Évelyne Baylet

Née dans une famille juive originaire d'Alsace[1] et fille d'un ingénieur des mines, Évelyne Isaac suit ses études au lycée de jeunes filles de Constantine et à la faculté d'Alger, où elle côtoie et s'oppose à Albert Camus[2] et dont elle sort licenciée en lettres. Elle est professeur de français, latin et grec dans un collège de jeunes filles en Algérie de 1937 à 1940[3].

Évelyne Isaac épouse en 1940 Jean Baylet, élu radical du Tarn-et-Garonne et directeur en chef de La Dépêche de Toulouse, avec lequel elle a trois enfants : Danièle (Malet-Baylet), Jean-Michel et Martine (Baylet)[4].

Le journal est interdit à la Libération pour avoir publié sous l'Occupation, et ses bureaux mis sous séquestre. En fournissant des preuves de résistance, le couple obtient une ordonnance de non-lieu en 1946[4]. Le 24 octobre 1947, elle s'est rendue à Paris pour récupérer de force les locaux de La Dépêche de Toulouse[5]. La parution du journal reprend le 22 novembre 1947 sous le nouveau titre La Dépêche du Midi[4].

Quand Jean Baylet meurt dans un accident de voiture en 1959, Évelyne Baylet reprend la direction de l'entreprise[5] ainsi que les mandats politiques de maire et conseiller général (PRRS puis MRG) de Valence d'Agen. En 1970, elle est élue présidente du conseil général, devenant la première femme à exercer cette fonction en France[6] ; en 1982, elle est battue par le socialiste Louis-Jean Delmas, qui l’emporte au bénéfice de l’âge alors que tous deux obtiennent le même nombre de voix. Elle devient également vice-présidente du conseil régional de Midi-Pyrénées en 1972 et membre du conseil économique et social[4].

Dirigeant l'entreprise d'une main de fer, présidant les conférences de rédaction, elle s'entoure de fidèles, dont René Bousquet, qui siège au conseil d'administration du groupe de 1960 à 1971, et modernise le groupe de presse qui conserve une ligne éditoriale radicale et anti-gaulliste[4]. Elle siège au Syndicat de la presse quotidienne régionale, dont elle est vice-présidente jusqu'en 1997.

Les observateurs lui reprochent l'utilisation de La Dépêche du Midi pour soutenir la carrière politique des Baylet. Elle prépare en parallèle l'implantation de son fils à la tête de l'entreprise familiale et au sein du paysage politique local, le voyant lui succéder à la mairie de Valence en 1977, à la présidence du conseil général en 1985 puis à la direction de La Dépêche en 1995. Elle place également sa fille, Danièle, sur la liste de Dominique Baudis lors des municipales de 1983 à Toulouse[7].

En 2012, à 99 ans, elle abandonne sa dernière fonction, celle de directrice de la publication du groupe, au profit de son petit-fils[8]. Elle meurt en 2014, à 101 ans[9].

• Commandeure de la Légion d'honneur[10]
• Officière de l'ordre national du Mérite[10]
• Commandeure de l'ordre des Palmes académiques[10]
• Chevalière de l'ordre du Mérite agricole[10]

Dans le téléfilm René Bousquet ou le Grand Arrangement (2006) de Laurent Heynemann, elle est jouée par Macha Méril.

• 1959-1977 : maire de Valence d'Agen
• 1959-1985 : conseillère générale du canton de Valence
• 1970-1982 : présidente du conseil général de Tarn-et-Garonne
• 1972-? : vice-présidente du conseil régional de Midi-Pyrénées
• 1974-? : membre du Conseil économique et social
• 1974-1985 : présidente de l’Office Départemental du Tourisme de Tarn-et-Garonne.