Ansarul Islam

Ansarul Islam (arabe : أنصار الإسلام) est un groupe salafiste djihadiste actif au Burkina Faso et au Mali qui apparaît en décembre 2016 et recrute en premier lieu parmi les populations peules[4].

Ne doit pas être confondu avec Ansaru.

Ansarul Islam

Idéologie Islamisme sunnite
Salafisme
Djihadisme
Antioccidentalisme
Panislamisme
Populisme
Objectifs Renversement du régime malien et Instauration d'un État islamique au Mali appliquant la Charia
Statut Actif
Fondation
Date de formation Vers décembre 2016
Actions
Zone d'opération Burkina Faso et Mali
Organisation
Chefs principaux Ibrahim Malam Dicko
Jafar Dicko
Membres plusieurs dizaines à 200[1],[2],[3]
Guerre du Mali
Guerre du Sahel

Fondation

Dès 2015, la province de Soum, au nord du Burkina Faso, sert de base arrière aux djihadistes maliens de la katiba Macina — dirigée par Amadou Koufa et affiliée à Ansar Dine — en particulier aux hommes de l'imam Ibrahim Malam Dicko[5], originaires de la région. À cette période, Ibrahim Malam Dicko combat au Mali avec une quarantaine de combattants sous les ordres de Koufa[5].

Amadou Koufa aurait fait part de son opposition à une insurrection au Burkina, considérée comme prématurée et pouvant perturber les trafics en essence et en vivres qui ravitaille ses combattants[5]. Selon le témoignage d'un ancien membre d'Ansarul Islam, vers la fin du mois de , au moment de l'opération Séguéré, menée par l'armée burkinabée, Malam Dicko aurait décidé de passer malgré tout à l'insurrection armée après avoir vu des paysans peuls subir des humiliations publiques de la part des militaires[5]

En novembre 2016, Ansarul Islam est formé dans la forêt de Foulsaré[5]. Il mène en décembre l'attaque de Nassoumbou, qu'il revendique dans un communiqué rédigé par l'imam Ibrahim Malam Dicko[6],[1],[7],[2].

Idéologie

Son combat semble avoir une importante dimension sociale et ethnique locale.

Ainsi, selon l'International Crisis Group : « Ansarul Islam, créé par Malam Ibrahim Dicko, un prêcheur originaire du Soum, est né de la contestation de l’organisation sociale en vigueur dans la province. Des années durant, Malam prône l’égalité entre les classes sociales. Il remet en cause la toute-puissance des chefferies coutumières et le monopole de l’autorité religieuse détenu par les familles maraboutiques, qu’il accuse de s’enrichir aux dépens des populations. Cette rhétorique lui vaut un écho considérable, surtout parmi les jeunes et les cadets sociaux. Même s’il perd une grande partie de ses adeptes lorsqu’il bascule dans la lutte armée, il parvient à en conserver suffisamment pour mener une guerre de basse intensité contre les autorités locales et nationales. [...] Produit des réalités sociopolitiques et culturelles locales, Ansarul Islam tient au moins autant de l’insurrection sociale que du mouvement islamiste. Il n’est pas tant un groupe critique de la modernité qu’un mouvement qui rejette des traditions perçues comme archaïques. Il exprime les doléances de la majorité silencieuse de la population qui ne détient ni le pouvoir politique, ni l’autorité religieuse. L’islam devient alors un référent de contestation d’une société figée productrice de frustrations. Ansarul Islam n’est pas non plus un groupe de défense des Peul, majoritaires dans le Sahel burkinabè. La revendication ethnique et identitaire est pour le moment marginale dans son discours »[8].

Dans son discours, Malam Ibrahim Dicko défend notamment l'égalité entre les Peuls et les Rimaïbé, les esclaves des premiers faits lors de la conquête du Soum par les Peuls au XVIIe siècle[2] et rêve de revoir rétabli l'empire peul du Macina fondé au début du XIXe siècle[2].

Actions

Ansarul Islam est actif dans les territoires frontaliers séparant le Mali et le Burkina Faso, il utiliserait les localités maliennes de Douna et Selba comme bases arrière[1], mais ses combattants apparaissent aussi régulièrement dans la province de Soum, au Burkina[7]. Au Mali, il serait basé dans les environs de Boulkessi et de Ndaki[3]. Ses effectifs sont estimés entre plusieurs dizaines et 200 combattants[1],[2],[3].

Le , le groupe mène l'attaque de Nassoumbou au cours de laquelle douze soldats de l'armée burkinabée sont tués[1],[6]. Le , il assassine un imam de la localité de Tongomayel, ancien membre d'Ansarul Islam qui avait pris ses distances avec le groupe[1]. Le , un chef d'Ansarul Islam, Harouna Dicko, est abattu à Pétéga, dans une opération des forces de sécurité burkinabées[9].

Le , la fondation d'une nouvelle coalition de groupes djihadistes, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, présidée par Iyad Ag Ghali, le fondateur d’Ansar Dine, est annoncée. La décision d'Amadou Koufa de participer à cette coalition est désapprouvée par Malam[2].

Le , les armées maliennes, françaises et burkinabées lancent une offensive dans la forêt de Fhero, sanctuaire d'Ansarul Islam, où un soldat français trouve la mort[10],[11]. Cependant entre fin avril et début juin, la France mène deux autres offensives dans la région — l'opération Bayard et l'opération Dague — au cours desquelles une quarantaine de djihadistes sont tués ou capturés[12],[13].

Le , la page Facebook non authentifiée d'Ansarul Islam annonce que son nouveau chef est désormais Jafar Dicko et sous-entendrait qu'Ibrahim Malam Dicko ne serait plus en vie[14].

Le , dans un communiqué publié sur Facebook, Ansarul Islam dénonce le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans comme étant le responsable de l'attaque terroriste perpétrée le au café-restaurant Aziz Istanbul d'Ouagadougou[15],[16].

Le 30 octobre 2020, une cinquantaine de jihadistes à moto appartenant à une katiba du groupe Ansarul Islam ont été tués par l'armée française au Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso. Des armes et du matériel ont également été saisis[17].

Le , les militants d'Ansarul Islam attaquent la garnison burkinabè d'Inata, dans la province du Soum au nord du pays, et tuent 53 militaires et 4 civils. Cette cuisante défaite pour l'armée burkinabè entraîne des manifestations puis la chute du gouvernement Dabiré[18],[19],[20].

Voir aussi

Références

  1. Benjamin Roger, « Qui est l’imam Ibrahim Dicko, la nouvelle terreur du nord du Burkina ? », Jeune Afrique, (consulté le )
  2. Morgane Le Cam, « Comment est né Ansaroul Islam, premier groupe djihadiste de l’Histoire du Burkina Faso », Le Monde, (consulté le )
  3. Seidik Abba, « Jafar Dicko, le nouveau visage du djihadisme au Burkina Faso », Le Monde, (consulté le )
  4. Laurent Larcher, « Au Mali, les Français frappent les islamistes d’Ansarul Islam », La Croix, (lire en ligne, consulté le )
  5. Morgane Le Cam, « Confessions d’un djihadiste du Burkina : « Vu ce que font les forces de sécurité à nos parents, je ne regretterai jamais leur mort » », Le Monde, (consulté le )
  6. « Un nouveau mouvement djihadiste est né au Burkina Faso », Dakaractu, (consulté le )
  7. « Un groupe jihadiste tente de s'implanter au Burkina Faso », RFI, (consulté le )
  8. « Nord du Burkina Faso : ce que cache le jihad », International Crisis Group, (consulté le )
  9. Bagassi Koura, « Un chef d'Ansarul Islam abattu au Burkina Faso », VOA, (consulté le )
  10. « Mali: un soldat français tué près de la frontière avec le Burkina Faso », RFI, (consulté le )
  11. « Burkina Faso-Mali : Un soldat français tué par des tirs djihadistes près de la forêt Fhero »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Nord Sud Journal,
  12. « Mali: l'armée française «neutralise» une vingtaine de «terroristes» », RFI, (consulté le )
  13. AFP, « Mali: la force Barkhane met "hors de combat une vingtaine de terroristes" », L'Orient le Jour, (consulté le )
  14. Benjamin Roger, « Burkina : incertitudes autour du sort d’Ibrahim Malam Dicko », Jeune Afrique, (consulté le )
  15. « Restaurant attacked gunmen burkina faso », Aljazeera, (consulté le )
  16. Lassaad Ben Ahmed, « Ansarul Islam condamne l'attaque du 13 août 2017 à Ouagadougou », (consulté le )
  17. « Au Mali, l'armée française tue plus de 50 jihadistes près de la frontière burkinabè », sur France 24, (consulté le )
  18. « Burkina Faso: le président rejette le rapport d’enquête de l’armée sur le drame d’Inata », RFI,
  19. Nadoun Coulibaly, « Burkina Faso : la grogne monte contre Roch Marc Christian Kaboré », Jeune Afrique,
  20. « Burkina Faso : impuissant face aux attaques djihadistes, le gouvernement démissionne », Le Monde,
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