Angélologie

L'angélologie est l'étude des anges, de leurs noms, de leur place dans la hiérarchie divine et de leur rôle. Cette étude varie selon les religions concernées mais aussi en fonction des époques. Chacune des trois religions abrahamiques possède sa propre angélologie : le judaïsme[1], le christianisme[2] et l'islam. Le zoroastrisme a également développé ses propres conceptions sur les anges.

Cet article possède un paronyme, voir Angiologie.

Illustration de Gustave Doré

Angélologie dans le judaïsme

La Kabbale a pour but de révéler le sens caché de l'Ancien Testament, car selon les kabbalistes, tout le savoir du monde y est renfermé, sa découverte permettrait de connaître le passé, le présent et le futur. La hiérarchie des anges dans la Kabbale compte 10 classes, en plus des sephiroth.

Angélologie dans le christianisme

Le christianisme s'appuie sur l'angélologie judaïque.

Du nombre des anges

Dans l' Apocalypse de saint Jean, un passage affirme que le dragon dans sa chute emporta un tiers des étoiles du ciel. Ceci a été interprété par les pères de l'Église de la façon suivante : Lucifer, dans sa chute après sa rébellion contre Dieu, a entraîné un tiers des anges à sa suite en enfer, qui sont donc devenus des anges déchus.

Hiérarchie angélique (dans le catholicisme)

La classification des anges selon Thomas d'Aquin (docteur angélique) est reconnue par le magistère de l’Église catholique romaine. Elle est enseignée dans les principales universités catholiques pontificales en cours d'angélologie et démonologie pour les futurs prêtres-exorcistes.

Dans l'angélologie chrétienne, à la suite de Denys l'Aréopagite, la hiérarchie angélique compte neuf classes réparties en trois degrés.

Les anges de l'Église sont ceux présentés dans la Bible, à savoir les archanges Saint Michel, Saint Gabriel, Saint Raphaël et les Saint Anges gardiens dont parle Jésus.

L'Église honore saint Michel comme chef et prince de la milice céleste (Daniel X,13).

Hiérarchie du premier degré

Elle représente Dieu dans ses perfections extériorisées : ardent amour, vive lumière, inaltérable sainteté. L'homme en est en contact constant.

  • Les Séraphins. Leur nom signifie chaleur et lumière. Ils sont enflammés de l'amour de Dieu au plus haut degré. Leur but premier est la purification et la dissipation des ténèbres et des doutes. Leur qualité principale est l'amour.
  • Les Chérubins. Leur nom signifie sagesse et science. Ils sont capables de montrer à Dieu ceux qui doutent. Leur vertu est la science.
  • Les Trônes. Leur nom signifie qu’ils sont les porteurs de la justice divine. Ils sont complètement sourds à toute tentation humaine. Ils sont la voix de Dieu auprès des hommes. Leur vertu est l'humilité.

Hiérarchie du second degré

Elle représente Dieu dans sa souveraineté sur les créatures : pouvoir sans limites, force irrésistible, justice immuable. C'est au prix d'effort que l'être humain peut les ressentir.

  • Les Dominations, transmettent aux entités inférieures les commandements de Dieu. Elles instruisent quand le doute et le découragement s’installent. Elles sont libérées des passions, des dépravations et des tentations.
  • Les Vertus, elles symbolisent la force et la vigueur durant un projet entrepris. Elles récompensent le chercheur en phase avec ses objectifs et qui ira au bout de sa démarche. On les invoque pour se redonner force et courage.
  • Les Puissances, elles travaillent essentiellement au rapprochement de l’influence divine et du genre humain. Elles montrent aux gens de l'Église le chemin de leur foi et les préservent du doute.

Hiérarchie du troisième degré

Elle représente Dieu dans son action au-dehors : sage gouvernement, sublimes révélations, constants témoignages de bonté. Elle échappe à la raison humaine, seule la sainteté permet de les percevoir.

  • Les Principautés, dirigent et éclairent les anges et archanges. Leur mission consiste à faire régner un certain ordre sur la Terre par leur intervention céleste. Elles sont gardiennes du secret divin et veillent à son bon emploi.
  • Les Archanges sont les messagers extraordinaires de Dieu auprès des hommes. Saint Thomas d'Aquin place trois archanges ici : Saint Michel, Saint Gabriel et Saint Raphaël. Cette tradition est reprise par le Magistère de l'Église Catholique Romaine.

Angélologie en Islam

Les anges (et archanges) font également partie de la tradition islamique. En Perse, une tradition d'angélologie, néo-platonicienne, a été développée vers le Xe siècle par les Perses et les Juifs autour des travaux d'Al Farabi, influence majeure d'Averroès sur l'intelligence collective. Pierre Lévy en a fait une réinterprétation à l'heure d'Internet.

Gabriel y est connu sous le nom de Djibril جبريل/جبرائيل Michael "Mika'il" et Raphaël "Israfil". Azraël est communément appelé Azraîl, mais il est en réalité cité dans les sources islamiques uniquement sous l'appellation ملك الموت [3],[4] "l'Ange de la mort".

Anges particuliers

Samaël

On attribue parfois au Diable le nom de Lucifer ou de Samaël.

Lucifer est le nom latin donné à Satan, après traduction des versets suivants du livre d'Isaïe (14:12-17) :

Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, Toi, le vainqueur des nations ! Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, J'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; Je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, À l'extrémité du septentrion ; Je monterai sur le sommet des nues, Je serai semblable au Très Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, Dans les profondeurs de la fosse. Ceux qui te voient fixent sur toi leurs regards, Ils te considèrent attentivement : Est-ce là cet homme qui faisait trembler la terre, Qui ébranlait les royaumes, Qui réduisait le monde en désert, Qui ravageait les villes, Et ne relâchait point ses prisonniers ?

Cependant, cette traduction est controversée, car ce passage décrit non pas Satan et une hypothétique Chute, mais un Roi babylonien identifié parfois à Nabuchodonosor II. De plus, le nom de Lucifer correspondait au nom d'un Dieu mineur, correspondant au Phosphoros grec, le « Porteur de Lumière », qui annonçait l'Aurore et le Jour. Il est à noter que « Satan » (Accusateur) est le nom donné par les Hébreux à une fonction juridique babylonienne semblable à celle du Procureur de nos procès modernes.

Samaël, quant à lui, est une figure du Talmud. Son nom signifie « Venin de Dieu », et s'apparente à l'Ange de la Mort plutôt qu'à Satan, qu'il soit perçu comme une entité indépendante des Anges ou comme un Ange déchu. Diverses écoles d'interprétation le voient tour à tour comme le véritable père de Caïn (Maléfique), ou comme le détenteur d'une Sagesse cachée (Bénéfique), si bien qu'il est difficile aujourd'hui de lui rattacher une fonction correspondant à celle qui était la sienne à l'origine.

Notes

Bibliographie sélective

Théologie et angélologie classiques

Angélologie contemporaine

  • Paolo Virno, « Les anges et le general intellect : L'individuation chez Duns Scot et Gilbert Simondon », Multitudes n°18, automne 2004.
  • Emmanuel Falque, « L'altérité angélique ou l'angélologie thomiste au fil des Méditations cartésiennes de Husserl », Laval théologique et philosophique, vol. 51, n° 3, 1995, p. 625-646.
  • Henry Corbin, Nécessité de l'angélologie p. 81-173 de Le Paradoxe du monothéisme, Éd. de l'Herne, 1981.
  • Fred MacParthy, Angélologie en 3 Tomes. Tome I. Les Anges de la Création. Tome II. Les Anges de la Formation.Tome III. Bon et Mauvais Anges, Démons et Qlipoth. Chez Sesheta Publications, Brestot, 2016-2017.
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