Abou al-Mouhajir Dinar

Abou al-Mouhajir Dinar al-Ansari (en arabe : أبو المهاجر دينار) est un émir de l'Ifriqiya, de 675 à 681, sous la dynastie des Omeyyades.

Abu al-Muhajir Dinar
Fonction
Gouverneur d'Ifriqiya
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Biographie
Décès
Activité

Biographie

Sa biographie est compliquée de par l'existence de deux versions de l'histoire de la conquête musulmane de l'Afrique du Nord, celles écrites avant le xie siècle et celles écrites plus tard[1]. Son origine est inconnue mais il peut avoir été un copte, grec ou un berbère[2]. Il est à l'origine un esclave de Maslama ibn Mokhallad, un membre de l'ansâr, qui lui a donné sa liberté. Maslama, l'un des compagnons de Mahomet, est nommé par le premier calife omeyyade Muawiya au poste de gouverneur de l'Égypte et de l'Ifriqiya. L'incorporation de l'Ifriqiya est symbolique, car jusque-là les Omeyyades n'ont fait que des raids temporaires dans cette direction sans tenter de contrôle le territoire de manière permanente.

En 675[note 1], Maslama nomme Abou al-Mouhajir au poste d'émir ou de général des forces omeyyades en Ifriqiya. Cette position est déjà occupée par Oqba ibn Nafi, un membre des Quraych. Maslama conseille à Abou al-Mouhajir de relever Oqba de sa position en due déférence, mais il semble que cela ne soit pas arrivé. Oqba est enchaîné et jeté en prison, d'où il n'a été libéré que lorsque le calife a demandé à le voir. Comme Oqba a quitté l'Ifriqiya pour Damas, il a juré de traiter Abou al-Mouhajir comme il a été traité[3].

En 670, Oqba a établi un camp à Kairouan. Abou al-Mouhajir l'a abandonné (dans certains récits, l'a détruit) et a construit une autre colonie à 3 kilomètres de là[note 2]. Selon les sources écrites plusieurs siècles plus tard, cette ville était appelée Tākarwān (en arabe : تاكروان)[note 3]. Jusque-là, les émirs de l'Ifriqiya ont coutume de retourner en Égypte entre les raids, et Abou al-Mouhajir est le premier émir à rester en permanence à Ifriqiya.

Les faits d'arme qu'aurait accompli Abou al-Mouhajir comme commandant les armées musulmanes est diversement appréciés par les historiens selon l’époque ou les faits sont relatés. Les sources écrites au IXe siècle précisent que le général s'est avancé jusqu’à la prise de la ville de Mila, dans l'actuelle Algérie[note 4], tandis que des sources plus tardives, écrites à partir du xie siècle, lui attribuent la conquête de Tlemcen.

Le calife Yazid Ier, qui succède à son père Muawiya 1er rétablit l’autorité de Oqba à la tète des armées [4]. Il arrive à Ifriqiya (Tunisie actuelle) , en 682 et a immédiatement accompli son vœu. Abou al-Mouhajir est enchaîné et forcé d'accompagner Oqba chaque fois qu'il part en expédition.

En 683[5], l’armée de Oqba, au retour d'une expédition à l'ouest de l'Ifriqiya, est prise dans une embuscade par le chef berbère Koceïla près de Tahouda - l'ancien fort romain de Thaboudeos - en Algérie. Oqba aurait proposé à Abou al-Mouhajir de le libérer de ses chaines pour qu'il ait une meilleure chance de se battre, mais Abou al-Mouhajir a dit qu'il préférait mourir en se battant avec ses chaînes[6]. Les deux hommes sont tués dans cette bataille avec 300 membres de la cavalerie personnelle d'Oqba.

Il est enterré à Sidi Okba, en Algérie, dans le cimetière d'Al-Shurafa avec les morts de la bataille de Tahouda, devant la mosquée de Sidi Okba, ou ce qui est la tombe d'Oqba ibn Nafi.

Un de ses possible descendants, nommé Ismaïl ibn Abdallah ibn Abi al-Mouhajir est le gouverneur de l'Ifriqiya de 718 à 720.

Il a fait bâtir en 675 la Mosquée Sidi Ghanem de Mila, (anciennement elle était baptisée à son nom Mosquée Abou Al-Mouhajir Dinar), une mosquée historique située dans la ville de Mila, en Algérie[7].

Référencement

Notes

  1. Ibn Abd al-Hakam, p. 197 du texte arabe de Torrey, mais à la p. 320 de la traduction anglaise, la date donnée est 10 années plutôt. C'est parce que la traduction est basée sur un seul manuscrit. La date antérieure n'est pas supportée par de meilleurs manuscrits.
  2. Location non-connue avec certitude. Ibn Abd al-Hakam, p. 197 du texte arabe ou p. 321 de la traduction, déclare que c'était à 3 kilomètres de Qayrawan (Kairouan). Ibn Idhari ajoute que c'est en direction de Tunis. Solignac p. 22 suggère une colline ressemblant à un Tell au nord-est de Qayrawan appelée Draa Temmar.
  3. Ad-Dabbagh / Ibn Naji, p. 47 de l'édition du Caire. Dans les post-scriptum, l'éditeur donne deux variations : Tīkīrwān (en arabe : تيكيروان) de Al-Nowaïri (XIVe siècle) et Tīkarwān (en arabe : تيكروان) de Ibn Abi Dinar au xvie siècle.
  4. Ou alternativement, le fort saharien de Gemellae. Khalifa ibn Khayyat, Tarikh, fide Benabbès (2005), Modéran (2005).

Références

  1. Voir Benabbès (2005), Modéran (2005).
  2. (en) Hugh Kennedy, The Great Arab Conquests: How the Spread of Islam Changed the World We Live In, Da Capo Press, (ISBN 9780306815850, lire en ligne), p. 211
  3. Ibn Abd al-Hakam, p. 197 du texte arabe de Torrey, p. 321 de la traduction anglaise.
  4. Ibn Abd al-Hakam, p. 198 du texte arabe de Torrey, p. 322 de la traduction anglaise.
  5. Ibn Abd al-Hakam, p. 199 du texte arabe de Torrey, p. 324 de la traduction anglaise.
  6. Ibn Abd al-Hakam, p. 199 du texte arabe de Torrey, p. 323 de la traduction anglaise.
  7. http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/76242

Bibliographie

  • Ibn Abd al-Hakam, Kitab Futuh Misr wa'l Maghrib wa'l Andalus. La seule traduction substantielle de ce travail du ixe siècle est celle de Torrey (qui a aussi édité la version critique en arabe, Yale University Press, 1932) : "The Muhammedan Conquest of Egypt and North Africa in the Years 643-705 A.D., traduit de l'arabe originel d'Ibn 'Abd-el Hakem'", Biblical and Semitic Studies vol. 1 (1901), 279-330
  • Abou Zaïd Abd ar-Rahman ibn Mohammed ad-Dabbagh (xiiie siècle, mis à jour par Abou al-Fadl Abou al-Qasim ibn Naji au xve siècle), Ma'alim al-Aman fi Ma'arufat Ahl al-Qayrawan. Édition critique en arabe par Ibrahim Shubbuh, Makataba al-Khananaji, Le Caire, 1968
  • Ahmed Benabbès, Les premiers raids arabes en Numidie byzantine: questions toponymiques, Université de Rouen, (ISBN 2-87775-391-3), « Identités et Cultures dans l'Algérie Antique »
  • Yves Modéran, Kusayla, l'Afrique et les Arabes, Université de Rouen, (ISBN 2-87775-391-3), « Identités et Cultures dans l'Algérie Antique »
  • Marcel Solignac, Recherches sur les Installations Hydrauliques de Kairouan et des Steppes Tunisiennes du VIIe au XIe Siècle (J.C.), Institut d'Études Orientales de la Faculté des Lettres d'Alger,
    Le livre ne traite pas que de l'hydraulique, il contient plusieurs recherches historiques de valeur.

Articles connexes

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