Accent grave en français
En français, seules les voyelles a, e et u peuvent porter l’accent grave[1].
Sur la voyelle a
L'accent grave modifie la prononciation du a dans certains cas. Dans d'autres cas, il sert à distinguer des homonymes. Les différences phonétiques peuvent être plus ou moins marquées selon les différents dialectes du français.
- Prononciation différente : à (contre a), là (contre la)
- Même prononciation : çà, deçà, delà, déjà, holà, voilà.
Sur la voyelle u
L’accent grave ne modifie pas la prononciation du u. Il est utilisé uniquement dans le pronom interrogatif ou relatif « où » pour le distinguer de la conjonction de coordination « ou »[2]. Cette lettre apparait néanmoins dans plusieurs mot d'origine étrangère, tels que « bagadoù », « siù », « xârâcùù ».
Sur la voyelle e
L’accent grave indique la prononciation d’un e ouvert /ɛ/.
En début de mot
Dans cette position, l’e accent grave est exceptionnel : ère, ès. On le rencontre aussi dans quelques noms propres : Èbre, Ève, Èques, Èvre, Èvres, Èze.
À l’intérieur d’un mot
La lettre e y reçoit généralement un accent grave lorsque, tout à la fois :
- Elle termine une syllabe graphique ;
- La syllabe suivante :
- commence par une seule consonne sauf un x,
- ou bien commence par deux consonnes différentes[3] dont la deuxième est un l, un r ou un h ;
- La voyelle de cette syllabe suivante est un e caduc.
Remplissent, par exemple, ces conditions : hère, thème, fièvre, avènement, brèche, règle.
Alternance avec l’e accent aigu
Lors de la formation d’un dérivé dans lequel l’e accent grave n’est plus suivi d'un e caduc, la lettre e reçoit un accent aigu :
- thème → thématique
- arène → arénicole
- collège → collégien
Exceptions ou anomalies
Le Conseil supérieur de la langue française a proposé en 1990 une régularisation de l’accent sur les mots de la liste suivante[4] :
- abrègement.
- affèterie.
- allègement.
- allègrement.
- assèchement.
- cèleri.
- complètement (nom).
- crèmerie.
- crèteler.
- crènelage.
- crèneler.
- crènelure.
- empiètement.
- évènement.
- fèverole.
- hébètement.
- règlementaire.
- règlementairement.
- règlementation.
- règlementer.
- sècheresse.
- sècherie.
- sènevé.
- vènerie.
Exceptions. — Médecin, médecine ; mots composés avec les préfixes « dé » et « pré » : dépecer, déceler, prévenir, etc.[5].
De même, la conjugaison des verbes du premier groupe dont l’avant-dernière syllabe se termine à l’infinitif par un é (régler, alléger, céder, etc.) est, selon cette modification, alignée sur celle du verbe semer et ne maintiennent plus, au futur et au conditionnel présent, l’accent aigu de l’infinitif :
- conjugaison traditionnelle : je réglerai, tu céderais, etc.
- conjugaison rectifiée : je règlerai, tu cèderais, etc.
Dans les inversions sujet-verbe dans lesquelles l’e caduc est rendu sonore, la graphie proposée est rendue conforme à la prononciation d’un e ouvert :
- orthographe traditionnelle : puissé-je, aimé-je, dussé-je ;
- orthographe rectifiée : puissè-je, aimè-je, dussè-je.
Devant un s final
Dans cette position, que la lettre s soit sonore ou non, l’accent grave sur le e permet d’éviter une prononciation fautive ou une ambiguïté :
- s muet : abcès, accès, après, auprès, congrès, cyprès, décès, dès, excès, exprès, lès, près, procès, progrès, regrès, succès, très.
- s sonore : aloès, cacatoès, ès, faciès, florès, herpès, palmarès.
Notes et références
- Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, Imprimerie nationale, 1990 (ISBN 978-2-11-081075-5) ; réédition 2002 (ISBN 978-2-7433-0482-9) ; réimpressions octobre 2007 et novembre 2008 (ISBN 978-2-7433-0482-9), page 102.
- Murielle Gilbert, « Le « ù » du clavier d’ordinateur, touche à usage unique », www.lemonde.fr, (lire en ligne)
- Une syllabe graphique ne peut commencer en français par deux consonnes identiques car la division s’effectue entre ces deux consonnes (ef-facer, embel-lir).
- http://www.academie-francaise.fr/langue/rectifications_1990.pdf, page 13 (III, 7, Liste E).
- http://www.academie-francaise.fr/langue/rectifications_1990.pdf, page 9 (I, 3.2).
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