Antoine Caron

Antoine Caron, né en 1521 à Beauvais et mort en 1599 à Paris, est un maître verrier, illustrateur et peintre français maniériste de l’école de Fontainebleau.

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Antoine Caron
Antoine Caron par François Quesnel, 1592.
Fonction
Peintre de cour
Biographie
Naissance
Décès
Activités
Autres informations
Mouvement
Mécène
Maîtres
Œuvres principales
Le Christ et la Femme adultère (d)

À la charnière entre les deux écoles de Fontainebleau, Antoine Caron est une des personnalités majeures du maniérisme français. L’un des rares peintres français de son époque à posséder une personnalité artistique prononcée[1], son œuvre reflète l’ambiance raffinée, bien que très instable de la cour de la maison de Valois, pendant les guerres de Religion de 1560 à 1598.

Biographie

Quittant Beauvais où il peignait depuis l’adolescence des tableaux religieux perdus depuis, Caron travaille à l’atelier des vitraux de Leprince, puis fait sa formation dans les ateliers du Primatice et de Nicolò dell'Abbate à l’École de Fontainebleau de 1540 à 1550. En 1561, il est nommé peintre de la cour de Henri II et Catherine de Médicis et deviendra plus tard le peintre attitré de celle-ci. Sa fonction de peintre de la cour incluaient la responsabilité de l’organisation des représentations officielles. Il a, en tant que tel, participé à l’organisation de la cérémonie et de l’entrée royale à Paris pour le sacre de Charles IX et le mariage d’Henri IV avec Marguerite de Valois. Certaines de ses illustrations des festivités à la cour de Charles IX demeurent et constituent vraisemblablement des sources possibles pour la représentation de la cour dans les tapisseries Valois.

Le Lion de Barberousse par Antoine Caron, v. 1562, représentant le lion offert à François Ier au cours de l’ambassade ottomane en France (1533).

Œuvre

Le peu d’œuvres survivantes de Caron comprennent des sujets historiques et allégoriques, des cérémonies de cour et scènes astrologiques. C'est un lettré, et ses scènes savantes et sophistiquées reflètent la brillante culture qui s'est développé à Paris sous le règne des derniers Valois[2].

Ses massacres sont réalisées au milieu des années 1560, comme son seul tableau signé et daté, Les Massacres du Triumvirat (1566) conservé au Louvre. Il évoque les massacres perpétrés pendant les guerres civiles romaines, en 43 avant J.-C. par les triumvirs Antoine, Octave et Lépide. Il s'agirait d'une allusion aux massacres dont les protestants furent victimes, pendant la guerre de religion, principalement à partir de 1561, lorsque trois défenseurs du catholicisme, Anne de Montmorency, Jacques d'Albon de Saint-André et François de Guise se constituèrent en triumvirat pour s'opposer à la politique d'apaisement de Catherine de Médicis[2]

La composante essentielle de son style est la reprise de la figure très allongée des artistes italiens, même dans les portraits comme Portrait de femme (1577), une gestuelle éloquente, beaucoup de mouvement et de dynamisme. Il donne un aspect très étrange à ses compositions. Ainsi que la vivacité de ses coloris qui participent à ce caractère souvent fantastique donné à ses œuvres. L'autre aspect emblématique de son œuvre est l’incorporation d’architectures fantaisistes, qui se mêlent parfois à des ruines romaines[3]. Comme son maitre dell’Abbate, il a souvent placé des figures humaines presque insignifiantes au milieu de scènes immenses.

Stylistiquement, son adhésion au maniérisme du Nord se réfère à la typologie de ses personnages. La critique moderne l’appelle « le grand-père du maniérisme[4] ».

Son nom est aussi attaché à l'Histoire d'Artémise. En effet, en 1562, Nicolas Houël écrit un long poème dédié à Catherine de Médicis qu'il compare à Artémise, veuve inconsolable du roi Mausole. Il est illustré de dessins d'Antoine Caron. Plusieurs décennies après, Henri Lerambert utilise ce thème et ces dessins pour élaborer les cartons de tapisserie d'une des plus célèbres tentures du début du XVIIe siècle[5].

Le peu de documentation de la peinture française de cette époque fait que beaucoup d’œuvres qui lui sont attribuées le sont également à d’autres. La relative notoriété de Caron contribue à l’association de son nom à des œuvres comparables aux plus connues des siennes[6]. Dans certains cas, ces toiles, par exemple, la Soumission de Milan à François Ier en 1515 (v. 1570)[7] sont désormais attribuées « à l’atelier d’Antoine Caron ».

Œuvres

Ré-attributions

Notes et références

  1. « Caron, Antoine Web Museum, Paris », Ibiblio.org, (consulté le ).
  2. Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXe siècle, Paris, Musée du Louvre Editions, , 576 p. (ISBN 978-2-35031-032-9, BNF 40101925), p. 92
  3. (en) Frances A. Yates, « Antoine Caron's Paintings for Triumphal Arches », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 1951, 14(1/2), p. 132-134.
  4. Jean Ehrmann, Antoine Caron : peintre des fêtes et des massacres, Paris, Flammarion, 1986, (ISBN 978-2-0801-0992-7), 229 p.
  5. lire en ligne sur le site du Louvre
  6. (en) « I have already had occasion elsewhere to state my opinion that some of the paintings attributed by M. Ehrmann to Caron may perhaps be by other hands. I still feel it difficult to believe that the Beauvais Massacre with its sharply Flemish architecture can be a product of the French School, and I do not feel convinced that the Semele, the Carrousel with the Elephant, and the Martyrdom of Sir Thomas More are necessarily by his hand. » Revue de Antoine Caron Peintre à la Cour des Valois 1521-1599 de Jean Ehrmann par Anthony F. Blunt dans The Burlington Magazine, novembre 1956, 98(644), p. 418.
  7. « Antoine Caron, Workshop of National Gallery of Canada », Cybermuse.beaux-arts.ca (consulté le ).
  8. Jean Ehrmann, « Antoine Caron. Tableaux du « Carrousel à l'éléphant » et des « Astronomes étudiant une éclipse » », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, , p. 21-27 (lire en ligne)
  9. Roger Trinquet, « L'allégorie politique dans l'œuvre d'Antoine Caron : le Carrousel à l'éléphant », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 109, no 2, , p. 280–306 (DOI 10.3406/crai.1965.11863, lire en ligne, consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Jean Ehrmann, « Antoine Caron : peintre à la cour des Valois, 1521-1599 », Travaux d'humanisme et Renaissance, no 18, Genève, Droz, 1955, (OCLC 30014514).
  • Jean Ehrmann, Antoine Caron : peintre des fêtes et des massacres, Paris, Flammarion, 1986, (ISBN 978-2-0801-0992-7).
  • Jean-Claude Ternaux, Lucain et la littérature de l'âge baroque en France : citation, imitation et création, Paris, Champion, 2000, (ISBN 978-2-7453-0297-7), p. 12-14.
  • Frédéric Hueber, La vie et l'œuvre d'Antoine Caron (1521-1599), Genève : Université de Genève (thèse de doctorat en histoire de l'art), 2016, 3 vol.
  • Yves Pauwels, Fêtes, massacres et colonnes : Antoine Caron et l'architecture de son temps, dans Revue de l'art, , no 188, p. 33-41, (ISBN 978-2-70801415-2) (compte-rendu par Emmanuel Lurin, dans Bulletin monumental, 2016, tome 174, no 1, p. 109-110, (ISBN 978-2-901837-62-6))

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