Arbre sec
L'arbre sec, l'arbre Sol ou l'arbre du soleil et de la lune[1] est un arbre légendaire. Décrit dans les légendes comme un arbre oraculaire.
Une des plus fameuses mentions historiques de l'arbre sec est celle de Marco Polo. Cet arbre solitaire était localisé quelque part dans une plaine au nord de la Perse. Il symbolisait ainsi la limite entre Orient et Occident. La légende raconte qu'il marquait l'exacte position de la grande bataille entre Darius et Alexandre, sans préciser s'il s'agit de la bataille d'Issos ou de Gaugamèles. D'après Marco Polo, l'arbre serait gros, avec des feuilles vertes d'un côté et blanches de l'autre, ce qui fait penser que c'était un platane.
Un arbre solitaire décharné est bien visible sur la mosaïque de la bataille d'Issos trouvée à Pompéi.
Par la suite, la légende de l'arbre sec a été rapportée par l'aventurier bavarois Johannes Schiltberger, qui l'assimile au Chêne de Mambré. Il prétend que les musulmans l'appellent « Kurrutherek » ou « Sirpe », ce dernier nom faisant référence au terme turco-persan qui signifie « cyprès ».
L'ambassadeur espagnol Clavijo a découvert un arbre sec à Tabriz, mais il ne s'agit pas du même arbre. Selon la légende de la ville, des musulmans voulaient couper des arbres à une époque où des chrétiens arrivaient en ville, les hommes qui donnaient des coups de hache moururent dans l'instant.
Une source très ancienne et parmi les plus vérifiables d'une légende parlant d'un arbre particulier se situant dans ces régions et impliquant Alexandre le Grand, est attribuée à Pseudo-Callisthène (IIe ou IIIe siècle) dans le Roman D'Alexandre. Ce texte historique est une lettre qu'Alexandre aurait supposément écrit à Aristote. Dans celle-ci, Alexandre décrit sa troublante rencontre avec deux arbres oraculaires parlant d'une voix humaine. Ces arbres sont ici appelés l'arbre du Soleil et de la Lune. L'arbre du soleil annonce à Alexandre le Grand sa mort prochaine ainsi que les circonstances de celle-ci[1],[2].
Le roman d'Alexandre était très diffusé au Moyen Âge en Europe, c'est ainsi qu'on peut le voir être représenté sur de nombreuses cartes médiévales, notamment la carte d'Hereford (fin du XIIIe siècle environ) où il est situé en Asie, avec comme légende Arbor Balsami, id est Arbor Sicca. (trad. : Arbre Balsami, ceci est L'Arbre Sec).
Sur la carte d'Ebstorf, datée approximativement du même siècle, ce sont ici deux arbres qui sont représentés, prenant un espace relativement important, dans la même région supposée, avec un être humain au milieu ainsi que les symboles du Soleil et de la Lune, le tout encadré et aussi placé dans les Indes, à l'extrémité est du monde représenté.
L'appellation de l'arbre diffère selon les lieux, les versions et les époques, dans les versions les plus primitives de cette légende, il n'est pas précisé que l'arbre est solitaire (ni même sec), on peut supposer que cette caractéristique a été assimilée dans la légende à un moment plus tardif notamment à cause de la déformation du latin Arbre Sol et Solis (Arbre du Soleil/Arbre Solaire), qui serait devenu en Français l'« arbre seul » où « Solitaire » puis, l'« Arbre Sec », nom plus commun que les chrétiens d'Europe auraient adopté pour désigner l'arbre et qui serait remonté jusqu'à Marco Polo. Ce dernier, dans ses récits, cite bien les deux appellations, littéralement « Arbre Sol » et « Arbre Sec », il précise que ce sont les chrétiens comme lui qui l'appellent l'« Arbre Sec »[3].
Le Cyprès d'Abarqu, arbre remarquable de 4 500 ans (dont Alexandre aurait pu chronologiquement connaître l'existence) vivant encore aujourd'hui dans l'actuel Iran, est un candidat intéressant pour remonter aux sources du mythe. En effet, selon sa propre légende, il aurait été planté par Zoroastre, ce qui pourrait expliquer les origines d'une partie de la symbolique (Soleil et Lune) entourant tout au cours de l'Histoire la légende de l'arbre sec. Cet arbre est actuellement situé dans l'enceinte de la Grande Mosquée d'Abarqu, qui était à l'origine un temple du feu (Chahar Taqi) Zoroastrien[4]. Dans le Roman d'Alexandre de Pseudo-Callisthène, un « temple du soleil » est également mentionné à l'endroit où Alexandre rencontre les « arbres du soleil et de la lune »[1].
Il existait aussi un ancien grand cyprès remarquable à Kashmar, dans l'Iran actuel, à l'emplacement le plus satisfaisant de ce que serait « Tonocain » (région que Marco Polo nomme et décrit comme le lieu où se trouve l'arbre sec). Cependant, ce cyprès a été coupé et transporté en 861 (bien avant la naissance de Marco Polo donc), au grand dam de la population locale de l'époque, sous les ordres du calife Mutawakkil, qui voulait l'utiliser comme pilier pour son nouveau palais à Samarra, le calife mourut la même année avant d'avoir pu l’ériger[5]. Cet arbre serait lié au Cyprès d'Abarqu par des légendes zoroastriennes et iraniennes et, toujours selon elles, aurait été aussi planté par Zarathoustra plusieurs millénaires auparavant[4],[6].
Notes et références
- Pseudo-Callisthène, Le Roman d’Alexandre, Les Belles Lettres, , 301 p. (ISBN 978-2-251-33912-2), p. II, 39, 11-12, Lettre d’Alexandre de Macédoine à Aristote son maître sur son expédition et la description de l’Inde, 48, Appendice I, p. 138.
- (en) sententiaeantiquae, « Alexander in India: Talking Trees Prophesy Death », sur SENTENTIAE ANTIQUAE, (consulté le )
- Marco Polo, The Travels of Marco Polo (lire en ligne)
- « Abarqu's Cypress-Tree After 4000-Years Still Gracefully Standing | CAIS », sur www.cais-soas.com (consulté le )
- (en) « Cypress of Keshmar », dans Wikipedia, (lire en ligne)
- « The Cypress of Kashmar and Zoroaster | CAIS© », sur www.cais-soas.com (consulté le )
Bibliographie
- (en) Site sur Alexandre le Grand
- (en) https://sententiaeantiquae.com/2016/07/14/alexander-in-india-talking-trees-prophesy-death/
- Les arbres du Soleil et de la Lune, BnF, Expositions virtuelles.
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