Systématique évolutionniste
La systématique évolutionniste, ou simplement évolutionnisme[1],[2], appelée aussi systématique évolutive[3],[4], éclectique[5],[6] ou synthétiste[7], est une école de systématique, et plus particulièrement de taxonomie (désignée dans ce cas par taxinomie ou taxonomie évolutive[8],[9],[10]), qui a pour finalité d'établir une classification phylogénétique tenant compte à la fois de la généalogie des espèces et de leurs distances phénotypiques (notamment leurs différents plans d'organisation)[1].
Pour les articles homonymes, voir Évolutionnisme.
Ne doit pas être confondu avec Transformisme (biologie).
L'évolutionnisme est représenté par un arbre phylogénétique, ou phylogramme[11].
En biologie, le terme « évolutionnisme » est également utilisé pour désigner l'ensemble des théories de l'évolution (darwinisme, mutationnisme (en), néodarwinisme, neutralisme…) expliquant la transformation des espèces au cours des âges[12].
Il ne faut pas confondre ces deux usages, même si la distinction ne se révèle pas simple dans la mesure où, dans l'arbre des idées de la pensée « évolutionniste », figurent des savants qui sont à la fois systématiciens et théoriciens de l'évolution[13].
La classification évolutionniste
Différences avec le cladisme
L'évolutionnisme, contrairement au cladisme, ne voit aucun inconvénient à l'utilisation de taxons paraphylétiques dans l'établissement de la classification[14]. Ainsi la taxonomie évolutionniste fait une distinction claire entre taxon, clade et grade, termes qui renvoient à trois concepts différents mais non exclusifs[15]. Dans la pratique évolutionniste, la distinction entre groupe ancestral et groupe dérivé est également essentielle[16].
La classification phylogénétique élaborée par les systématiciens évolutionnistes est souvent appelée classification « darwinienne »[15],[14] ou « gradiste »[17].
Lamarck et Haeckel sont les figures notables du courant gradiste[18],[19].
Lamarck est considéré comme le premier systématicien « éclectique »[20].
Les dendrogrammes produits pour représenter graphiquement une classification évolutionniste sont dits « darwiniens » ou « haeckeliens »[14].
Différences avec le phénéticisme
La systématique phénéticiste ne s'occupe pas du lien de la classification avec l'évolution. Tous les caractères (continus ou discontinus) anatomiques, morphologiques, biochimiques, etc. ont la même importance et le phénéticiste ne s'intéresse pas à leur ancienneté. À partir du nombre de caractères copartagés par deux ou plusieurs taxons, il compare la dissimilitude des organismes (parfois appréhendée de manière statistique), calcule des indices de dissimilarité et produit des arbres appelés phénogrammes[21].
Controverses de terminologie
Cladisme et évolutionnisme s'affrontent sur le sens exact à donner à des termes aussi importants que phylogénie ou monophylie[22],[7],[18]. Hors contexte, ces mots sont donc ambigus.
Aspects philosophiques
Le cladisme a été fortement influencé par le courant structuraliste[23] et par l'épistémologie de Karl Popper, cela en fait donc une école de pensée à la fois nominaliste et métaphysique. De plus, elle semble osciller entre un matérialisme naïf (process cladism) et un idéalisme affirmé (pattern cladism).
Au contraire, l'évolutionnisme est ancré dans le matérialisme et le réalisme scientifique[18]. On peut distinguer assez clairement ses balbutiements métaphysiques au cours du XXe siècle de son développement moderne qui prend une tournure plutôt dialectique[18],[24].
Représentants
L'école de systématique évolutionniste compte de nombreux biologistes célèbres.
Évolutionnistes du XIXe siècle (décédés avant 1900) :
- Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829)
- Charles Darwin (1809-1882)[alpha 1]
- Thomas Henry Huxley (1825-1895)
Évolutionnistes du XXe siècle (décédés entre 1900 et 2000) :
- Charles Edwin Bessey (1845-1915)
- Ernst Haeckel (1834-1919)
- Edwin Ray Lankester (1847-1929)
- Herbert Copeland (1902-1968)
- Alfred Sherwood Romer (1894-1973)
- Julian Huxley (1887-1975)
- Theodosius Dobjansky (1900-1975)
- Robert Harding Whittaker (1920-1980)
- George Gaylord Simpson (1902-1984)
- Rolf Martin Theodor Dahlgren (1932-1987)
- Peter D. Ashlock (1929-1989)
- Bernhard Rensch (1900-1990)
- Arthur Cronquist (1919-1992)
Évolutionnistes du XXIe siècle (vivants en l'an 2000) :
- George Ledyard Stebbins (1906-2000)
- Ernst Mayr (1904-2005)
- Verne Edwin Grant (1917-2007)
- Armen Takhtajan (1910-2009)
- Gertrud Dahlgren (1931-2009)
- Lynn Margulis (1938-2011)
- Walter J. Bock
- Peter Dodson
- Michael Benton
- Thomas Cavalier-Smith
- Richard Henry Zander
- Tod Falor Stuessy
Notes et références
Notes
- (en) « The arrangement, […] must be strictly genealogical in order to be natural. […] but that the amount of difference in the several branches or groups, though allied in the same degree in blood to their common progenitor, may differ greatly, being due to the different degrees of modification which they have undergone; and this is expressed by the forms being ranked under different genera, families, sections, or orders » Charles Darwin, 1859. On the origin of species by means of natural selection, or the preservation of favoured races in the struggle for life.
Références
- Damien Aubert, Classer le vivant : Les perspectives de la systématique évolutionniste moderne, Paris, Ellipses, , 496 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2-340-01773-3)
- (en) Fabrizzio Guerrero Mc Manus, « Rational disagreements in phylogenetics », Acta Biotheoretica, vol. 57, nos 1-2, , p. 99-127 (DOI 10.1007/s10441-009-9072-2)
- Pierre de Puytorac, « La systématique évolutive », p. 193 dans Panorama de la biologie d'hier à aujourd'hui, coll. « Sciences de la vie et de la terre », Ellipses, Paris, 1999. (ISBN 2-7298-6803-8)
- Pierre de Puytorac, « Évolution de l'enseignement de la zoologie à l'université durant les dernières années », Bulletin de la Société zoologique de France, Vol.135, Fasc.1-2, 2010, p. 7-16.
- Philippe Janvier, « Les classifications phylogénétiques des vertébrés actuels et fossiles », Bulletin de la Société zoologique de France, vol. 122, no 4, , p. 341-354 (ISSN 0037-962X, lire en ligne).
- « Systématique : ordonner la diversité du vivant », Rapport sur la Science et la technologie N°11, sous l'animation de Simon Tillier et de Patrick De Wever, Académie des sciences, Lavoisier, 2010, p. 64
- Alain Dubois, « À propos de l'emploi controversé du terme « monophylétique » : nouvelles propositions », Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, vol. 55, no 7, , p. 248-254 (ISSN 0366-1326, lire en ligne)
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- Michel Delsol, L'évolution biologique : faits, théories, épistémologie, philosophie, t. I, Paris, J. Vrin, , 401 p. (ISBN 2-910425-18-5), p. 351.
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- (en) Zander, R.H. 2011. Structuralism in phylogenetic systematics. Biol. Theory 5:383–394. [résumé] DOI:10.1162/BIOT_a_00063
- Guillaume Suing et Damien Aubert, « Évolution : vers une approche dialectique », Bulletin de l’Association des Professeurs de Biologie et Géologie, nos 4-2017, , p. 141-155 (lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
- Monophylie, holophylie, paraphylie, polyphylie, hétérophylie
- Classification scientifique des espèces
- Clade
- Grade évolutif
- Phylogénétique moléculaire
- Taxonomie numérique
Deux écoles de taxonomie concurrentes :
- Cladisme, à ne pas confondre avec la cladistique
- Phénéticisme, à ne pas confondre avec la phénétique
Liens externes
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