André Jeanbon Saint-André
André Jeanbon, dit Jeanbon Saint-André, né le à Montauban, mort le à Mayence, est un pasteur, haut-fonctionnaire et notable français.
Pour les articles homonymes, voir Saint-André.
Préfet de Mont-Tonnerre | |
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Président de la Convention nationale | |
11 - | |
Député français |
Baron |
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Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
André Jeanbon |
Nationalité | |
Activités |
Religion | |
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Ordre religieux | |
Distinctions |
Chevalier de la Légion d'honneur Baron de l'Empire (d) |
Archives conservées par |
Archives nationales (F/1bI/173/1)[1] |
Biographie
Avant la Révolution
André Jeanbon est le fils de Marie Molles et d’Antoine Jeanbon, né en 1716, foulonnier au faubourg de Villenouvelle et issu d’une famille protestante, mais forcé de vivre extérieurement en catholique tout en restant protestant de cœur. André a un frère aîné prénommé lui aussi Antoine, né en 1747, qui continua l’industrie de son père, et deux sœurs cadettes, Jeanne et Antoinette[2].
André est élevé chez les jésuites, d’où il est retiré par son père calviniste. Il étudie la navigation à Bordeaux, s’enrôle dans la marine marchande, atteint le grade d’officier et devient capitaine. Après trois naufrages et la perte de ses économies, il abandonne la marine.
Il étudie la théologie à l’Académie de Genève et devient pasteur à Castres en 1773, avant d’être amené à démissionner en 1782, après un conflit avec le consistoire de Castres. Il reprend son ministère à Montauban en 1788, où il préside la Société des Amis de la Constitution au début de la Révolution en 1789.
Pendant la Révolution
Il échoue aux élections de l’Assemblée législative en 1791, mais entre au conseil municipal de Montauban.
Élu, le 4e sur 9, député du Lot à la Convention nationale en , Jeanbon quitte ses amis Jacobins pour rejoindre Paris, où il siège d’abord à la droite de l'assemblée en compagnie de ses amis girondins. Il abandonne rapidement la mouvance modérée et, après les massacres de Septembre, rejoint les rangs de la Montagne.
Le , il manifeste son ralliement en soutenant l'accusation contre les girondins, accusés d'être des « ennemis de la Commune de Paris ». Il appelle au renforcement de la garde de la Convention. En , en considérant que le roi a trahi la nation, il vote la mort du roi sans appel ni sursis, car, a-t-il-dit en novembre dans un discours, « un roi par cela seul qu’il est roi, est coupable envers l’humanité ».
Patriote convaincu de la nécessité de poursuivre la Révolution et de combattre les traîtres à leur pays comme le roi lui-même, il souhaite une mobilisation populaire contre les ennemis de l'intérieur, les royalistes, en Vendée, et les fédéralistes et contre les monarchies coalisées. Il est renvoyé dans le Lot et en Dordogne pour accélérer la levée des 300 000 hommes et assiste, à son retour, à la fin de la Gironde.
Il est l'un des animateurs de la Terreur, brisant dans le sang les oppositions. Il entre en juin 1793 au Comité de salut public, où il prend la charge de la Marine. Il devient président de la Convention du 11 au . Retrouvant les jacobins, il justifie l'empêchement des sociétés sectionnaires : « Nos plus grands ennemis ne sont pas au dehors ; nous les voyons : ils sont au milieu de nous ; ils veulent porter plus loin que nous les mesures révolutionnaires ». Il se tient cependant à l’écart des affrontements entre factions, sans doute par prudence personnelle. Il est chargé, en tant que président de la Convention, de prononcer l’éloge funèbre de Jean-Paul Marat assassiné par Charlotte Corday.
Il s'absente souvent de Paris pour des missions auprès de la Marine. D'abord envoyé en mission aux armées de l'Est, le conventionnel est bientôt chargé de la réorganisation de la marine militaire, minée par l'insubordination. À Brest, où il est représentant en mission du Comité de salut public, de à , avec son collègue Prieur de la Marne, il rétablit la discipline en combattant les officiers de la marine royale en rébellion contre la Révolution[3]. Il y séjourne plusieurs mois, fait nommer un chef d'escadre efficace, à défaut d'être révolutionnaire, et de nouveaux officiers ; puis, il fait de Brest un îlot républicain en plein cœur de la Bretagne hostile. L'arsenal brestois profite de l'aide de spécialistes de la construction navale pour réaliser La Montagne. Lors d'un second séjour du commissaire, sont réparés ou construits 30 navires, des corvettes et des frégates. Contrairement aux critiques qui lui sont faites, en particulier celles de sévérité excessive dans la répression, son œuvre a permis, en quelques mois de restaurer une marine en perdition. Entretemps, de janvier à début il est revenu à Paris. Le 27 pluviôse an II (), il propose, au nom du Comité de salut public, de remplacer le pavillon de la marine sur fond blanc timbré des trois couleurs et d'adopter le pavillon tricolore en trois bandes verticales d'égales largeurs avec le bleu frappé sur la drisse côté guidant, puis le blanc, le rouge battant au vent[4]. Il participe alors, sur mer, aux opérations de Villaret de Joyeuse contre les Anglais[5] ; il participe ainsi en mer à la bataille du 13 prairial an II au large d'Ouessant le (célèbre pour la résistance du Vengeur du Peuple) à bord du vaisseau La Montagne, en compagnie de ce contre-amiral.
Dans le même temps, il obtient le maintien d'un tribunal extraordinaire à Brest en . Autonome dans son fonctionnement, ce tribunal condamne soixante-dix personnes à mort, pour l'essentiel des fédéralistes et des émigrés[6].
En mission lors de la chute de Robespierre, qu’il désapprouve, il est remplacé par un thermidorien au sein du comité de salut public, sous prétexte des empêchements de ses missions en province. De à , il est en effet chargé d’une nouvelle mission dans les départements maritimes du Midi, spécialement Toulon, où il montre les mêmes qualités d’administrateur.
Alors que la Terreur blanche sévit en France, il est arrêté le 9 prairial an III, lors de la réaction qui suit l’insurrection du 12 germinal et celle du 1er prairial. Cependant, après l’adoption de la constitution de l'an III, le et l’échec de l’insurrection royaliste le 13 vendémiaire, une loi d’amnistie générale « pour les faits proprement relatifs à la Révolution » est votée le , et il est libéré le .
Le Directoire le nomme alors consul général à Alger, puis à Smyrne en 1798. Lorsque l'Empire ottoman rompt avec la France, il est arrêté et passe trois ans en captivité[7], de 1799 à 1802[8].
Sous le Consulat et le Premier Empire
Après sa libération, Bonaparte le nomme commissaire général des trois départements de la rive gauche du Rhin, en , puis préfet du Mont-Tonnerre à Mayence en [9]. Napoléon le nomme chevalier de la Légion d'honneur en 1804, puis baron d’Empire, baron de « Saint-André », en 1809.
Il meurt du typhus[10]. Il est enterré au cimetière principal de Mayence.
Franc-maçon actif, Jeanbon Saint-André fut le premier vénérable maître de la loge « Les Amis de l’union » de Mayence, fondée en 1803, et qui existe toujours aujourd’hui dans cette ville sous l’appellation « Die Freunde zur Eintracht »[11].
Publications
- Sermon d'action de graces, prononcé dans une société de Protestans le dimanche , pour remercier Dieu de la fin des troubles de Paris, & de l'éloignement des troupes qui environnoient cette capitale, Montauban, Teulières et Fontanel, 1789.
- L'Éducation nationale, impr. par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : [Paris], [de l'Impr. nationale], [179-?] (lire en ligne sur Gallica).
- Journal sommaire de la croisière de la flotte de la république, commandée par le contre-amiral Willaret, tenu jour par jour par le représentant du peuple Jean-Bon Saint-André, embarqué sur le vaisseau la montagne, imprimé par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, an ii, 1793, 1794 (lire en ligne sur Gallica).
- Opinion et projet de décret, du citoyen Jean-Bon St.-André,... sur l'organisation de la marine française, impr. par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, (lire en ligne sur Gallica).
- Rapport des représentans du peuple, envoyés à Brest et auprès de l'armée navale par Jean-Bon Saint-André ; [fait à la] Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, 179-? (lire en ligne sur Gallica).
- Rapport fait au nom du comité de marine par Jean Bon Saint-André, membre du comité, imprimé par ordre de la convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, (lire en ligne sur Gallica).
- Rapport sur la trahison de Toulon, au nom du Comité de salut public par Jean-Bon Saint-André, impr. par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, Impr. nationale, 179-? (lire en ligne sur Gallica).
- Recueil des arrêtés du citoyen Jean-Bon-Saint-André, représentant du peuple dans les départemens maritimes de la République, pendant la mission au Port la montagne, Reprod. de l'éd. de : Port de la montagne, chez A. Aurel, an ii 1794 (lire en ligne sur Gallica).
- Réponse de Jean-Bon Saint-André, à la dénonciation des citoyens de la commune de Brest, impr. par ordre de la Convention nationale, Reprod. de l'éd. de : Paris, de l'Impr. nationale, an iii, 1795 (lire en ligne sur Gallica).
Notes et références
- « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001513/d_630 » (consulté le )
- Léon Lévy-Schneider, « Le Pasteur Jeanbon Saint-André », Bulletin historique de la société d’histoire du protestantisme français - Études historiques, p. 337.
- Michel Biard, Annie Crépin et Bernard Gainot, La Plume et le Sabre, Paris, Éditions de la Sorbonne, , 554 p. (ISBN 979-1-03510-453-5, lire en ligne), p. 209.
- Trois ponts : L’adoption du pavillon tricolore par la Marine
- Michel Nicolas, Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits (lire en ligne), p. 64.
- Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, , 636 p., 24 cm (ISBN 978-2-26202-596-0, OCLC 839270542), p. 438.
- Felix Jean Louis Éléonor Conny de la Fay, Histoire de la Révolution de France, t. 7, Paris, Méquignon, , 8 vol. in-8° (OCLC 494182144, lire en ligne), p. 485.
- Paul R. Hanson, Historical Dictionary of the French Revolution, Lanham, Rowman & Littlefield, , 2e éd., xxi, 419, 24 cm (ISBN 978-0-81087-892-1, lire en ligne), p. 485.
- Léon Lévy-Schneider, Le Conventionnel Jeanbon Saint-André : membre du Comité de salut public, organisateur de la marine de la Terreur, 1749-1813, t. 2, Paris, Félix Alcan, (OCLC 176881762, lire en ligne), p. 1099.
- Henri Martin, Histoire de France populaire depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours : 5 juin 1804 à mai 1832, Paris, Furne, , 572 p., 1 vol. : ill. grav. vignettes 27,5 cm (OCLC 493241191, lire en ligne)
- Daniel Ligou, Histoire des francs-maçons en France : 1725-1815, Toulouse, Privat, , 255 p. (ISBN 978-2-70896-838-7, OCLC 45324437, lire en ligne), p. 239.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, t. 3, Paris, Bourloton, 1889, (De Javoques à Jolivet), p. 412-413.
- Léon Lévy-Schneider, Le Conventionnel Jeanbon Saint-André, membre du Comité de salut public, organisateur de la marine de la Terreur, 1749-1813, Paris, Félix Alcan, 1901, 2 volumes.
- Augustin Kuscinski, Dictionnaire des Conventionnels, Paris, 1916, « Jeanbon Saint-André ».
- (de) Helmut Mathy, Jeanbon St André : der Präfekt Napoleons in Mainz und Förderer des Gutenberggedankens, Mayence, Verlag der Gutenberg-Gesellschaft, , 62 p., 24 cm (OCLC 460405616, lire en ligne).
- (de) Michel Nicolas, Jean-Bon Saint-André : sa vie et ses écrits, Paris ; Montauban, Comptoir des imprimeurs-unis à Paris ; Réthoré, 1848, rééd. 1988, 196 p., 349 p. (lire en ligne)
- Léon Lévy-Schneider, « Le Pasteur Jeanbon Saint-André jusqu'à la réunion des États-généraux, 1749-1789 », Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, Agence centrale de la Société, Paris, 1894, lire en ligne sur Gallica p. 337 passim.
- Tu. Schoel, « Le pasteur et conventionnel Jeanbon-Saint-André », Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, Agence centrale de la Société, Paris, 1901, lire en ligne sur Gallica p. 497 passim.
- A. Paul, « Jeanbon-Saint-André et les Réfugiés du Palatinat », Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, Paris, 1911, lire en ligne sur Gallica p. 351 passim.
- Jacques Pannier, et al., « Quelques souvenirs de Jeanbon Saint-André à Mayence (1804-1813) », Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, Paris, 1925 lire en ligne sur Gallica p. 345 passim.
- René Toujas, « Le Bi-Centenaire de la Naissance de Jeanbon Saint-André », p. 19-25, Bulletin archéologique historique et artistique de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, 1949, t. LXXVI lire en ligne sur Gallica.
- Daniel Ligou, Jeanbon Saint-André, membre du grand comité de salut public de l'an II 1749-1813, Paris, Messidor, 1989.
- Daniel Ligou, « Jeanbon Saint-André (André Jeanbon dit) », dans Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, collection Quadridge, 2005, p. 595-597.
- Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française 1789-1799, 1997.
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