7e compagnie indépendante
La 7e compagnie indépendante (7 Indep Coy) est une compagnie de volontaires français, présente en Rhodésie pendant la guerre du Bush de Rhodésie du Sud. Elle était composée au maximum d'environ 120 hommes. Dans l'histoire de l'armée rhodésienne, cette compagnie a été la seule composée uniquement d'étrangers. Elle a existé d' à , au sein du 1er bataillon de l'armée rhodésienne et a participé à deux contre-insurrections de l'Opération Hurricane dans le nord-est de la Rhodésie, aujourd’hui le Zimbabwe.
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Durant la guerre du Bush, l'armée rhodésienne à court d'effectif choisit d'engager des volontaires d'autres pays, avec le même salaire et les mêmes conditions de service que l'armée locale. La plupart des recrues étrangères étaient jusque-là engagées dans la Rhodesian Light Infantry (RLI), qui avait lancé en 1974 un vaste programme de recrutement à l'étranger, et qui exigeait de ses recrues un bon niveau d'anglais. Fin 1977 l'armée tente de reproduire le succès du RLI et forme pour cela la 7e compagnie indépendante, composée de francophones. Le régiment comptait déjà six compagnie indépendante et l'unité francophone devient la septième.
La compagnie est formée d'ancien parachutistes et légionnaires français, et de jeunes aventuriers. Elle éprouve au début des difficultés d'intégrations à l'armée rhodésienne et est perturbée par la position qu'on lui donne. Pour lui remonter le moral et créer un fort esprit de corps, l'armée leur fabrique des insignes de bérets avec le drapeau tricolore et les autorise chaque matin à hisser le drapeau français au côté du drapeau rhodésien. Plusieurs soldats français ont démissionné après leur première opération, pensant qu'en tant que mercenaires, ils seraient mieux payés que les soldats rhodésien.
Sur le terrain leur rendement a été inférieur a ce qui était prévu, mais ils ont néanmoins été impliqués dans plusieurs opérations à succès entre février et . Cependant, leur mauvais traitement de la population locale les a rendu impopulaire dans le secteur opérationnel. À la suite d'une série de catastrophes (plusieurs incidents décès et incendies) la compagnie13m est officiellement dissoute le . Une partie des hommes de l'unité, dirigés par Bob Denard, sont impliqués le jour même dans un coup d'État aux Comores, soutenu par les gouvernements français, rhodésien et sud-africain.
Contexte
À la suite d'un désaccord avec le gouvernement britannique sur les conditions d'une indépendance totale, le gouvernement de la Rhodésie (ou Rhodésie du Sud), majoritairement blanc et dirigé par Ian Smith, déclare son indépendance le . Les Britanniques et l'Organisation des Nations unies refusent cet état de fait et imposent des sanctions économiques au pays[3]. Pendant ce temps les deux groupes nationalistes noirs les plus importants du pays, soutenus par les communistes, l'Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) et l'Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU), mobilisent leurs branches armées (Zimbabwe African National Liberation Army (ZANLA) et Zimbabwe People's Revolutionary Army (ZIPRA)), pour ce qu'ils appellent "le second Chimurenga", avec pour objectif de renverser le gouvernement et d'obtenir un gouvernement majoritairement noir[4].
Formation : octobre 1977
À court d'effectifs, le commandement rhodésien fait l'essai d'engager des troupes non-anglophones, en unité constituée. Il recrute en France d'anciens paras ou légionnaires. Les plus anciens sont très expérimentés (Algérie, Yémen, Angola). De plus jeunes ont fait Beyrouth ou le coup du Bénin.[Quoi ?] D'autres en sont à leur première aventure. Les radio-interprètes sont des Français engagés à titre individuel (Grey's Scouts, Rhodesian Light Infantry).
Attachée au 1.R.R (1st Battaillon, the Rhodesia Regiment) qui appartient à la 2e Brigade, commandée par le général Maclean, la compagnie est formée au camp de Cranborne, fief du Rhodesian Light Infantry, dans la banlieue de Salisbury (Harare).
Engagement
La compagnie est engagée dans le nord-est du pays, où l'insurrection a débuté. L'opération est appelée Operation Hurricane. La région du Mashonaland est tenue par les partisans du Zanla, branche armée du ZANU (Zimbabwe African National Union), parti de Robert Mugabe.
Tactiques
De petites équipes de 4 hommes (ou sticks) armées de fusils et d'une mitrailleuse, mais surtout d'un poste radio, furètent dans un secteur bien délimité, à la recherche des partisans du Zanla, pendant une période de durée variable, jusqu'à deux semaines.
Les sticks emploient plusieurs procédés.
- De jour : poste d'observation, embuscade, patrouille,
- De nuit : poste d'écoute, embuscade, patrouille (rare).
Quand une bande est repérée, le chef de stick rend compte. Le chef du secteur prévient le commandement régional qui active alors ou non une Fireforce. Si la Fireforce est indisponible, il faut y aller.
Premier tour d'opérations
Le premier Battle camp a lieu en et le premier Bush trip dure de à .
La compagnie s'installe au camp de Rusambo, aire de Rushinga, dans le Chimanda Tribal Trust Land (région agricole indigène), où stationne une compagnie de territorials (jeunes réservistes) dont le chef, conseillé par une équipe de spécialistes du renseignement, exerce le commandement du secteur.
Par deux ou trois, les mercenaires sont intégrés dans les sticks rhodésiens. Des problèmes de langue et de discipline commencent à apparaitre. Des sticks français sont envoyés sur le terrain. De nouveaux problèmes surgissent (façons de faire, imprudences, incompréhension mutuelle).
Fin novembre, la compagnie est consignée au petit camp de police de Marymount (est de Rusambo, près de la frontière du Mozambique).
Le , deux camions sont embusqués entre Rusambo et Marymount par des insurgés qui épiaient ces liaisons trop fréquences sur la même route. L'attaque fait deux blessés dont l'un meurt quinze jours plus tard à l'hôpital.
Le , le premier camion de la rame[Quoi ?] qui ramène la compagnie de Marymount à Rusambo est attaqué. L’attaque fait un mort et trois blessés graves. Les insurgés attendaient un convoi des affaires indigènes qui déménageait un kraal vers un village protégé.
Le , la compagnie (120 hommes), rassemblée aux Brady Barracks (Salisbury), vient d'être soldée et hue les officiers rhodésiens du 1.R.R..
La 1re Rest & Recuperation a lieu entre janvier et .
L'état-major rhodésien hésite à poursuivre l'expérience, mais il décide finalement d'accorder une seconde chance à l'unité, dont le commandant est expérimenté. La plupart des mercenaires sont rapatriés sur leur demande. Seul demeure un noyau d'une quarantaine de volontaires plus motivés.
Deuxième tour d'opérations
Le 2e Battle camp a eu lieu en . La compagnie est stationnée quelques jours au camp de Mount-Darwin (nord-est de Salisbury). Cette fois-ci la Rhodesian Army a fourni ses propres interprètes.
Le 2e Bush trip a lieu de février à .
La compagnie est seule (pas de compagnie de réservistes rhodésiens) à Rusambo avec des éléments de protection qui gardent le camp et une équipe mixte de policiers rhodésiens et sud-africains (SB, CID).
Le un stick français repère 7 insurgés qui tiennent un pungwe (réunion de propagande) dans un kraal. Une Fireforce du Rhodesian Light Infantry en tue quatre, dont un cadre porteur de documents.
Le un stick international observe 11 insurgés qui entrent dans un kraal. La Fireforce intervient trop tard.[Quoi ?]
Le un stick rhodésien spotte une bande à 2 km de Rusambo.[Quoi ?] La Fireforce intervient. Les mercenaires y prennent part et 18 insurgés (sur 28) sont tués.
À plusieurs reprises, le secteur est de Rusambo est gelé : les troupes consignées au camp tandis que des équipes de forces spéciales rhodésiennes (Selous Scouts, RLI) maraudent sans aucun résultat.
En a lieu le 2e R & R.[Quoi ?].
Plusieurs mercenaires, ayant croisé les bras, sont mis en prison. Les autres (anciens sous-officiers de l'armée française, anciens légionnaires) gardent le calme des vieilles troupes. Trois insolents (non grévistes) sont expédiés, pour l'exemple, en détention, aux Llewelyn Barracks, Bulawayo (Matabeleland), la compagnie disciplinaire.
Licenciement : mai 1978
Le : la compagnie rassemblée dans un hangar des Brady Barracks (Salisbury) est officiellement licenciée pour ses difficultés d'intégration.
Expériences comparables
- Passés dans la Rhodesian Army, après la chute du Mozambique, les soldats portugais de troupes d'élite (Flechas, Fusilieros Especialos) avaient eu de telles difficultés d'intégration que la plupart n'étaient pas restés.
- À l'époque du licenciement de la 7e compagnie indépendante, les vétérans américains recrutés, en unités constituées, par les Rhodésiens, sont cantonnés à la défense de points sensibles (fermes, etc.).
- Les Rhodésiens (SAS, RLI, Selous) passés dans l'armée sud-africaine, après la chute de la Rhodésie, connaîtront, à leur tour, des difficultés d'intégration telles que la plupart partiront au bout d'un an.
Notes et références
- Abbott et Botham 1986, p. 7
- Cilliers 1984, p. 29
- Wood 2008, p. 1–8
- « Chimurenga war communiqué No. 8. Period from 30 Jan to 20 March 1974 », Zimbabwe African National Union, Lusaka,
Articles connexes
- Rhodesian African Rifles
- Rhodesian Light Infantry
- Selous Scouts
- Rhodesian SAS
- Grey's Scouts
- Rhodesian Air Force
- Rhodesian Armoured Car Regiment
- British South Africa Police
- Fireforce
Bibliographie
- David Caute : Under the Skin, the Death of White Rhodesia.
- Anna Gaël : La guerre est plutôt malsaine pour les enfants.
- Patrick Ollivier et Thibaud d'Oiron : Soldat de Fortune.
- Moorcraft et McLaughlin : Chimurenga : the war in Rhodesia.
- Wood : The war diaries of André Dennison.
- Gérard de Villiers : SAS Compte à rebours en Rhodésie.
- Le Crapouillot : Mercenaires et Volontaires (no 117 - janvier-)
- Historia Spécial : Les Mercenaires (no 406 bis - 1980)
- Raids : La Septième Compagnie indépendante (no 16, 17 et 19)
Liens externes
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