Armand Marc de Montmorin Saint-Hérem

Armand Marc, comte de Montmorin Saint-Hérem[1], né au château de la Barge, à Courpière, le , et mort à Paris, dans la prison de l'Abbaye, le lors des massacres de Septembre, est un homme politique français.

Pour les articles homonymes, voir de Montmorin et Montmorin.

Armand Marc de Montmorin Saint-Hérem

Armand Marc, comte de Montmorin Saint-Hérem.
Fonctions
Principal ministre d'État
Monarque Louis XVI de France
Prédécesseur Jacques Necker
Successeur Jean-Marie Roland de La Platière (ministre de la Justice)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Courpière
Royaume de France
Date de décès
Lieu de décès Paris
Royaume de France
Famille Famille de Montmorin de Saint-Hérem

Biographie

Après avoir été ambassadeur du Roi de France en 1774 auprès de Clément Wenceslas de Saxe, électeur de Trèves, oncle maternel de Louis XVI, le comte de Montmorin est envoyé de 1778 à 1784 en poste à Madrid comme ambassadeur, où il est notamment chargé de négocier l'entrée en guerre du royaume d'Espagne aux côtés de la France et des insurgents nord-américains, contre le royaume d'Angleterre.

Sa mission, menée avec ténacité, vient à bout des réticences du vieux roi Charles III d'Espagne (1716-1788) et du gouvernement espagnol (le marquis de Sonora) qui craignaient à juste titre que les aspirations des colons anglais à l'indépendance se propagent dans leurs colonies sud-américaines. Le 12 avril 1779, le traité d'alliance est signé à Aranjuez[2].

L'intérêt du comte de Montmorin pour la question américaine perdure bien après son ambassade à Madrid si l'on en croit les mémoires de l'agent américain Gouverneur Morris, ambassadeur des États-Unis à Paris sous la Révolution, qui relate ses nombreux contacts avec Montmorin dans le but de développer les échanges commerciaux entre les deux nations[3].

En 1784, à la demande du Contrôleur général des finances Calonne, il remplace le marquis d'Aubeterre au poste de commandant en chef en Bretagne[4]. Il devient ensuite ministre des Affaires étrangères de Louis XVI, le 12 février 1787, puis secrétaire d'État à la Marine, par intérim du 25 août au 24 décembre 1787 (en attendant que César Henri de La Luzerne, alors gouverneur général des Isles sous-le-vent, rentre à Paris).

Renvoyé le en même temps que Necker, il est rappelé après la journée du .

On peut le qualifier de « monarchiste », c'est-à-dire de contre-révolutionnaire modéré, convaincu qu'il est de la nécessité d'accepter certaines réformes pour sauver la monarchie.

Pendant son ministère, il met sur pied, avec Mirabeau, le fameux « atelier de police » dont Danton est l'un des agents[5].

Sorti du ministère le 20 novembre 1791, il forme avec Malouet, Molleville et quelques autres une police secrète dénoncée par le journaliste Carra dans son journal, les Annales patriotiques et littéraires, sous le nom de comité autrichien[6].

Après le 10 août 1792 et l'incarcération de la famille royale, il essaie de se cacher, mais est découvert et envoyé en prison [7]. Jugé par le tribunal le 17 août et à nouveau emprisonné, il est massacré par un groupe de révolutionnaires, le 2 septembre 1792[8].

Le comte de Montmorin était Maître particulier des Eaux et Forêts et Capitaine des chasses de Fontainebleau.

En 1781, il avait acheté à Paris un hôtel particulier, rue Plumet, aujourd'hui rue Oudinot, qui depuis a gardé le nom d'hôtel de Montmorin et abrite aujourd'hui le ministère des Outre-mer.

Le 21 octobre 1790, il avait vendu l'ancienne châtellenie de Gaillefontaine, héritée de sa mère, à M. du Ruey [9].

Famille

Armand-Marc de Montmorin Saint Hérem est le fils d'Armand-Gabriel de Montmorin de Saint-Herem, capitaine au régiment de Noailles, lieutenant général pour le Roi au gouvernement de Verdun, menin du Dauphin, et de Catherine-Marie Le Gendre de Collandres, dame de la châtellenie de Gaillefontaine.

Petit-fils de Joseph-Gaspard de Montmorin de Saint-Hérem, officier, puis entré dans les ordres et évêque d'Aire, il est issu d'une ancienne famille de la Noblesse d'Auvergne, éteinte au XIXe siècle dans la Maison d'Aurelle, qui en a relevé le nom[10].

Il est aussi l'arrière-petit-fils de Marc René de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson, garde des sceaux de France de 1718 à 1720[11].

Il épouse en 1763 sa cousine germaine Françoise de Tane (1741-1794), fille d'Antoine, comte de Tane, et de Marie-Louise-Alexandrine de Montmorin.

Françoise de Tane et son fils sont recueillis au début de la Révolution en Bourgogne par Antoine Mégret, comte de Sérilly (fils d'Antoine), et son épouse Anne-Louise de Domangeville. Arrêtés, ils sont finalement guillotinés le 10 mai 1794 avec leur protecteur, dans la même charrette que Madame Élisabeth, sœur du roi.

Quatre enfants sont issus de ce mariage[12] :

  • Hugues Calixte de Montmorin, officier de chasseurs, né à Versailles en 1772, guillotiné le 10 mai 1794, le même jour que sa mère ;
  • Guy de Montmorin, mort accidentellement à l'île Bourbon en 1796 ;
  • Victoire Marie Françoise de Montmorin, dame de Madame Victoire de France, fille du Roi Louis XV. Morte en prison pendant la Révolution, elle épousa en 1784 César Guillaume, comte de La Luzerne (1763-1833), fils de César Henri, comte de La Luzerne, ministre de la Marine du Roi Louis XVI, et de Marie-Adélaïde Angran d'Alleray. De ce mariage, sont issues deux filles. Victoire est connue aussi pour sa relation avec Charles-Michel de Trudaine (1766-† guillotiné le 26 juillet 1794 alias le 8 thermidor an II, avec son frère aîné Charles-Louis, l'époux de Mme Trudaine, à la veille de la chute de Robespierre ; deux petits-fils de Daniel-Charles[13]), dont elle eut une fille en 1793, Elisa Bouvard de Fourqueux (1793-1867 ; Postérité ; son nom vient de sa grand-mère paternelle, la mère donc de Charles-Michel et de Charles-Louis : Rosalie Bouvard de Fourqueux)[14],[15]. Victoire ne fut pas condamnée à mort car elle avait sombré dans la folie. Soutenue dans sa captivité par la comtesse de Sérilly, qui, elle aussi, avait de peu échappé à la guillotine, elle se laissa mourir, tandis que son amant, Charles Michel de Trudaine, fut guillotiné quelques semaines plus tard le même jour que son frère Charles-Louis, et un jour après leur ami, le poète André Chénier ;

Notes et références

  1. (fr) « Généalogie », sur gw1.geneanet.org (consulté le )
  2. Histoire de la participation de la France à l'établissement des États-Unis d'Amérique. Correspondance diplomatique et documents (6 volumes, 1886-1899) Texte en ligne 1 2 3 4 5 6.
  3. (en) The Diary and Letters of Gouverneur Morris, Minister of the United States to France; Member of the Constitutional Convention, éd. Anne Cary Morris (1888). 2 vols. online version.
  4. Armand Rébillon, Les États de Bretagne de 1661 à 1789, Paris, Éditions Picard, , p. 394-395.
  5. Honoré-Gabriel de Riquetti comte de Mirabeau (dir.) et Adolphe Fourier de Bacourt, Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck pendant les années 1789, 1790 et 1791, t. 2, Paris, A. Pagny, , 453 p. (OCLC 832707088, lire en ligne), p. 170.
  6. Annales patriotiques et littéraires de la France, et affaires politiques de l'Europe : journal libre par une Société des Écrivains Patriotes, t. 1-3, Paris, Buisson, , 406 p. (lire en ligne), PA79.
  7. Luc-Normand Tellier, Face aux Colbert : les Le Tellier, Vauban, Turgot et l'avènement du libéralisme (lire en ligne).
  8. Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne ou histoire par ordre alphabétique, de la vie privée et publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, t. 23, Paris, Ch. Delagrave, , 660 p. (lire en ligne), p. 271.
  9. Abbé J.-E. Decorde, Essai historique et archéologique sur le canton de Forges les Eaux, Paris & Rouen, Derache & Lebrument, , VIII+327, p. 156-157
  10. Comte Albert de Remacle, Dictionnaire généalogique, Familles d'Auvergne, tome 2, Clermont-Ferrand, ARGHA, , 135 p. (ISBN 978-2-9503286-5-6, BNF 36595033), p. 594-604
  11. Georges Martin, Histoire et généalogie de la Maison de Voyer de Paulmy d'Argenson, Lyon, l'auteur, , 242 p., p. 54 & 175
  12. Comte Albert de Remacle, Dictionnaire généalogique, Familles d'Auvergne, tome 2, Clermont-Ferrand, ARGHA, , 135 p. (ISBN 978-2-9503286-5-6, BNF 36595033), p. 603-604
  13. « Charles-Louis Trudaine (1764-1794) », sur Histoire de la Bibliophilie, par Jean-Paul Fontaine, article posté le 15 mars 2016
  14. « Elisa Bouvard de Fourqueux, fille naturelle de Victoire de Montmorin St-Herem et de Charles-Michel de Trudaine », sur Man8Rove
  15. Michel de Gouberville, Composition sociologique et géographique d'une ascendance au temps du Roi-soleil, Sans lieu, l'auteur, , 122 p., p. 47-62

Bibliographie

  • Arnaud de Maurepas, Antoine Boulant, Les Ministres et les ministères du siècle des Lumières (1715-1789). Étude et dictionnaire, Paris, Christian-JAS, 1996, 452 p.
  • A. Bardoux, Pauline de Montmorin, comtesse de Beaumont : études sur la fin du XVIIIe siècle (Paris, 1884), pour une défense de la politique de Montmorin.
  • F. Masson, Le Département des affaires étrangères pendant la révolution, 1787-1804, ch. ii. (Paris, 1877).
  • A. de Bacourt, Correspondance entre Mirabeau et le comte de La March, 1789-1791, (3 vols., Paris, 1851), contient de nombreuses lettres de Montmorin.
  • « Correspondance du Comte de Moustier avec le Comte de Montmorin », dans The American Historical Review, vol. VIII. (1902-1903).
  • Jean-Philippe Zanco, Dictionnaire des Ministres de la Marine 1689-1958, S.P.M. Kronos, Paris 2011.
  • Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 2, pages 82 à 83, Aurelle des Cornais et de Montmorin Saint-Hérem (d')

Articles connexes

Liens externes


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