Akçe

L'akçe (en turc ottoman : آقچه, prononcé [akʧe]), souvent appelé en français aspre et au Maghreb nasry, est une pièce d'argent qui fut l'une des unités monétaires de l'Empire ottoman à partir du XIVe siècle, avant de tomber en désuétude au début du XIXe siècle.

Akçe
Ancienne unité monétaire

Revers d'un akçe de 1430-1431 (Hégire 834), frappé sous le règne de Murad II, pesant 1,2 g et contenant 85 % d'argent.
Pays officiellement
utilisateurs
Empire ottoman
Appellation locale آقچه
Sous-unité 1 akçe = 3 para (1750)
Chronologie

Histoire

Sa frappe est attestée à Bursa pour la première fois au cours du règne d'Orkhan, en 1326[1] ; l'attribution de pièces anonymes à Osman Ier est généralement rejetée[2]. L'akçe pesait alors environ 1,15 g d'argent plus ou moins cuivré. Petite, elle n'a pas de succès au Maghreb, en Égypte, en Iran et au Liban, où elle restera très rare, car peu pratique. Trente-huit ans après sa création, apparaît un multiple divisionnaire, le mangır (signifiant « cuivre, petite monnaie »), sous le règne de Mourad I[3].

Après une période de stabilité, les dépenses militaires au cours du règne de Mehmed II entraînèrent des formes successives de réformations, suivie d'une nouvelle période de stabilité se poursuivant jusqu'à la fin du règne de Soliman le Magnifique (vers 1560)[4]. Cette pratique, très commune également en Occident, consiste à abaisser la part d'argent pur contenu dans la pièce et donc d'augmenter la part de cuivre, il ne s'agit donc pas d'une dévaluation au sens moderne[5]. En 1566, une nouvelle dépréciation eut lieu, qui fut suivie par une dévalorisation progressive et irrémédiable de l'akçe qui ne contenait plus que 0,306 g d'argent en 1618[6].

En 1688, sous le règne de Soliman II, une nouvelle réforme permet de créer la piastre ottomane (kuruş) contenant 19,38 g d'argent calquée à la fois sur l'écu de 6 livres français, le thaler et sur la pièce de huit espagnole, dans le but de faciliter les transactions commerciales. Il faut alors environ 100 akçe pour faire une piastre. L'akçe ne pèse plus que 0,21 g d'argent[7],[8].

C'est sous Mahmoud II (1808-1839) que la dernière pièce de 1 akçe est frappée, les dévaluations successives font que l'akçe ne contient alors plus que 0,01 g d'argent, si peu qu'elle est démonétisée. En 1839, la réforme monétaire établit un système décimal avec 1 kuruş = 1 g d’argent = 100 para[8].

Évolution du poids en argent de l'akçe[9]
AnnéeArgent (g)Indice
1450-14600,85100 %
1490-15000,6880
16000,2934
16880,2123
17000,1315
18000,0486

Rapports de conversion et divisionnaires

En 1454, Mehmed II (1451-1481) introduit une nouvelle unité, le soultani (sultani), équivalent d'abord à 50 akçes en moyenne, cours restant stable durant plus de deux siècles. En 1700, 1 soultani valait 300 à 400 akçes. Avec la réforme monétaire de Ahmed III (1703-1730), 1 akçe vaut 3 para et en 1800 à peine 0,1 para[7].

La livre ottomane de 100 kuruş ou 4 000 para est apparue après les réformes des années 1856-1863, qui instaurent un système bimétallique simplifié, avec une valeur de 6,61519 g d'or pur soit 99,8292 g d'argent pur, ce qui fait au change à l'époque l'équivalent de 22,50 francs-or (9/10e de livre sterling). Elle est à l'origine de l'actuelle livre turque.

Notes et références

  1. Sevket Pamuk, A Monetary History of the Ottoman Empire, Cambridge University Press, 2000, p. 21consultation en ligne.
  2. Pamuk (2000), p. 30.
  3. « Une monnaie ottomane méconnue : l’akché », par Gwennolé Dorange, novembre 2009, article très sourcé, sur almanumis.com.
  4. Gilles Veinstein, Histoire de l'Empire ottoman (dir. Robert Mantran), Paris, Fayard, 2003, p. 223.
  5. (en) Aryeh Shmuelevitz, The Jews of the Ottoman Empire in the Late Fifteenth and the Sixteenth Centuries, Brill Archive, , 207 p. (lire en ligne), p. 171
  6. Veinstein (2003), p. 224.
  7. (en) Chester L. Krause (dir.), Standard Catalog of World Coins, Iola, Krause Publ., 1989, pp. 1589-1616.
  8. Zeynep Bilge Yildirim, « L’introduction d’une nouvelle monnaie dans l’empire ottoman au XVIIe siècle d’après les registres de justice », dans Revue européenne des sciences sociales, Genève, Droz, XLV-137 | 2007, pp. 107-121lire en ligne
  9. (en) Paolo Malanima, Pre-Modern European Economy: One Thousand Years (10th-19th Centuries), Brill, 2009, p. 198extrait en ligne.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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