Aphantasie
L'aphantasie est l'incapacité de se représenter une image mentale[1]. Le phénomène a été décrit pour la première fois par Francis Galton en 1880 mais est resté largement non étudié depuis. L'intérêt pour le phénomène s'est renouvelé après la publication en 2015 d'une étude menée par une équipe dirigée par le professeur Adam Zeman de l'Université d'Exeter, qui lui a donné le nom d'aphantasia, du grec phantasia. La recherche sur le sujet est encore rare[2], mais des études supplémentaires sont prévues. Certaines personnes atteintes d'aphantasie sont tout de même capable de voir des images mentales dans leurs rêves.[3]
Recherches scientifiques
Dans leur première recherche sur l'aphantasie[4], Zeman et ses collègues ont étudié à l'aide de questionnaires des volontaires qui s'étaient auto-diagnostiqués à la suite de la lecture d'un article dans Discover. Bien que cet article porte sur un patient ayant perdu la capacité de créer des images mentales suites à une opération médicale[5], certaines personnes ont contacté les chercheurs parce qu'ils reconnaissaient là un phénomène qu'ils vivaient depuis la naissance. Dans cette étude[4], les chercheurs ont découvert que même si les participants avaient déclaré ne pas pouvoir créer d'images mentales, un certain nombre d'entre eux rapportent la vision involontaire d'une image mentale. Les participants ont également rapporté que l'aphantasie leur causait de la difficulté à se souvenir d'évènements passés de leur vie.
Ce dernier élément est confirmé par une autre étude[6], dirigée par Alexei Dawes et publiée en 2020, qui a conclu que les personnes aphantasistes ont non seulement une capacité plus faible à se souvenir d'évènements passés, mais aussi une très faible capacité à imaginer des évènements futurs avec des détails sensoriels.
De plus, une étude publiée en 2018[7] montre que l'aphantasie est effectivement une incapacité à produire une image mentale, et non que les personnes produisent des images dont elles seraient incapables de prendre conscience (ce qui correspondrait à un manque de métacognition). Cette étude suggère également une cause possible à l'aphantasie. Les deux chercheurs, Rebecca Keogh et Joel Pearson, expliquent que les aphantasistes sont incapables d'activer leur cortex visuel pour créer des images mentales à cause d'un manque de connexion de rétroaction provenant du cortex frontal.
Notes et références
- Larner, A. J.,, A dictionary of neurological signs, 347 p. (ISBN 978-3-319-29821-4, OCLC 948513118, lire en ligne)
- « « Un jour, j’ai compris que les gens avaient vraiment des images dans la tête » : l’aphantasie, quand l’imagination est aveugle », sur lemonde.fr, .
- « Pourquoi certaines personnes ne peuvent pas former d’images mentales », sur Le Soleil, (consulté le )
- (en) Adam Zeman, Michaela Dewar et Sergio Della Sala, « Lives without imagery – Congenital aphantasia », Cortex, vol. 73, , p. 378–380 (ISSN 0010-9452, DOI 10.1016/j.cortex.2015.05.019, lire en ligne, consulté le )
- (en) Carl Zimmer, « The Brain: Look Deep Into the Mind's Eye », Discover, (lire en ligne)
- (en) Alexei J. Dawes, Rebecca Keogh, Thomas Andrillon et Joel Pearson, « A cognitive profile of multi-sensory imagery, memory and dreaming in aphantasia », Scientific Reports, vol. 10, no 1, , p. 10022 (ISSN 2045-2322, PMID 32572039, PMCID PMC7308278, DOI 10.1038/s41598-020-65705-7, lire en ligne, consulté le )
- (en) Rebecca Keogh et Joel Pearson, « The blind mind: No sensory visual imagery in aphantasia », Cortex, the Eye's Mind - visual imagination, neuroscience and the humanities, vol. 105, , p. 53–60 (ISSN 0010-9452, DOI 10.1016/j.cortex.2017.10.012, lire en ligne, consulté le )
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