Aimer, s'aimer, nous aimer
Aimer, s'aimer, nous aimer. Du au est un ouvrage du philosophe français Bernard Stiegler, paru en 2003 aux Éditions Galilée, qui reprend et développe le texte d'une communication prononcée à Cerisy-la-Salle le 9 juin 2002, en ouverture du colloque « Des je et des nous. Agir ensemble dans la cité. Prospective IV ».
Résumé
Dans ce livre, Bernard Stiegler tente d'expliquer l'origine de la violence politique représentée par ces deux dates : les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et la qualification de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle française le 21 avril 2002 ; auxquelles il ajoute le massacre au conseil municipal de Nanterre par Richard Durn le 27 mars 2002[1], dont il donne l'explication suivante[2],[3] :
« Dans mon livre Aimer, s’aimer, nous aimer, j’analyse le cas de Richard Durn qui a assassiné huit membres du conseil municipal de Nanterre : il confiait à son journal intime qu’il avait besoin de faire du mal pour, au moins une fois dans sa vie, avoir le sentiment d’exister... »
Pour cela, il rappelle qu'en psychanalyse, l'individuation du je et du nous, c'est-à-dire la construction de la personnalité individuelle et collective, sont simultanées. Celles-ci sont réalisées par des processus d'idéalisation d'évènements historiques, d'adoption de symboles, de choix d'avenir commun... Ces individuations permettent la construction du narcissisme primordial du je (s'aimer) et du nous (nous aimer). « Je ne suis je que dans la mesure où j'appartiens à un nous », affirme justement Stiegler, dans son livre Aimer, s'aimer, nous aimer[4].
Or, selon Bernard Stiegler, la société industrielle, afin de réaliser des gains de productivité par économie d'échelle, nécessite une hyper-synchronisation des je et des nous. La simultanéité à l'échelle planétaire de la mise sur le marché de certains produits ou certaines œuvres en est une illustration. Cette hyper-synchronisation conduit à la fusion progressive des je et des nous dans un on indifférencié, un nivellement que Stiegler rapproche de la « société-troupeau » évoquée par Nietzsche, et qui procède d'un oubli de la fiction, essentielle, du désir, lequel « est structurellement accordé à l'infini.[5] » Mais cette perte du désir (infini) et cette indifférenciation, qui détruit le processus d'individuation psychique et collective, mènent à la destruction du narcissisme primordial, et la perte de l'amour de soi et des siens à la violence.
Il s'agit donc de nous différencier tout en acceptant que cette différence soit là pour nous amener à renforcer nos identités individuelles et collectives.
Édition originale
Aimer, s'aimer, nous aimer. Du au , Paris, éditions Galilée, coll. « Incises », 2003, 91 p., (ISBN 978-2718606293)[1].
Références
- « Bernard Stiegler : « Les gens qui perdent le sentiment d’exister votent Front national » », sur L'Obs (consulté le )
- « http://lechannel.fr/wp-content/uploads/2015/11/Cahier17.pdf »
- « Rencontre avec Bernard Stiegler », sur Monde des grandes écoles et universités, (consulté le )
- « Bernard Stiegler, un homme de pensée et d’action | article | Espace éthique/Ile-de-France », sur www.espace-ethique.org (consulté le )
- Aimer, s'aimer, nous aimer, p. 27.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- 4ème de couverture de l'ouvrage
- Analyse libertaire de l'ouvrage "Aimer, s'aimer, nous aimer" par Philippe Coutant
- Interview de Bernard Stiegler présentant "Aimer, s'aimer, nous aimer" à la RTBF
- Bernard Stiegler : “Ces abominables tueries peuvent s’expliquer par la dérive de nos sociétés”
- Portail de la littérature
- Portail de la philosophie