Aspic (mythologie)
Dans la mythologie, l'aspic (Anglais : Asp, Latin : Aspis) est un serpent mortel, couronné d'une escarboucle.
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Description et caractéristiques
Voici un extrait de la description donnée dans l'Encyclopédie (1751)[1] :
« Selon ces descriptions, l’aspic est un petit serpent plus allongé que la vipère ; ses dents sont longues & sortent de sa bouche comme les dents d’un sanglier. Pline dit qu’il a des dents creuses qui distillent du venin comme la queue d’un scorpion. Agricola rapporte que l’aspic a une odeur très-mauvaise, & qu’il a la même longueur & la même grosseur qu’une anguille médiocre. Élien prétend que ce serpent marche lentement ; que ses écailles sont rouges ; qu’il a sur le front deux caroncules qui ressemblent à deux callosités ; que son cou est gonflé, & qu’il répand son venin par la bouche. D’autres assurent que ses écailles sont fort brillantes, surtout lorsqu’il est exposé au soleil ; que ses yeux étincellent comme du feu, qu’il a quatre dents revêtues de membranes qui renferment du venin ; que les dents percent ces membranes lorsque l’animal mord, & qu’alors le venin en découle. »
— Daubenton, Vandenesse et le Blond, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.
Selon d'autres traditions folkloriques, il pourrait aussi avoir quatre pattes ou deux[réf. nécessaire]. Il raffolerait de la musique mais sait s'en protéger[2][réf. nécessaire] : afin de se protéger des paroles de l'enchantement permettant de lui dérober la précieuse escarboucle qu'il porte au front, il plaque une oreille contre le sol et bouche l'autre avec sa queue de manière à ne plus entendre les conjurations.
Il existerait plusieurs espèces d'aspic [3]:
- l'aspic, ceux qui sont mordus meurent de soif ;
- le prialis, ceux qui sont mordus meurent en ayant l'impression de tomber dans le sommeil[4] ;
- l'haemorrhoïs, la victime perd tout son sang ;
- le praester, la victime enfle tellement qu'elle finit par en mourir.
Historique de la croyance
Cet animal fabuleux est populaire dans l’Égypte antique, où on le dit associé à la royauté[5], puis dans les traités de zoologie grecs. Selon Plutarque, c'est avec ce serpent que Cléopâtre aurait commis son suicide[6], même si l'on pense aujourd'hui que l'animal utilisé fut probablement une vipère à cornes[7].
En 1751, trois biologistes renommés (Daubenton, Vandenesse et le Blond) co-écrivent l'article « Aspic » pour l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert[1] : ils synthétisent la littérature sur le sujet, dont ils constatent le foisonnement et le peu de crédibilité, et concluent que « ce que l’on sait de ce reptile parait fort incertain, et en partie fabuleux », achevant de mettre un terme à cette croyance.
Le nom « aspic » survit cependant dans son usage pour désigner la petite vipère européenne Vipera aspis, à la morsure cependant peu dangereuse.
Notes et références
- Daubenton, Vandenesse et le Blond, « Aspic », Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, vol. 1, , p. 761 (lire en ligne).
- (grc) Physiologos, chapitre 17
- (fro) Brunetto Latini, Li livres dou tresor : édition d'après les manuscrits, présentée par Polycarpe Chabaille, Paris, Imprimerie Impériale, , 781 p. (lire en ligne), "CXXXIX De l'Aspide", p. 191
- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, Paris, F. Vieweg (E. Bouillon), , 779 p. (lire en ligne), "Prialis" p. 403
- "Battle of Actium (31 B.C.)." The Greenhaven Encyclopedia of Ancient Greece. Don Nardo. Ed. Robert B. Kebric. Detroit: Greenhaven Press, 2007. 71-72. World History in Context. Web. 30 Mar. 2016.\
- Amy Crawford, « Who Was Cleopatra? Mythology, propaganda, Liz Taylor and the real Queen of the Nile », Smithsonian.com, (consulté le )
- A. M. Kinghorn, « 'All joy o' the worm' or, death by asp or asps unknown in act v of Antony and Cleopatra », English Studies, vol. 75, no 2, , p. 104–9 (DOI 10.1080/00138389408598902, lire en ligne, consulté le ) :
« The venomous reptile commonly known today as 'Cleopatra's asp' is a horned viper (Cerastes cornutus) »
Voir aussi
Bibliographie
- Brunetto Latini, Li livres dou Tresor, Paris : Imprimerie Impériale, 1863. (OCLC 8101294)
- Arnaud Zucker, Physiologos: le bestiaire des bestiaires Éditions Jérôme Millon, 2004. (ISBN 9782841371716)