Affaire du 8 décembre 2020

L'affaire du 8 décembre 2020 commence avec l'arrestation de neuf personnes revenues du Rojava (Syrie) où ils avaient combattu Daesh aux côtés des forces kurdes du YPG. Ils sont alors qualifiés par la DGSI de militants "d'ultragauche"[1]. Sept d'entre eux sont finalement mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste. L'affaire se fait surtout connaître à travers le traitement réservé à l'un d'entre eux, surnommé Libre Flot, maintenu quinze mois à l'isolement en détention provisoire. Celui-ci est libéré pour raisons de santé le 7 avril 2022[2].

Affaire du 8 décembre 2020
Titre Affaire du 8 décembre 2020
Chefs d'accusation Association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes
Pays France
Ville Paris

Chronologie

Le 8 décembre 2020, en différents points de l'Hexagone, la DGSI et le RAID procèdent à l'arrestation de neuf personnes revenues du Rojava en 2018[3] où ils participaient à la lutte contre Daesh aux côtés des YPG (Unités de protection du peuple) kurdes. Plusieurs dizaines de Français aux profils variés (militants de gauche radicale, anciens militaires...) étaient alors partis aider les kurdes depuis 2015[4]. Mediapart rapportait en septembre 2019 que les services de renseignement surveillaient plusieurs d'entre eux[5].

Deux personnes sont libérées à l'issue de la garde à vue, sans charges, tandis que les sept autres sont poursuivies pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes. D'après une source policière, les personnes inculpées "essayaient d'acheter des armes"[6]. Après quelques mois, Libre Flot est le seul à rester en détention provisoire.

Considéré par les services de renseignement comme le "chef" du groupe et déjà fiché S, Libre Flot est maintenu à l'isolement jusqu'au 25 mars 2022 dans la prison de Bois-d'Arcy, dans les Yvelines. Il écrit alors une lettre pour décrire ses conditions d'incarcération, relayée par ses comités de soutien[1]. Plusieurs médias, militants et personnalités de gauche manifestent leur solidarité[7], tandis qu'il est défendu par les avocats Raphaël Kempf et Coline Bouillon. Il entre en grève de la faim le 27 février, pour protester contre son traitement. La dégradation de son état conduit alors à son transfert à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Il est libéré pour raisons de santé le 7 avril, comme le prévoit le code de procédure pénale[2].

L'instruction est encore en cours et le procès se tiendrait courant 2023[1].

Controverses

Les bases de l'accusation d'association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes sont remises en question par la défense, plusieurs médias, les accusés et leurs soutiens[7]. Ces derniers n'hésitent pas à comparer l'inculpation à l'affaire de Tarnac, conclue par un non-lieu dix ans après l'ouverture des poursuites.

Selon un article du journaliste Philippe Baqué, paru dans le Monde diplomatique, aucun des objets saisis lors de l'arrestation, y compris les composants potentiels d'engins explosifs, ne permet de prouver "un projet précis de passage à l'acte"[8].

Dans un entretien avec le média Lundi Matin, une personne inculpée voit l'accusation comme "une sorte de fantasme construit autour de [leurs] opinions politiques", basée sur des "éléments disparates [qui sont] décontextualisés [pour] construire un décors"[9].

La sociologue Isabelle Sommier désigne l'affaire comme "un coup politique pour montrer que le pouvoir fait quelque chose" par rapport à la violence des manifestations[6].

Notes et références

  1. Pierre Jequier-Zalc, « Après 37 jours de grève de la faim, le militant détenu en isolement Libre Flot a été libéré », sur Basta! (consulté le )
  2. « Un détenu d'ultragauche en grève de la faim libéré pour motif médical », sur Le Figaro, (consulté le )
  3. Le Point.fr, « Syrie, SDF, fiché S : l'inquiétant profil du chef du groupe d'ultragauche », sur Le Point, (consulté le )
  4. Le Point magazine, « Ces jeunes partis combattre l'EI en Syrie qui embarrassent les autorités françaises », sur Le Point, (consulté le )
  5. Matthieu Suc, Jacques Massey, « Ces revenants du Rojava qui inquiètent les services de renseignement », sur Mediapart (consulté le )
  6. « La "menace" de l'ultragauche de retour en pleine lumière », Sud Ouest, (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
  7. « Pour le droit de se défendre dans la dignité face à la justice antiterroriste. Soutien à Libre Flot en grève de la faim | Le Média », sur www.lemediatv.fr (consulté le )
  8. Philippe Baqué, « Combattre les djihadistes, un crime ? », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  9. « Affaire du 8 décembre : récit d'une mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste - « Ce qu’on nous reproche ? Une sorte de fantasme construit autour de nos opinions politiques. » », sur lundimatin (consulté le )
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