Abdul Rahman Ghassemlou

Abdul Rahman Ghassemlou ( - ) est un homme politique kurde qui a été, de 1973 jusqu'à son assassinat en 1989, le secrétaire général du Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI).

Abdul Rahman Ghassemlou
Fonctions
Secrétaire général du PDKI

(15 ans et 10 mois)
Biographie
Surnom Dr Ghassemlou
Date de naissance
Lieu de naissance Ourmia
Date de décès (à 58 ans)
Lieu de décès Vienne
Nature du décès Assassinat
Sépulture Père-Lachaise (Paris)
Nationalité Kurde
Parti politique Parti Démocratique du Kurdistan d'Iran
Père Mohammad Vesugh Ghassemlou
Mère Fatma Ghassemlou
Conjoints Helen Ghassemlou Krulich
Enfants Hiwa Ghassemlou
Mina Ghassemlou
Entourage Sadegh Sharafkandi
Diplômé de Faculté des Sciences Économiques et Politiques (Tchécoslovaquie)
Sorbonne (France)
Profession Diplomate, Économiste
Résidence Qandil (Kurdistan irakien)
Prague (Tchécoslovaquie)
Paris (France)

Biographie

Jeunesse et Famille

Ghassemlou est né le dans la vallée de Qasimlo situé dans la région de Urmiya. Il vient au monde dans une famille aisée. Son père est un riche propriétaires terriens d'origine kurde et sa mère est une assyrienne[1].

Éducation

Ses premières années scolaires se sont passées dans son village natal. Puis, il passe son cycle secondaire sur les bancs d’une école à Téhéran.

En 1947, il quitte l’Iran pour entreprendre des études et s'établit à Paris. La tentative d'assassinat contre le Shah en 1949 pousse les étudiants iraniens à manifester devant l'ambassade iranienne à Paris. Il y tiendra un discours qui lui coûtera la fin de l'aide financière venant de son père qui avait reçu des pressions de la part du gouvernement. Il s'oriente vers un syndicat des étudiants internationaux qui lui permet de aller continuer ses études à Prague. Il obtient sa licence des sciences économiques et politiques en 1952 et se mariera la même année à une étudiante tchécoslovaque (Helen Ghassemlou).

Il tiendra également des conférences à l’Université de la Sorbonne sur la civilisation kurde.

Il sortira le livre «Kurdistan et Kurde»[2] en 1962. Il sera publié en 1965 en anglais, 1967 en arabe, 1969 en polonais et en 1973 en kurde.

Son deuxième livre "40 ans de Luttes"[3] qui traite des débuts du PDKI et de le République du Kurdistan apparaîtra deux ans avant sa mort en 1987.

Le docteur Abdul Rahman Ghassemlou maitrisait le sorani, kurmandji, persan, arabe, turc, anglais, français, tchèque et russe.

Ses débuts en politique

Après ses études, il retourne au Kurdistan et entre au PDKI. Bien qu'adhérant aux idéaux de gauche, il veut détacher le PDKI du Tudeh qui ne s'intéressait pas aux revendications kurdes et les utilisaient à leurs profits. C'est pour cela que la rupture entre le Tudeh et le PDKI se consumment en 1952.

En 1958, il suit les événements qui se passent en Irak. En effet, le roi Fayçal II est fusillé par les putschistes menés par Abdul Karim Qasim et la monarchie irakienne chute. Mustafa Barzani, alors réfugié en URSS., retourne au Kurdistan irakien. À la suite de ces évènements le Dr Ghassemlou arrive en Irak avec l’espoir de rencontrer le leader kurde. Il sera finalement expulsé en 1960 à cause des montées en tensions entre les kurdes et Bagdad. Il retournera vivre à Prague en 1960 pour y finir son doctorat.

Le cessez le feu entre Mustafa Barzani et Bagdad lui permet de se rendre à nouveau en Irak en 1970 et de s'installer dans le Ministère de l'économie où il travaillera jusqu'en 1973. Dans la lancée de ses bonnes relations avec les Barzani et l'État irakien, il participera à plusieurs négociations entre les deux partis[4].

Secrétaire général du PDKI

Lors d'un congrès du parti en 1973, il est élu en tant que secrétaire général. Ce qu'il lui fait quitter de facto son poste au ministère irakien. Il insuffle une nouvelle énergie au PDKI qui permet au parti de grandir de jour en jour. C'est aussi dans ces premières années qu'il lance le slogan "Démocratie pour l'Iran, autonomie pour le Kurdistan".

La Révolution islamique

En Iran, la monarchie et son système politique agace le peuple qui sort dans la rue et ainsi, sous la pression populaire, le Shah fuit en Égypte le 16 janvier 1979. Ghassemlou quant à lui se trouve en Irak lorsque les choses commencent à bouger. Il s'en ira à Neauphle-le-Château en France pour rencontrer Khomeini. Ce dernier refuse mais Ghassemlou soutient toujours la révolution en espérant que les considérations des kurdes seront prises en compte.

Khomeini arrive en Iran le 1 février 1979. Il reçoit dès lors une délégation kurde le 28 mars et dira «Pas de kurdes, azéris, perses, de nation, de minorité. Nous sommes tous de la communauté d’Allah.».

Ce qui ne l’empêchera pas de déclarer le 17 août Abdul Rahman Ghassemlou comme «ennemi de Dieu». Cette date marquera l’écartement des revendications kurdes dans la République Islamique d’Iran.

Le Kurdistan pendant la révolution

Avec le début des manifestations l'armée iranienne se replie de certaines casernes du pays. Les zones kurdes sont donc abandonnées. Ce qui laisse les mains libre aux PDKI et au Komala de prendre les villes et dans un discours célèbre à Mahabad. Ghassemlou exhorte le mouvement gouvernement iranien d'accéder à la demande d'autonomie.

Avec le nouveau conflit armé qui éclate entre l'Iran et l'Irak en 1980, les kurdes se voient prendre un nouveau rôle. C'est ainsi que pendant de nombreuses années le PDKI et le Komala recevront directement un soutien logistique et financier de Saddam.

En 1988, le PDKI négocient avec une délégation iranienne à Vienne. Khomeini décède pendant les négociations le 3 juin 1989, ce qui les stoppent. Elles seront relancées par Rafsanjani.

Ghassemlou désire Paris comme lieu de rencontre mais les iraniens insistent «Vienne ou Berlin. Paris ne sera jamais possible.». Le docteur Abdul Rahman Ghassemlou atterrit le 11 juillet 1989 à Vienne en provenance de Paris.

Idéologie politique

Dr Ghassemlou avait une politique humaniste et sociale. Il voulait tout d’abord l’obtention de droit élémentaire pour le peuple kurde comme l’apprentissage de la langue kurde à l’école ou bien encore une autonomie territoriale.

Il a énormément œuvré pour l’unité des différentes factions kurdes. Ses rapports avec les Barzani, Jelal Talabani ou bien encore des groupes armés du Rojava étaient bon.

Chaque partis et mouvement recevant de l’aide de pays différents (L’Iran pour Jelal Talabani et Massoud Barzani et l’Irak pour le PDKI et le Komala) avaient des bonnes relations internes.

Ce qui permit la mise en place d’une stratégie commune pour aider les partis et faire avancer la cause kurde.

En atteste Selahedîn Mûhtedî: «Une des fierté de la lutte kurde, dans cette période fut que les différents partis du Rojhalat, du Bashur et du Rojava, dans une petite région, se sont réunis et ils avaient, pourtant, tous des Peshmerga en nombre mais aucun problème ne s’entreposa entre eux. Il y avait de la communication. Dr Ghassmlou allait à Bagdad avec l’état irakien et Saddam Hussein, avec qui il possédait de bonnes relations. Il faisait une entrevue et revenait et en parlait avec Mam Jelal. Si Mam Jelal allait à Téhéran. Il allait à Téhéran. Il parlait avec le gouvernement iranien. Et revenait en parlait avec Dr Ghassemlou et Abdullah Mohtadi (chef du Komala). Pour ce qui était des aides reçues par les différents partis kurdes comme l’argent ou bien encore les armes. Ils se les départageaient équitablement»

Il ne voulait user de la force que comme dernier recours et en ne faisant pas de la population la première victime des actions du PDKI. Ce qui créa une grande popularité au sein de la population des Peshmerga, d’Abdul Rahman Ghassselou au Kurdistan iranien et en dehors des frontières.

En effet, il avait de très bonnes relations diplomatique avec la scène politique international.

Il était connu et apprécié de Bernard Kouchner, Danielle Mitterrand ou encore Yasser Arafat qui disait de lui «Ghassemlou, tout en menant une lutte armée, il est resté profondément attaché aux pratiques des principes démocratiques».

Assassinat

Ghassemlou arrive à 6h du soir le en provenance de Paris à Vienne avec Abdullah Ghaderi-Azar qui occupait le poste de représentant du PDKI en Europe. Quant aux assassins, Jafer Sahraroodi, Mustafa Ajvadi et Amir Mansour Bozorgian arrivent le 10 juillet. Ils possédaient également des passeports diplomatiques.

C’est la deuxième fois que les délégations se rencontrent. La première fois fut avec Jelal Talabani et Ahmed Ben Bella.

La deuxième entrevue était prévue chez Dr Fadil Rassoul. Dr Abdul Rahman Ghassemlou est déposé en voiture à 14h devant l’hôtel Hilton à une soixantaine de mètres de la maison de Dr Rassoul. Il ne divulguait pas avec qui ils parlaient, ni les adresses complètes des lieux de rendez-vous, même les cadres du parti ne disposaient pas de ces informations. Kerim Piroti l’avait déposé en voiture et devait venir le rechercher à 17h. Venu le chercher à 17h, Dr Ghassemlou ne se présente pas. Une vingtaine de minutes plus tard, voyant qu’il n’était toujours pas là, il décide de faire le tour du quartier pour le retrouver. Malheureusement, la police était déjà sur les lieux.

Les trois kurdes sont abattus, malgré tout, Sahraroodi sera blessé par balle. Il y a de forte prétention autour d’Abdullah Ghaderi-Azar (mort de 11 balles) qui se serait battu avec les assassins et que dans la panique les iraniens auraient tiré sur l’un des leurs.

Sa blessure entrave les plans des Iraniens. À l’arrivé de la police, Bozorgian dira « Ils ont tiré, tiré sur mon ami, sauvez-le. » Sahraroodi est emmené à l’hôpital sous surveillance policière et Bozorgian est emmené au poste de police autrichien. Quant à Mustafa Ajvadi, il a fui.

Les trois assassins ne seront pas gênés par les autorités autrichiennes : Bozorgian a été remis à l’ambassade d’Iran où il a été gardé pendant plusieurs jours avant d’être sorti clandestinement du pays le 22 juillet et Sahraroodi fut rapatrié par avion dans son pays.

Finalement, Mansour Bozorgian est promu général. Il a été nommé chef du quartier général des Pasdaran à Urmiya, la ville natale de Ghassemlou.

Un citoyen allemand dira, en 2006 aux officiers italiens anti-mafia, qu’il était en contact avec les services de renseignement iranien et que dans les premières semaines de juillet 1989, il ira livrer une dizaine d’armes légères à l’ambassade iranienne à Vienne.

Le , ils seront enterrés devant des milliers de kurdes réunis au cimetière du Père Lachaise à Paris[5].

Références

  1. (en) « QĀSEMLU, ʿABD-AL-RAḤMĀN », sur Iranicaonline.org, (consulté le )
  2. (en) Abdul Rahman Ghassemlou, Kurds and Kurdistan, Prague, Pub. House of the Czechoslovak Academy of Sciences,
  3. Abdul Rahman Ghassemlou, 40 ans de Luttes, Amazon, 273 p. (ISBN 9798608510885)
  4. Emile Bouvier, « Abdul Rahman Ghassemlou : du héraut de l’autonomisme kurde iranien au héros transnational de la cause kurde (1/2). De l’intellectuel à l’homme d’action », sur lesclesdumoyenorient.com, (consulté le )
  5. (en) Fatih Seyhanolgu, The Assassination of Abdul Rahman Ghassemlou in Vienna, LAMBERT Academic Publishing, , 43 p. (ISBN 978-613-9-58630-1)
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