancer la liste rivale du RPR. Cet affrontement entre François Hollande et Nicolas Sarkozy est d'ailleurs mis en avant à l'occasion de l'élection présidentielle de 2012 où les deux hommes seront de nouveau opposés.

Pour l'opposition, l'échec est patent. Non seulement la liste RPR est largement distancée, mais elle est également accrochée par le tandem souverainiste De Villiers-Pasqua, qui connaît là son heure de gloire.

Cette élection est également l'occasion pour le centriste François Bayrou de marquer sa différence. À l'occasion d'un débat, il porte clairement la contradiction à son « allié » du RPR, Nicolas Sarkozy. Cette élection marque le début de l'éloignement progressif entre les deux alliés historiques de la droite parlementaire

De l'autre côté de l'échiquier politique, ce scrutin voit pour la première fois l'élection de députés européens trotskistes dans le cadre d’une union entre Lutte ouvrière (LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).

Conséquences

Pour la première fois, plus de la moitié des eurodéputés français de droite hors FN (53 %) siège au sein du groupe du Parti populaire européen après ces élections[4]. Philippe Séguin étant opposé à ce que le RPR rejoigne ce groupe à cette occasion, il démissionne de la présidence du parti et se voit remplacé par Nicolas Sarkozy qui indique l'avoir convaincu « de ne pas manifester publiquement son désaccord grâce à un artifice qui permettait aux députés RPR d’adhérer au groupe PPE sans avoir à ratifier la charte du parti lui-même, dont les réminiscences fédéralistes et confessionnelles pouvaient choquer les moins enthousiastes des Européens parmi nous »[5]. Comme le relève Laurent de Boissieu, « le parti néogaulliste adhère finalement en au parti PPE. Entre 1999 et 2001, le RPR se trouve dans la même situation... et l’année suivante la nouvelle UMP reprendra à son compte cette appartenance »[4].

Notes et références

Notes

  1. Taille totale de l'échantillon du sondage, comprenant les majeurs non inscrits, les électeurs non certains d'aller voter, et les votants n'exprimant pas d'intention de vote.

Références

  1. Guy Dhoquois, « La pragmatique division des pouvoirs », dans François Houle, Gilles Labelle, André Vachet, Pensée, idéologie et politique : mélanges offerts à André Vachet, University of Ottawa Press, , 242 p. (lire en ligne), p. 103
  2. En 1994, liste commune Rassemblement pour la République et Union pour la démocratie française.
  3. En 1994, liste de Lutte ouvrière seule.
  4. Laurent de Boissieu, « L’intégration des partis politiques français dans le système partisan européen », Revue internationale de politique comparée, De Boeck Supérieur, vol. 16, , p. 721-735 (lire en ligne, consulté le )
  5. Nicolas Sarkozy, Libre, Paris, Robert Laffont/XO Éditions, 2001, p. 50-51

Voir aussi

Article connexe

Lien externe

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