Alexandre Nicolas Théroude

Alexandre Nicolas Théroude, né le à Saint-Pierre-en-Val[1] et mort le à Gentilly, jour de ses 76 ans[2], est un fabricant de jouets et d’automates français.

Alexandre Nicolas Théroude
Le Flûtiste de Théroude. Exemplaire du Morris Museum, NJ
Biographie
Naissance
Décès
(à 76 ans)
Gentilly
Surnom
Le Vaucanson du XIXe siècle
Nationalité
Domicile
Activité
Fabricant de jouets
Maison natale d'Alexandre Nicolas Théroude.

Il figure parmi les plus grands noms de constructeurs d’automate, aux côtés de Phalibois, Roullet-Decamps, Lambert et Vichy[3] et ses créations enrichissent aujourd’hui les collections des musées[4],[5],[6] et collections privées[7] à travers le monde.

Biographie

Arrivé à Paris en 1823, à l’âge de seize ans, Théroude devint l’associé, en 1828, d’un certain M. Varin, dans une boutique de jouets que tous deux tenaient au 12 rue Tiquetonne[8]. En 1831, Théroude s’installe à son compte au 257 de la rue Saint-Denis[8]. Ayant épousé, le , Adélaïde Elisabeth Bassot, la dot de 18 000 francs de la jeune mariée permit à son mari de démarrer son entreprise sur de bonnes bases[8].

Une bonne partie de son commerce consistait à vendre des jouets en gros, dont certains articles importés d’Allemagne et de régions qui produisaient de très grandes quantités de jouets plutôt rudimentaires à peu de frais. C’est néanmoins à cette époque que Théroude commença à fabriquer lui-même des jouets[8]. Fabricant des automates et des oiseaux chanteurs, il fut le premier à fixer le dispositif d’animation à l’intérieur du corps[9], produisant des pièces qui seront exposées jusqu’à Londres. Il fabriqua un bébé de grande taille parlant et pleurant[10]. Ayant déménagé du 257 au 217 de la rue Saint-Denis, en 1835, il se déclare en faillite, cinq ans plus tard, en 1840, sans doute à cause de la crise qui, à la suite de la Révolution de 1830, avait particulièrement affecté les industries du luxe parisiennes. La lenteur des affaires et l’insolvabilité de plusieurs de ses débiteurs lui avaient fait perdre 30 000 francs.

Pionnier du jouet automatique, il a déposé, le un brevet pour un genre d’automates à musique, assis sur un siège et fonctionnant seuls[11] grâce à un système de soufflets. En , il remportera une médaille de première classe à l’Exposition universelle :

« Dans un but moins élevé, M. Théroude s’est fait l’imitateur heureux de Vaucanson ; il a appliqué la mécanique à la fabrication de ces petits automates destinés à l’amusement de l’enfance. Certaines parties de son exposition le mettaient presque à la hauteur de son illustre modèle : ses animaux de grandeur naturelle, ses singes joueurs de violon particulièrement, exécutaient, de manière à faire illusion, tous les mouvements caractéristiques de leur espèce. Si ces pièces remarquables étaient à prix élevés, en revanche les nombreux et jolis jouets à ressorts de M. Théroude atteignaient le bon marché voulu pour l’exportation[12]. »

Il est présent à nouveau à l’Exposition universelle de 1867 :

« On ne peut nier que c’est la mécanique qui excite surtout l’admiration des visiteurs à l’Exposition universelle. Le génie du siècle est là triomphant. […] la foule qui intercepte le passage autour de la boutique pittoresque où le fabricant de jouets de la rue de Montmorency, M. Théroude, expose, lui aussi, ses petits chefs-d’œuvre animés par un invisible ressort : son écureuil qui court autour d’un large bassin de cuivre, ses pantins qui dansent le menuet, son singe qui fait la grimace, son serin qui voltige dans sa cage, son acrobate muni d’un balancier, son Espagnol vêtu de soie qui, armé de deux raquettes, joue tout seul au volant, etc. Rappelez-vous, si vous n’êtes pas père, que vous avez été enfant, et qu’un théâtre de marionnettes vous procurait les mêmes émotions que vous éprouvez aujourd’hui à l’orchestre de la Comédie-Française. Soyez indulgent pour les badauds qui font le succès de l’exposition de M. Théroude, soyez-le pour M. Théroude lui-même, ce confrère d’un des héros des Contes de Noël, de Dickens, le bon père de Berthe l’aveugle. Et d’ailleurs, les produits de M. Théroude peuvent faire mieux que d’amuser le marmot qui en recevra un pour sa fête ou ses étrennes ; ils peuvent réveiller en lui l’instinct de sa vocation, lui inspirer l’ambition de rivaliser avec James Watt, Richard Arkwright, Hargreaves ou Kay[13]. »

L’extravagance de ses figures indépendantes le conduira, une deuxième fois, à la faillite, le [14],[15].

Famille

Veuf depuis 1871, il aura par la suite deux filles nées de sa relation avec Marie Stéphanie Boudinot : Hélène née à Paris 10e le et Marie Léonie née à Paris 3e le . En 1877, âgé de soixante-dix ans, il régularise cette union en épousant Marie Stéphanie Boudinot[16]. Il a une troisième fille, Angèle, née dans 3e arrondissement le . Sa seconde fille Marie Léonie meurt en bas âge le à Paris 12e. Il demeure à cette date au 143, rue Oberkampf, dans le 11e arrondissement de la capitale[17]. Quant à Hélène, l'aînée de ses filles, elle meurt célibataire à Paris 13e le [18]. Lorsque Angèle se marie en 1898, son père est déjà décédé[19].

Notes et références

  1. Archives de Seine-Maritimes, acte de naissance dressé le 26/02/1807, vue 3/69
  2. Archives du Val-de-Marne, acte de décès n°143 dressé le 26/02/1883, vue 411 / 749
  3. « Automates », sur Centre international de la Mécanique d’art (consulté le ).
  4. « Automate mécanique - Joueur de flûte », sur Mucem — Musée des civilisations et de la Méditerranée (consulté le )
  5. (en) « "Floutiste", Life-size Flute Player Automaton by A. Theroude, Paris, France, c.1869-77 », sur Morris Museum, in Morristown, NJ (consulté le ).
  6. (en) « Musical automaton "Magician with cups" », sur Museum Collection (consulté le ).
  7. (en) « Rare Early Magician Automaton by Théroude », sur Skinner auctioneers and appraisers, (consulté le ).
  8. (en) Christian Bailly et Sharon Bailly, Automata : The Golden Age : 1848-1914, Londres, Robert Hale, (1re éd. 1997), 360 p., 31 cm illust. (ISBN 978-0-7090-7403-8, lire en ligne), p. 27.
  9. Vincent Giovannoni, « L’automate flûtiste d’Alexandre-Nicolas Théroude », (consulté le )
  10. « Les bébés parisiens », Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré, no 724, , p. 38 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Bulletin des lois de l’Empire Français, t. 23, Paris, Impr. Impériale, , 1051 p. (lire en ligne), p. 209.
  12. Léon Brisse, Album de l’Exposition universelle, Paris, Bureaux de l’abeille impériale, , 463 p. (lire en ligne), p. 348.
  13. « Automates, figures de cire, têtes parlantes, pantins et poupées. », Revue britannique, ou Choix d’articles traduits des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne, sur la littérature, les beaux-arts, les arts industriels, l’agriculture, le commerce, l’économie politique, les finances, la législation, etc., , p. 197-8 (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Faillites », Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire, no 21, (lire en ligne, consulté le ).
  15. Hippolyte François Mascret, Dictionnaire... des faillites... prononcées par les tribunaux de Paris, Paris, Agence de l'industrie, , 108 p. (lire en ligne), p. 101.
  16. Archives de Paris, acte de mariage n°679 au 3e arrondissement du 10/10/1877, vue 12 / 31
  17. Archives de Paris, acte de décès au 12e arrondissement n°1147, vue 13 / 31
  18. Archives de Paris, acte de décès n°2555, vue 27 / 31
  19. Archives de Paris, acte de mariage au 20e arrondissement n°496 du 07/05/1898, vue 27 / 31

Crédit

Liens externes

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