Archibald Wavell

Archibald « Archie » Percival Wavell, 1er comte Wavell, né le à Colchester et mort le , est un officier de l'infanterie britannique ayant occupé des postes à l'état-major de guerre, commandant en chef de l'armée britannique au Moyen-Orient au début de la Seconde Guerre mondiale.

Archibald Wavell
Fonctions
Connétable de la Tour de Londres
-
Gouverneur général des Indes
-
Membre du Conseil privé du Royaume-Uni
Membre de la Chambre des lords
Lord-lieutenant du comté de Londres
Titres de noblesse
Comte
Viscount Wavell (d)
-
Earl Wavell (en)
-
Viscount Keren (d)
-
Biographie
Naissance
Décès

Westminster, Londres, Royaume-Uni
Sépulture
Nationalité
Allégeance
Formation
Winchester College
Staff College de Camberley (en)
Summer Fields School (en)
Collège royal militaire de Sandhurst (en)
Command and Staff College (en)
Activités
Période d'activité
À partir de
Père
Archibald Graham Wavell (d)
Mère
Lillie Percival (d)
Conjoint
Eugenie Marie Quirk (d) (depuis )
Enfants
Archibald Wavell, 2nd Earl Wavell (en)
Lady Felicity Ann Wavell (d)
Lady Eugenie Pamela Wavell (d)
Lady Joan Patricia Quirk Wavell (d)
Autres informations
Religion
Arme
Grades militaires
Conflit
Grade
Distinctions

Désavoué par Winston Churchill pour la gestion de la crise irakienne et de la conquête syrienne en juin 1941, le général, lettré, poète et écrivain apprécié, est relégué à la tête de l'armée des Indes durant l'été 1941. Mais l'agression japonaise dans le Pacifique du Sud-Ouest le propulse commandant en chef des forces alliées du Sud-Est asiatique où, dépourvu de moyens, il ne peut enrayer l'immense débâcle américaine, anglaise, australienne et hollandaise du premier semestre 1942.

Après sa mise à la retraite militaire par Churchill, préparée par une avalanche d'honneurs et notamment les titres de "field marshall", ou maréchal de l'Empire britannique, en , puis de premier vicomte de Cyrénaïque et de Winchester six mois plus tard, Wavell occupe un poste d'intendance prestigieux en tant que vice-roi des Indes de septembre 1943 à 1947, année critique au cours de laquelle il est relevé par Lord Mountbatten. Il est nommé 1er comte Wavell, comte de Keren et de Winchester en 1947 après son retrait de l'administration civile et son retour en Angleterre.

Biographie

Wavell est né à Colchester mais passe une grande partie de son enfance en Inde où son père, officier militaire de carrière, réside. Son père est le général de division (Major-General) Archibald Graham Wavell CBE.

Fils et petit-fils de général, sa famille prétend descendre d'un compagnon de Guillaume le Conquérant ; à l'origine son nom de famille s'écrit « de Vauville », signalant des ancêtres Normands et se rapprochant de la prononciation du patronyme éludé en ancien français.

Après des études à la Summer Fields School (Oxford) puis au Winchester College, il entre en 1900 à l'Académie royale militaire de Sandhurst.

Le sous-lieutenant (Mle 6749) choisit l'infanterie. il est muté parmi les Royal Highlanders du régiment écossais d'infanterie des Black Watch le [1]. Avec le 2e Bataillon des Black Watch, il participe à la Seconde Guerre des Boers ( - 1er juin 1902) en 1901, puis sert en Inde de 1903 à 1908 aux campagnes de Bazar Valley et North West Frontier.

Lieutenant depuis le , il suit, malgré son jeune âge, les cours de l'École supérieure de guerre de Camberley en 1909-1910.

En 1911 il part en Russie en tant qu'observateur militaire et apprend la langue. Il devient officier d’état-major, Directeur des opérations militaires à la Section russe du Ministère de la guerre en 1912-1914. Le capitaine Wavell promu le est un officier d’état-major quand la Première Guerre mondiale éclate. Il prend par nécessité des fonctions d'officier instructeur avant d'être envoyé au front en première ligne.

Il est gravement blessé lors de la bataille d'Ypres (Belgique) en 1915, où il perd la vision de l’œil gauche. Il est l'un des tout premiers récipiendaires de la Military Cross (MC), le [2].

Il est nommé commandant le . Après sa convalescence, promu lieutenant-colonel à titre temporaire, il est attaché militaire près le Grand Duc Nicolas (Nikolai Nikolaevich Romanov), commandant en chef et Gouverneur du Caucase, en 1916-1917.

À partir de , il sert comme général de brigade à l'état-major en Palestine sous le commandement du général Edmund Allenby, puis en Égypte jusqu'à la fin de la guerre. Il est nommé Compagnon de l'Ordre de Saint-Michel et Saint-George (CMG) le pour son action en Égypte[3].

Wavell reçoit trois citations (Mentioned in Despatch) pendant la Première Guerre mondiale (22/06/1915, 04/01/1917 et 22/01/1919).

Il est officier d’état-major au Conseil suprême des Forces Alliées à Versailles, France, en 1918. Son avis ultérieur stigmatise ce traité de paix qui met fin à la guerre pour conclure" la der des der ". Il réincorpore le 2e Bataillon des Black Watch en Allemagne (occupation de la Silésie) jusqu’en .

Après avoir accepté de revenir au simple grade de commandant, il est nommé colonel le . L'entre-deux-guerres est une période particulière, l'officier d'état-major et l'officier supérieur d'infanterie doivent attendre de rares postes vacants. Ce fin lettré, amoureux de poésie et de littérature historique, est même mis en demi-solde en 1926 et en 1934. Il en profite pour écrire ses souvenirs de guerre. Mais l'ascension vers les hautes fonctions à responsabilités se poursuit indéniablement : il est nommé à la tête de la 6e Brigade d’infanterie (Hampshire) en 1930, Aide de camp du Roi George V de à , général de division le 16 octobre 1933 – le plus jeune de l’armée, Compagnon de l’Ordre du Bain (CB) le 1er janvier 1935, commandant de la 2e Division d’infanterie (Hampshire) le 11 mars 1935.

En 1936, ses compétences littéraires et linguistiques le portent à la direction de la délégation militaire britannique chargée d'observer les manœuvres de l’Armée rouge, à Minsk, en Russie soviétique. D’ à , il est commandant en chef en Palestine et en Transjordanie. Général de corps d’armée le 29 janvier 1938, il est commandant en chef de la Zone Sud (Southern Command). Il est nommé Chevalier Commandeur de l’Ordre du Bain (KCB) le [4].

Seconde Guerre mondiale

Au début du conflit mondial en 1939, Wavell fait déjà fonction de commandant en chef au Moyen-Orient alors qu'il n'est promu général d'armée que le 1er octobre 1940.

La Méditerranée orientale et le Moyen-Orient

Le commandant en chef des forces britanniques du Proche-Orient, soit l'ensemble formé par l'Égypte, le Soudan, la Palestine, la Transjordanie, Chypre, la Somalie britannique, Aden, l'Irak et territoires du Golfe Persique) du au ne peut empêcher la pénétration italienne en Égypte. Il préfère regrouper ses forces et préparer des offensives judicieusement choisies. Le maréchal italien Rodolfo Graziani commet l'erreur de multiplier les fronts. Le général Wavell prépare une vigoureuse contre-attaque face aux Italiens en Cyrénaïque (Libye) et en Abyssinie (Éthiopie).

La Cyrénaique est reconquise de à , les troupes anglaises commandées par le général concentrant ses forces d'infanterie sous la protection d'une artillerie efficace repoussent les forces italiennes jusqu'à El Agheila à la frontière de la Tripolitaine atteint le . L'offensive de l'hiver 1940-1941 est illustrée par la prise de Tobrouk et de Benghazi, elle fait plus de 120 000 prisonniers italiens en désarroi. Le vainqueur est promu Chevalier Grand-Croix de l'Ordre du Bain (GCB) le [5] en récompense de ses victoires militaires au Moyen-Orient face à un ennemi largement supérieur en effectif. Au printemps 1941, la liquidation de l'empire italien d'Afrique orientale est menée tambour battant par l'autre armée préparée par Wavell.

Mais au même moment, les Italiens et les Allemands lancent une attaque sur la Grèce. Wavell reçoit l'ordre d'arrêter l'avancée en Libye et d'envoyer des troupes en Grèce. Il n'est pas d'accord avec cette stratégie d'expansion incertaine de la ligne de front mais suit les ordres. Surviennent alors les désastres d'avril et de en Méditerranée orientale. Les Allemands saisissent l'occasion de l'affaiblissement britannique pour renforcer le contingent italien en Afrique du Nord et l'aventureuse intervention britannique montre son incapacité à défendre la partie continentale de la Grèce. Les troupes britanniques dépourvues de têtes de pont solides sont forcées de se replier en Crète avec de lourdes pertes.

Par ailleurs, en mai 1941 alors que Wavell se débat pour reconcentrer ses forces et éviter une débâcle désastreuse, des factions pro-Axe opèrent un coup d'État en Irak menant à la brève guerre anglo-irakienne en 1941[6]. Churchill commande à tout prix une intervention dans une zone qu'il considère comme hautement stratégique pour ses puits pétrolifères. Wawell temporise un engagement de ses effectifs disponibles, mais passe l'impératif de rétablir l'ordre à l'armée des Indes inemployée. En , subissant une colère de Churchill, il envoie finalement une armée depuis la Palestine qui, jointe à l'armée venue des Indes, reprend le contrôle avant de contrôler avec l'appui de l'Armée Rouge la Perse.

Wavell sent le danger d'intervenir face aux Français ralliés à l'état autoritaire vichyste occupant la Syrie et le Liban. L'ordre politique le lui enjoint comme une opération de routine. Mais il est contraint par ordre politique réitéré d'envoyer un corps d'intervention qui se heurte d'emblée à une grande résistance.

Wavell exprime des réserves à engager une offensive contre l'Afrika Korps du général Rommel qui exprime une admiration en annotant les écrits militaire de Wavell. Les Allemands menacent les positions britanniques qui savent amorcer un prudent et lent retrait dans l'immense espace ouvert, retrait stratégique qui peut perdurer jusqu'à El-Alamein à la porte de l'Égypte populeuse.

La gestion de la crise irakienne a suscité un courroux doublé d'une méfiance haineuse de Churchill. Les combats violents au Liban et en Syrie menés par un corps britannique qui ne progresse pas d'un pouce entraînent la disgrâce de ce chef, vu comme inconstant et hésitant par le premier ministre britannique inconscient des réalités du terrain égyptien. La sanction politique tombe : Wavell est remplacé par le général Claude Auchinleck le . Ce dernier à l'instar de Bernard Montgomery rendra hommage à sa gestion militaire efficace, méticuleuse et judicieuse.

L'immense théâtre d'opérations du Sud-Est asiatique

Le , Winston Churchill nomme le désavoué commandant en chef en Inde, poste qui n'a que peu d'intérêt et encore moins de levier d'action dans le conflit mondial en développement. Mais le bombardement de Pearl Harbor et l'ouverture subite d'un front nippon en rendent crucial le poste de commandement qu'il occupe jusqu’en .

Wavell, officier supérieur d'expérience, est nommé commandant en chef des forces alliées (Américains, Britanniques, Australiens, Hollandais) du Sud-est asiatique en 1942. Il manque de moyens aériens et ne peut empêcher les Japonais d'envahir la Malaisie, la Birmanie et les Indes hollandaises (Indonésie). Les troupes anglaises abandonnent délibérément du terrain et c'est la mousson qui stoppe et enlise la fulgurante avance japonaise. L'essentiel est préservé, assure Wawell. Les Indes anglaises organisent la résistance avec efficacité dans le calme.

Le gouvernement britannique le promeut maréchal au 1er janvier 1943. Il repart préparer la reconquête de la Birmanie mais ses troupes, commandées par Sir William Slim, futur maréchal, échouent au printemps 1943. Wavell appuie le général Orde Charles Wingate dans son projet de création des forces spéciales Chindits.

Il est créé vicomte Wavell (mais utilise le style vicomte de Cyrénaïque et de Winchester) le [7].

L'Empire des Indes

Churchill n'apprécie pas les compétences militaires de Wavell en matière de commandement, et la mésentente entre les deux hommes est désormais notoire depuis . Le Premier ministre a pourtant besoin d'anciens militaires expérimentés à des postes de gestion pour poursuivre la guerre, il lui confie donc le poste d'administration civile et politique de vice-roi des Indes le 20 juin 1943.

Le récipiendaire, confirmé en , est nommé Chevalier Grand Commandeur de l'Ordre de l'Étoile d'Inde (GCSI) et Chevalier Grand Commandeur de l'Ordre de l'Empire des Indes (GCIE) fin 1943.

En 1943, le vice-roi essaie d'empêcher les terribles conséquences de la famine au Bengale. Il mobilise les ressources pour distribuer des vivres aux paysans et prend des mesures autoritaires de marché pour restreindre une hausse dramatique des prix des denrées alimentaires de base.

Déjà son approche ouverte des revendications indiennes se réalise au grand déplaisir de Churchill, hostile à toute conciliation sur ce sujet. Mais l'unité indienne importe à Wavell, qui n'ignore pas qu'elle constitue la base indispensable pour une reconquête des territoires occupés par les Japonais.

Après-guerre

Après la guerre à New Delhi. De gauche à droite : Bernard Montgomery, Wavell et Claude Auchinleck

Le vice-roi des Indes est soulagé de voir Clement Attlee remplacer Churchill en tant que premier ministre du Royaume-Uni en juillet 1945 mais exprime une amertume croissante vis-à-vis de la lenteur des décisions du responsable socialiste chef de l'État, inconscient des évolutions politiques rapides du monde indien. Wavell, débordé par la tâche, demande à plusieurs reprises de pouvoir quitter ce poste d'importance diplomatique cruciale en Inde, mais Londres décline toujours la requête.

Jusqu'à son remplacement par Louis Mountbatten, en 1947, Wavell s'attache à préparer l'indépendance de l'Inde en ouvrant une table de discussion avec les forces politiques. Il est aujourd'hui considéré que Lord Mountbatten a joué un rôle honorifique et s'est laissé attribuer un satisfecit général et complaisant. Sans la présence négociatrice de Wavell, l'Inde aurait glissé vers une inextricable guerre civile aggravée par les tensions entre les différentes communautés, et ce conflit se serait enlisé. Wavell s'oppose à la partition des Indes car il estime que ni les Indiens, ni les Britanniques ne seraient en mesure de maintenir l'ordre. Il veut être prêt pour toutes les situations et a prévu un plan si la partition effective survient. Lorsque la décision de procéder au partitionnement tombe, Wavell esquisse une première version de la frontière entre l'Inde et le Pakistan pour Cyril Radcliffe. Celui-ci établit la frontière définitive en 1947 (la "ligne Radcliffe"). Wavell prend sa retraite d'administrateur aux Indes en .

Nommé High Steward of Colchester, l'ancien militaire et administrateur au service de la couronne est créé premier comte Wavell (Earl Wavell) cette même année où il rentre à Londres et siège à la chambre des Lords. Il est colonel honoraire du régiment écossais d'infanterie des Black Watch à partir du 1er mars 1946. Résidant à Londres, il devient connétable (Constable) de la Tour de Londres le 19 mars 1948, puis Lieutenant (fonction de police et de représentation du monarque) du Comté de Londres le . Il occupe ses différentes fonctions jusqu'au 24 mai 1950, date de son décès.

Lors de ses obsèques, l'absence de Churchill est l'objet de commentaires sarcastiques. La tombe dans le vieux cloître du Winchester college est simplement marquée Wavell.

Wavell a donné son nom à un quartier de Brisbane et une avenue de sa ville natale, Colchester en Essex.

Evelyn Waugh a immortalisé Archie sous les traits d'un général déclamant en public sa poésie dans sa nouvelle "Soldats et gentlemen".

Distinctions et honneurs

Principaux ouvrages

  • The Palestine Campaigns (1928)
  • Allenby: A Study in Greatness (1940)
  • Other Men's Flowers, recueil de poésie anglaise (1944)
  • The Good Soldier (1948)
  • Soldiers and Soldiering (1953), publié à titre posthume par son fils, le commandant Archibald John Arthur Wavell, 2e et dernier comte Wavell

Citations

  • « Les démocraties ont tendance à penser avec leur cœur plutôt qu'avec leur cervelle, et le rôle d'un général est justement d'utiliser sa cervelle pour bâtir ses plans. »[8]

Notes et références

  1. London Gazette du 7 mai 1901
  2. London Gazette du 22 juin 1915
  3. London Gazette du 31 décembre 1918
  4. London Gazette du 30 décembre 1938
  5. London Gazette du 4 mars 1941
  6. Lire sur ce sujet Au cœur de l'action clandestine. Des Commandos au MI6 de D. Smiley
  7. London Gazette du 23 juillet 1943.
  8. Lettre à Winston Churchill, janvier 1942.

Voir aussi

Sources et bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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