ADN fossile
Le terme ADN fossile fait référence à l'ADN provenant d'un échantillon très ancien, comme les fossiles. L'étude de l'ADN fossile est utilisée en paléogénétique et en génétique des populations. En 2016, les restes d'ADN humains les plus anciens qui ont pu être récupérés et analysés appartiennent aux prénéandertaliens de la Sima de los Huesos, un aven de la sierra d'Atapuerca en Espagne[1],[2], et sont âgés de 430 000 ans[3]. L'ADN d'un fossile d'un cheval de 700 000 ans a également pu être analysé[4]. Bien que dans les années 1990, certains scientifiques aient pu croire avoir réussi à construire des séquences d'ADN d'échantillons vieux de plusieurs millions d'années (notamment celui d'un coléoptère[5], voire, en 1994, celui d'un dinosaure[6], qui se révéla en fait être de l'ADN humain[7]) grâce à la technique PCR, on s'accorde aujourd'hui à dire qu'ils avaient en fait été contaminés par l'intervention humaine, et que l'ADN ne parvient pas à résister à une telle échelle de temps [8],[9].
De la technique PCR au next generation sequencing (NGS) et portée des découvertes
La possibilité d'extraire les restes d'ADN de cellules issues fossiles, et de les amplifier par PCR (Réaction en chaîne par polymérase) afin d'obtenir une séquence d'ADN suffisamment grande, est récente. Dès la fin des années 1980, cette technique a été utilisée: les premiers restes d'ADN, respectivement de quagga[10] (une sorte de zèbre éteint au XIXe siècle) et d'une momie égyptienne[11], ont été analysés en 1984[5]. Cependant, on s'est rendu compte que l'utilisation de l'analyse PCR posait des problèmes de contamination, l'ADN fossile étant très souvent contaminé par l'intervention humaine[12]. Des annonces spectaculaires, et attirant de façon substantielle l'attention du public (notamment après la parution de Jurassic Park), faites au cours des années 1990, ont ainsi été rétractées par la suite[12].
Désormais, plutôt que la PCR, on utilise des techniques dites de next generation sequencing (NGS), lesquelles permettent d'extraire de courtes séquences d'ADN, moins susceptibles de contamination[12]. Emergeant vers 2010[13], cette technique a été utilisée sur des fossiles de Néandertal et de mammouth. Elles ont permis notamment de mettre en évidence une petite portion d'ADN commun entre homo sapiens et Néandertal, accréditant la thèse d'existence de relations sexuelles entre ces deux espèces (ce qui fut d'abord montré par l'équipe de Svante Pääbo, de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste, avant d'être confirmé par d'autres études)[13]. En 2010, toujours grâce à cette technique, l'équipe de Pääbo identifia une nouvelle espèce, l'Hominidé de Denisova, déclarant qu'elle s'était mêlée à Homo sapiens[13].
Quelques années après, il y eut aussi une multitude de tels exemples chez les plantes[14] et même bactéries[15]. Ainsi, Golenberg et son équipe ont obtenu une séquence partielle d'ADN de chloroplaste appartenant à un fossile de Magnolia[16]. Selon le Web of Science, le nombre d'articles ayant « ADN fossile » dans leur titre est ainsi passé de 30 en 1995 à 275 en 2014[12]. Quatorze articles en particulier, datant en moyenne de 2013 et portant sur des fossiles humains, sont cités de façon récurrente[12].
Cependant, la controverse sur la fiabilité des procédures utilisées a persisté[17]. L'ADN fossile permettrait d'établir des relations phylogenétiques entre divers taxons, et en outre de faciliter une vision globale des diverses branches évolutives. De plus, il facilite l'estimation du taux de mutation existant entre taxons liés[16],[18]. Ainsi en les équipes de Svante Pääbo ont pu proposer une hypothèse de reconstruction de l'arbre phylogénétique probable entre les lignées humaines récentes dont l'ADN est déjà connu : homme de Néandertal, l'hominidé de Denisova et l'homme moderne[1],[2].
Méthodes
Les méthodes proposés sont:
- Extraction d'ambre: Cette suggestion, selon un principe non-viable et fictif, a été nourrie dans la fantaisie populaire à travers le roman de fiction (et a posteriori film) Jurassic Park. Dans ce livre, il a été suggéré que des insectes suceurs (tels que le moustique) piégés dans de l'ambre pouvaient parfaitement préserver l'ADN d'autres animaux, comme des dinosaures. Actuellement, en dépit d'affirmations antérieures[19], la possibilité d'extraire l'ADN d'insectes conservés dans de l'ambre est sujet à débat[20],[21].
- Extraction d'os partiellement cristallisés: Il fut noté que certains os fossilisés présentent parfois des structures contenant des agrégats cristallins. Des scientifiques ont démontré que l'ADN contenu dans ces agrégats de cristaux se maintenait dans un relativement bon état et dont un traitement à l'hypochlorite de sodium (NaClO) a permis à ces chercheurs d'obtenir des fragments d'ADN plus grands et mieux préservés[22].
Rubriques connexes
Notes et références
- Meyer et al. 2016.
- Meyer et al. 2013.
- Arsuaga et al. 2014.
- Orland et al. 2013.
- "L'ADN ancien", dans La science au présent, 1997, Encyclopaedia Universalis éditeur, sur le site du CNRS.
- Woodward et al. 1994.
- Zischler et al. 1995.
- Hoelzel 2015, review de Shapiro 2015
- Willerslev 2003.
- Higuchi et al. 1984.
- Pääbo 1984.
- Culotta 2015.
- Gibbons 2015.
- Soltis 1993.
- Coolen 1998.
- Golenberg 1990.
- Hebsgaard et al. 2005.
- Xue et al. 2009.
- DeSalle et al. 1992.
- Austin et al. 1997.
- Penney et al. 2013.
- Salamon et al. 2005.
Bibliographie
Articles scientifiques
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Ouvrages de vulgarisation
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- (en) David Reich, Who We Are And How We Got Here : Ancient DNA and the New Science of the Human Past, Pantheon Books, , 368 p. (ISBN 978-1-101-87032-7)
- (en) Beth Shapiro, How to clone a mammoth : the science of de-extinction, Princeton, Princeton University Press, , 220 p. (ISBN 978-0-691-15705-4, OCLC 891123548)
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