Augusta Dejerine-Klumpke

Augusta Dejerine-Klumpke, née le à San Francisco et morte le à Paris (7e)[1], est une neurologue française d'origine américaine, épouse de Jules Dejerine, neurologue lui aussi. En 1886, elle est la première femme reçue au concours de l'Internat des hôpitaux de Paris.

Pour les articles homonymes, voir Dejerine et Klumpke.

Augusta Dejerine-Klumpke
Augusta Dejerine-Klumpke (date inconnue).
Biographie
Naissance
San Francisco
Décès (à 68 ans)
Paris
Sépulture Cimetière du Père-Lachaise
Nationalité Française
Père John Gerard Klumpke (d)
Mère Dorothea Mathilda Tolle (d)
Conjoint Jules Dejerine
Thématique
Formation Faculté de médecine de Paris
Profession Médecin, neurologue (en) et physicien ou physicienne
Distinctions Officier de la Légion d'honneur (d)
Auteurs associés
Influencé par Jules Dejerine

Biographie

Famille

Le couple Dejerine au travail (date inconnue).

Augusta Klumpke est née le à San Francisco. Elle est la sœur de l'astronome Dorothea Klumpke Roberts, de la peintre Anna Klumpke (compagne et biographe de Rosa Bonheur, elle-même peintre animalière) et de la violoniste Julia Klumpke.

Formation

Elle fait ses études à la faculté de médecine de Paris, la seule faculté française à l'époque à accepter l’inscription d’une femme. Elle se présente au concours de l'internat des hôpitaux de Paris en 1885 et obtient la meilleure note à l’écrit, 29/30, sur le sujet : Circonvolutions de l’écorce cérébrale, signes et causes de l’hémiplégie organique. Mais le jury s’arrange pour ne pas lui permettre d’avoir la moyenne à l’oral. Obstinée, elle se représente l'année suivante et cette fois reçue, soutenue par Paul Bert, ministre de l'Éducation et ardent défenseur de l'émancipation féminine. Elle est, en 1886, la première femme reçue au concours de l'internat des hôpitaux de Paris, elle suit le début de la scolarité mais l'arrête au moment de son mariage, en [2]. La première femme qui terminera l'ensemble des années d'études de l'internat sera Marie Wilbouchewitch, la seconde femme reçue au concours, en [3].

Elle suit les cours d’histologie du professeur Ranvier au Collège de France, ce qui lui permettra plus tard d’approfondir la neuropathologie. Le dimanche matin, elle assiste à la leçon de clinique de Charcot à la Salpêtrière. En stage chez le professeur Hardy à l’Hôpital de la Charité de Paris, son chef de clinique est Jules Dejerine qu’elle épouse en 1888[2],[4].

Jules Dejerine la fait entrer au laboratoire du professeur Alfred Vulpian pour compléter sa formation. En 1889, elle soutient une thèse intitulée Des polynévrites en général, des paralysies et atrophies saturnines en particulier.

Carrière professionnelle

Suivant son mari devenu professeur de neurologie, elle quitte l’hospice de Bicêtre pour rejoindre la Salpêtrière en 1895. Elle rédige la plus grande part de deux traités cosignés avec son mari[réf. souhaitée], Anatomie du système nerveux en 1895 et Sémiologie des affections du système nerveux en 1914. Élue membre de la Société de neurologie en 1901, elle en sera présidente en 1914 et 1915. Elle s’occupe, alors, pendant la Première Guerre mondiale, d’un service de 300 lits de blessés à la Salpêtrière. Elle en tirera des travaux sur les Blessures et lésions des gros troncs nerveux (avec Mouzon), et sur les Blessures de la moelle épinière (avec Landau et Jumentié).

En 1906, elle est décorée de la médaille du courage, pour avoir secouru une jeune fille qui se noyait dans la Seine, en y plongeant et en la ramenant à la berge. En 1913, elle est nommée chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur et en 1921 elle est promue officier.

De son mariage avec Jules Dejerine naît une fille, Yvonne[4], qui devint médecin, épousa le professeur Étienne Sorrel et se consacra à la tuberculose osseuse à l’hôpital de Berck.

Augusta Dejerine-Klumpke survit dix ans à la mort de son mari, survenue en 1917. Avec l'aide de sa fille et de son gendre, elle consacre ces dix années à reconstituer son ancien laboratoire et sa bibliothèque pour en faire un musée destiné à conserver les souvenirs scientifiques du couple Dejerine.

Elle meurt le à Paris où elle est enterrée au cimetière du Père-Lachaise à côté de son mari (division 28). Dans son éloge de 1928, André-Thomas conclut que « La physionomie de Madame Dejerine restera comme celle d’une des personnalités médicales et scientifiques les plus marquantes de son temps et son nom sera respecté comme celui d’un grand savant ».

Publications

Page de garde de la thèse d'Augusta Dejerine-Klumpke.
  • Des polynévrites en général et des paralysies et atrophies saturnines en particulier, Thèse de médecine, Davy (Paris), 1889, Texte intégral
  • Des Polynévrites en général et des paralysies et atrophies saturnines en particulier, étude clinique et anatomopathologique, F. Alcan (Paris), 1889, lire en ligne sur Gallica
  • En collaboration
  • Anatomie des centres nerveux [Tome 1 : Méthodes générales d'étude-embryologie-histogénèse et histologie, anatomie du cerveau] par J. Dejerine avec la collaboration de [A.] Dejerine-Klumpke, Rueff (Paris), 1895-1901, Texte en ligne , lire en ligne sur Gallica
  • Anatomie des centres nerveux [Tome 2, Fascicule 1 : Anatomie du cerveau (suite), anatomie du rhombencéphale ] par J. Dejerine avec la collaboration de [A.] Dejerine-Klumpk, Rueff (Paris), 1895-1901, Texte en ligne

Éponymie

Son nom est resté attaché à la paralysie du plexus brachial inférieur, constitué des racines C8 et D1, encore appelée syndrome de Dejerine-Klumpke[2].

Hommages

La Rue des Docteurs-Déjérine, dans le 20e arrondissement de Paris, lui rend hommage, ainsi qu'à son mari, Jules Dejerine.

Pour approfondir

Bibliographie

  • A. Baudoin, « Nécrologie », in Paris médical : la semaine du clinicien, 1928, n° 68, p. 115-116, Texte intégral
  • André-Thomas, « Augusta Dejerine Klumpke, 1859-1927 », in L'Encéphale, no 1, 1929
  • Jacques Poirier, Augusta Dejerine-Klumpke, 1859-1927 pionnière de la médecine et féministe exemplaire, Montceaux-les-Meaux, éditions Fiacre, 2019. 319 p.
  • Gustave Roussy, Éloge de Mme Déjerine-Klumpke 1859-1928, Paris, 1928, 21 p.

Article connexe

Liens externes

Notes et références

  1. Acte de décès (n°1724) dans les registres de décès du 7e arrondissement de Paris pour l'année 1927.
  2. (en) Julien Bogousslavsky, « The Klumpke Family — Memories by Doctor Déjerine, Born Augusta Klumpke », European Neurology, vol. 53, no 3, , p. 113-120 (ISSN 0014-3022, PMID 15860915, DOI 10.1159/000085554, lire en ligne [PDF])
  3. Jacques Poirier, « Le docteur Marie Wilbouchewitch-Nageotte (1864-1941) Pionnière de l’orthopédie pédiatrique et musicienne » in Histoire des sciences médicales, tome LII, n°4, 2018 p. 486 [lire en ligne]
  4. Christian Morin et Jean-Claude Leonard, « Histoire de la chirurgie orthopédique : "la bande des quatre" », Histoire des sciences médicales, vol. 39, no 3, , p. 285-290 (ISSN 0440-8888, OCLC 2432739, lire en ligne [PDF]) :
    « En 1920, il [Étienne Sorrel] épouse Mlle Yvonne Dejerine, fille du neurologue célèbre et d'Augusta Klumpke, d'origine américaine et première femme interne des Hôpitaux de Paris en 1896. »


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