Abri anti-aérien

Un abri anti-aérien est un abri destiné à servir de refuge en cas de raid aérien ennemi et, donc, de menace de bombardement.

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Historique

Les abris anti-aériens ont pris beaucoup d'importance lors de la Seconde Guerre mondiale en raison du bombardement stratégique de civils. Outre les abris spécifiquement conçus comme tels, les métros souterrains furent largement utilisés comme tels (Paris, Londres, Moscou, Madrid, etc).

Allemagne

À la suite des premiers raids de grande envergure sur le pays, Hitler décréta le sofort programm que l'on traduit par "programme immédiat". Il s'agit d'un ensemble de mesures pour la construction d'abris anti-aériens dans toutes les grandes et moyennes villes allemandes. Ce programme prévoyait la construction de très imposantes tours en béton équipées de flak nommées tour de Flak, comme celle présentée en illustration à Hambourg, dans trois très grandes villes, à savoir Berlin, Hambourg et Vienne.

En Allemagne fut créée la Luftchutzbund, une instance nationale charger d'éduquer, d'entraîner et d'encadrer la population pour tout ce qui est relatif à la protection anti-aérienne[1]. En 1942-1943, cette organisation comptait 1.5 millions de permanents et 22 millions de membres. Les membres pouvaient suivre des cours consacrés à la lutte antiaérienne, aux premiers secours, à l'autoprotection et à la lutte contre les incendies[1]. On distingue trois types d'entraide :

  • « autoprotection » (Selbschutz) ;
  • « autoprotection élargie » (Erweiterter Selbstchutz) ;
  • « protection aérienne au travail » (Werkluftschultz).

Selbschutz

Les habitants de chaque maison ou immeuble étaient tenus de créer leur propre « communauté de défense antiaérienne », d'équiper leur habitation d'une pièce de défense antiaérienne équipée d'issue de secours et d'outils nécessaires en cas d'attaque et de les maintenir en état de fonctionnnement[2]. Le matériel était composé :

  • d'une corde ;
  • d'une lance à incendie ;
  • des échelles ;
  • d'un kit de premiers secours ;
  • des seaux de sable ;
  • d'une réserve d'eau ;
  • d'une hache ;
  • d'une pelle ;
  • des brassards pour le personnel de service.

Erweiterter Selbstchutz

L'« autoprotection élargie » était conçue pour tous les édifices inoccupés le soir et le week-end : commerces, entrepôts, musées, théâtres, bâtiments administratifs[2].

Werkluftschultz

Chaque fabrique ou usine devait disposer de sa propre unité de défense antiaérienne, de son propre abri et de son propre système de guet[2].

Les gardes antiaériens (Luftschtzwart)

Pour cordonner la lutte antiaérienne, il existait des postes de gardes antiaériens (Luftschtzwart). Il s'agissait la plupart du temps de volontaires chargé de coordonner la lutte antiaérienne pour un groupe d'immeuble ou une rue entière[3]. Leur but est de s'assurer que les abris sont bien aménagés, l'équipement entretenu et à portée de main, que le black-out est respecté. Ils ne peuvent pas procéder à des arrestations, mais pouvaient réquisitionner l'aide du voisinage[3].

Le fait de faire appel à des citoyens pour assurer la lutte antiaérienne est double. Cela permet de soulager les autorités d'une partie des tâches relatives à la défense aérienne et d'assurer un haut niveau d'engagement au niveau de la population[2].

France

Petit abri anti-aérien d'une gare bruxelloise.

À partir de la fin des années 1930, certaines installations ferroviaires furent dotées d'abris afin d'anticiper le conflit à venir[4]. En France, certains abris portent le logo de la SNCF[5].

Belgique

Lors de l'occupation, les Allemands[réf. nécessaire] firent construire de nombreux abris en béton près des gares, ponts, et gares de triage, susceptibles d'être pris pour cible par des bombardements. Ces petits abris, souvent à demi-enterrés[6],[7] étaient destinés aux occupants des gares, personnel de chemin de fer ou conducteurs de train en cas de raids aériens[8] ; certains d'une ou deux places[5], étaient également destinés aux sentinelles. Ceux des gares de triage étaient plus vastes[9] et étaient parfois conjugués à des tunnels permettant d'évacuer les bâtiments exposés[10] ; il existait aussi des emplacements de flak. Certains de ces abris ont survécu, souvent abandonnés ; en outre, il reste également un grand abri-hôpital, construit en 1938 près de la gare de Schaerbeek.

Espagne

C'est en Espagne que les constructions furent les plus nombreuses et importantes. Pendant la guerre civile espagnole (1936-1939) de nombreux abris anti-aériens ont été construits. Il y a plusieurs villes espagnoles avec des abris antiaériens qui peuvent être visités.

Corée du Sud

La Corée du Sud a important réseau d'abris en raison de la menace que fait peser la Corée du Nord depuis la guerre entre ces deux pays entre 1950 et 1953.

En , elle dispose de 17 501 abris dont 3 321 installations d'évacuation de la sécurité civile tels stations de métro et abris dans les immeubles de bureaux et bâtiments officiels ayant une superficie totale de 23,69 km2 pour la seule ville de Séoul[11].

Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, les abris furent particulièrement utiles pendant le Blitz, campagne de bombardement menée par la Luftwaffe contre les centres industriels et urbains du royaume, du au . Le métro de Londres, qui possède l'atout appréciable d'être profondément construit, voit de nombreuses stations utilisées comme refuge anti-aérien.

Bibliographie

Richard Overy (trad. Severine Weiss), SOUS LES BOMBES : Nouvelle histoire de la guerre (en) »], Flammarion, , 1120 p. (ISBN 978-2-081-33131-0)

Voir aussi

Notes et références

  1. Overy, p. 567.
  2. Overy, p. 568.
  3. Overy, p. 569.
  4. « Bruxelles Haren - Ancien abri hôpital (bunker) - Clos du Château d'eau », sur www.irismonument.be (consulté le )
  5. « Un abri anti-aérien à Questembert - PASSION VOSGES FERROVIAIRE », sur passion-vosges-ferroviaire.eklablog.com (consulté le )
  6. « Document sans nom », sur www.patrimoinemosan.net (consulté le )
  7. « L’abri anti-aérien de la gare d’Acoz », sur ACOZ, vie locale d'un village au cœur de l'Entre-Sambre-et-Meuse, (consulté le )
  8. « Les Amis de Bousval - Histoire », sur www.lesamisdebousval.be (consulté le )
  9. « un abri anti-aérien », sur lereseaudepsx.e-monsite.com (consulté le )
  10. « Histoire - Haren », sur haren.blogs.sudinfo.be (consulté le )
  11. (en) Simon Scarr, Weiyi Cai, Wen Foo et Jin Wu, « North Korea’s other threat », sur Reuters, (consulté le ).

Articles connexes

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