Astérix chez Rahàzade

Astérix chez Rahàzade est le vingt-huitième album de la bande dessinée Astérix, publié en octobre 1987, scénarisé et dessiné par Albert Uderzo.

Astérix chez Rahàzade
28e album de la série Astérix

Logo de l'album.

Scénario Albert Uderzo
Dessin Albert Uderzo
Couleurs Thierry Mébarki

Personnages principaux Astérix, Obélix, Assurancetourix, Kiçàh, Rahàzade
Lieu de l’action Armorique
Rome
Athènes
Phénicie
Perse
Inde

Éditeur Les Éditions Albert René
Collection Astérix
Première publication octobre 1987
ISBN 2-86497-020-1
Nb. de pages 48
Albums de la série

Résumé

Les Gaulois célèbrent la reconstruction de leur village, qui avait été incendié précédemment (dans l'album Le Fils d'Astérix). Arrive Kiçàh, un fakir voyageant en tapis volant depuis le pays de l'Indus. Il explique que dans son royaume de la vallée du Gange, pas une goutte de pluie n'est tombée depuis plusieurs mois. Là-bas, le gourou Kiwoàlàh prétend que le seul moyen d'apaiser les dieux et de faire enfin tomber la pluie est de sacrifier la princesse Rahàzade, fille du rajah Cékouhaçà. Le fakir vient donc pour rencontrer Assurancetourix, barde chantant tellement mal qu'il fait pleuvoir, et lui demander de l'accompagner en Inde, avant que la princesse ne soit pas exécutée. Bien que vexé, le barde accepte de partir avec le fakir Kiçah sur son tapis volant, accompagné d'Astérix, d'Obélix et d'Idéfix.

Pendant leur voyage en tapis volant en un temps record, les Gaulois et le fakir font des étapes pour manger, manquent de tomber du tapis en se disputant, traversent la Gaule, rencontrent les pirates à qui ils prennent les provisions, survolent RomeJules César convalescent retombe aussitôt malade en les voyant, et finissent par tomber à l'eau. Ils sont repêchés par un marchand grec, Karédas, sur son bateau où Kiçàh tombe dans une amphore de vin, le rendant momentanément ivre et incapable de faire voler son tapis pour reprendre le voyage. Karédas les laisse sur une côte, les Gaulois attendent que le fakir reprenne ses esprits, et tous reprennent leur voyage : ils arrivent en Grèce et survolent Athènes, puis passent à Tyr, où ils sont attaqués à coup de flèches. Survolant la Perse pendant un orage, le tapis volant prend feu par la foudre et est troué. Ils demandent à un marchand de tapis persans de le réparer, mais celui-ci refuse, jusqu'à ce que le village soit attaqué par des Scythes et soit sauvé par les Gaulois. Sur un nouveau tapis offert par le marchand, les voyageurs repartent, traversent la Perse et l'Himalaya, et arrivent enfin dans la vallée du Gange, où l'attendent impatiemment le rajah Cékouhaçà, sa fille Rahàzade et sa servante Seurhàne.

Mais la voix d'Assurancetourix n'a pas supporté le voyage : au moment où on le présente à la foule pour chanter et faire pleuvoir, il devient brusquement aphone et n'arrive plus à chanter, victime d'un chaud et froid. Pour le soigner, le rajah Cékouhaçà le confie au dresseur d'éléphants Pourkoipàh afin de lui faire prendre un bain de lait et de bouse d'éléphant. Durant la nuit, le barde est enlevé par deux hommes envoyés par le gourou Kiwoàlàh, et qui l'abandonnent dans un dangereux cimetière d'éléphants au milieu de la jungle.

Le lendemain, Kiçah étant occupé à affronter Mercikhi, le fakir du gourou Kiwoàlàh, Astérix et Obélix se lancent avec Pourkoipàh à travers la jungle à la recherche du barde et des ravisseurs. Une fois ces derniers et Mercikhi neutralisés, Astérix et Obélix retrouvent Assurancetourix, sauvés par les éléphants qui l'ont pris pour un des leurs à cause de l'odeur de son bain, et les Gaulois, récupérés par Kiçàh sur son tapis volant, repartent vite au palais, car le temps est compté : il reste quelques minutes avant l'exécution de la princesse Rahàzade. Prévoyant, Astérix boit avec Assurancetourix la potion magique pour la bagarre à venir.

Au palais, l'heure fatidique a sonné, et le gourou Kiwoàlàh emmène la courageuse princesse Rahàzade devant le peuple pour le sacrifice. Au moment où le bourreau s'apprête à l'exécuter, les Gaulois arrivent in extremis pour la sauver et mettent en déroute les hommes du gourou. Durant la bagarre, Assurancetourix, grâce à la potion magique, retrouve finalement sa voix et se met à chanter, ce qui fait enfin tomber la pluie de la mousson.

Le rajah Cékouhaçà invite les Gaulois à son banquet. Au même moment, au village gaulois, les villageois fêtent eux aussi l'exploit de leurs amis.

Personnages principaux

Analyse

Style

En dehors du fait qu'une potion puisse être magique pour donner une force invincible, et des anachronismes volontaires se voulant humoristiques, la bande dessinée Astérix était toujours resté dans le réalisme et le vraisemblable. À partir de ce 28e album, on commence à entrer dans le merveilleux et le fantastique : tapis volants, voyage Armorique-Vallée du Gange à bord d'un tapis volant en un temps record, barde chantant tellement mal qu'il fait aussitôt pleuvoir, y compris à l'intérieur d'une maison, fakirs charmeurs de cordes et lanceurs de foudres, etc. Ce changement de style va se poursuivre dans certains albums qui suivront (notamment La Galère d'Obélix, où les Gaulois se rendront sur l'Atlantide peuplée de centaures et d'humains rajeunissants pour redevenir des enfants), pour atteindre son paroxysme en basculant dans la science-fiction avec l'album Le ciel lui tombe sur la tête (dans lequel des extraterrestres débarqueront au village gaulois), album le plus critiqué de toute la collection, ce qui sera reproché à l'auteur.

Références culturelles

Le titre Astérix chez Rahàzade est un jeu de mot qui suggère le nom de Schéhérazade, personnage du livre Les Mille et Une Nuits, auquel il est fait allusion à plusieurs reprises dans l'album. Le sous-titre de l'histoire Le compte des mille et une heures (temps restant avant l'exécution de Rahàzade), présent sur une des premières pages de l'album, est d'ailleurs une allusion au titre de ce livre et aux contes qu'il contient.

Albert Uderzo fait aussi une référence au conte La Barbe-Bleue, en nommant Seurhàne (rappelant la « Sœur Anne » du conte) la servante de Rahàzade, et en la faisant guetter l'arrivée du tapis volant, reprenant les paroles du conte : « Seurhàne, ma fidèle Seurhàne, ne vois-tu rien venir ? – Je ne vois que le soleil qui rougeoie et le ciel qui bleuoie ! » (planche 19).

La balade d'Obélix dans la jungle est un clin d'œil au Livre de la jungle (livre de Kipling et film du même nom de Disney)[1]. C'est d'ailleurs, selon Sylvie Uderzo, fille de l'auteur, le signe d'une évolution des aventures d'Astérix et d'Obélix vers « un univers magique issu des années cinquante et du dessin animé »[2].

Personnages

Assurancetourix a un rôle primordial dans cet épisode (comme dans Astérix et les Normands et Le Domaine des dieux) : le fait qu'il chante mal devient même l'enjeu vital de l'histoire. Cependant, on n'avait encore jamais vu, dans les précédents albums, le barde chanter mal au point de faire pleuvoir. Assurancetourix semble inspiré, il sort même une magnifique contrepèterie : « Il vaut mieux un tapis persan volé qu'un tapis volant percé ! » (planche 23).

Kiwoàlàh est un gourou qui a décrété que le sacrifice de Rahàzade calmerait la colère des dieux et mettrait fin à la sécheresse. Sa tunique arbore un visage grotesque, façon smiley, qui exprime des sentiments à la façon du célèbre émoticône.

Planche 39 : On retrouve un clin d'œil à l'amitié entre René Goscinny et Jean Tabary : alors que la princesse Rahàzade va être sacrifiée, Kiwoàlàh reprend une phrase légendaire à sa sauce : il deviendra « rajah à la place du rajah », comme son cousin Iznogoud veut devenir « calife à la place du calife ». La parenté avec Iznogoud est même visible dans le graphisme, car Kiwoàlàh a exactement la même forme de nez que lui.

Cet album montre pour la première fois Assurancetourix buvant de la potion magique (planche 40).

Un des pirates a la tête de la créature de Frankenstein (planche 11). On l'avait déjà croisé dans l'album L'Odyssée d'Astérix.

Planche 44 : c'est le seul album d'Astérix où le duo n'est pas réuni avec son village autour du banquet final : les villageois fêtent la réussite de la mission des Gaulois avant même leur retour.

Sont cités dans l'album :

  • Hoénème (planche 15) : oracle grec, dont le nom fait allusion à l'ONM (Office National Météorologique), un des anciens noms de Météo-France : « J'ai vu tomber une pluie diluvienne que l'oracle Hoénème n'avait pas prévu comme d'habitude !  » ;
  • Fécarabos (planche 19) : aubergiste athénien vu dans Astérix aux Jeux olympiques : « Je me souviens surtout de cette petite auberge tenue par Fécérabos et de ses feuilles de vigne farcies, ses brochettes, ses olives, ses pastèques et son vin résiné ! » ;
  • Iznogoud (planche 39) : cousin de Kiwoàlàh ; Iznogoud est un personnage imaginé par René Goscinny et Jean Tabary dans la bande-dessinée Iznogoud.

Divinités citées

Albert Uderzo connaît bien la mythologie gréco-romaine, l'on découvre qu'il s'y connaît également en religion hindoue : de multiples références à leurs trente millions de dieux sont faites dans l'album :

Villes et lieux traversés

Voyageant sur le tapis volant de Kiçàh, Astérix et Obélix survolent plusieurs endroits déjà visités lors des précédentes aventures :

  • Rome, où ils aperçoivent Jules César convalescent qui retombe aussitôt malade (planche 13) ;
  • Athènes, où Obélix se souvient mélancoliquement de l'auberge de Fécarabos (planche 19), vue dans l'album Astérix aux Jeux olympiques, où Astérix et tous les hommes du village s'étaient initiés à la gastronomie grecque ; Obélix semble regretter une nourriture qu'il avait pourtant critiquée ;
  • Tyr, vu dans L'Odyssée d'Astérix, ce qui permet à Uderzo de réitérer un jeu de mots (planche 20) : « On nous tire dessus ! – Nous sommes au-dessus de Tyr ! – Alors tirons-nous vite ! ».

Chansons

Citations latines

  • Sic transit gloria mundi (Ainsi passe la gloire du monde) : phrase prononcée par le pirate Triple-Patte.
  • Vulgaris paranoia (Simple paranoïa) : phrase prononcée par un médecin indien soignant Assurancetourix.
  • Ab absurdo (Par l'absurde) : phrase prononcée par un médecin indien soignant Assurancetourix.
  • Contraria contrariis curantur (Les contraires se guérissent par les contraires) : phrase prononcée par un médecin indien soignant Assurancetourix.
  • Quot capita, tot sensus (Autant de têtes, autant d'avis) : phrase prononcée par un médecin indien soignant Assurancetourix.
  • Ita est (Il en est ainsi) : phrase prononcée par un médecin indien soignant Assurancetourix.

Tirage

Tirage original : 1 700 000 exemplaires.

Adaptation

Ce tome a été adapté en jeu vidéo par Coktel Vision en 1987 sous le même titre : Astérix chez Rahàzade.

Notes et références

  1. Bernard de Choisy, Uderzo-storix, Jean-Claude Lattès, 1991, p.239
  2. Sylvie Uderzo, Un remède d'éléphant, 31 octobre 2012

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Louis Vidal, Astérix, tous les secrets des albums : Numéro hors-série de Paris-Match, Hachette Filipacchi associés, , 109 p. (ISBN 978-2-3571-0535-5).

Liens externes

Articles connexes

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