Abandon des lampes à incandescence
Différents parlements ont adopté des mesures pour abandonner les lampes à incandescence. Dans certaines juridictions, cela a été fait au travers d'une législation, alors que d'autres pays ont adopté des mesures volontaristes. L'argument avancé pour promouvoir cette mesure est l'amélioration du rendement énergétique en phase de consommation (par opposition aux phases de production et de recyclage). Les technologies d'éclairage alternatives, au meilleur rendement lumineux, comprennent notamment les lampes fluorescentes compactes (LFC) et les lampes à diode électroluminescente. Elles offrent aux industriels des prix et des marges assez intéressantes pour qu’ils soient favorables à la substitution.
La production de lampes classiques a été, comme quantité d’autres produits, largement délocalisée : les pays « développés » n’ont plus d’industrie locale à protéger.[réf. nécessaire] La réduction de la consommation d’énergie est passée au premier plan, pour des raisons économiques (prix croissant de l’énergie) et écologiques (la production d’énergie est une composante majeure au niveau environnemental).
En France, le passage aux lampes basse consommation a permis d'économiser quelque 8 TWh par an, soit 1,5 % de la consommation nationale d'électricité en 2010.[réf. nécessaire]
Selon les régions ou pays, le coût environnemental de la production d'électricité comparé à l'émission de mercure des lampes fluocompactes, reste à étudier, afin de définir s'il présente un bilan environnemental positif. Dans les régions où l'électricité est produite au charbon, par exemple, la lampe fluocompacte peut être intéressante, car sa faible consommation se répercute par une importante diminution d'émissions de polluants (dues à la combustion du charbon). Cependant, dans les régions où l'électricité est produite sans recours aux combustibles fossiles, comme l'hydro-électricité, l'électricité produite par éolienne ou énergie solaire, le bilan peut être négatif : le mercure nécessaire au fonctionnement d'une lampe fluocompacte peut causer plus de pollution que les activités nécessaires à la production électrique requise à son fonctionnement au cours de sa durée de vie. De tels désavantages ne peuvent être compensés que par une action volontaire des consommateurs, qui rapporteraient leurs lampes usagées à un dépôt de recyclage dédié, à défaut de quoi, le mercure se retrouverait libéré dans la nature.
Évolutions locales
Cuba
Cuba a remplacé toutes les ampoules à incandescence par des LFC, et interdit leur vente et importation dès 2005[1]. C'est moins une mesure de protection de l'environnement qu'une mesure d'économie d'énergie. Le gouvernement veut économiser de l'énergie électrique parce que la production à Cuba est chroniquement faible.
Venezuela et Argentine
Le Venezuela a interdit les ampoules dès 2005[1]. En Argentine, vendre et importer des ampoules à incandescence est interdit depuis le [2].
Canada
En , Dwight Duncan du Ministère de l'énergie de l'Ontario annonce l'intention du gouvernement provincial d'interdire leur vente en 2012[3].
Le gouvernement provincial de la Nouvelle-Écosse indique en qu'il envisage l'abandon de ces ampoules[4].
Le ministère fédéral de l'environnement John Baird annonce en un plan de l'abandon des ampoules inefficaces à la consommation dès 2012. D'après le ministère, le Canada économisera (en importation ? ou dans son budget ?) entre 3 et 4 milliards de dollars canadiens sur la durée de vie des nouvelles ampoules[5].
Le règlement sur l'efficacité énergétique est disponible sur le site de Ressources Naturelles Canada[6]. La partie sur les lampes à incandescence reprend de nombreuses réglementations adoptées par les États-Unis. Les lampes exemptées sont entre autres à peu près les mêmes. Les interdictions seront par contre adoptées un peu plus rapidement, et devraient être toutes en vigueur au .
États-Unis
George W. Bush, alors président des États-Unis, adopte en 2007 un projet de retrait des lampes à incandescence. Le plan doit être appliqué le . Il inclut l'interdiction de fabrication et d'importation de presque toutes les lampes incandescentes ne répondant pas à une augmentation d'au moins 30 % de leur efficacité, c'est-à-dire atteindre au moins 16 lm/W. Certains produits, comme la gamme de lampes EcoVantage, fabriquée par Philips Lighting, répondait déjà à cette réglementation. General Electric prévoyait aussi lancer une gamme de produits similaires (les HEI ou High Efficiency Incandescent lamps), mais le projet est abandonné fin 2009.
Le plan de retrait des lampes incandescentes se divise en trois parties.
La première étape concerne les lampes GLS (General Service Lamps), ou lampes de service (ou d'usage) général. La plupart des lampes spécialisées, comme les lampes décoratives, d'électroménager, de couleur, trois intensités et les lampes émettant moins de 310 lumens sont exemptées. Cette première étape se déroule en trois temps :
- dès le , retrait des lampes de 100 W et des lampes de puissance supérieure émettant moins de 2 500 lumens ;
- dès 2013, retrait des lampes de 60 W ;
- en 2014, retrait des lampes de 40 W.
La deuxième étape prend place en 2020. Toutes les ampoules incandescentes dans la gamme des 310–2 500 lumens doivent être 30 % plus efficaces. Là encore, les lampes spécialisées, décoratives et celles de moins de 310 lumens ou de plus de 2 500 lumens sont exemptées.
La troisième étape n'a pas encore été décrite.
Cette loi ne touche que la fabrication et l'importation des lampes. Leur vente et utilisation ne sont nullement interdites, ce qui permet d'écouler les stocks existants.
Australie
Le gouvernement australien a annoncé le , l’interdiction de vendre des lampes à filament pour 2010.
Philippines
En , le président Gloria Macapagal Arroyo appelle à un abandon des ampoules à incandescence en 2010 en faveur des ampoules à DEL et des ampoules fluorescentes[7].
Union européenne
Les États de l'Union européenne (UE) ont approuvé le l'interdiction progressive des lampes à incandescence à partir du avec un abandon total en 2012. Le passage à des méthodes d'éclairage moins dépensières en énergie permettrait selon l'UE d'économiser à l'échelle européenne environ 40 TWh, soit 11 millions de ménages européens, et ainsi réduire les émissions de dioxyde de carbone de 15 millions de tonnes par an[8].
Date | puissance |
---|---|
≥ 100 W | |
≥ 75 W | |
≥ 60 W | |
≥ 40 W | |
≥ 25 W | |
Le watt remplacé par le lumen
Avec les lampes à incandescence, il faut une ampoule de 60 à 90 W pour certaines pièces de vie, et pour une veilleuse pour la lecture, des ampoules de 40 W.
L'intensité lumineuse d'une ampoule se mesure en lumens.
Si les fabricants affichent parfois des équivalences watts/lumens approximatives, les spécialistes estiment l'efficacité lumineuse des ampoules à incandescence entre 12,6 et 17,5 lm/W [9].
Puissance de l'ampoule en watts (W) |
Flux lumineux en lumens (lm) |
Rendement lumineux en lumens/watt (lm/W) |
Rendement lumineux |
---|---|---|---|
40 | 505 | 12,6 | 1,86 % |
60 | 870 | 14.5 | 2,13 % |
75 | 1190 | 15.9 | 2,33 % |
100 | 1750 | 17.5 | 2,6 % |
Solutions de remplacement
- lampes fluocompactes,
- lampes halogènes haute efficacité,
- lampes LED.
Comparatif
Type : | Lampe Fluo Compacte | Lampe halogène « haute efficacité » | Lampe LED spéciale |
---|---|---|---|
Principe | |||
Qualité de lumière | À flux lumineux égal, sa lumière diffuse, paraît plus douce que celle d'une lampe à incandescence. Le spectre émis comporte des trous pour certaines longueurs d'onde (entre le bleu et le vert notamment). Les couleurs sont moins vives : l'indice de rendu de couleur (IRC) est d'environ 80, contre 100 pour la lumière du jour. | Brillante, parce qu'elle émane d'une source ponctuelle : le filament. Elle balaie tout le spectre lumineux, du violet au rouge (IRC=100). | Très variable, car la qualité du spectre émis dépend entre autres du luminophore utilisé. L'indice de rendu des couleurs des ampoules à diode électro-luminescente varie selon les modèles, de 80 pour les bonnes à 100 pour les meilleures. |
Température de couleur | De 2 700 (couleur de la lumière du soleil le soir) à 6 500 kelvins (celle du soleil à midi) selon les modèles. | 2 700 kelvins, soit la température de la lumière solaire le soir. Réservée aux lieux où une bonne vision des couleurs est importante. | De 2 700 à 6 500 kelvins selon les modèles. |
Flux lumineux | De 150 à 2 500 lumens | De 150 à 2 500 lumens | De 40 à 5 000 lumens |
Efficacité lumineuse | De 45 à 70 lm/W. | Environ 14 lm/W. | De 50 à 100 lm/W. |
Prix[Où ?] | 2-20 € | 2-5 € | 15-50 € |
Durée de vie annoncée par les fabricants | De 5 à 10 ans (de 5 000 à 10 000 h). La durée de vie est réduite par les interruptions fréquentes. Le flux lumineux baisse de 20 % avec l'usure. | Environ 2 ans (2 000 h) | De 10 à 25 ans (de 10 000 à 25 000 h et même 50 000 h pour certains modèles), mais très dépendant de la qualité de l'électronique de contrôle. |
Empreinte écologique | Doivent être recyclées. | Verre, métal plastique : elle ne contient aucun produit dangereux. Une filière de retraitement a été jugée plus polluante que le produit lui-même[réf. souhaitée], elle se jette donc avec les ordures ménagères. | Même filière de recyclage que le matériel électronique. |
Risque sanitaire | Elles contiennent du mercure, un métal toxique qui impose le retour chez le vendeur en fin de vie pour recyclage[13]. Si la lampe se casse, aérer la pièce 15 minutes et revenir essuyer avec du papier absorbant. Plusieurs études ont montré que les ampoules sont sans risque, dans un usage normal (distance 30 cm), pour les caractéristiques pour lesquelles elles étaient pointées du doigt, mercure, champ électromagnétique, rayons UV[réf. nécessaire]. | Néant. | Le rayonnement bleuté des LED, mal filtré, est agressif pour la rétine, on doit donc éviter de les regarder directement[14]. |
Vitesse d'allumage | De 0,5 s à 2 minutes. | Quelques dixièmes de seconde. | Quelques centièmes de seconde. |
Critiques
Les inconvénients des ampoules basse consommation sont nombreux et non des moindres. Citons avant tout le mauvais rendu des couleurs, quoique des ampoules de luxe vendues très chères présentent des caractéristiques améliorées mais toujours inférieures à celles des lampes à incandescence. La majorité d'entre elles ne peut pas être utilisée avec un variateur, alors que ce dispositif permet d'ajuster la puissance lumineuse au juste besoin. Il faut également noter leur inadéquation pour l'éclairage de courte durée (une ou deux minutes), par exemple dans les caves, les escaliers, les couloirs, les réfrigérateurs, etc.
De nombreuses critiques se sont élevées contre l'abandon obligatoire des ampoules à incandescence. Ainsi, les ampoules appelées ampoules basse consommation, qui en remplacent la plus grande partie, contiennent un gaz à base de vapeur de mercure, élément toxique. En outre, les émissions électromagnétiques de ces ampoules basse consommation sont beaucoup plus importantes que celles des ampoules à incandescence[15]. Cependant, des scientifiques et médecins spécialistes de l'éclairage ou des champs électriques ont souligné l'absence de fondement ou la faiblesse de l'argumentation développée dans les discours demandant l'interdiction des lampes basse consommation et le retour aux lampes à incandescence[16],[17].
Enfin, l'ampleur de l'économie d'énergie est contestée, en particulier pour les régions froides où les gains énergétiques dus à une meilleure efficacité des ampoules seront compensés par une augmentation correspondante du chauffage domestique. Ainsi, au Québec, le passage aux ampoules basse consommation pourrait paradoxalement causer une augmentation des émissions de CO2 de l'ordre de 220 000 tonnes par an[18]. À l'inverse, il est évident que l'utilisation d'ampoules basses consommations dans les locaux climatisés (logements, commerces, ateliers, administrations, etc.) réduit doublement la consommation, puisque, outre le gain d'énergie sur l'éclairage, il y a également un gain sur le système de climatisation qui doit évacuer moins d'énergie thermique du local.
Fiabilité des étiquettes
Une directive impose que l'emballage de lampes fasse mention des informations suivantes :
- durée de vie ;
- flux lumineux ;
- température de couleur ;
- vitesse d'allumage : délai pour atteindre 60 % du flux d'allumage ;
- quantité de mercure.
Des tests réalisés en France par l'Institut national de la consommation (INC) montrent que la durée de vie des lampes est largement sur-évaluée.
Deux études, réalisées aux Pays-Bas par l'Institut national de métrologie et en France par une collaboration entre le Laboratoire national de métrologie et d'essais, le Centre scientifique et technique du bâtiment et le CEA-Leti, montrent que la qualité des lampes à LEDs varie significativement selon les modèles et que, selon Bernard Duval, délégué général de l'Association française de l'éclairage, « Le marché [serait] pourri par des fabricants opportunistes qui vendent des produits de très mauvaise qualité ».
Voir aussi
Références
- (en) David Derbyshire, « Revolt! Robbed of their right to buy traditional light bulbs, millions are clearing shelves of last supplies », The Daily Mail, (consulté le )
- Clarín.com: Adiós a las lamparitas: las claves antes de cambiarlas
- "Old bulbs off shelves by 2012", The Globe and Mail, 18 avril 2007.
- Nova Scotia ponders light-bulb switch, CBC News,
- Tenille Bonoguore, Critics blast environment plan as out of sync with science, The Globe and Mail,
- le site de Ressources Naturelles Canada
- "Philippines to Ban Incandescent Bulbs", Associated Press, 8 février 2008.
- (fr) Jean-Charles Batenbaum, « L'Union européenne a fixé le calendrier de fin de vie des lampes traditionnelles », sur Actualites-news-environnement.com, (consulté le )
- (en) « The Nature of Light » (version du 23 avril 2012 sur l'Internet Archive)[html]
- Science et Vie, « Au-delà des ampoules à incandescence bien choisir sa lampe basse conso », sur Science-et-vie.com, (consulté le ).
- Étude menée par l'INC.
- Bernard Duval et Nicolas Poucet, Commission internationale de l'éclairage.
- « Le mercure dans les ampoules à basse consommation », (consulté le ).
- INRS, « Éclairage à LED. Conseils de prévention », (consulté le ).
- « L’arnaque des ampoules basse consommation et les solutions à LEDs [auteur=Christophe Nowicki », (consulté le ).
- Sébastien Point, « Lampes fluocompactes : une technologie verte ? », sur pseudo-sciences.org, (consulté le ).
- Martine Souques, « Les lampes basse consommation d’énergie », sur pseudo-sciences.org, (consulté le ).
- Tyler Hamilton, « Switching off incandescents a no-brainer? », sur thestar.com, (consulté le ).
Liens externes
- Ban The Bulb energy efficiency campaign (Founded Feb 2005)
- Save The Bulb: Raisons contre l'interdiction
- Cambridge Scientific Alliance: À peine 0.33% épargnes de interdire ampoules
- BBC News Online: Light bulbs: Not such a bright idea (Feb 06)
- BBC News Online: Shedding light on call to ban bulb (Apr 06)
- BBC News Online: No time to dim efficiency ambitions (Nov 08)
- (en) « Ban the bulb: Worldwide Shift from Incandescents to Compact Fluorescents Could Close 270 Coal-Fired Power Plants » (consulté le )
- BBC News Online: No time to dim efficiency ambitions (Nov 08)
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