Ambassade du Royaume-Uni en Afghanistan

L'ambassade du Royaume-Uni en Afghanistan est la mission diplomatique du Royaume-Uni située à Kaboul en Afghanistan. Les Britanniques établissent d'abord une mission diplomatique, une légation, en 1922 après le traité anglo-afghan de 1919. Le vice-roi de l'Inde George Curzon, 1er marquis Curzon de Kedleston, ordonne la construction d'un vaste et opulent complexe, qui est achevé en 1927. La légation est retirée lors du pont aérien de Kaboul (en) à la suite de la guerre civile de 1928-29 (en), mais est rétablie en 1930. La légation devient une ambassade en 1948, mais celle-ci est retirée en 1989 à la suite du retrait soviétique d'Afghanistan. Le complexe de l'ambassade est remis au Pakistan (en) en 1994. À la suite de l'intervention des États-Unis en Afghanistan en 2001, une ambassade est rétablie sur un nouveau site dans le district de Wazir Akbar Khan (en). L'ambassade, en bordure de la zone sécurisée de Kaboul, est considérée comme vulnérable aux attaques en 2018 et un nouveau site est envisagé, mais le projet n'aboutit pas. Après le début du retrait en 2021 des troupes étrangères d'Afghanistan, il y a des spéculations sur la fermeture de l'ambassade.

Depuis août 2021, l'ambassade opère depuis Doha, au Qatar[1]'[2].

Légation

Le Royaume-Uni établit des relations diplomatiques complètes avec l'Afghanistan après le traité anglo-afghane de 1919, qui comprend un échange de missions diplomatiques. Avant cela, le gouvernement britannique n'a qu'un agent à Kaboul[3]. En vertu du traité, qui met fin à la troisième guerre anglo-afghane, la Grande-Bretagne reconnait l'indépendance de l'Afghanistan. Le traité met également fin aux paiements britanniques au roi afghan en échange du contrôle de la politique étrangère. Les fonds sont plutôt utilisés pour établir une mission diplomatique britannique à Kaboul, comme l'Afghanistan est considéré comme une nation mineure, il s'agit d'une légation plutôt que d'une ambassade. En raison de la relation historique entre l'Inde britannique et l'Afghanistan, la légation relève de l'India Office plutôt que du Foreign Office. En 1921, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères George Curzon, 1er marquis Curzon de Kedleston, déclare que le complexe "doit être l'une des plus belles résidences d'Asie"[4].

L'enceinte de la légation est achevée en 1927, bien que la mission soit établie en 1922 et commence à opérer à partir de l'enceinte en 1926[5]. La légation est prise entre deux feux entre les armées loyalistes et rebelles lors de la guerre civile de 1928-29 (en). Le personnel de la légation est retiré lors du pont aérien de Kaboul (en), mais la mission est rétablie en 1930 lorsque les relations diplomatiques sont ouvertes avec le gouvernement de Mohammad Nadir Shah[6].

Ambassade entre 1948 et 1989

Après l'indépendance de l'Inde en 1947, le personnel de la légation doit choisir de passer au sein de la fonction publique britannique, indienne ou pakistanaise. En 1948, la légation devient officiellement une ambassade[5]. Elle devient connue pour son luxe et est décrite comme "un havre de confort et de sécurité édouardien de 10 hectares"[5].

L'ambassade reste en Afghanistan pendant la guerre soviéto-afghane (qui commence en 1979), mais est retirée en janvier 1989 lorsque les troupes soviétiques commencent à se retirer du pays. L'ambassade et celles des États-Unis, de la France, de l'Italie et du Japon sont retirées alors que la situation sécuritaire se détére. Le personnel de l'ambassade britannique et leurs familles se souviennent d'avoir parcouru les 5 kilomètres jusqu'à l'aéroport "à travers les lignes ennemies" pour prendre des vols vers l'Inde. La fermeture des ambassades étrangères retire la reconnaissance diplomatique au président afghan Mohammad Najibullah qui reste au pouvoir, avec le soutien soviétique puis russe, jusqu'en 1992, date à laquelle les moudjahidines prennent Kaboul. Le retrait est critiqué par certains commentateurs à l'époque comme "entièrement politique et contraire aux traditions réalistes et apolitiques de la diplomatie britannique". Certains pays, comme l'Inde et le Pakistan, maintiennent des ambassades dans l'État islamique d'Afghanistan[6].

Le gouvernement britannique remet le complexe à l'ambassade du Pakistan (en) en 1994[5]. L'ambassade est attaquée en 1995 par 5 000 Afghans qui protestent contre l'implication pakistanaise dans les affaires afghanes. L'ambassade pakistanaise se retire peu après[7].

Ambassade après 2001

Catherine Royle (troisième à gauche), chargée d'affaires de l'ambassade, lors d'une cérémonie le jour du Souvenir au Camp Shorabak en 2011

Une ambassade britannique à Kaboul est rétablie à la suite de l'intervention américaine en Afghanistan en 2001. Le gouvernement britannique entame des négociations pour acheter l'ancien complexe de légation, mais ne réussit pas à parvenir à un accord avec le Pakistan. L'ambassade pakistanaise est rouverte dans la résidence de la légation en 2012. Le gouvernement britannique sécurise un nouveau site dans le district de Wazir Akbar Khan (en), qui devient une zone sécurisée avec des bureaux pour de nombreuses institutions afghanes et étrangères[7]. L'ambassade britannique est située en bordure de la zone sécurisée[8]. Le personnel de l'ambassade nouvellement arrivé est surpris de constater que la porcelaine, le cristal et l'argent des ambassadeurs d'avant 1989 sont en sécurité, ayant été gardés par deux anciens gardiens de l'ambassade[7].

Le , un convoi blindé du personnel de l'ambassade est la cible d'un attentat à la bombe à environ 5 kilomètres à l'est de l'ambassade. Six personnes sont tuées, dont un agent de sécurité G4S de l'ambassade britannique et deux employés de l'ambassade afghane, un autre garde de sécurité britannique est blessé[9]. En 2018, à la suite d'un important attentat à la bombe contre les ambassades voisines, le gouvernement britannique envisage de déplacer l'ambassade, car le site actuel est considéré comme vulnérable aux attaques. Un ancien bureau du ministère afghan des Transports près de l'ambassade des États-Unis fait l'objet d'une enquête mais il est décidé de ne pas déménager[10]. Le , un agent de sécurité G4S de l'ambassade britannique est retrouvé mort sur le terrain, avec des traces de drogue dans son système[11]'[12].

Laurie Bristow, l'actuel ambassadeur

L'ambassadeur actuel est Sir Laurie Bristow (en)[13]. Le British Council en Afghanistan est colocalisé avec l'ambassade[14].

Retrait d'Afghanistan en 2021

Après le début du retrait en 2021 des troupes étrangères d'Afghanistan, de nombreuses discussions ont lieu en Afghanistan et dans la presse étrangère pour savoir si l'ambassade britannique pourrait fermer. Les ambassades australienne et belge ferment la même année pour des raisons de sécurité[8]. Au , la sécurité sur le site continue d'être assurée par des sous-traitants privés, bien qu'il y ait des spéculations que ceux-ci seraient bientôt remplacés par du personnel de l'armée britannique, comme cela s'est produit à l'ambassade des États-Unis[15].

Après la chute de Kaboul aux mains des talibans le , 600 soldats sont déployés pour aider à évacuer le personnel de l'ambassade, le personnel local afghan et environ 4 000 ressortissants britanniques bloqués en Afghanistan. L'ambassadeur Bristow et un personnel diplomatique réduit restent dans le pays. Le secrétaire à la Défense Ben Wallace déclare que l'ambassade est déplacée vers un endroit plus sûr[16]'[17]. Par la suite, l'ambassade déménage à l'aéroport international de Kaboul où un personnel réduit continue à fonctionner jusqu'au 29 août, date à laquelle les opérations sont transférées à Doha[18]'[19]'[1].

Quelque 160 employés de GardaWorld travaillent à l'ambassade et la plupart postulent pour la politique afghane de relocalisation et d'assistance (Arap) gérée par le ministère de la Défense, tous sauf 21 traducteurs son rejetés en juillet 2021[20]. Les travailleurs sont informés qu'ils ne sont pas éligibles car ils travaillent pour un entrepreneur plutôt que directement pour le gouvernement britannique. Mi-août, le contrat GardaWorld est clos. Plusieurs gardiens en sont informés par téléphone[21].

Notes et références

  1. (en-GB) George Bowden et Katie Wright, « Afghanistan: British ambassador home as last UK troops leave », BBC News, (lire en ligne, consulté le ) :
    « Sir Laurie said "for the time being" the UK embassy to Afghanistan would operate from Qatar but it would reopen as soon as possible and "we will continue to stand by the people of Afghanistan". »
  2. (en-GB) « Afghanistan: Kabul airport could reopen for evacuation flights soon, says Dominic Raab », BBC News, (lire en ligne, consulté le ) :
    « The Foreign Office said the British embassy to Afghanistan, which moved out of Kabul last week, was now up and running in Doha. »
  3. (en) Richard John Gordon Creed, The Gordon Creeds in Afghanistan, 1839 and 1878-79, BACSA, (ISBN 978-0-907799-08-5, lire en ligne), p. 176
  4. (en) Maximilian Drephal, Afghanistan and the Coloniality of Diplomacy: The British Legation in Kabul, 1922–1948, Switzerland, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-3-030-23959-6, lire en ligne), p. 1
  5. (en) Maximilian Drephal, Afghanistan and the Coloniality of Diplomacy: The British Legation in Kabul, 1922–1948, Switzerland, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-3-030-23959-6, lire en ligne), p. 3
  6. (en) Maximilian Drephal, Afghanistan and the Coloniality of Diplomacy: The British Legation in Kabul, 1922–1948, Switzerland, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-3-030-23959-6, lire en ligne), p. 2
  7. (en) Maximilian Drephal, Afghanistan and the Coloniality of Diplomacy: The British Legation in Kabul, 1922–1948, Switzerland, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-3-030-23959-6, lire en ligne), p. 4
  8. « Echoes of 1989 as foreign forces withdraw from Afghanistan », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Mary Jeong, Jason Burke, Matthew Weaver, Rowena Mason et Luke Harding, « Kabul suicide attack on UK diplomats leaves six dead », The Guardian, (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Matthias Gebauer et Deborah Haynes, « British embassy in Kabul to move amid rising violence », The Times, (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Adela Whittingham, « Veteran found dead at embassy in Kabul 'ordered drugs via phone', coroner hears », Daily Mirror, (lire en ligne, consulté le )
  12. Lauren Harte, « Bodyguard's widow rebukes 'uncaring' Foreign Office after his death in Kabul », Belfast Telegraph, (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) « British Embassy Kabul », sur British Government (consulté le )
  14. « Contact us », sur British Council - Afghanistan (consulté le )
  15. (en) Dan Sabbagh et Emma Graham-Harrison, « UK to bring home last remaining troops in Afghanistan this weekend », The Guardian, (lire en ligne, consulté le )
  16. Kevin Breuninger, « Taliban seize two of Afghanistan's largest cities as U.S. sends troops to evacuate embassy staff », CNBC, (lire en ligne, consulté le )
  17. Katrina Manson et Helen Warrell, « US and UK send troops to help evacuate embassies in Afghanistan », Financial Times, (lire en ligne, consulté le )
  18. « UK's ambassador remaining in Kabul airport to personally process visas for evacuees »,
  19. « British Embassy Kabul - GOV.UK »
  20. (en) « Guards at Kabul embassy told they are ineligible for UK protection », sur the Guardian, (consulté le )
  21. (en) « Guards at Kabul embassy told they are ineligible for UK protection », sur the Guardian, (consulté le )
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