Arsinoé IV

Arsinoé IV (en grec : Ἀρσινόη), née en 68 ou 67 (?), morte en 41 avant notre ère, plus jeune fille de Ptolémée XII Néos Dionysos, est la sœur (ou demi-sœur) cadette de Bérénice IV, Ptolémée XIII, Cléopâtre VII et Ptolémée XIV de la dynastie lagide.

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Arsinoé IV
Naissance 68 ou 67 avant notre ère ?
Décès 41 avant notre ère
Famille
Père Ptolémée XII Néos Dionysos
Mère Cléopâtre VI ?
Fratrie Bérénice IV
Ptolémée XIII
Cléopâtre VII
Ptolémée XIV
Sépulture
Type monument funéraire
Emplacement Éphèse
Fouilles 1929
Objets squelette

Biographie

Ptolémée XII Aulète, père d'Arsinoé IV, accompagné d'une déesse à tête de lionne, bas-relief du temple de Kôm Ombo, époque lagide.

Arsinoé IV est la plus jeune fille de Ptolémée XII Aulète (ou Néos Dionysos), pharaon de la dynastie lagide. L'historiographie traditionnelle la présente comme née en 68 avant notre ère, peut-être en juillet, voire en 67[1]. À la mort de son père, en mars 51 avant notre ère, son demi-frère, Ptolémée XIII Dionysos, et sa demi-sœur, Cléopâtre VII Théa Philopator, sont corégents du pays ; Cléopâtre est alors mariée à son jeune frère. Dans des conditions obscures, la tension entre les deux monarques grandit tout au long de l'année 49 avant notre ère. Sous l'influence de ses conseillers Achillas et Pothin, Ptolémée XIII chasse Cléopâtre VII qui fuit en Syrie automne 49 avant notre ère. Elle est alors remplacée par la jeune Arsinoé IV dans la corégence de l'Égypte.

En débarquant à Alexandrie début octobre 48 avant notre ère, Jules César entre en contact avec une Cléopâtre qui, à la tête d'une armée, cherche à reprendre en main la situation. Il essaie tout d'abord de réunir à nouveau Ptolémée XIII et Cléopâtre VII dans les conditions initiales du testament de leur père. En échange, Arsinoé IV et le dernier frère (ou demi-frère), Ptolémée XIV Philopator II, seraient reine et roi de Chypre. Mais, écoutant des conseillers que César méprise depuis qu'ils ont permis l'exécution de son rival Pompée, Ptolémée XIII prend les armes. Dans un premier temps, son armée commandée par Achillas met en difficulté les Romains, qui n'ont alors que des effectifs réduits (fin -48). Au cours d'un engagement sur l'île de Pharos, Jules César ne doit son salut qu'à la fuite, en se jetant dans la Méditerranée et en nageant pour échapper aux soldats égyptiens.

Arsinoé IV, otage des Romains, parvient à s'échapper avec l'aide de l'eunuque Ganymède. Elle rejoint l'armée égyptienne. À la suite d'un conflit, elle fait exécuter Achillas et nomme Ganymède au commandement de l'armée. Ayant reçu des renforts venus de Syrie, les forces romaines parviennent finalement à écraser les Égyptiens. Le , Arsinoé IV est capturée par César. Le même jour (ou le 14 janvier), Ptolémée XIII qui essayait de s’échapper en bateau se noie dans le Nil. Quant à Cléopâtre VII, mariée et associée à son autre frère Ptolémée XIV, elle retrouve sa prépondérance sur l'Égypte.

La déessse Artémis, monnaie de Magnésie du Méandre, Asie (province romaine), 155-145 av. J.-C.

Menée captive à Rome, Arsinoé IV y figure en ennemie vaincue lors du triomphe de César (en -46). Toutefois, les Romains ont pitié d'elle, peut-être du fait de son jeune âge. En dépit des traditions habituelles qui voulaient que les prisonniers des triomphes soient étranglés quand les festivités prenaient fin, César épargne la jeune fille. Il l'exile à Éphèse, en Asie mineure, où il lui accorde résidence dans le sanctuaire du temple d'Artémis. Arsinoé IV abdique de la corégence. Elle vit quelques années protégée à l'Artémision, tout en gardant un œil vigilant sur les actes de sa sœur Cléopâtre. En , César est assassiné à Rome et la reine d'Égypte se retrouve seule. La même année, celle-ci fait d'ailleurs probablement empoisonner son frère Ptolémée XIV. Arsinoé toujours considérée comme une menace pour son pouvoir, Cléopâtre persuade finalement Marc Antoine d'ordonner sa mise à mort en -41. La violation du sanctuaire de l'Artémision scandalise alors profondément le monde romain.

Sépulture

La tombe d'Arsinoé IV (s'il s'agit bien de la sienne) à Éphèse est appelée l' « Octogone ». Ce monument funéraire datant des années -200 à -20 est situé au centre de la cité, face au temple d'Hadrien (construit postérieurement en 145). La chambre octogonale, posée sur une base rectangulaire, était entourée d'une rangée de colonnes corinthiennes et couverte d'un toit pyramidal. Cet étagement, empilant formes rectangulaire, octogonale et circulaire, rappelle d'ailleurs celui du phare d'Alexandrie.

Lors des fouilles de 1929, on y a retrouvé le squelette d'une jeune fille âgée de 14 à 17 ans. Aucune inscription ni objet faisant référence à Arsinoé IV n'a été retrouvé dans la tombe.

Dans le cadre de la reprise en 1994 des fouilles d'Éphèse par l'institut archéologique d'Autriche[2], une équipe d'archéologues dirigée par Hilke Thür a, à partir de 2007, reconsidéré l'analyse de la tombe et du squelette. Une partie de ces analyses furent faites à partir des archives des fouilles des années 1920, une partie du matériel, dont le crâne du squelette ayant disparu durant la Seconde Guerre mondiale.

Selon l'équipe d'Hilke Thür, ces analyses confirmeraient l'appartenance de ces restes à Arsinoé. En effet, il s'agit bien des restes d'une femme de rang aristocratique qui avait dans les 14/17 ans à son décès ; cet âge approximatif d'Arsinoé IV lors de son assassinat entrerait alors contradiction avec sa date de naissance habituellement retenue, mais non assurée[3].

Il s'agirait alors des seuls restes de la dynastie des Ptolémées en notre possession.

Les mesures et les photographies du crâne incomplet sont conservées dans des archives historiques et ont été utilisées pour reconstruire le visage de la femme morte.

Les chercheurs ont présenté une reconstitution du crâne et ont proposé une possible représentation de son visage en se basant sur des archives historiques et des photographies datant de 1930 (Le crane ayant disparu pendant la seconde guerre mondiale).

Selon un documentaire de la BBC, les études de l'anthropologue Fabian Kanz montreraient qu'Arsinoé IV avait aussi des origines africaines et non uniquement macédoniennes comme cela avait toujours été mis en avant[4].

Ces résultats ne se basent sur aucun test ADN, les os ont été traités trop de fois pour une identification positive par l'ADN. Ce que Thur reconnait.

L'archéologue a déclaré que le test d'ADN, « n'a pas apporté les résultats que nous espérions trouver ».

Très médiatisés, ces résultats sont toutefois loin d'être scientifiquement reconnus selon l'historienne spécialiste de l'antiquité et professeur à Cambridge Mary Beard[5].

Dans l'art

La fuite d'Arsinoé en -48 est le sujet d'un tableau du peintre vénitien Le Tintoret, La Délivrance d'Arsinoé, peint en 1555-1556, conservé à la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde.

Notes et références

  1. Les recherches archéologiques sur sa probable tombe à Éphèse, l'Octogone, contredisent en partie cette datation. Cf. infra.
  2. Site du ministère de la culture et du tourisme de la République de Turquie
  3. Ces résultats ont été officiellement présentés le 31 mars 2009 à l'American Association of Physical Anthropologists de Chicago par Fabian Kanz, de l'université médicale de Vienne (Autriche).
  4. Hilke Thüre déclare début mars 2009 : « Les résultats de l'examen médico-légal et la reconstruction faciale montrant qu'Arsinoé avait une mère africaine sont vraiment sensationnels et offrent un nouveau regard sur la famille de Cléopâtre ainsi que sur la relation existant entre ces deux sœurs ».
  5. A Don's Life by Mary Beard - Times Online - WBLG: The skeleton of Cleopatra's sister? Steady on.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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