Auguste Nefftzer

Auguste Nefftzer, né à Colmar le et mort à Bâle le , est un journaliste français, surtout connu pour avoir fondé en 1861 et dirigé pendant 10 ans le journal le Temps.

Auguste Nefftzer
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(à 56 ans)
Bâle
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Biographie

Il étudia la théologie à la Faculté protestante de Strasbourg, lorsque, à l’âge de vingt-deux ans, il débuta dans le journalisme politique comme rédacteur du Courrier du Haut-Rhin. Quelque temps après, il vint à Paris et entra, en 1844, au journal la Presse, dirigé par Émile de Girardin. Il s’y fit remarquer par ses idées élevées, son attitude ferme et mesurée.

Pendant plusieurs années, il signa le journal en qualité de gérant, ce qui lui valut des poursuites en 1851 et lui attira une condamnation à un mois de prison, « à l’occasion, dit Gustave Vapereau, d’une des plus curieuses supercheries que la littérature politique ait commises. On attendait, avec anxiété, le dernier message du président de la République ; la Presse prit les devants et donna, en tête de ses colonnes, avec toutes les apparences d’une pièce officielle, une suite d’extraits des Œuvres du prince Louis-Napoléon. Ce message apocryphe, d’une couleur démocratique très prononcée, émut diversement toutes les opinions ; la Bourse se troubla et traduisit à sa manière, par une baisse subite, les alarmes des divers partis hostiles à la République. »

Pendant les premières années du régime dictatorial de l’Empire, alors que la presse était complètement bâillonnée, Nefftzer rédigea le bulletin du jour dans la Presse et y publia de temps à autre des articles sur des questions de philosophie et de politique étrangère. Girardin lui ayant cédé la direction politique de son journal en 1856, il prit une part active à la campagne électorale de 1857 et soutint, avec beaucoup de talent, les candidats de l’opposition. À cette même époque, on remarqua qu’il combattit quelques idées trop absolues de son ancien rédacteur en chef.

Le , il abandonna la Presse, que de Girardin venait de vendre au banquier Moïse Polydore Millaud, et il fonda l’année suivante, avec Charles Dollfus, la Revue germanique (1858-1865), qui devait rapprocher la France et l’Allemagne, et dans laquelle il publia des travaux sur la critique religieuse, la philosophie et l’histoire. Rentré de nouveau à la Presse en 1859, il quitta définitivement cette feuille en 1861 pour créer un journal politique, le Temps, dont il fut à la fois le directeur politique et le rédacteur en chef.

Il sut s’adjoindre des écrivains de talent, notamment Louis Blanc, Edmond Scherer, Henri Brisson, Jules Ferry, Francisque Sarcey, Auguste Villemot, George Sand, Alexandre Erdan, etc., et il s’opposa avec constance, mais avec de grands ménagements de forme et une prudente habileté, à l’Empire. Si la modération de sa polémique empêcha le Temps de devenir un journal populaire, il conquit, du moins, les suffrages de la bourgeoisie lettrée et libérale et devint rapidement un des organes les mieux faits et les plus autorisés de la presse française.

Particulièrement dans les derniers temps de l’Empire, Nefftzer fut constamment sur la brèche et il publia des articles remarquables, notamment à propos des élections de 1869, contre le plébiscite de 1870 et contre la folle ineptie du ministère Ollivier, lorsqu’il précipita la France dans une guerre désastreuse. En 1871, Nefftzer abandonna la direction politique du Temps à Adrien Hébrard, sans pour autant cesser de collaborer à ce journal.

Nefftzer fut un des journalistes qui avaient su prendre le plus d’autorité sur le monde des lettrés, aussi bien en France qu’à l’étranger. À diverses époques, des comités démocratiques le désignèrent comme candidat aux élections pour le Corps législatif ou l’Assemblée nationale. Ce modeste écrivain s’y refusa toujours. Il engagea même, à ce sujet, une brillante polémique avec Adolphe Guéroult en 1863, et soutint qu’un député ayant une tribune pour y exposer ses idées devait s’interdire la publicité de la presse.

Les articles de critique littéraire qu’il a publiés dans différents recueils témoignent, à défaut peut-être de finesse dans les aperçus et de vivacité dans le style, de la même sûreté de jugement qu’il apporta dans les polémiques politiques. Comme philosophe, il a traité en libre penseur des questions religieuses et s’est montré, dans le journalisme français, un des rares représentants de la métaphysique néo-hégélienne. « La philosophie hégélienne, disait-il en 1858, dans un article sur Hegel, « c’est la conscience raisonnée, philosophique, que l’esprit humain a acquise de lui-même, de sa liberté propre et de sa dépendance de la vie universelle. La conscience qu’il a de lui-même s’est développée par l’expérience des siècles, comme se développe celle de l’individu par l’expérience de la vie. »

Nefftzer n’a publié en volumes aucune de ses études littéraires ou philosophiques. On peut citer toutefois, parmi ses principaux articles insérés dans la Revue germanique :

  • la Fondation de Schiller ;
  • De la littérature apocalyptique chez les Juifs et les premiers chrétiens (juillet et octobre 1858) ;
  • Hegel et la philosophie allemande (septembre et novembre 1858), etc.

Il a fait paraître, en collaboration avec Charles Dollfus, une traduction de l’allemand de la Nouvelle vie de Jésus de D. F. Strauss (1864).

Les papiers personnels d'Auguste Nefftzer sont conservés aux Archives nationales sous la cote 113AP [2]

Source

  • « Auguste Nefftzer », dans Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du grand dictionnaire universel, 15 vol., 1863-1890 [détail des éditions].

Références

Voir aussi

Bibliographie

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