Atopie
L'atopie est une prédisposition génétique au développement cumulé d'allergies courantes elles-mêmes dites « atopiques » (dermatite atopique, un type d'eczéma ; asthme ; rhinite allergique, qui peut prendre la forme du « rhume des foins » ou d'une sensibilité aux acariens, etc.). Un sujet diagnostiqué avec un syndrome atopique développe souvent plusieurs de ces allergies. L'atopie implique des phénomènes d'hypersensibilité, avec développement d'IgE, en présence de protéines courantes : pollen, allergènes alimentaires, poussière, etc.
Étymologie
Du grec, a- privatif (sans) et topos- (lieu) : sans lieu, ou déplacé, mal placé, etc. comparer avec utopie.
Définition
L'atopie est une prédisposition à la sensibilisation aux allergènes environnementaux avec production d’immunoglobulines de type E (IgE)[1]. Les personnes atteintes ont une prédisposition génétique à avoir des allergies de type 1 (les allergies communes); elles ne passent pas par l'étape préalable de la sensibilisation, habituelle dans les cas d'allergie de type 1. La réponse allergique est, dans ces cas, plus rapide et se produit en présence de quantité infime d'allergène[2]. Bien que d'origine totalement différente, l'atopie est souvent confondue avec le phénomène de polysensibilisation à cause de la similitude des symptômes. Elle est en constante augmentation dans le monde et toucherait entre 5 et 25 % des enfants dans les pays développés. L'atopie est ainsi la première cause de l'asthme, puisqu'elle en est responsable dans environ 80 % des cas [réf. nécessaire].
Symptômes
Ils sont similaires aux symptômes de l'allergie, et leur manifestation est souvent précoce (en général avant l’âge de deux ans, il est possible que cela commence même dès l'âge d'un mois), en commençant par une dermatite (la dermatite atopique), évoluant parfois avec l'âge pour entraîner de l'asthme puis des rhino-conjonctivites, ponctués occasionnellement par des épisodes aigus : aggravation de l'asthme, urticaire, œdème, choc anaphylactique (réaction allergique grave). L'évolution et la conservation des symptômes à l'âge adulte ne semble cependant concerner qu'une minorité des enfants malades, entre 10 et 15 % [réf. nécessaire].
Causes : des liens complexes entre génétique et environnement
Bien que le caractère héréditaire du syndrome atopique ait été souvent souligné, l'environnement serait aussi un facteur de développement du syndrome, au-delà du simple contact avec l'allergène nécessaire au développement de toute réaction allergique (le développement de toute allergie requérant au préalable une sensibilisation à l'allergène en question). De façon générale, les allergologues concordent à souligner le caractère à la fois héréditaire et environnemental du développement de syndromes atopiques, la multiplicité des facteurs en jeu et leur importance relative faisant débat. Des auteurs indiquent par exemple que « la plus importante leçon [...] est qu'il n'y a pas un faible nombre, mais des milliers et millions de facteurs de risques distincts qui agissent en concordance dans la production du phénotype allergique »[3].
Certaines études tendent ainsi à montrer que, paradoxalement, une hygiène excessive durant la petite enfance peut favoriser le développement de syndromes atopiques[4]. Une étude danoise observe ainsi une corrélation inverse entre l'importance de la flore intestinale lors de la petite-enfance et le développement d'allergies et de syndromes atopiques (excluant cependant l'asthme et la dermatite atopique, mais incluant la sensibilisation allergénique, la rhinite allergique et l'éosinophilie sanguine périphérique): plus la flore intestinale, donc le nombre de bactéries, est faible, plus les sujets observés étaient atteints d'allergies ou de syndromes atopiques avant leur sixième année [5]. Selon les auteurs, ceci pourrait expliquer pourquoi « beaucoup plus d'enfants nés par césarienne développent des allergies », ce mode d'accouchement conduisant à une moindre exposition à la flore intestinale maternelle[5]. L'étude évoque cependant d'autres études allant en sens inverse, le débat étant toujours d'actualité. Par ailleurs, elle pose l'hypothèse selon laquelle certaines bactéries pathologiques de la flore intestinale conduiraient à une moindre diversité de cette flore. Elle évoque aussi l'étude Copsac sur l'asthme[6], laquelle montre un lien entre la colonisation des voies respiratoires par des bactéries pathologiques et le développement de l'asthme avant l'âge de 5 ans.
D'autres études se sont intéressées au régime alimentaire de la mère lors de la gestation, ou encore à l'abus d'antibiotiques ou d'antipyrétiques (médicaments contre la fièvre) lors de la première année de vie[7].
Diagnostic
Il repose essentiellement sur le diagnostic de dermatite atopique, le premier symptôme de l’atopie, qui est clinique (irritation et sécheresse de la peau, prurit, etc.) et anamnéstique (historique de la maladie et antécédents familiaux). La notion de chronicité et d’évolution à rechute étant prépondérante, cela rend difficile un diagnostic précoce certain. On peut y associer une prise de sang pour mettre en évidence une éosinophilie et une augmentation des IgE sériques, bien que de par la nature héréditaire de la maladie, la présence d'antécédents familiaux de symptômes similaires soit l'outil principal du diagnostic.
Traitement
Il n’existe actuellement aucun traitement permettant de guérir de l’atopie, seuls les symptômes peuvent être traités. Cependant, des mesures de prévention bien appliquées, similaires à celles prises pour une personne allergique, peuvent s’avérer très efficaces pour limiter ou prévenir leur apparition en contrôlant l’environnement du malade : éviter les produits irritants comme la laine (préférer le 100 % coton), les parfums ou les lessives avec adoucissant (préférer le savon de Marseille), utiliser des cosmétiques ou des produits de toilette appropriés (savons au pH physiologique, crèmes hydratantes hypoallergéniques, etc.), contrôler l’alimentation (éviter les aliments les plus allergisants tels l’arachide, les œufs, les fruits à coque, etc.) et l’air (bien aérer la maison, lutter contre la poussière, les acariens, etc.). Les formes légères d’atopie disparaissent souvent spontanément au bout de quelques années, bien que des rechutes puissent avoir lieu à l’adolescence (sous l’influence des hormones) ou plus tard à la suite d’un stress important.
Notes et références
- Kenneth Murphy et Casey Weaver (trad. de l'anglais par Pierre L. Masson), Immunobiologie de Janeway, Italie, DeBoeck supérieur, , 4e éd., 885 p. (ISBN 978-2-8073-0612-7), p. 601
- Marieb, Elaine N. 2005. Anatomie et physiologie humaine.
- Grammatikos AP. (2008), « The genetic and environmental basis of atopic diseases ». Ann Med. 2008; 40(7):482-95.
- (en) Grammatikos AP. « The genetic and environmental basis of atopic diseases » Ann Med. 2008; 40(7):482-95.
- « Santé - La poussière empêcherait le développement d'allergies » BE Danemark 33 >> 23 janvier 2012, avec lien vers l'étude : (en) Hans Bisgaard, Klaus Bonnelykke, Lund Krogsgaard Chawes, Thomas Skov, Georg Paludan-Müller, Jakob Stokholm, Birgitte Smith et Karen Angeliki Krogfelt « Reduced diversity of the intestinal microbiota during infancy is associated with increased risk of allergic disease at school age » 2011 American Academy of Allergy, Asthma & Immunology, DOI:10.1016/j.jaci.2011.04.060
- COPSAC
- (en) Flöistrup H, Swartz J, Bergström A, Alm JS, Scheynius A. et al. (2006) « Allergic disease and sensitization in Steiner school children » The Journal of Allergy and Clinical Immunology, 117(1):59-66.
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