Affaire Atouillant
L'affaire Marie-Christine Atouillant ou l'affaire Atouillant est une affaire criminelle française concernant l'homicide d'un enfant de 11 mois par une assistante maternelle.
Affaire Atouillant | |
Titre | Affaire Marie-Christine Atouillant |
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Fait reproché | Infanticide |
Chefs d'accusation | Violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner |
Pays | France |
Ville | Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines) |
Nature de l'arme | Inconnue |
Date | 14 octobre 1997 |
Nombre de victimes | 1 (enfant de 11 mois) |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée : condamnation à 12 ans de prison assortis d'une interdiction définitive d'exercer le métier de nourrice |
Tribunal | Nanterre |
Formation | Cours d'assises de Nanterre |
Date du jugement | 9 janvier 2006 |
Seule avec l'enfant dans la maison des parents, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse dans les Yvelines, Marie-Christine Atouillant demande du secours à la suite d'une « chute de lit ». Emmené à l'Hôpital Necker-Enfants malades, l'enfant décèdera le soir même des suites d'un traumatisme crânien. L'autopsie révèle qu'il aurait fait une chute de plusieurs mètres. Sa nourrice, Marie-Christine Atouillant, est la principale suspecte, d'autant que sa version des faits ne cesse de changer.
Après 7 ans d'instruction, elle est condamnée à 10 ans de prison ferme par la Cour d’assises de Versailles à l'issue d'un premier procès, puis, ayant fait appel, elle sera définitivement condamnée à 12 ans de prison par la Cour d'assises de Nanterre.
Enquête
Embauchée en CDI comme assistante maternelle par les parents de l'enfant, Marie-Christine Atouillant (parfois appelée par son nom de jeune fille, Marie-Christine Tenebay[1]) s'occupe d'Antoine, 11 mois, depuis le 23 septembre 1997[2].
Le 14 octobre 1997 à 18 heures, elle se rue hors de la maison des parents de l'enfant en appelant à l'aide. Elle arrête une voiture : « Il est arrivé un accident au bébé ! ». C'est une infirmière qui est au volant. Les deux femmes se précipitent dans la chambre. L'enfant est dans son lit, une bosse derrière le crâne. Elle indique à l'infirmière, aux pompiers et à la mère de l'enfant qu'« Il est tombé du lit », soit une chute d'environ 70 à 80 cm, sans gravité[2]. Bien qu'il soit conscient, les pompiers conduisent le nourrisson à l'hôpital d'Orsay (Essonne) mais son état s’aggrave rapidement durant le transport. À 22 heures il est transféré en urgence à l'Hôpital Necker-Enfants malades. Il y décédera des suites d'un « traumatisme crânien grave »[3].
Devant les doutes du médecin[2] une enquête est ouverte. Marie-Christine Atouillant est interrogée, d'abord comme simple témoin.
Les résultats de l'autopsie concluent à « une fracas crânien résultant d'un choc d'une violence extrême » en précisant que « ce fracas crânien, la gravité de ces blessures, ne peut être la résultante d'une chute de lit »[2]. Elle est alors placée en garde à vue et de nouveau entendue le 21 octobre au matin à la gendarmerie de Rambouillet. En début d'après-midi, le gendarme qui l'interroge lui annonce que la fracture du crâne est incompatible avec une chute d'un lit d'enfant. Elle change alors de version et indique qu'il « est tombé dans l'escalier ». Le gendarme lui explique que l'enfant ne pouvait, à cause d'une porte, accéder à l'escalier. Nouvelle version : l'enfant lui a échappé des bras dans la cuisine, il serait tombé sur le carrelage. Le gendarme insiste. Cette fois, le bébé serait tombé dans le bain et sa tête aurait heurté le robinet. Là, ce sont les horaires qui ne collent plus[3]. D'après l'avocate des parents, à chaque version qu'elle donne, les enquêteurs vont lui expliquer que sa nouvelle version n'est pas crédible et elle va en donner une nouvelle[2].
Après 29 heures de garde à vue, elle avoue avoir perdu son sang froid l'après midi du drame. Selon elle le bébé pleurait depuis plusieurs heures et elle l'aurait « secoué ». Il se serait cogné, se serait fait une petite bosse et, là, le bébé aurait fait un « bond en arrière » et sa tête aurait « heurté le coin de la table » et c'est comme cela que « l'accident » serait arrivé. Les enquêteurs retiennent cette dernière version, mais, pour eux, il ne peut pas s'agir d'un accident et les violences seraient volontaires[2].
Devant ces versions contradictoires (7 versions successives selon Maître Corrina Kerfant, avocate des parents[2]) et incompatibles avec les causes du décès de l'enfant, la juge la met en examen et la fait écrouer le 23 octobre 1997, au terme de sa garde à vue[3].
En janvier 1998, un « comité de solidarité pour la libération de Marie-Christine Atouillant » est constitué par Jocelyne Béroard du Groupe Kassav', Viktor Lazlo et les acteurs Pierre Saintons et Mouss Diouf et elle reçoit le soutien du comité « Louise Woodward (en) ». Devant la gravité des faits qui lui sont reprochés elle est toutefois maintenue en détention provisoire[3].
Après plusieurs demandes de libération refusées[3] et à la suite d'une reconstitution organisée le 9 avril 1998[4], elle est finalement remise en liberté provisoire le 7 mai 1998[5]. Elle reste toutefois mise en examen pour « violences volontaires ».
L'instruction donnera lieu à plusieurs expertises et contre-expertises, toutes accablantes pour l'accusée, allant jusqu'à mobiliser un laboratoire spécialisé dans les crash-tests automobiles[2]. Elle se poursuit jusqu'en 2004.
Suites judiciaires
Premier procès
Quasiment 7 ans jour pour jour après le drame, un premier procès débute, le 18 octobre 2004, à la Cour d'assises de Versailles[6], lors duquel elle est jugée pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de moins de 15 ans » et encourt 30 ans de réclusion. Là encore elle multiplie les versions contradictoires mais toujours liées à un « accident »[7],[8].
Les experts, quant à eux, mettent à mal la thèse de l'accident. La jeune femme affirmait en effet qu'il était tombé mais pour les experts il y a eu violences. La cour a aussi établi qu'un autre enfant confié à sa garde auparavant avait été admis à l'hôpital avec de nombreux hématomes[9]. Les experts sont formels, seul un coup violent et volontaire a pu causer la blessure mortelle et le 20 octobre 2004, elle est reconnue coupable et condamnée à 10 ans de prison ferme sans que les circonstances exactes du drame n'aient été établies[10]. Elle fait immédiatement appel de la décision[11],[12],[13],[14].
Procès en appel
Le 17 octobre 2005 débute le procès en appel[15] mais celui-ci est renvoyé[16]. Le procès débute finalement le 4 janvier 2006 auprès de la Cour d'assises de Nanterre[17].
L'accusée avait basé sa défense sur la thèse d'un « malheureux accident », une thèse « invraisemblable », selon l'avocat général, s'appuyant les expertises : une « projection violente contre un sol ou mur » ayant provoqué un « fracas crânien » de 36 cm. D'après le légiste et l'accidentologue, le choc dont l'enfant a été victime correspond à « une chute de 8 m de haut »[18],[19], un choc qui a fait « éclater » le crâne du bébé « comme une coquille d'oeuf »[20]. D'après les experts, une telle hauteur correspond forcément à des violences volontaires.
Le 9 janvier 2006, malgré la plaidoirie d'Alex Ursulet, l'un de ses trois avocats, qui a systématiquement cherché à instiller le doute dans l'esprit des jurés, allant jusqu'à mettre en cause les secouristes et l'hôpital[2], elle est condamnée à une peine de 12 ans de prison ferme assortis d'une interdiction définitive d'exercer le métier de nourrice[20],[21],[22].
Émissions télévisés ou radio-diffusées
Documentaire
- Un documentaire d'une quarantaine de minutes a été consacré à l'affaire : « Une nounou dans le box des accusés » le 1er avril 2009 dans Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers - Saison 1 - Épisode 19[23] (rediffusé dans l'épisode 2 de la saison 2 le 9 septembre 2009).
Liste des émissions consacrées à l'affaire
Notes et références
- Le Parisien 18 octobre 2004
- « Une nounou dans le box des accusés » le 1er avril 2009 dans Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers - Saison 1 - Épisode 19.
- Libération - 31 janvier 1998
- Le Télégramme - 10 avril 1998
- Libération - 8 mai 1998
- Le Parisien - 18 octobre 2004
- France 2 - 20 heures le journal : émission du 18 Octobre 2004 au timecode 8:36
- La dépèche 19 octobre 2004
- France 2 - 20 heures le journal : émission du 19 Octobre 2004 au timecode 22:14
- Le Monde - 21 octobre 2004
- France 2 - 20 heures le journal : émission du 21 Octobre 2004 au timecode 9:10
- 20 Minutes - 22 octobre 2004
- Le Nouvel Obs - 26 octobre 2004
- Le Parisien 22 octobre 2004
- Le Parisien - 17 octobre 2005
- France Antilles - Martinique - 18 octobre 2005
- Journal 20 Minutes du 4 janvier 2006
- 20 Minutes - 17 octobre 2005
- Le Parisien du 7 janvier 2006
- La nourrice condamnée à douze ans de réclusion - Le Parisien - Le 10 janvier 2006
- Le Monde - 10 janvier 2006
- La Croix - 11 janvier 2006 : Marie-Christine Atouillant a été reconnue coupable de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et a été condamnée à douze ans de réclusion criminelle par la cour d'assises d'appel des Hauts-de-Seine pour avoir provoqué en 1997 la mort d'un bébé de 11 mois, dont elle avait la garde à Saint-Rémy-lès-Chevreuse dans les Yvelines. En outre, la cour a prononcé une interdiction définitive d'exercer la fonction de nourrice. Âgée de 35 ans, elle avait été condamnée en première instance à dix ans de prison.
- Fiche de l'émission sur The TV db
- France 2 - 20 heures le journal : émission du 7 mai 1998 au timecode 18:14
- France 2 - 20 heures le journal : émission du 20 Octobre 2004 au timecode 08:35
Article connexe
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