Affaire Raoul Becquerel

L'affaire Raoul Becquerel est une affaire criminelle française dans laquelle Raoul Becquerel a commis de nombreux enlèvements, séquestrations et viols à travers la France entre 1993 et 2004, ce qui lui a valu le surnom de « Routard du viol ».

Pour les articles homonymes, voir Becquerel (homonymie).

Affaire Becquerel
Titre Affaire Raoul Becquerel
Fait reproché viol enlèvement
Pays France
Ville Bordeaux
Crépy-en-Valois
Angoulême
Senlis
Jugement
Statut Affaire jugée
Tribunal Cour d'assises de l'Oise à Beauvais
Date du jugement

Biographie

Raoul Becquerel a eu une enfance chargée. Il fut maltraité par son père, et balloté entre différents foyers d'accueil où il a fugué à de multiples reprises. Il a commis ses premiers viols à 10 ans, et divers délits durant son adolescence[1].

Faits des affaires

Le 18 octobre 2001, Raoul Becquerel est accusé d'avoir agressé une étudiante de 19 ans. Il se serait introduit à l'intérieur de son domicile avant l'arrivée de la victime. Il l'aurait menacée d'un couteau, bâillonnée, ligotée sur le lit et violée. Les faits se seraient déroulés à Bordeaux, près de la place de la Victoire. Durant l'agression, il lui aurait également volé sa carte de crédit.

Raoul reconnaît le cambriolage, mais nie le viol, et accuse un comparse. Il est mis en examen, et détenu à la maison d'arrêt de Gradignan en Gironde. L'affaire a été suspendue à cause d'une erreur de procédure[1].

Le 31 janvier 2002, Raoul Becquerel récidive à Crépy-en-Valois. Il a agressé une femme en pleine rue et l'a enlevée avant d'abuser d'elle dans un hangar désaffecté[2].

En août 2004, Raoul agresse une seconde victime sur un parking d'Angoulême. Elle est enlevée et séquestrée a de multiples reprises. La police fait le rapprochement avec la précédente affaire, survenue à Bordeaux en 2001.

Une jeune femme de 28 ans, le 29 septembre 2004 a été séquestrée dans le coffre de sa propre voiture à Senlis. Elle a été violée a plusieurs reprises dans un bois avant de se libérer en envoyant des SMS à l'aide de son téléphone portable.

La procédure dans l'affaire Raoul Becquerel

Quand Raoul Becquerel avait besoin d'argent, il volait et quand il tenait sa proie, il la violait.

Le parcours de ce routard du viol, condamné pour la première fois à l'âge de 20 ans, est terrifiant. En effet, à 30 ans, Raoul Becquerel est un habitué des prétoires, « Raoul Becquerel a déjà une biographie très chargée » selon un avocat bordelais.

De plus, cet homme âgé seulement de 30 ans a déjà passé plus de la moitié de sa vie derrière les barreaux. Sa première condamnation débute à l'âge de 20 ans où il fut condamné par les assises de la Gironde à 12 ans de prison pour viol sous la menace d'une arme d'une jeune fille de 21 ans à Bordeaux ; s'en suivront alors de nombreuses interpellations ainsi que de nombreuses condamnations.

Fin août 2004, Caroline est agressée sur un parking d'Angoulême, enlevée puis séquestrée avant d'être violée à plusieurs reprises (selon les dires de la victime Caroline aurait été agressée sur un parking d'Angoulême, enlevée et séquestrée par un homme). Tout ce qu'il voulait, c'était de l'argent. Alors, Caroline a cédé son code de carte bancaire. Mais le cauchemar a continué. L'homme l'a conduite chez elle et l'a violée à plusieurs reprises. Au moment de partir, il a décidé de l'embarquer avec lui, puis l'a abandonnée à Poitiers. La police fait le rapprochement avec une autre affaire de viol en 2001. Il est accusé d'avoir violé sous la menace d'un couteau une étudiante de 19 ans, dans la nuit du 18 octobre 2001, près de la place de la Victoire à Bordeaux. Il lui aurait également volé sa carte de crédit dont l'agresseur, Raoul Becquerel, alors en attente de son procès, a été libéré à cause d'une erreur de procédure.

En effet en avril, l'instruction touchant à sa fin, la juge décide de le renvoyer devant la cour d'assises, c'est là qu'elle commet une bévue lourde : elle ne signe pas « l'ordonnance de prise de corps ».

Dès lors, le parquet général constate « l'absence de titre de détention », et ordonne logiquement, le 15 juin, la mise en liberté immédiate de l'accusé.

Il est depuis surnommé « le routard du viol ».

L'erreur judiciaire entraînant la liberté de Raoul Becquerel

Mars 2003, après une nouvelle interpellation par le service régional de police judiciaire (SRPJ) de Bordeaux, accusé d'avoir violé sous la menace d'un couteau une étudiante et volé sa carte de crédit. Raoul Becquerel reconnaît le cambriolage de l'appartement mais il conteste le viol, accusant un comparse. Mis en examen, il est écroué à la maison d'arrêt de Gradignan (Gironde).

En avril, l'instruction touche à sa fin. La juge décide de le renvoyer devant la cour d'assises. C'est là qu'elle commet une bévue lourde de conséquences : elle ne signe pas « l'ordonnance de prise de corps », papier indispensable pour maintenir l'accusé en détention jusqu'à son procès. Ce n'est pas un simple oubli ; elle le fait volontairement, pensant que la loi Perben 2, qui supprime cette formalité, est déjà en vigueur. « Elle a brûlé les étapes, commente un avocat bordelais, la loi n'entrera en vigueur qu'au 1er octobre ». La direction de la prison de Gradignan a beau faire remarquer qu'elle n'a plus de titre de détention en bonne et due forme pour garder Becquerel, la juge s'accroche à son idée. C'est le parquet général qui découvre ce point noir dans le dossier, au mois de juin. Il ne peut que constater « une application erronée car anticipée » de la loi Perben 2, « l'absence de titre de détention », et la cour d'appel de Bordeaux (Gironde) ordonne logiquement, le 15 juin, la mise en liberté immédiate de l'accusé, un violeur récidiviste, à la suite d'une erreur de procédure commise par une magistrate et au refus du Parquet de faire appel de la décision de cette magistrate.

Raoul Becquerel est pris en charge par une association d'aide aux détenus, logé dans une chambre d'hôtel et doté de tickets-repas. « Il a respecté son obligation de pointer trois fois par semaine au commissariat, indique son avocat, Jean-Frédéric Vignes, qui l'a reçu à son étude le 3 septembre. Nous avons alors parlé de sa défense  ». Comme c'est la règle, Becquerel se présente devant le président de la cour d'assises de Gironde avant son procès. La veille de la première journée d'audience, il pointe encore au bureau de police. Mais, le 9 septembre au matin, il n'est pas dans le box devant les assises de la Gironde. Le procès est reporté à l'après-midi, pour laisser à la police le temps de le rechercher. L'accusé reste introuvable. Il aurait quitté sa chambre d'hôtel dans la nuit. Après avoir prononcé le renvoi du procès, le président de la cour d'assises s'adresse à la partie civile : « Nous sommes conscients du trouble énorme causé par ce renvoi ». Me Isabelle Desmoulins se souvient que sa cliente a éclaté en sanglots « quand on lui a parlé d'excuses ». Selon l'avocate, la jeune fille oscille entre l'effondrement et la colère depuis que son violeur présumé est accusé d'avoir récidivé. Deux mois après cette « libération par erreur » l'homme commettait un nouveau viol, sous la menace d'une arme, à Angoulême (Charente). Durant sa cavale, Raoul Becquerel fera deux autres victimes, du côté de Senlis.

Finalement interpellé en octobre 2004, le violeur récidiviste était condamné à perpétuité par la cour d'assises de l'Oise, le 21 mars dernier. « Jusqu'au dernier jour du procès, et le lendemain encore, ma cliente a attendu des excuses, un signe de compassion, un mot venant de l'institution judiciaire, explique Me Lardon-Galéote. Elle espérait un message qui lui aurait dit tout simplement que l'on était navré de ce dysfonctionnement qui avait permis qu'un criminel libéré par erreur ait pu définitivement briser sa vie ».

Au parquet général de Bordeaux, on reconnaît que la juge d'instruction a commis la même erreur d'appréciation dans au moins un autre dossier. A peu près à la même date, elle a renvoyé une accusée devant les assises sans ordonnance de prise de corps. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la chambre de l'instruction de la cour d'appel a libéré cette femme sous contrôle judiciaire. « Jusqu'à présent, elle se tient à ses obligations », dit-on au parquet. Avec un certain soulagement, la cour explique que le profil de l'accusée est très différent, beaucoup moins inquiétant. Cette femme doit être jugée pour « coups mortels », des coups et blessures qui ont entraîné la mort sans intention de la donner. « Cela se passait au cours d'une soirée où la drogue tenait une place importante », précise-t-on au parquet général.

Dans le monde judiciaire, cette affaire provoque un profond malaise. « C'est consternant », admet un magistrat. Tous redoutent que la liste des méfaits de Becquerel s'allonge. Que, demain, il soit mis en cause pour un meurtre. Malgré tout, les uns et les autres ne se sentent pas à l'abri d'une erreur. Ces dernières années, les réformes de procédures se succèdent à une telle cadence, les circulaires d'application pleuvent avec une telle constance, que les praticiens magistrats et officiers de police judiciaire peinent à suivre. D'autant que, pour une même loi, l'entrée en vigueur des mesures est souvent échelonnée dans le temps. Perben 2 est un bon exemple : certaines mesures sont en vigueur, d'autres entrent en application en octobre, les dernières sont prévues pour... 2007[3],[4].

Notes et références

  1. « Raoul Becquerel n'a "rien à dire "... », sur La Dépêche du Midi (consulté le )
  2. Victor Fortunato, « Les terrifiants aveux de Raoul Becquerel », sur Le Parisien, (consulté le )
  3. « La justice forcée de libérer un violeur », sur Libération, (consulté le )
  4. « L'avocate demande audience à Rachida Dati », sur Le Parisien, (consulté le )

Articles de presse

Documentaires télévisés

Article connexe

  • Portail du droit français
  • Portail de la criminologie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.