Émilienne Mopty

Émilienne Marie Mopty, née Wantiez, est une résistante française de la Seconde Guerre mondiale. Elle est née le à Harnes et a été décapitée le à Cologne par l'armée nazie. Sa mort a fait d'elle une personnalité du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.

Émilienne Mopty
Émilienne Mopty.
Biographie
Naissance
Décès
(à 35 ans)
Cologne
Nom de naissance
Émilienne Marie Wantiez
Nationalité
Activités

Mère de trois enfants, et femme de mineur, elle prit la tête des manifestantes qui ont joué un rôle primpordial lors de la grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais de 1941.

Elle organise ensuite des barrages routiers, des manifestations, transporte armes et explosifs. À la fin du mois de , elle prépare l'attaque d'un peloton d'exécution de la citadelle d'Arras, quand la Gestapo l'arrête après une dénonciation.

Torturée, puis condamnée à mort par la Feldkommandantur d’Arras, Émilienne Mopty est décapitée le à 19 h 30, à l'âge de trente-cinq ans.

Le , une semaine avant le premier tour des élections législatives de 2012, Jean-Luc Mélenchon, candidat à la onzième circonscription du Pas-de-Calais, organise une marche en souvenir d'Émilienne Mopty qui a réuni six mille personnes.

Biographie

Jeunesse

Émilienne Mopty est la fille d’Anatole-François Wantiez, ouvrier mineur. Elle a épousé le 30 mai 1925 à Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais) Adrien Mopty, mineur, et le couple a trois enfants. Militante communiste active de Montigny-en-Gohelle, elle s’illustre pendant les grèves de 1933 et de 1934[1].

Grève patriotique de mai-juin 1941

Les conditions de travail des mineurs se dégradent durant l'hiver de 1940 à 1941 dans le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Les avantages obtenus lors de l'accession au pouvoir du Front populaire ne sont plus qu'un lointain souvenir ; les délégués mineurs se sont vus supprimer leur mandat, c'est ainsi qu'ils ont été poussés à la clandestinité[TC 1].

À partir du , les mineurs effectuent des grèves perlées, en arrêtant de travailler durant une demi-heure en début ou en fin de service. Les fosses de la Compagnie des mines de l'Escarpelle sont même occupées par les troupes allemandes en . La grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais commence le [TC 1]. Les mineurs revendiquent à leur dirigeants des augmentations de salaires, de meilleures conditions de travail, l’amélioration du ravitaillement en beurre, viande rouge, savon… mais aussi la fin du chronométrage[TC 1]. Très rapidement, les réclamations se propagent dans les autres concessions du bassin minier[TC 1].

C'est durant cette grève qu'Émilienne Mopty, née Émilienne Marie Wantiez le à Harnes, 33 ans, mère de trois enfants, et femme d'un mineur à la fosse no 7 - 7 bis de la Compagnie des mines de Dourges à Montigny-en-Gohelle, prend la tête de manifestations de femmes, d'abord à Hénin-Liétard (devenu Hénin-Beaumont en 1970[2],[3]) le , puis le à Billy-Montigny. Elle habite la cité du Dahomey, une des cités de la fosse no 7 - 7 bis[4].

Émilienne Mopty et les autres femmes de mineurs incitent ces derniers à lutter contre l'occupant. Des prisonniers sont réquisitionnés pour travailler dans les mines, mais ceux-ci refusent de produire pour les Allemands, et ralentissent au maximum les cadences. Les femmes entreprennent de barrer les routes afin d'empêcher la circulation des voitures de police et des automitrailleuses allemandes. Elles rencontrent les maires des communes minières afin d'avoir du ravitaillement, elles rendent visite aux dirigeants des compagnies minières dans les grands bureaux. Cette grève, qui a pris fin le , a vu jusque cent mille mineurs entrer en grève[TC 2], alors que tout avait initialement commencé à la fosse no 7 - 7 bis à Montigny-en-Gohelle.

Son mari, mineur, est arrêté, puis déporté en Allemagne. Émilienne fait partie des francs-tireurs dans le bassin minier. À la fin du mois de , elle a pour mission d'attaquer un peloton d'exécution près de la citadelle d'Arras à Arras. Elle est trahie et ce sont des gendarmes d'Arras qui l'arrêtent sur les lieux du rendez-vous avant de la livrer à l'occupant. Pour la faire parler, les Allemands, qui connaissent son rôle parmi les francs-tireurs, la torturent atrocement. Elle est traduite devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur d’Arras, et condamnée à mort. Elle est décapitée le à Cologne, à 19 h 30. Les deux dernières condamnées exécutées par décapitation à la hache le furent, pour trahison, à Berlin le 18 février 1945[5],[6],[7].

Commémoration

Son destin tragique a valu à Émilienne Mopty d'être une personnalité du bassin minier. Le , le Front de gauche organise à Montigny-en-Gohelle une marche en son souvenir, qui a réuni six mille personnes, 71 ans après une autre menée par la résistance. Le départ s'est fait sur le carreau de l'ancienne fosse no 7 - 7 bis des mines de Dourges et l'arrivée a eu lieu sur le site des grands bureaux de la Compagnie des mines de Courrières à Billy-Montigny[note 1].

Notes et références

Notes
  1. Il existe donc une incohérence dans le choix du trajet de la commémoration, dans le sens où la fosse no 7 - 7 bis a été ouverte par la Compagnie des mines de Dourges, dont les grands bureaux étaient situés près de la fosse no 2 - 2 bis, à Hénin-Beaumont, et que les grands bureaux, toujours existants, de Billy-Montigny, sont ceux de la Compagnie des mines de Courrières; et situés près de la fosse no 2.
Références
  1. Biographie sur Le Maitron.
  2. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Hénin-Beaumont », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  3. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Beaumont-en-Artois », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  4. « Grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais », sur cheminsdememoire.gouv.fr/, Chemins de Mémoire
  5. « Les résistants guillotinés | » (consulté le )
  6. Annie Pennetier, « MOPTY Émilienne-Marie », dans née WANTIEZ Émilienne, épouse MOPTY, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  7. (de) Musée de la prison de Ludwigsburg
Références à Virginie Debrabant, Les trois âges de la mine : De l'apogée au déclin, vol. 3 : 1914-1990, La Voix du Nord et Centre historique minier de Lewarde,
  1. Debrabant 2007, p. 25
  2. Debrabant 2007, p. 26

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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