Éruption minoenne

L’éruption minoenne désigne l'explosion, au cours du IIe millénaire av. J.-C., du volcan de Santorin.

Éruption minoenne

Image satellite de l'archipel de Santorin aujourd'hui : la caldeira est formée de l'île principale de Santorin, de l'île de Thirassía et de l'île minuscule d'Aspronissi au sud-ouest. Au milieu se trouvent deux îles postérieures à l'éruption : Paléa Kaméni et Néa Kaméni.
Localisation
Pays Civilisation minoenne
Volcan Santorin
Zone d'activité Cratère sommital, flancs du volcan
Dates Env. 1600 av. J.-C.
Caractéristiques
Type d'éruption Plinienne
Phénomènes Nuées ardentes, tsunami
Volume émis 99 km3 de téphra
Échelle VEI 7
Conséquences
Régions affectées Mer Égée et delta du Nil
Géolocalisation sur la carte : mer Méditerranée

Datation

La date précise de l'éruption reste débattue, la datation traditionnelle vers -1550, établie par l'étude comparée des styles de céramique, ayant été remise en cause par l'utilisation d'autres méthodes (carbone 14, dendrochronologie) qui indiquent des dates plus anciennes. Les plus récentes datations convergent vers une période située entre -1628 et -1600[1],[N 1]. L'éruption ayant laissé des traces dans une partie du bassin méditerranéen, la confirmation de ces datations pourrait amener à modifier les chronologies relatives des civilisations de la région. On retrouve ainsi des traces des éjectas de l'éruption et les dépôts marins des tsunamis dans les sites archéologiques de tout l'est des rivages de la Méditerranée, ce qui fournit une couche stratigraphique de référence[2].

La période de l'année durant laquelle l'éruption s'est produite est en revanche connue : juin-juillet. C'est l'analyse du contenu de jarres ensevelies, du cycle de vie d'un insecte et la connaissance des méthodes de culture locales qui ont permis de la déterminer précisément[3],[4].

Déroulement

Proposition de restitution de la morphologie de l'île de Thera à l'âge de Bronze, avant l'éruption et sa destruction partielle (en pointillés noirs, les côtes actuelles), selon Timothy H. Druitt et Vincenzo Francaviglia (1991).

Une précédente éruption s'était produite 18 000 ans plus tôt[réf. nécessaire].

Il y a 3 600 ans, le volcan s'est réveillé en moins de cent ans - chronologie déterminée par le taux de diffusion et de rééquilibrage[5] de différents éléments dans les plagioclases de ponces[6].

Cette éruption caldérique aurait été plus importante que ce que l'on a longtemps pensé. L'indice d'explosivité volcanique est estimé entre 6 et 7 (densité équivalente de roche = 60 km3)[7],[8], 40 à 60 km3 de magma auraient été rejetés sous la forme d'une nuée ardente.

On a supposé que la caldeira et les îles de Santorin, Thirassía et Aspronissi résultaient de l'effondrement de la partie centrale du volcan au moment de cette éruption. Cependant, l'étude des coulées magmatiques indique leur présence tant sur les versants extérieurs que sur la paroi intérieure du cratère moderne. On peut en déduire que l'archipel avait déjà sensiblement la même apparence au début du IIe millénaire av. J.-C. Lors de l'éruption, la matière volcanique aurait alors rempli la caldeira et couvert les versants. La chambre magmatique s'étant vidée, le toit du volcan se serait effondré sous le poids des débris. Une cavité de plusieurs centaines de mètres de profondeur se serait créée en dessous du niveau de la mer.

La catastrophe provoque un gigantesque tsunami qui traverse la partie orientale de la mer Méditerranée. Ainsi par exemple, au moins trois vagues successives d'une vingtaine de mètres de hauteur entrent sur des centaines de mètres à l'intérieur de la Crète[9].

Effets sur le monde égéen

L'éruption détruisit l'avant-poste de la culture minoenne qui existait à l'époque sur l'île et en Crète et dont on a retrouvé les ruines sur le site d'Akrotiri dans l'île de Santorin. La ville de Knossos, dans les terres, fut épargnée.

La théorie selon laquelle la catastrophe aurait provoqué la destruction de la civilisation minoenne, défendue notamment par Marinatos, est aujourd'hui abandonnée[10]. Mais les conséquences indirectes d'une éruption d'une telle puissance sur les civilisations de la région furent inévitables bien qu'elles soient toujours débattues. Il est par ailleurs difficile de retrouver des indications géologiques ou archéologiques dépourvues d'ambiguïté sur la question[11].

D'après Marinatos et d'autres chercheurs, l'éruption est une des origines possibles du mythe de l'Atlantide. Selon certains chercheurs, elle pourrait aussi être à l'origine des dix plaies d'Égypte. Ces hypothèses ne font cependant pas l'unanimité. L'impact global, et en particulier climatique, de l'éruption fait aujourd'hui l'objet d'évaluations plus nuancées et mesurées[12],[13].

Notes et références

Notes

  1. L'éruption a ainsi été datée entre -1629 et -1600 par une étude au carbone 14 effectuée sur des branches d'olivier retrouvées dans les cendres de l'éruption (Documentaire télévisuel de Gabrielle WENGLER et Sandra PAPADOPOULOS Les dix plaies d'Égypte 2/3, avec les interviews des scientifiques Walter FRIEDRICH et Bernd KROMER )

Références

  1. R.Treil et al, Les civilisations égéennes, p. 296
  2. Volumes des matières éjectées lors d'éruptions volcaniques catastrophiques
  3. « L'éruption minoenne a eu lieu en juin-juillet », sur Santorin Tourisme, (consulté le )
  4. (en) Eva Panagiotakopulu, Thomas Higham, Anaya Sarpaki, Paul Buckland et Christos Doumas, « Ancient pests: the season of the Santorini Minoan volcanic eruption and a date from insect chitin », Naturwissenschaften, vol. 100, , p. 683-689 (DOI 10.1007/s00114-013-1068-8).
  5. Ce taux est corrélé au temps que deux magmas de composition différente mettent à se mélanger.
  6. (en) T. H. Druitt et coll, « Decadal to monthly timescales of magma transfer and reservoir growth at a caldeira volcano », Nature, vol. 482, , p. 77–80 (DOI 10.1038/nature10706)
  7. « Santorini eruption much larger than originally believed » (August 23, 2006). Retrieved on 2007-03-10.
  8. (en) [PDF] F.W.McCoy, S.E. Dunn, « Modelling the Climatic Effects of the LBA Eruption of Thera: New Calculations of Tephra Volumes May Suggest a Significantly Larger Eruption than Previously Reported », Chapman Conference on Volcanism and the Earth's Atmosphere Lire en ligne, American Geographical Union, 2002
  9. J. Faucounau, Les Peuples de la Mer et leur histoire, L'Harmattan, Paris, 2003.
  10. Sturt W. Manning, Eruption of Thera/Santorini in E. H. Cline (dir.), The Oxford Handbook of The Bronze Age Aegean, OUP, 2010 - (ISBN 978-0195365504). p.458
  11. R. Dalongeville, « Malia : un marais parle », B.C.H., 125-1. 2001, p. 67-88 Lire en ligne
  12. D.M.Pyle, « The global impact of the Minoan eruption of Santorini, Greece », Environmental Geology, 30, 1-2, 1997, pp. 59-61 Lire en ligne
  13. J. Grattan, « Aspects of Armageddon : An exploration of the role of volcanic eruptions in human history and civilization », Quaternary International, 151, 2006, pp. 10-18

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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