Affaire Jean-Michel Di Falco

L'affaire Jean-Michel di Falco est une affaire judiciaire mettant en cause l'évêque Jean-Michel Di Falco, accusé d'avoir agressé sexuellement deux enfants dans les années 1970. Il a toujours clamé son innocence et la justice, compte tenu de la prescription des faits allégués, a décidé d'un non-lieu à poursuivre.

Pour un article plus général, voir Abus sexuels sur mineurs dans l'Église catholique en France.

Affaire Di Falco

Jean-Michel Di Falco en 2013.

Fait reproché Pédophilie
Pays France
Ville Paris,
Date années 1970
Nombre de victimes 2
Jugement
Statut Non-lieu, compte tenu de la prescription des faits allégués.
Tribunal Tribunal de grande instance de Paris
Date du jugement 2002

Historique

Un homme qui se fait appeler « Marc » affirme, que dans les années 1970 alors qu'il est âgé de 12 à 15 ans, il s'est fait agresser sexuellement et violer à de nombreuses reprises par Jean-Michel Di Falco. Ce dernier est à l'époque directeur du Petit Collège de l'établissement catholique Saint Thomas d’Aquin dans le 7e arrondissement de Paris et reçoit Marc dans son logement rue Perronet[1],[2]. Marc mentionne des « frottements, puis des masturbations et des fellations ». Jean-Michel Di Falco visitait régulièrement sa famille et lui offrait des cadeaux, « comme une mobylette ou un dictaphone ». Lors d'un séjour à la montagne auquel la sœur de Marc participe, celle-ci allègue qu'elle ne peut pas empêcher son frère de dormir dans la chambre du prêtre devant l'insistance de ce dernier. À l'époque Marc ne dit rien si ce n'est que le père « l’embêtait »[3]. Marc, alors âgé de 41 ans[4], indique que plusieurs années de thérapie ont été nécessaires afin de lui permettre de rendre public ces agressions[5].

En 2002, un deuxième homme, ancien élève du collège Bossuet à Paris, se fait connaitre pour des agressions similaires remontant à 1975. La plainte est classée sans suite pour cause de prescription[6],[3].

Premières interventions auprès de l'Église

Marc indique avoir écrit dans un premier temps à Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris. Celui-ci lui propose de rencontrer un de ses proches, le théologien jésuite Henri Madelin. Trois rencontres sont organisées entre mai et août 2001[2]. Lors de son audition ultérieure auprès des policiers, chargé de l'enquête, Henri Madelin déclare : « Je suis tombé des nues lorsque j’ai entendu le témoignage de Marc. J’ai été scandalisé comme prêtre qu’il y ait eu des gestes équivoques, et je me suis posé la question de ce qu’il fallait croire de ce qu’il disait. J’ai rapporté au cardinal les contenus de nos entretiens. Il était bouleversé par ce qui était dit sur Di Falco. J’ai compris qu’il était à la recherche d’une solution et qu’il se sentait obligé d’envisager d’autres dispositions concernant sa place dans l’Eglise. »[7]. En effet lors du troisième rendez-vous Henri Madelin informe Marc que Jean-Marie Lustiger a décidé de mettre un terme à la carrière de Jean-Michel Di Falco. Toutefois Marc apprend que Jean-Michel Di Falco est susceptible d'être nommé au Vatican, il décide alors de porte plainte au pénal bien que les faits soient prescrits[2].

Procédures judiciaires à partir de 2001

Une plainte au pénal, pour viol et abus sexuels, est déposée le 14 novembre 2001 à l'encontre de Jean-Michel di Falco auprès du parquet des mineurs du tribunal de grande instance de Paris. Il est alors évêque auxiliaire de Paris auprès de l'archevêque de Paris Jean-Marie Lustiger[8],[9].

L'enquête préliminaire est ouverte en novembre 2011 et dure quatre mois[2]. Interrogé à la brigade des mineurs, Jean-Michel Di Falco nie les agressions et les viols et déclare ne pas se souvenir d'une relation intime avec Marc[4]. La plainte est alors classée sans suite, suivie d’un refus d’informer en raison de la prescription. La décision est confirmée en appel. Le pourvoi en cassation n’est pas recevable et l'ultime recours de Marc devant la Cour européenne des droits de l’homme n'est pas traité[10].

L'affaire dévoilée par L'Express et Golias fait scandale[11],[12]. En 2003, Jean-Michel Di Falco, bien que « promis à un brillant avenir dans l'Eglise », est finalement nommé dans le diocèse de Gap dans les Hautes-Alpes.

Plainte pour dénonciation calomnieuse

Jean-Michel Di Falco clame son innocence et dépose une plainte contre X du chef de dénonciation calomnieuse. En juin 2004 le tribunal de grande instance de Paris déboute le requérant et rend une ordonnance de non-lieu. Le juge d’instruction estime qu'il est « impossible d’établir avec certitude que les faits dénoncés par Marc, avec lequel Jean-Michel di Falco n’a pas demandé à être confronté, sont totalement ou partiellement inexacts, notamment au vu des témoignages de sa mère et de sa sœur recueillis par les enquêteurs à la suite de la plainte du 14 novembre 2001 »[3].

Assignation au civil en 2016

Un des deux plaignants, Marc, décide, en 2016, d'assigner au civil Jean-Michel Di Falco et réclame une indemnisation[9]. Il reçoit le soutien de l'association La Parole libérée[13] qui de son côté attaque en justice le prêtre pédophile Bernard Preynat et Philippe Barbarin pour non dénonciation d'actes pédophiles. François Devaux, président de l'association, déclare : « Nous saluons son engagement et son courage. Il ne le fait pas pour de l'argent mais pour faire avancer la cause »[13]. La demande de Marc est déclarée « irrecevable », car « prescrite » quarante ans après les faits allégués[14].

Notes et références

Bibliographie

  • Guillaume Serina, L'Affaire Di Falco : l'Église en question, Paris, Ramsay, , 247 p. (ISBN 978-2-84114-639-0)
  • Daphné Gastaldi, Mathieu Martinière et Mathieu Périsse, Église, la mécanique du silence, Lattès, , 374 p. (ISBN 978-2-7096-5938-3)

Annexes

Articles connexes

Lien externe

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