Adolf Loos
Adolf Loos, né le à Brünn en Autriche-Hongrie (actuelle Brno en Tchéquie) et mort le à Vienne, est un architecte autrichien, défenseur du dépouillement intégral dans l’architecture moderne.
Pour les articles homonymes, voir Loos.
Naissance | |
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Décès |
(à 62 ans) Kalksburg (en) |
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Activités |
Architecte, enseignant, théoricien de l'art, essayiste, photographe, critique d'architecture, designer, écrivain, collectionneur d'œuvres d'art |
Père |
Adolf Loos (d) |
Fratrie |
Helene Dülberg (d) |
Conjoints |
Lina Loos (d) Elsie Altmann-Loos (en) Claire Beck Loos (depuis ) |
Propriétaire de |
Doctor Emma Veronika Sanders (d) |
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Élèves |
Biographie
S'il n'a jamais rencontré Louis Sullivan, Adolf Loos est profondément influencé par l'École de Chicago dès le début du siècle, après un voyage aux États-Unis. En , il effectue son voyage de noces dans les Cyclades : l'architecture dépouillée des villages exerce sur lui une profonde impression. De retour en Autriche, il s'oppose au courant de la Sécession viennoise (courant architectural autrichien proche de l'Art nouveau) et à d'autres mouvements, dont Neues Bauen et le Deutscher Werkbund. Il ne fera jamais partie d'un mouvement bien défini, étant plutôt le précurseur d'un nouveau mouvement de pensée lancé par Otto Wagner, qui prône l'utilisation juste des éléments de l'architecture sans faux-semblant. Il va à l'encontre de la Sezession, jugée décadente car « décorative ». Loos considère l'ornement comme un artifice complet, qui engendre la laideur. L'ornementation architecturale doit être issue du matériau et non être « plaquée » dessus.
Sa vision sociale et humaniste de l'architecture va marquer toute l'architecture du XXe siècle, notamment grâce à son écrit le plus fameux : Ornement et Crime (1908), qui sera publié par Le Corbusier dans sa revue L'Esprit Nouveau. Il est à ce titre considéré comme un des grands précurseurs de l'architecture moderne.
Adolf Loos est considéré comme un homme hors de son temps, notamment lors du projet conçu sur la Michaelerplatz à Vienne : la Looshaus, initialement la maison de couture Goldman & Salatch, fut la source d'une polémique car la sobriété détonante de sa façade dans le centre historique de Vienne, en face du palais impérial, choquait la bourgeoisie traditionaliste de l'époque, conditionnée par un éclectisme décoratif qui est notamment celui du Ring viennois.
Adolf Loos a conçu de nombreuses villas à Vienne et ailleurs :
- villa Steiner
- villa Müller à Prague
- villa Moissi (restée à l'état de projet)
En 1920, il est nommé directeur du Département d'urbanisme à Vienne. Il propose alors plusieurs projets de cités ouvrières. L'immeuble à Gradin est un des thèmes récurrents de son travail. Il est aussi à l'origine du Raumplan, plan en trois dimensions avec des pièces de hauteurs variables selon les besoins. Il prend en compte avec attention les séparations jour/nuit, lieux publics/privés, qu'il articule par des escaliers. Loos développe une monumentalité qui n'est pas académique, et préfigure le brutalisme de la fin du XXe siècle.
Il a influencé Richard Neutra, Rudolf Schindler et a découvert Oskar Kokoschka. Il a eu pour disciple Paul Engelmann.
Claire Beck, sa troisième épouse, photographe et écrivain, est l'auteur de l'ouvrage Adolf Loos – A Private Portrait[1] dédié à Adolf Loos.
L'architecte a été condamné en 1928 pour pédophilie par le tribunal de Vienne[2].
Projets majeurs
- Café Muséum, Vienne, 1899
- Kärntner Bar, Vienne, 1907-1908, aussi appelé American Bar
- Looshaus, immeuble de la Michaelerplatz, Vienne, 1909-1911
- Maison Steiner, Vienne, 1910
- Magasin Knize, Vienne, 1913
- Maison Rufer, Vienne, 1922
- Maison Reitler, Vienne (Elßlergasse 9), 1922
- « The Chicago Tribune Column » (la Colonne du Chicago Tribune), projet de concours, Chicago, 1922
- Maison Tristan Tzara, Paris, 1926-1927
- Magasin Knize, Paris, 1928
- Villa Moller, Vienne, 1927-1928
- Villa Müller, Prague, 1928-1930
- Maison Moissi (projet) 1923, au Lido de Venise
- Villa Winternitz, Prague, 1931-1932
Écrits d'Adolf Loos
- Adolf Loos (trad. Sabine Cornille et Philippe Ivernel), Ornement et Crime : et autres textes [« Ornament und Verbrechen »], Paris, Payot et Rivages, coll. « Rivages poche / Petite bibliothèque » (no 412), , 277 p. (ISBN 2-7436-1076-X et 978-2-7436-1076-0, OCLC 54824641, BNF 38956035)
- Adolf Loos (trad. Cornelius Heim), Paroles dans le vide (1897-1900) : Chroniques écrites à l'occasion de l'Exposition viennoise du Jubilé (1898), Autres chroniques des années 1897-1900, Malgré tout (1900-1930) [« Ins Leere gesprohen : 1897-1900 »], Paris, Champ libre, , 335 p. (ISBN 2-85184-107-6 et 978-2-85184-107-0, OCLC 26093966, BNF 36599302)
- (de) Adolf Loos, Das Andere,
- Adolf Loos, Malgré tout [« Trotzdem »]
- Adolf Loos (trad. Anatole Tomczak), Comment doit-on s'habiller ?, Paris, Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 2014, 176 p.
Citations d'Adolf Loos
- "L'architecte est un maçon qui a appris le latin"
- "L'homme le mieux habillé, le costume le plus moderne est celui qui attire le moins l'attention"
Notes et références
- (en)Adolf Loos: A Private Portrait article du 24 janvier 2013, Christopher Long, sur www.west86th.bgc.bard.edu, W86th Book Reviews.
- Cf. à ce propos Hanno Rauterberg, « Architektur und Verbrechen », Die Zeit, no 31, (lire en ligne) : « Adolf Loos, un des grands constructeurs du mouvement Moderne, a été condamné à Vienne pour pédophilie. La chose a été longtemps passée sous silence (...) A l'issue du procès, il se félicita de ce que le juge ne l'avait condamné qu'à 4 mois de détention (vier Monaten strengem Arrest). Mais il dut s'estimer plus heureux encore que ses nombreux et prestigieux amis tiennent encore à lui : le compositeur Arnold Schönberg, le peintre Oskar Kokoschka et surtout l'écrivain Karl Kraus. A la mort de Loos, survenue cinq ans après sa condamnation, Kraus, qui plaçait encore l'architecte à la pointe de l'Avant-garde prononça son éloge funèbre : Tu étais perpétuellement tourné vers le futur, tu lui as insufflé la vie, tu l'as purifié, tu l'as rendu vivable... »
Bibliographie
- B. Rukschcio et R. Schnachel, Adolf Loos, Residenz Verlag, Salzburg et Vienne, 1982. Édition française, Pierre Mardaga, 696 p., (ISBN 978-2-87009-297-2).
- Can Onaner, Adolf Loos et l'humour masochiste. L'architecture du phantasme, Genève, éditions MētisPresses, 2020, 240 p., (ISBN 978-2-940563-55-5).
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