Ancien hôtel de Clapiers-Cabris

L'Ancien hôtel de Clapiers-Cabris, est un hôtel particulier du XVIIe siècle situé au 2 et 4, rue Ossola à Grasse. Il abrite de nos jours le Musée Provençal du costume et du bijou[1]. Ce bâtiment est différent du nouvel hôtel de Clapiers-Cabris[2],[3] dans la même ville.

Ancien hôtel Clapiers-Cabris
Façade donnant sur la place du Cours.
Présentation
Destination initiale
Destination actuelle
Musée Provençal du costume et du bijou
Construction
Localisation
Pays
Région
Département
Commune
Coordonnées
43° 39′ 28″ N, 6° 55′ 20″ E
Localisation sur la carte des Alpes-Maritimes
Localisation sur la carte de France

Histoire

C'est la dernière marquise de Cabris qui en parle le mieux :

«  L'hôtel de Cabris faisait corps avec un angle inférieur des remparts; ses soubassements renflés reposaient eux-mêmes sur le mur d'enceinte; et du pied de ce mur jusqu'au pied de la montagne, son jardin retombait comme un tapis mis en pavois. Ainsi la ville dominait cette maison [...]; et de l'étage noble, on découvrait toute la campagne jusqu'au littoral, par une vue large et libre[4].  »

 Louise de Mirabeau

Hôtel de Lombard-Saint-Benoît

Bâti dans la première moitié du XVIIe siècle, par Honoré Lombard, seigneur de Saint-Benoît[5], avocat en la Cour, sur l'emplacement de plusieurs petites maisons en ruine depuis le siège de Grasse, par les ligueurs du baron de Vins en novembre 1589[6].

Les occupants successif furent :

Annibal de Lombard Saint-Benoît, petit fils d'honoré, il avait acquis de Pierre Flour, avocat, un jardin au quartier de la brèche, confrontant à l'Est, la propriété des frères Aynès et, à l'Ouest la terre du Couvent de Saint-Dominique. Le cadastre de 1727 nous apprends que, à cette date, le jardin était complanté en jasmins et orangers[6].

Le fils d'Annibal, César de Lombard, chevalier, Seigneur de Saint-Benoît, Gars et Verrayou épousa le 5 juin 1716, demoiselle Françoise de Villeneuve-La Gaude dont il eut Elisabeth de Lombard-Saint-Benoît[6].

Hôtel de Clapiers-Cabris

Elisabeth de Lombard-Saint-Benoit épousa le 28 avril 1732 Jean-paul de Clapiers, marquis de Cabris[7]. De ce jours l'Hôtel de Lombard-Saint-Benoit devint Hôtel de Clapiers-Cabris[8], ou parfois Hôtel de Grasse-Cabris pour être différencié du nouvel hôtel de Clapiers-Cabris[9].

En 1733 le marquis de Cabris voulant étendre son jardin vers l'Est et s'assurer des vues, acquit par achat de Marguerite Aubin, veuve de Jean Laugier, une maison avec un jardin, complanté d'orangers pourvu d'un potager, a Tracastel, confrontant, du levant et du septentrion, le chemin logeant le rempart, dit « Chemin royal » devenu Passage Mirabeau[8].

Leur fils Jean Paul II épousa fin novembre 1769 Louise Riquetti de Mirabeau (1752-1807), sœur du tribun Mirabeau[10].

Tribunal révolutionnaire

La folie du dernier marquis de Cabris[11], la tourmente révolutionnaire et l'émigration des Clapiers-Cabris en Italie aura raison de l'hôtel, celui-ci est mis sous séquestre et devint l'annexe au Tribunal révolutionnaire (des traces de fresques de cette époque sont toujours visibles).

Paul Sénequier note alors que, dans la séance de la Société Populaire du 12 Frimaire an III, qui s'assemble à Grasse : Un citoyen fait son rapport sur ce local propre à recevoir la bibliothèque municipale. La marquise portée sur la liste des émigrés eût été exposée à voir son hôtel vendus au profit de la nation, n'eût été que son époux, interdit, n'avait pu émigrer. Cette proposition n'eut donc pas de suite[12].

En 1791, la maison et le jardin sont encadastrés à la section 5, n°50, au nom de Clapiers Jean-Paul, bourgeois. Sa fille Pauline, comtesse de Navaille-Labatut soutint en son nom un procès contre sa tante Marie-Charlotte Hiéronyme de clapiers-Collongues[13], épouse du capitaine de vaisseau Antoine Cresp de Saint-Césaire (en) qui devait aboutir, le 29 septembre 1813, à la vente par expropriation forcée des immeubles ayant appartenu au marquis de Cabris.

Maison

Gilette Gauthier-Ziegler décrit L'enceinte primitive de Grasse[14] qui ne devait guère embrasser que le podium, cœur de la ville. Elle avait été agrandie sensiblement du coté de la rue tracastel; à la fin du XIVe siècle et fut reportée au Nord, de façons à englober la place aux Aires et le couvent des Augustins; les restes en sont importants et Senequier[12] en a reconstitué le tracé : [... Elle suivait une ligne passant par le jeu de ballon, le côté est de la maison Amic, la maison Carlin, la porte du Cours, la maison Courmes ou soit du Rouret, le passage Mirabeau et le boulevard Fragonnard ...].

Maison Courmes

L'Hôtel redeviendra donc propriété privée à la fin de l'Empire[15] lorsque sur la mise à prix de 12 000 francs, l'immeuble fut exposé en vente à l'audience des criées du Tribunal Civil de Grasse, le 29 septembre 1813 et adjugé pour le prix de 20 000 francs aux frères Claude-Marie Courmes aînée et Antoine Joseph Courmes cadet, d'une famille d'ancienne bourgeoisie grassoise[16].

La mutation en fut opérée en 1815, pour 1816 époque du nouveau cadastre qui est encore en usage. La maison y figure à la section E, et fait partie de l'île 85. Les frères Courmes ont partagé la maison en deux parties égales; À Claude-Marie la partie gauche qui porte le numéro quatre de la rue du Cours. On y accède par les mêmes degrés et on y pénètre par la même porte principale d'entrée signalée au procès-verbal de saisie. Loué à la Banque Luce, puisque Claude-Marie habitait l'Hôtel de Marcy, la maison passa à sa fille Magdeleine-Françoise Courmes, épouse du Docteur Maure.

L'hôtel particulier devenu maison courmes[17] garde l'empreinte de la distribution du XVIIe siècle. Au rez-de-jardin, s'organisaient les cuisines, les offices et les remises. Au rez-de-chaussée, et à l'étage se déployaient les appartements d'apparat, on trouve encore de nos jours au dessus de la cheminée du salon le Monogramme Courmes-Boulay.

Maison du Rouret

À Antoine Joseph Courmes cadet la partie droite qui porte le numéro deux de la rue du Cours. La fille de Joseph et Virginie[18] Courmes : Françoise-clémence, épouse du parfumeur Claude Mottet transmit la maison à sa fille Marie-Henriette Mottet-Courmes[19], épouse du Lieutenant de vaisseau Honoré-Ernest de Geoffroy du Rouret.

De ce mariage est né à Grasse le 30 décembre 1868, le marquis Louis-Felix Geoffroy du Rouret[20] membre fondateur de la société Fragonard et propriétaire de la maison Courmes ou soit du Rouret[17], elle fut par la suite toujours aux Rouret, en la personne de Madame de Tricornot[21].

Musée Provençal du costume et du bijou

La fille ainée de joseph et virginie Courmes : Léonie (1824-1899) épousa en 1843 son voisin Joseph Luce (1809-1893) riche banquier grassois, maire de Grasse. Leur fils Jean Luce époux de Marie-Louise de Fauque de Jonquières, fut un collectionneur et photographe distingué dont la figure demeure indissociable de l'Hôtel de Villeneuve ou parfois Hôtel Luce [22]

L'histoire se prolonge au XXe et XXIe siècle lorsque ces deux hôtels sont réunis par la famille Costa, parfumeur et mécène culturel grassois[15]. Ainsi de nos jours l'hôtel de Villeneuve est devenu le Musée Jean-Honoré Fragonard[23], et l'ancien hôtel de Clapiers-Cabris est devenu le Musée Provençal du costume et du bijou[1]. Au premier étage une boutique confidentielle de la Parfumerie Fragonard accueille le visiteur.

Galerie

Références

  1. Musée Provençal du costume et du bijou Consulter le site internet
  2. Pierre-Jacques de Castel, Si Grasse, EDICA, 1985, page 238.
  3. Paul Gonnet et 9 autres auteurs, Histoire de grasse et sa région, éditions Horwarth 1984. page 159 : « En 1774, Jean-Paul II de Clapiers, marquis de Cabris qui haïssait sa mère, quitta cet hôtel et fit édifier en contre-bas, dans le jardin de cette demeure le nouvel hôtel de Clapiers-Cabris, ainsi avant la Révolution il y eut à Grasse deux hôtels de Clapiers-Cabris : l'ancien hôtel ou demeurait sa mère et le nouvel hôtel, appartenant à Jean-Paul de Clapiers et à sa femme, Louise de Mirabeau. »
  4. Le musée provençal du costume et du bijou. Collection d'une provençale passionnée, Hélène Costa, Manufacture des deux ponts, 2017. page 34. Sources Alexandre Mahue, descendant de la famille de Clapiers-Cabris.
  5. Honoré est le frère de Louis Lombard, marquis de Gourdon et l'oncle de Marguerite de Grasse-Cabris deux des plus anciennes et puissantes familles grassoises Lire en ligne
  6. Bulletin de la Société Fragonard à Grasse, Exercice 1925-1926, page 19 à 37. Lire en ligne
  7. Jean-Paul est le petit fils d'Alexandre de Clapiers et de Véronique de Grasse de Cabris. Lire en ligne
  8. Bulletin de la Société Fragonard à Grasse, Exercice 1925-1926, page 19 à 37. Lire en ligne)
  9. Paul Gonnet et 9 autres auteurs, Histoire de grasse et sa région, éditions Horwarth1984. page 159
  10. site du Musée d'Art et d'Histoire de Provence
  11. En 1777 une crise de démence, très caractérisée, précipita les choses. Jean-Paul, la tête perdue, demandait lui-même à être interné. On y fit droit.
  12. Paul Sénequier. Grasse. Notes à la suite de l'inventaire des Archives communales. Grasse, Imbert, 1893.
  13. Marie-Charlotte Hiéronyme de clapiers-Collongues, épouse d'Antoine Cresp de Saint-Césaire (en)Lire en ligne
  14. Gilette Gauthier-Ziegler, Histoire de Grasse au Moyen Âge de 1155 à 1482, Picard, 1935. page 123
  15. Le musée provençal du costume et du bijou. Collection d'une provençale passionnée, Hélène Costa, Manufacture des deux ponts, 2017. page 37.
  16. Hervé de Fontmichel, Le Pays de Grasse, Grasset, 1963, p. 30 : Hervé Court de Fontmichel dans "Le Pays de Grasse à l'aube de la Révolution" écrit qu'à la fin du 18e siècle la haute société grassoise « extrêmement fermé, uni par le sang et l'intérêt » comporte une minorité aristocratique d'origine féodale et une majorité de familles, nobles ou notables, issues du monde des affaires. Il cite les marquis de Grasse, possédant encore quelques fiefs aux alentours de la cité, tel Cabris jusqu'au xvie siècle et Le Bar jusqu'à la révolution; les Villeneuve, seigneurs de Vence, de Gréolières, de Beauregard; les Clapiers, seigneurs de Cabris; les Bompar; les Lyle-Taulanne; les Pontevès; les Théas, seigneurs de Caille, de Gars et d'Escales; les Court, seigneurs d'Esclapon, Fontmichel et Séranon; les Durand, seigneurs de Sartoux; les Lombard, marquis de Gourdon et de Montauroux; les Cresp, seigneurs de Saint-Cézaire; les Geoffroy, seigneurs du Rouret; les Mougins, seigneurs de Roquefort; les Fanton, seigneurs d'Andon et Thorenc; les Tressemannes, seigneurs du Chasteuil et du Puget; les Robert, seigneurs d'escragnolles; les Amic; les Roubaud d'Antelmy; les Luce; les Courmes; les Chiris; les Isnard; les Gazan; les Pérolle; les Gallimard; les Fabre; les Emerigon; les Bain.
  17. Gilette Gauthier-Ziegler, Histoire de Grasse au Moyen Âge de 1155 à 1482, Picard, 1935. page 123 : « maison courmes ou soit du Rouret »
  18. Virginie Courmes née Boulay est la soeur de Joseph Pierre Henri Boulay
  19. Marie-Henriette Mottet-Courmes épouse d'Honoré-Ernest de Geoffroy du Rouret Lire en ligne
  20. Louis-Felix Geoffroy du Rouret Lire en ligne
  21. Paul Gonnet et 9 autres auteurs, Histoire de grasse et sa région, éditions Horwarth 1984. page 160.
  22. Alain Sabatier, Jean Luce Photographe Collectionneur page 14 Lire en ligne
  23. Musée Jean-Honoré Fragonard Consulter le site internet
  24. Bernard Combet-Farnoux et 11 autres auteurs dont Jean-Claude Porteur, Les Pays de Nice et de Grasse dans l'antiquité et au Moyen-Age, CNDP Nice Bertrand 1979. page 147

Annexes

Bibliographie

  • Le musée provençal du costume et du bijou. Collection d'une provençale passionnée, Hélène Costa, Manufacture des deux ponts, 2017 ;
  • Alain Sabatier, Jean Luce Photographe Collectionneur. 2009
  • Pierre-Jacques de Castel, Si Grasse ..., EDICA, 1985
  • Paul Gonnet et 9 autre auteurs Histoire de grasse et sa région, Horvath, 1984 ;
  • Bernard Combet-Farnoux et 11 autres auteurs dont Jean-Claude Porteur, Les Pays de Nice et de Grasse dans l'antiquité et au Moyen-Age, CNDP Nice Bertrand 1979.
  • Aimé Coiffard, La vente de biens nationaux dans le district de grasse (1790-1815), Paris, 1973 ;
  • Hervé de Fontmichel, Le Pays de Grasse, Grasset, 1963 ;
  • Gilette Gauthier-Ziegler, Histoire de Grasse au Moyen Âge de 1155 à 1482, Picard, 1935.
  • Bulletin de la Société Fragonard à Grasse, Exercice 1925-1926 ;
  • Paul Sénequier, Grasse, notes à la suite de l'inventaire des archives communales. Imbert, 1892 ;

Articles connexes

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