Alchimie de la douleur

Alchimie de la douleur est le quatre-vingt-unième poème de Spleen et Idéal dans la deuxième édition (1861) des Fleurs du Mal. Il est écrit sous la forme d'un sonnet organisé en octosyllabe.

Alchimie de la douleur
Informations générales
Titre
Alchimie de la douleur
Auteur
Date de publication
Type
Contenu
Structure
2 quatrain, 2 tercet
Narrateur
Incipit
« L'un t'éclaire avec son ardeur… »
Explicit
« …Je bâtis de grands sarcophages »

Texte

Ce poème appartient à la section Spleen et Idéal.

L'un t'éclaire avec son ardeur,
L'autre en toi met son deuil, Nature !
Ce qui dit à l'un : Sépulture !
Dit à l'autre : Vie et splendeur !

Hermès inconnu qui m'assistes
Et qui toujours m'intimidas,
Tu me rends l'égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;

Par toi je change l'or en fer
Et le paradis en enfer ;
Dans le suaire des nuages

Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.

Le terme "Hermès" se réfère à Hermès Trismégiste, un Dieu de l'écriture et du savoir qui serait le fondateur de l'alchimie.

Le terme "Midas" se réfère au personnage de la mythologie Midas qui aurait reçu de Dionysos le don (ou la malédiction) de changer tout ce qu'il touchait en or. Le rendant incapable de boire ou de manger.

Analyse

Dans ce poème, Baudelaire défend que le pouvoir de l’alchimiste est une malédiction, surtout lorsque le poète devient en proie à la tristesse : « (...) Je change l’or en fer / Et le paradis en enfer ». Le principe d'alchimie, qui est de changer la boue en or, est alors inversée, car de l'or, Baudelaire prétends faire de la boue. Ce principe de boue et d'or provient des dernières lignes du Projet inachevé d'un épilogue pour l'édition de 1861, dans le recueil Les Fleurs du Mal  : « Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence : / Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. » ; le but est de réinventer la beauté, de ne plus se concentrer sur le Beau classique, ainsi le laid, le difforme, le sale apparaissent comme de nouvelles formes de beauté. Cependant, même si sa tristesse lui fait voir des choses sombres, il parvient paradoxalement à transfigurer la douleur. La douleur est donc fertile car elle est une source d’inspiration pour le poète.  

Alfred de Musset, un autre poète du 19e siècle, défend dans La nuit de mai que les plus beaux poèmes naissent de la douleur :

« Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots »

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