Arzew

Arzew [arzə] (en arabe : أرزيو, en berbère: ⴰⵔⵣⵉⵡ) est une commune d'Algérie de la wilaya d'Oran.

La commune d'Arzew actuelle, fondée au XIXe siècle sous le nom d'« Arzew-le-Port », ne doit pas être confondue avec le « Vieil Arzew » devenu « Saint-Leu », centre habité près des ruines antiques de « Portus Magnus », dans la commune actuelle de Bethioua, dont l'histoire est développée dans l'article qui lui est consacré.

Arzew

Arzew en 2011
Noms
Nom arabe أرزيو
Nom amazigh ⴰⵔⵣⵉⵡ
Administration
Pays Algérie
Région Oranie
Wilaya Oran
Daïra Arzew
Code ONS 3106
Indicatif 041
Démographie
Population 85 658 hab. (2009[1])
Densité 1 191 hab./km2
Géographie
Coordonnées 35° 52′ nord, 0° 19′ ouest
Altitude Min. 0 m
Superficie 71,90 km2
Localisation

Localisation de la commune dans la wilaya d'Oran.
Géolocalisation sur la carte : Algérie
Arzew
Géolocalisation sur la carte : Algérie
Arzew
Géolocalisation sur la carte : Algérie (nord)
Arzew

    Arzew a une grande industrie pétrochimique ainsi qu'un port maritime. Elle abrite l'une des zones pétrochimiques les plus importantes d'Algérie.

    Géographie

    Situation

    Le territoire de la commune de Arzew est situé au nord-est de la wilaya d'Oran.

    Toponymie

    Arzew aurait été évoqué pour la première fois en l'an 1068, sous le nom de Arzao, par le géographe de Cordoue, EL Bekri, dans sa description de l'Afrique Septentrionale[2], mais il ne faisait pas référence à l'Arzew actuel, créé au XIXe siècle, mais aux ruines romaines de « Portus Magnus », c'est-à-dire Bethioua aujourd'hui.

    En 1743, Thomas Shaw évoque un « port d'Arzew », comme lieu favorable au mouillage des bateaux, sorte de prémices du port actuel[3].

    L'étymologie du nom d'Arzew n'a pas été clairement déterminée. On pourrait rapprocher ce nom de celui de la montagne qui domine la ville et qui s'appelle « djebel Ourouze ». Arzieu aurait le sens de « broche, forte pointe » et se rattacherait à la racine berbère « RZI » et du verbe « erzi » (« embrocher[4] »).

    D'autre part, l'orthographe a varié en fonction de la langue de transcription :

    • Arzew (avec « w » final) est due à Thomas Shaw, voyageur anglais qui a publié « Voyages dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant » à Londres en 1743,
    • Arzeu (avec « u » final) a été celle adoptée par l'administration coloniale française[réf. nécessaire].

    Histoire

    Avant la colonisation

    Arzew connu sous le nom de Portus Magnus était un port romain dans l'Antiquité, précisément sur les rives de la ville de Bethioua où l'on peut trouver les ruines de la vieille ville romaine, site unique dans la région. L'actuelle ville d'Arzew est en 1830 un port à blé et marchandises en un lieu inhabité, peuplé surtout de bêtes sauvages jusqu'à la ville de Ain Elbia qui signifie source des lionnes[5] et disposant de baraques et magasins édifiés par les Turcs de l'époque[6].

    Malheureusement les monuments romains de la région qui restent sont abandonnés, très dégradés, et inexploités par les communes et les autorités responsables.

    Époque coloniale

    Blason durant l'époque coloniale

    Quand Arzew fut occupée par les Français le , ils appelèrent la ville antique le Vieil Arzeu, puis Saint-Leu (actuelle Bethioua) lorsque le centre de population se forma à l'ouest près des ruines de la cité romaine, à partir de 1846[7].

    Arzew vers 1905

    Une ordonnance du roi Louis-Philippe en date du 12 août 1845 décide qu’il serait créé à Arzew un centre de population de 200 familles baptisé Arzew-le-Port[7],[8]. Les premiers colons baptisèrent plusieurs des villages coloniaux de la région de noms parisiens car c'était la région dont ils étaient originaires[9]. La ville deviendra commune de plein exercice avec le décret du 31 décembre 1856 sous le nom d'Arzew[7].

    Le développement d'Arzew, comme ville, est dû à l'initiative d'un général français [Lequel ?] qui avait compris l'avenir réservé à une telle position maritime[10]. Dans les premiers temps du colonialisme, le développement est lent et Arzew ne compte que 1 800 habitants. Le manque d'eau potable est un frein à la mise en culture des terres fertiles et fait fuir les Européens envoyés là par le pouvoir colonial[11]. La population musulmane faible de quelques individus s'accrut lentement, mais resta numériquement inférieure à la population européenne, dont une forte composante espagnole (de nombreux pêcheurs et artisans).

    Le nom de la ville était prononcé Arzeu, "eu" comme dans « heureux ». On écrivait parfois Arzeu, mais plus généralement Arzew (qui était le nom officiel), orthographe que l'on pourrait expliquer ainsi : port de pêche, Arzew était aussi le principal port d'exportation de l'alfa exploité sur les hauts plateaux oranais, à 100 ou 150 km plus au sud[pas clair].

    Cueilli par une main-d'œuvre indigène en grande partie féminine et pressé en énormes balles sur les centres d'exploitation, cet alfa était transporté jusqu'à la mer, jadis par chariots que conduisaient des carreteros espagnols, plus tard par des camionneurs, souvent leurs enfants ou petits-enfants. Longtemps (la première papeterie d'alfa algérienne ne fut construite près d'Alger qu'au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale), l'importation de cet alfa fut l'exclusivité des papetiers anglais. La prononciation anglaise de Arzew respecte mieux le nom berbère que la française. Le nom berbère est en effet "Rziou" : / rä' zä' yä' wäw /[12].

    Deuxième Guerre mondiale

    Les USS Biscayne et USS Doran (DD-634) à Arzew en juin 1944
    Arzewiens à la rencontre des troupes américaines durant l'opération Torch en novembre 1942

    Durant la Seconde Guerre mondiale, l'armée américaine y débarqua au cours de l'opération Torch en 1942 ; il s'ensuivit la bataille d'Arzew face aux troupes vichystes.[réf. souhaitée]

    Guerre d'Algérie

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    Durant la guerre d'Algérie, l'école de guerre psychologique d’Arzew nommée Centre d'instruction à la pacification et à la contre-guérilla (CIPCG) était l'une des deux écoles de formation des cadres pour la guerre psychologique[13].

    Créée en 1957 par Marcel Bigeard, ses instructeurs étaient pour la plupart eux aussi des vétérans de la guerre d’Indochine. Comme Bigeard, vétéran de la bataille de Dien Biên Phu, beaucoup avaient été faits prisonniers, et avaient subi le travail psychologique des commissaires politiques Viet Minh et des communistes français comme Georges Boudarel. Forts de leur expérience, ils l'ont mise en pratique contre les militants du FLN.

    De 1957 à 1960, plus de 8 000 officiers et sous-officiers l'ont fréquentée. Ouverte à l'international, des stagiaires belges et portugais y furent instruits afin d'apprendre à lutter contre les mouvements indépendantistes apparaissant au Congo, en Angola et au Mozambique.

    Arzew était peuplée majoritairement de colons européens, très peu de gens d'origine maghrébine, c'est sans doute pour ça qu'il n'y a pas eu d'incidents majeur pendant la guerre de libération nationale algérienne[réf. nécessaire].

    Depuis l'indépendance

    Durant la tentative d'économie auto-centrée des années 1960 et 1970, ce port, avec celui de Skikda, étaient de grands ports de commerce[évasif].

    Population

    En 2009, la population d'Arzew est de 85 658 habitants. La ville est surpeuplée et très mal aménagée pour le nombre de personnes qui y résident.

    Évolution démographique
    1901 1954 1966 1977 1987 1998 2009
    5 60010 50011 50020 97040 47353 32785 658

    Économie

    Vue panoramique vers la zone industrielle.

    Arzew se développe rapidement grâce à la pêche et à l'attrait de son port, mais subit la concurrence des ports voisins de Mostaganem et Oran.

    La zone pétrochimique d'Arzew, est l'une des zones pétrochimiques les plus importantes d'Algérie. La zone industrielle s'étend sur une superficie totale de 961,69 ha, permettant l'implantation de plusieurs unités de production et unités de services, Pétrolier tel que: Raffinerie Naftec, RTO, Naftal AVM, Gazier tel que: GNL1, GNL2, GNL4, ENGI, Hélios, GP1Z, GP2Z, Naftal (centre enfuteur), ( Le terminal gazier alimente en particulier la France en gaz liquide, avec des rotations quasi hebdomadaires de méthaniers, qui arrivent à Montoir de Bretagne)[14], Chimique: Fertial, Groupe Asmidal, Méthanol, Fertalge[15].

    Patrimoine

    La Germainerie est un restaurant sur Arzew qui a la particularité d'être tenu par Germaine Ripoll et son fils Pierre, seuls pieds-noirs de la ville à être restés en Algérie plus de 50 ans après l’indépendance[16].

    Sport

    L'Olympic Moustakbel Arzew (OMA) est le club de football de la ville d'Arzew.

    Arzew dans la culture

    • Le jeu vidéo Medal of Honor : Débarquement allié s'inspire de cette ville. La première mission, prélude à l'Opération Torch, Le joueur infiltre la petite ville d'Arzew avec une unité de Rangers afin de détruire des canons menaçant le succès du débarquement.
    • Norbert Truquin, dans ses Mémoires d'un prolétaire à travers la Révolution, l'une des premières autobiographies ouvrières, décrit sa vie dans cette ville dans plusieurs chapitres de son livre. D'abord enthousiasmé par la vie en Algérie et ses habitants, il déchante rapidement face à la situation matérielle et morale dans ce pays. Il écrit donc l'une des premières critiques de la colonisation française par un homme du peuple[17].


    Galerie

    Notes et références

    1. Population de la wilaya d'Oran sur le site internet de la DPAT.Consulté le 14/02/2011.
    2. « Arzew la grande », sur arzewlagrande.blogspot.com, (consulté le ), p. 37-38
    3. Thomas Shaw, « Voyages de M. Shaw,... dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
    4. G. Marcy in Emile Janier op. cit. page 248
    5. Lesur, Annuaire historique universel .....précédé d'une introduction ou tableau de la situation politique, à la fin de 1817...., , 982 p. (lire en ligne), p. 309.
    6. La Grande encyclopédie (lire en ligne)
      Deux maisons bâties à l'européenne ont remplacé les quelques baraques dans lesquels étaient installés les Turcs avant l'occupation française
    7. Histoire d'Arzew
    8. E.Pellissier de Reynaud, Annales Algériennes, t. 3, Paris, Librairie Militaire, , 535 p. (lire en ligne), p. 257
    9. Emile Janier, « Les Bettiwa de Saint-Leu », Revue Africaine, Société Historique Algérienne, Of. Pub. Univ. Alger, vol. 89, no 402-403, 1945, p. 245 [texte intégral [archive] (page consultée le 28/03/2011)]
    10. L. Lacretelle et Marius Olive, Études sur la province d'Oran, , p. 54
    11. William Duckett, Dictionnaire de la conversation et de la lecture, p. 96
    12. Abdelkader Nouredinne, Dictionnaire français-arabe, Alger, Carbonnel,
    13. Jean-Paul Delfino "Dans l'ombre du Condor"
    14. « terminal Elengy Montoir-de-Bretagne », (consulté le )
    15. http://www.univ-usto.dz/theses_en_ligne/doc_num.php%3Fexplnum_id%3D1042&ved=2ahUKEwjFzNrI1pjjAhXM5-AKHTUXD8s4FBAWMAJ6BAgHEAE&usg=AOvVaw2Gdq_eYKORDm47iOCNW3hD
    16. Norbert Truquin, Mémoires et aventures d'un prolétaire à travers la révolution : l'Algérie, la République argentine et le Paraguay, F. Maspero, (ISBN 2-7071-0944-4 et 978-2-7071-0944-6, OCLC 3735325, lire en ligne)

    Annexes

    Articles connexes

    Liens externes

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