Alain Corneau
Alain Corneau est un réalisateur français[1], né le à Meung-sur-Loire (Loiret) et mort le à Paris (13e arr.)[2].
Pour les articles homonymes, voir Corneau.
Naissance | |
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Nom de naissance |
Alain Roger Corneau |
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Père |
Pierre Corneau (d) |
Conjoint |
Distinctions | Liste détaillée |
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Films notables |
Biographie
Enfance et études
Fils de Pierre Corneau, un vétérinaire de campagne, il grandit sur les bords de la Loire. Il fait ses études secondaires au lycée Pothier à Orléans, où en 1955-1956, son professeur d'histoire-géographie est Pierre Vidal-Naquet[3].
Attiré dès l'enfance par le cinéma grâce à son père, il se tourne un peu plus tard vers le jazz ; il apprend en autodidacte la batterie, qu'il pratique à Orléans au sein de diverses formations de musiciens franco-américains. Puis il décide de faire des études de cinéma et est admis à l'IDHEC[4].
Carrière
Fasciné par le cinéma américain, Alain Corneau a néanmoins abordé au cours de sa carrière un éventail de genres assez large, allant de la fresque épique avec Fort Saganne à la psychologie intimiste grâce aux Mots bleus. On retrouve fréquemment le thème de la confrontation et du départ pour un pays étranger, laissant place à une quête d'identité douloureuse[5].
Ses débuts de réalisateur sont marqués par le genre policier, mariant une construction narrative maîtrisée à une certaine noirceur du point de vue, souvent considérées comme des hommages aux roman et film noirs américains dont il reprend les archétypes mais en y creusant des psychologies. Après trois succès commerciaux estimables, il réalise un film à contrecourant de ses premières réalisations : Série noire, drame psychologique tranchant et d'un pessimisme profond, porté par une direction d'acteurs de premier ordre (Patrick Dewaere, Marie Trintignant, Myriam Boyer, Bernard Blier). L'œuvre imprime sa marque dans le cinéma français.
Il adapte ensuite un roman historique de Louis Gardel : Fort Saganne, et réalise ce qui est à l'époque le film le plus cher du cinéma français, avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve et Sophie Marceau. Il y dévoile un sens aigu du grand spectacle et de la durée, malgré des conditions de tournage difficiles dans le désert mauritanien.
Il change radicalement d'atmosphère, de lieu et d'envergure pour adapter le Nocturne indien d'Antonio Tabucchi. L'Inde, une équipe et un budget légers, un traitement intimiste et une tonalité fantasmagorique, voire onirique (rendue notamment par le travail d'Yves Angelo sur la photographie) lui permettent de se consacrer complètement à un thème déjà en filigrane dans ses films précédents : le nouveau départ, l'interrogation sur le sens de l'existence, le flou sur l'identité et les quêtes douloureuses et indélébiles pour y échapper et pour finalement se trouver.
Avec le film d'époque Tous les matins du monde, d'après un roman éponyme de Pascal Quignard, dont la musique est le vrai personnage principal, il rencontre un succès public et critique inattendu, sur un sujet quelque peu austère (l'histoire d'un compositeur français du XVIIe siècle, Marin Marais) traité sans emphase, avec un Jean-Pierre Marielle au sommet de son art. Le film est récompensé, en 1992, par sept Césars, dont celui de la meilleure musique, le César du meilleur film et celui du meilleur réalisateur.
Il effectue une nouvelle plongée dans un monde étranger, japonais cette fois, avec son adaptation de Stupeur et Tremblements de l'écrivaine belge Amélie Nothomb, dont l'héroïne semble montrer une identité plus mûre et un meilleur recul sur son environnement que les héros de ses premiers films[6].
En 2004, l'ensemble de son œuvre cinématographique est distinguée par le prix René-Clair décerné par l'Académie française.
En 2006, Grégory Marouzé lui consacre le documentaire Alain Corneau, du noir au bleu qui retrace le parcours du cinéaste, aborde sa mise en scène, ses influences et ses thèmes fondateurs.
En 2010, le prix Henri-Langlois lui est décerné pour l’exemplarité de ses choix et de son parcours cinématographique qui a su mêler avec subtilité des films de genres très divers, où la quête initiatique du ou des héros est toujours empreinte d’une grande spiritualité mêlée d’humilité et de générosité envers l’autre.
Ayant axée principalement son œuvre sur la quête d'identité[5], Corneau explique :
« Ce qui me perturbe aujourd'hui, surtout dans l'environnement actuel, c'est tout ce qui est très défini, la recherche d'une soi-disant pureté personnelle, puretés de civilisations… Tout ça me panique complètement. C'est un mot qui me fait peur, car c'est un mot qui aboutit au fondamentalisme, toujours. Si on accepte les différences, tout type d'influence, le fait qu'on est fait de plein de choses, à ce moment-là on n'a plus de danger, on est prêt à accepter même des choses que l'on ne comprend pas. Une chose que je ne comprends pas, je l'accepte mille fois plus qu'une chose que je comprends[6]. »
Décès
Alain Corneau meurt des suites d'un cancer du poumon, dans la nuit du dimanche 29 au lundi [7].
Plusieurs de ses compagnons de route lui rendent hommage, parlant d'« un grand homme du cinéma, un homme absolument adorable, drôle, vif, vraiment exceptionnel » (Kristin Scott Thomas) ou de « quelqu’un qui est lui-même devenu un maître, un passionné incroyable » (Patrick Mille).
Le samedi , ses proches et ses amis font leurs adieux au piano et à la viole de gambe à ce passionné de musique, inhumé dans le cimetière du Père-Lachaise (division 45) auprès de sa fille adoptive Marie Trintignant. Jordi Savall joue à cette occasion trois pièces de Marin Marais, auquel le réalisateur a rendu hommage dans Tous les matins du monde[8].
Vie privée et engagements
Alain Corneau était le compagnon de longue date de l'autrice et cinéaste Nadine Trintignant, qu'il avait finalement épousée en 1998 et dont il avait adopté dans la foulée les deux enfants, Vincent et Marie, avec le consentement de leur père biologique, Jean-Louis Trintignant[9].
Avec Nadine Trintignant, Alain Corneau faisait partie de la cellule spectacle des Comités d'alliance ouvrière, proche de l'OCI (l'Organisation communiste internationaliste), aux côtés notamment des réalisateurs et acteurs Bernard Murat, Alex Métayer, Andrée Tainsy, André Julien, Paulette Frantz, Delphine Seyrig et Dominique Labourier, et dont Bertrand Tavernier était sympathisant.[réf. nécessaire]
Filmographie
Films
- En tant qu'assistant
- 1967 : Un homme de trop de Costa-Gavras - assistant stagiaire
- 1969 : Istanbul, mission impossible (Target Henry) de Roger Corman
- 1969 : Le Temps de vivre de Bernard Paul
- 1969 : L'Américain de Marcel Bozzuffi
- 1970 : L'Aveu de Costa-Gavras
- 1970 : Élise ou la Vraie Vie de Michel Drach
- 1970 : Un été sauvage de Marcel Camus
- 1970 : Le Mur de l'Atlantique de Marcel Camus
- 1971 : Ça n'arrive qu'aux autres de Nadine Trintignant
- 1972 : Les Deux Mémoires documentaire de Jorge Semprún
- 1973 : Défense de savoir de Nadine Trintignant - co-scénariste
- 1973 : La Duchesse d'Avila de Philippe Ducrest (TV)
- 1974 : Les Deux Mémoires de Jorge Semprún
- En tant que réalisateur
- 1974 : France société anonyme
- 1976 : Police Python 357
- 1977 : La Menace
- 1979 : Série noire
- 1981 : Le Choix des armes
- 1984 : Fort Saganne
- 1986 : Le Môme
- 1989 : Nocturne indien
- 1991 : Tous les matins du monde
- 1995 : Le Nouveau Monde
- 1997 : Le Cousin
- 2000 : Le Prince du Pacifique
- 2002 : Stupeur et Tremblements
- 2005 : Les Mots bleus
- 2007 : Le Deuxième Souffle
- 2010 : Crime d'amour
Courts-métrages
- 1969 : Le jazz est-il dans Harlem ?
Documentaires
- 1991 : Contre l'oubli, segment Ali Muhammad al-Qajiji, Libye
- 1992 : Patrick Dewaere de Marc Esposito (témoignage)
- 1995 : Les Enfants de Lumière de Jacques Perrin et Yves Deschamps (extraits d'archives et de films)
- 1995 : Lumière et Compagnie, réalisé avec 40 autres cinéastes
Distinctions
Récompenses
Nominations
Box-office
Films | Années | France[10] |
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France société anonyme | 1974 | 71 243 entrées |
Police Python 357 | 1976 | 1 464 582 entrées |
La Menace | 1977 | 1 346 966 entrées |
Série noire | 1979 | 890 578 entrées |
Le Choix des armes | 1981 | 1 787 299 entrées |
Fort Saganne | 1984 | 2 157 767 entrées |
Le Môme | 1986 | 665 730 entrées |
Nocturne indien | 1989 | 452 152 entrées |
Tous les matins du monde | 1991 | 2 152 966 entrées |
Le Nouveau Monde | 1995 | 155 103 entrées |
Le Cousin | 1997 | 856 606 entrées |
Le Prince du Pacifique | 2000 | 1 028 640 entrées |
Stupeurs et Tremblements | 2002 | 416 303 entrées |
Les Mots bleus | 2005 | 140 854 entrées |
Le Deuxième Souffle | 2007 | 493 255 entrées |
Crime d'amour | 2010 | 479 732 entrées |
Bibliographie
- François Guérif, Le Film noir américain, préface d'Alain Corneau, H. Veyrier, 1979, 286 p. (ISBN 2-85199-206-6) ; nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, Denoël, 1999, 413 p. (ISBN 2-207-24557-8)
- Alain Corneau, Projection privée : souvenirs (préface d'Antonio Tabucchi, postface de Nadine Trintignant), Robert Laffont, 2007, 334 p. (ISBN 2221101480 et 9782221101483)
- Tous les matins du monde d'Alain Corneau, comprend : Tous les matins du monde de Pascal Quignard, Gallimard, collection Folio cinéma, 2009 (ISBN 978-2-07-030028-0)
- Geneviève Winter, Tous les matins du monde (étude détaillée et comparée du roman et du film; avec un entretien inédit avec Alain Corneau : De la littérature au cinéma),Bréal, collection Connaissance d'une œuvre, 2010, 176 p. (ISBN 2749509726 et 9782749509723)
- Ouvrages ayant inspiré les films d'Alain Corneau
- Louis Gardel, Fort Saganne, Seuil, 1980, 314 p. (ISBN 2020055309) ; rééd 1997, 344 p. (ISBN 2-02-031626-9)
- Pascal Quignard, Tous les matins du monde, Gallimard, 1991 ; 116 p. (ISBN 2070387739)
- Pascal Quignard, L'Occupation américaine, Seuil, 1994, (ISBN 2-02-023069-0)Inspire à Alain Corneau le film Le Nouveau Monde, 1995
- Amélie Nothomb, Stupeur et Tremblements (grand prix du roman de l'Académie française 1999), Albin Michel, 1999, 186 p. (ISBN 2226109501) ; rééd Gallimard, Livre de poche, 2001 (ISBN 978-2253150718)
Notes et références
- « Le réalisateur Alain Corneau est mort », Le Monde, (consulté le ).
- Les Gens du cinéma, consulté le 30 avril 2014.
- Pierre Vidal-Naquet, Mémoires tome 2, Seuil/La Découverte, 1998, p. 17
- Aujourd'hui devenu La Femis.
- Hélène Combis, « Alain Corneau : l’identité en quête », sur France Culture, (consulté le ).
- « Interview d'Alain Corneau Corneau, mars 2003 », cinephoto.fr (consulté le ).
- « Le cinéaste Alain Corneau est mort », Le Parisien (consulté le ).
- Agence France Presse, « Les proches d'Alain Corneau lui font leurs adieux », Cyberpresse, (consulté le ).
- Romain Clergeat, « Alain Corneau: Nadine Trintignant, la femme de sa vie », Paris-Match, 3 septembre 2010.
- Alain Corneau sur JP Box-office, consulté le .
Liens externes
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- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (en) Internet Movie Database
- Alain Corneau s’entretient avec Jordi Savall de la musique du film Tous les matins du monde, L'Express,
- Dossier Alain Corneau sur ina.fr
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