Épiphénoménisme

Dans le contexte de la philosophie de l'esprit, l'épiphénoménisme, ou épiphénoménalisme, est la thèse selon laquelle les phénomènes mentaux (croyances, désirs, émotions ou intentions) n'ont aucun pouvoir causal, et ne produisent donc aucun effet sur le corps ou sur les autres phénomènes mentaux.

Pour l'épiphénoméniste, seuls les événements physiques peuvent être les causes d'autres événements, et c'est uniquement à titre d'effets que les événements mentaux peuvent figurer dans le réseau des relations causales. On qualifie alors les phénomènes mentaux d'« épiphénomènes », autrement dit, de sous-produits d'une certaine activité physique – celle du cerveau. Cette thèse implique une conception dualiste de la relation corps-esprit, plus particulièrement, un dualisme des propriétés (physiques d'une part et mentales de l'autre).

Pour la plupart des partisans de l'épiphénoménisme, seuls les aspects subjectifs de la vie mentale (les « qualia » ou la « conscience ») constituent des épiphénomènes[1]. Dans cette perspective, l'activité mentale associée au comportement est susceptible d'être expliquée par des causes physiques.

Origine et histoire

La thèse épiphénoméniste a été formulée pour la première fois en 1874 par le biologiste et philosophe anglais Thomas H. Huxley, dans un article intitulé « On the hypothesis that animals are automata and its history » (« Sur l’hypothèse selon laquelle les animaux sont des automates et l’histoire de cette théorie »). Cet article demeure aujourd’hui une référence pour la philosophie de l’esprit contemporaine concernant le problème corps-esprit.

La théorie de Huxley trouva rapidement des partisans, notamment avec le philosophe américain George Santayana. Plus récemment, elle a été défendue par le philosophe australien Frank Jackson [2] et constitue aujourd'hui une des réponses standard au problème corps-esprit.

Notes et références

  1. Ainsi Frank Jackson dans « Les qualia épiphénoménaux », chap. IV : «  Tout ce que je me soucierai de défendre est qu’il est possible d’affirmer que certaines propriétés de certains états mentaux, à savoir celles que j’ai appelées qualia, sont telles que leur présence ou leur absence ne font pas de différence pour le monde physique ».
  2. Voir Frank Jackson, « Epiphenomenal Qualia », publié initialement dans Philosophical Quaterly, 32, Oxford, 1982, p. 127-136.

Voir aussi

Bibliographie

  • Peter Bieri, « Trying out epiphenomenalism », Erkenntnis, vol. 36 – 3, 1992, p. 283-309.
  • Charlie Dunbar Broad, The mind and its Place in Nature, London, Routledge & Kegan, 1925.
  • Thomas Huxley, « On the hypothesis that animals are automata, and its history » (1894), Collected essays, vol. 1, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 199-250.
  • Frank Jackson, « Epiphenomenal Qualia » (1982), tr. fr. Jean-Marie Martin, « Les qualia épiphénoménaux », en ligne [PDF].
  • Benjamin Libet, L'esprit au-delà des neurones, Paris, Devry, 2012.
  • George Santayana, The realms of beings (1942).

Articles connexes

Liens externes

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