Émile Nouguier

Toussaint Michel Émile Nouguier (né le – décédé le [1],[2]) est un ingénieur et architecte français. Spécialiste de la charpente métallique, il est passé à la postérité en tant que concepteur de la Tour Eiffel.

Émile Nouguier
Émile Nouguier (photo : A. Capelle)
Biographie
Naissance
Décès
(à 56 ans)
Argenteuil
Nom de naissance
Toussaint Michel Émile Nouguier
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Distinctions
Œuvres principales

Biographie

Né de Joseph Félix Marius Nouguier (1796-?), négociant, et de son épouse Marie Joséphine Hortense Moreaux[2].

De son union avec Adèle Francine Minette naitront plusieurs enfants, dont :

  • Paul Georges, né le , qui épousera Marguerite Perrine Scheffer en 1904.
  • Félix Joseph Raymond, né le , qui épousera Claudine Varrault en 1938 et deviendra restaurateur au 104 avenue de Choisy à Paris.

Formation

Après avoir été admissible à l’École polytechnique en 1861[3], il étudia à l’École nationale supérieure des mines de Paris (1862-1865). Il travailla d’abord pour Ernest Goüin et Cie (devenue par la suite Société de construction des Batignolles) où il occupa successivement le poste de chef du bureau des études, puis celui d'ingénieur des chantiers[4]. Il participa ainsi à la construction :

Ingénieur en chef de la société Eiffel

Passé au service de l'entreprise de Gustave Eiffel en 1876 comme ingénieur chargé de la direction des études techniques et des montages, il participa aux projets suivants :

En France :

Au Portugal :

En Espagne :

  • Ponts et viaducs de la ligne de Gérone à la frontière française ;
  • Grand pont sur le Tage ;
  • Ponts de la ligne des Asturies, Galice et Léon, parmi lesquels le pont de Cobas.

En Roumanie :

En Hongrie :

Pour certains de ces ouvrages, il a introduit des innovations en matière de technologie de construction. Il a notamment utilisé le principe du pont à poutres en porte-à-faux, qui permet de travailler sans échafaudage au sol, pour le pont et les viaducs du Douro ainsi que le viaduc de Garabit.

Conception de la tour Eiffel

Avant-projet de "Pylone de 300 m de hauteur" par Nouguier et Koechlin (1884)

C'est à Émile Nouguier qu'est due l'idée d'élever une « tour de 300 mètres » à l'Exposition universelle de 1889. Il en a dressé le projet de concert avec Maurice Koechlin, son jeune collègue à la maison Eiffel, et Stephen Sauvestre, architecte du Palais des Colonies[4].

Nouguier raconte ainsi la genèse et le lancement du projet :

« En 1871, au moment où l'on préparait en Amérique, l'Exposition de Philadelphie, j'avais lu dans quelques journaux qu'il était question d'y construire une tour de 1,000 pieds de hauteur. Pour quelles raisons ce projet n'a-t-il pas été mis à exécution ? C'est ce que je ne saurais dire. S'est-on trouvé arrêté par des difficultés techniques ou simplement pour des raisons financières ? Je l'ignore absolument. Quoi qu'il en soit, lorsqu'il y a quatre ans, on commença à parler de l'Exposition de 1889, l'idée de la Tour américaine de 1 000 pieds de hauteur me revint à l'esprit. En traduisant cette hauteur en mètres, elle correspondait à peu près à 300 mètres et je voulus me rendre compte de la possibilité qu'il y avait à construire un monument d'une telle élévation.

Le problème était intéressant, car il ne s'agissait pas seulement de répondre à des difficultés du domaine de l'ingénieur, telles que la solidité des fondations de la Tour, sa stabilité, sa résistance au vent, etc. ; mais il fallait encore arriver à satisfaire à toutes ces conditions sans dépasser une somme d'argent qui, par son importance, eut rendu le projet réalisable.

C'est alors qu'avec mon jeune ami Koechlin nous nous mîmes à l'œuvre. On ne nous prodiguait pas les encouragements ; au contraire, toutes les personnes à qui nous parlions de notre projet le tournaient en ridicule. […] Mais nous avions la foi et nous marchions quand même. Quand notre projet fut terminé, quand tous nos calculs nous eurent prouvé qu'on pouvait l'exécuter moyennant une somme relativement faible et qui pourrait être facilement payée par le produit des ascensions dans la Tour, nous pensâmes à le faire connaître au public.

Émile Nouguier (2e à gauche) en compagnie de Sauvestre, Eiffel, Koechlin et Salle, sur le chantier de construction de la tour Eiffel (1er étage).

Mon ami Sauvestre s'était laissé gagner par notre enthousiasme et il nous fit un magnifique dessin […] Plus tard, le même dessin figura à l'Exposition d'Anvers où il excita la curiosité des nombreux étrangers qui la visitèrent.

À partir de ce moment, la Tour était lancée. Tous les journaux se mirent à en parler, pour en dire, je dois l'avouer, plus de mal que de bien. » [5]

Ce projet, auquel Eiffel déclare tout d'abord ne pas s'intéresser, est présenté à l'Exposition des Arts Décoratifs de 1884. Devant le succès obtenu par le projet, Gustave Eiffel propose alors aux deux ingénieurs de leur racheter le brevet, ce qu'ils acceptent, puis il parvient à convaincre Édouard Lockroy, ministre du Commerce et de l'Industrie, de lancer un concours pour la construction d'une tour de 300 m en vue de l'Exposition universelle de Paris de 1889. Nouguier a ensuite suivi l'exécution de la tour et en a étudié et dirigé le montage [2],[4].

Nouguier a toujours su rendre hommage à Gustave Eiffel : « Le constructeur déjà célèbre du pont du Douro, du viaduc de Garabit et de tant d'autres ouvrages d'art remarquables ne craignit pas d'assumer la responsabilité de l'exécution de la tour ; ne marchandant ni ses peines, ni ses démarches, il parvint à surmonter toutes les difficultés que rencontra, à son début, cette entreprise dont la hardiesse effrayait un peu ; réfutant, de sa grande autorité d'ingénieur, les objections qu'on lui opposait, il arriva à convaincre tous les adversaires du projet, et, finalement, réussit à le faire accepter par le gouvernement. Il fallait un homme comme lui pour accomplir cette tâche difficile et l'on peut dire, en toute justice, que si la tour de 300 mètres a vu le jour, c'est surtout à lui qu'en revient le mérite. » [6]

Il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur le [7].

Dernières années d'activités

En 1893, Émile Nouguier démissionna de la Société Eiffel pour racheter le bureau d'études Joly à Argenteuil (Seine-et-Oise), avec Kessler et d'autres actionnaires. Parmi les principaux projets de son cabinet, il y a lieu de citer :

Il mourut le à Argenteuil, trois mois avant l'inauguration de ce dernier ouvrage.

Distinctions[3]

Anecdote

L'avocat Jean Casimir Louis Nouguier, cousin germain d'Emile Nouguier, défendit Gustave Eiffel lors d'un procès important à Dijon.

Notes et références

  1. acte de décès :
  2. Extrait des minutes des actes de naissance :
  3. Emile NOUGUIER (1840-1898) - Les Annales des Mines
  4. « Portrait d'Emile Nouguier », Le Moniteur de l'Exposition de 1889, no 231,
  5. Emile Nouguier, La Tour de 300 mètres de l'Exposition Universelle de 1889 - Conférence faite à Abbeville le 26 mars 1888 (Conférence scientifique d'Abbeville et du Ponthieu), Abbeville, Abbeville - Imprimerie du Ralliement, 5 rue du Moulin-du-Roi, , 24 p.
  6. Emile Nouguier (Ingénieur en chef des établissements Eiffel), Montage de la Tour Eiffel - Communication faite le 28 novembre 1890., Paris, Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale, , 17 p.
  7. « Ministère de la culture - Base Léonore », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  8. « Les ponts de la Goutte d'Or : 1. le pont Jean-François Lépine », sur 28 rue Affre (consulté le )

Liens externes

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