Art qadjar

L'art kadjar (ou qadjar) est une forme d'art qui s'est développée dans l'Iran kadjar, qui a duré de 1794 à 1925. La période pendant laquelle a régné la dynastie Kadjar a connu un fort développement des arts, rendu possible par une période de stabilité relative dans l'histoire du pays, permettant un développement artistique en particulier sous les règnes de Fath Ali Chah Qadjar (r. -) et Nasir al-Din Shah (r. -). Il se caractérise par une forte influence européenne, alors que les relations entre Perse et Occident se développent, des iconographies et des techniques archaïsantes, comme les reliefs sculptés[1], l'arrivée de la photographie, des peintures à l'huile sur toile de grandes dimensions et une architecture monumentale, civile et religieuse. L'art qadjar aura comme lignes directrices l'inscription de la dynastie dans l'histoire de l'Iran et la mise en valeur de son pouvoir.

Un mur décoré de céramiques du Palais du Golestan, Téhéran.
Le portrait de Fath Ali Chah Qadjar, huile sur toile, Iran, Mirza baba, 1797

Peinture

Origines et influences

Les racines de la peinture qadjare plongent dans un style de peinture qui a vu le jour pendant la période safavide. À cette époque, il y avait une influence européenne assez forte sur la culture de l'Iran, particulièrement dans les arts royaux. Le style gul-i-bulbul est fréquemment rencontré.

Parmi les peintres de cette époque, on peut citer Sani al-Mulk[2] (1814-1866) et son neveu Kamal al-Mulk[3] (1846-1940), tous deux appartenant à la famille Ghaffari. Mihr Ali était peintre à la cour du chah Fath Ali (r:1797-1834) de la dynastie qadjare. Les œuvres les plus connues de Mihr Ali sont des portraits - une dizaine - du chah Fath Ali en pleine gloire, avec sa longue barbe noire et ses caftans brochés.

Mihr Ali et Mirza Baba furent nommés "Naqqach-Bachi" (premier peintre de cour) sous le règne de Fath Ali, Muhammad Ismaïl prit ce titre sous le règne de Nasseredin Shah (r:1848-1896).

Razi Taliqani reprend des peintures des XVIe et XVIIe siècles pour y adjoindre des marges enluminées, dans la tradition safavide, à base d'or, de rouges et de violets[4].

Calligraphie et arts du livre

Pour légitimer son pouvoir et relier la dynastie qadjare dans l'histoire de l'Iran, Fath Ali Shah commande au poète Fath ‘Ali Khan Saba (1765–1822/23) un ouvrage destiné à faire le pendant du Livre des Rois de Ferdowsi : alors que celui-ci décrit l'histoire de l'Iran (Grand Iran) depuis la création du monde jusqu'à l'arrivée de l'Islam , le Livre du Roi des Rois ou Shāhanshāhnāmeh (شاهنشاهنامه) est destiné à mettre en valeur les premières années de la dynastie qadjare et les 10 premières années de son règne. Plusieurs copies ont ensuite été illustrées dans l'atelier royal du palais du Golestan et certaines seront offertes à des dignitaires européens à des fins de valorisation de la nouvelle dynastie. La production de manuscrits enluminés ou illustrés à la main va ensuite décroître avec l'utilisation, de plus en plus présente, de la peinture à l'huile et des techniques de reproduction comme la lithographie. L'une des dernières productions artisanales de ce type effectuées dans l'atelier royal sera l'album des 1001 nuits décoré par Sani ol molk pour Nasser ad-Din Shah[5],[6].

L'art de la calligraphie continue à se développer sous les Qadjar. Les souverains commandent des corans à de grands calligraphes dont les ouvrages présentant des caractéristiques communes propres à cette période : entre les lignes du texte en arabe, en écriture naskh, est insérée la traduction en langue persane, dans une couleur et un style la plupart du temps différents (souvent dans le style nastaliq[7].

Architecture

Galerie

Bibliographie

  • Bernus-Taylor, Marthe. « L’Iran qadjar, 1779-1924 », Les arts de l'islam. . Paris, éd. de la RMN., coll. Louvre. 144 p.[8].
  • Ghabaian, Anahita, Jalali, Bahman et Sarbakhshian, Hasan (commissaires associés). 165 ans de photographie iranienne, feuillet d'aide à la visite (pas de publication relative aux œuvres qadjares exposées). . Paris, Musée du quai Branly. L'exposition s’est tenue du au [9].
  • Gwenaëlle Fellinger (dir.), L'Empire des roses. Chefs-d'œuvre de l'art persan du XIXe siècle, coéditions Louvre-Lens/Snoeck, 2018[10].

Notes et références

  1. Voir par exemple Des Achéménides aux Kadjars : la référence à l’Antiquité perse dans la politique culturelle de Fath Ali Shah par Alban Claude, publié sur le site Les clefs du Moyen-Orient le 22 mai 2018.
  2. Son nom d'origine est Abu al-Hassan Khan Ghaffari, le titre de "Sani al-Mulk" signifiant "artiste du royaume"
  3. Son nom d'origine est Muhammad Ghaffari, le surnom de "Kamal al-Mulk" signifiant "perfection du royaume"
  4. Cartel de présentation à l'exposition L'Empire des Roses- Chefs-d'oeuvre de l'art persan du 19e siècle au Musée du Louvre-Lens du 28 mars au 23 juillet 2018
  5. Nouvelle rotation des arts du Livre au musée du Louvre (département des arts de l'Islam).
  6. Nineteenth-Century Iran: Continuity and Revivalism Metropolitan Museum of New York
  7. Dossier pédagogique de l'exposition L'Empire des Roses au Louvre -Lens en 2018.
  8. Notamment pp.106-107. Illustré par le Portrait de Fath ‘Ali Shah (vers 1805, Versailles, Musée National des Châteaux de Versailles et de Trianon [inv. MV 6358], en dépôt à Paris, Musée du Louvre).
  9. Exposition ayant eu lieu dans le cadre de la deuxième édition de Photoquai, biennale des images du monde (22 sept. au 22 nov. 2009). Œuvres exposées : Portrait de courtisane (Paris, Musée du quai Branly [inv. 71.1973.0.1 X As]), Jeune femme jouant du târ (Paris, Musée du quai Branly [inv. 70.2008.46.1]) et plusieurs photographies qadjares de la fin du XIXe et du début du XXe siècle (dont Nasseredin [Nasser Al Din] Shah, Adollah [Abdullah] Quajar, Antoni Severugin et Dust Mohammed Khan).
  10. Catalogue de l'exposition éponyme au musée Louvre-Lens du 28 mars au 22 juillet 2018.
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